- Charlevoix
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Charlevoix est une région naturelle, historique et touristique du Québec, située sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent entre Petite-Rivière-Saint-François et l'embouchure du Saguenay au Canada. Elle a été reconnue en 1988 comme Réserve de biosphère par le programme L'homme et la biosphère de l'UNESCO.
Administrativement, Charlevoix fait partie de la région de la Capitale-Nationale et est divisée en deux municipalités régionales de comté: Charlevoix et Charlevoix-Est. La région entre La Malbaie et Baie-Saint-Paul correspond au lieu d'impact d'un astéroïde, événement produit il y a environ 342 millions d'années, connu sous le nom d'astroblème de Charlevoix.
Sommaire
Relief
Située au coeur du Bouclier canadien, Charlevoix doit son relief disparate aux diverses glaciations ayant affecté son territoire, mais également à l'impact d'une météorite l'ayant frappé il y a 350 millions d'années. À vol d'oiseau, on peut apercevoir, parallèle au fleuve Saint-Laurent, la plus ancienne chaîne de montagnes du monde : les Laurentides[1]. Toujours en vue aérienne, on remarque qu'une succession de sommets, rabotés par le temps et la glace, et de vallées sont découpés par le cratère météorique, pour former un arc de cercle.
En glissant vers le milieu du cratère, on croise un relief beaucoup moins abrupt, constitué de vallées et d'un plateau central onduleux. C'est d'ailleurs ce qui explique que plus de 90 % des habitants de la région aient élu domicile sur la partie couverte par l'impact du corps céleste. Au centre du cratère, pointe le mont des Éboulements, qui est le résultat d'un rehaussement à la suite de la collision entre la météorite et cette partie du Québec[2]. Le mont des Éboulements, ainsi que la municipalité du même nom, furent, en 1663, le lieu d'un important glissement de terrain provoqué par un tremblement de terre, ce qui contribua à façonner le visage particulier de cet endroit.
Géologie
La région de Charlevoix est reconnue pour son potentiel d’activité sismique important[3]. En fait, la Zone sismique de Charlevoix (ZSC) est la plus active de l'est du Canada. Au fil de son histoire, plusieurs secousses y ont été ressenties. Entre octobre 1977 et décembre 1997, quelque 1 500 tremblements de terre de magnitude variant entre -1,0 et 5,0 furent enregistrés par un réseau sismographique local[4].Il est également estimé que depuis l’arrivée des Européens en Amérique, au moins sept séismes de magnitude allant de 6,4 à 7,5 sur l’échelle de Richter[3] ont fait trembler la terre dans la région. Cependant, la région charlevoisienne ne devrait pas connaître un nombre si important de tremblements de terre. Plusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer cette « anomalie » naturelle. Parmi celles-ci, dont aucune ne fait consensus, nous retrouvons : la faille Logan, la météorite, le rift du St-Laurent et le paléo-rift d'Iapetus[5].
La faille Logan est une hypothèse qui a été rejetée par les experts, mais qui est pointée du doigt lorsqu'un séisme d'importance survient au coeur de la région. Encore bien implantée dans la croyance populaire, elle relie l'activité sismique de Charlevoix à cette faille qui longe le fleuve St-Laurent et qui marque le front de la chaîne des Appalaches.
Une autre hypothèse, celle de la météorite, est celle qui est la plus souvent avancée par les scientifiques. La chute de cette roche venue de l'espace a changé à jamais le visage de la région, il y a 350 millions d'années. Cette météorite a créé l'astroblème de Charlevoix, qui se retrouve maintenant à cheval entre la côte charlevoisienne et le fleuve Saint-Laurent. On estime le diamètre de ce cratère à 2 km. Le résultat de cet impact est l'affaiblissement et la fracture de la croûte terrestre à cet endroit.
L'hypothèse du rift du St-Laurent de son côté stipule que la sismicité de l'est du Canada, incluant celle de Charlevoix, est due à un jeu de failles qui survient dans ce rift constitué par la vallée du Saint-Laurent, relié à l'ouverture de l'Atlantique au Mésozoïque. Cette hypothèse ne pèse pas lourd dans la balance puisque l'existence même du rift n'est pas prouvée.
La dernière hypothèse avancée, celle du paléo-rift d'Iapetus, fait référence aux failles dans le Bouclier canadien qui sont reliées à l'ouverture de l'Océan Iapetus et qui traversent toute la croûte terrestre. À l'heure actuelle, cette hypothèse est celle qui est étudiée le plus sérieusement par les géophysiciens. En complément à l'hypothèse de la météorite, elle constitue la réponse la plus adéquate pour expliquer la sismicité de la région de Charlevoix.
Institut Hubert-Reeves
L'Institut Hubert Reeves, dont la vocation sera d'être un pôle pour la science et la recherche au Québec, sera inauguré en 2013 dans la région de Charlevoix . La région deviendra ainsi un leader en géologie des impacts météoriques et en développment touristique durable. Un parc géologique devrait aussi faire partie du projet final et permettrait aux visiteurs de découvrir la richesse géologique de la région[6].
Histoire
Avant l'arrivée des colons d'origine européenne au XVIIe siècle, les peuples Montagnais, Etchemins et Algonquins occupaient le territoire de Charlevoix. La région charlevoisienne était un lieu de passage de prédilection pour les Amérindiens qui pratiquaient la chasse et la pêche. L'Île-aux-Coudres était entre autres l'un des lieux privilégiés pour chasser le béluga (baleine) et le marsouin. Sur une base saisonnière, les Amérindiens s'installaient également sur la pointe aux Alouettes près du Saguenay, à Port-aux-Femmes sur la rivière Noire et près de la rivière Malbaie et de la Petite Rivière (Saint-François). Les déplacements à l'intérieur des terres s'effectuaient par des sentiers à travers la forêt[7].
Lorsque les Européens s'établirent dans la région, les terres furent partagées selon le système seigneurial qui prévalait à l’époque. Les seigneurs se succédèrent jusqu’à l’abolition du régime seigneurial, en 1854[8].
La région a été nommée ainsi pour la première fois, en 1855, lors du redécoupage de la carte électorale du Canada-Uni. Ce nom honore la mémoire du voyageur et historien jésuite Pierre-François-Xavier de Charlevoix[9].
Plusieurs moulins à scie voient le jour au XVIIIe siècle, mais on se rend vite compte qu’on ne peut fonder trop d’espoir sur le développement forestier : les terres ne présentent guère de potentiel, si ce n’est pour répondre aux besoins des familles. L’implantation de fabriques de fromage fera progresser l’industrie laitière, mais elle est rapidement en déclin, les pâturages de la région étant restreints. La construction de goélettes connaîtra une importante augmentation mais, incapable de concurrencer la grande industrie navale, l’industrie du cabotage disparaît au XXe siècle. C’est donc le tourisme et la villégiature qui permettront à Charlevoix de prendre son essor[7].
Le futur président des États-Unis William Howard Taft comptait au nombre des villégiateurs fortunés qui y possédaient une résidence estivale. Il décrivait ainsi l'air de Murray Bay (La Malbaie): il « enivrait comme du champagne, mais sans les maux de tête du lendemain ». La tradition d’accueil est d’ailleurs un des fils conducteurs de l’histoire de cette région. Les seigneurs écossais Malcolm Fraser et John Nairn ont commencé à recevoir des visiteurs dans leur manoir de La Malbaie dès 1760[10].
Le premier hôtel de grand prestige de Charlevoix, le Manoir Richelieu, est construit en 1898. Sa réputation traverse les frontières et sa clientèle fortunée est américaine aussi bien que canadienne, principalement anglophone. La gloire sera cependant de courte durée, puisqu’un incendie le ravage complètement, le 12 septembre 1928. Il est rapidement reconstruit, et rouvre ses portes dès le 15 juin 1929[11].,[12]
Le tourisme reste la principale activité économique de la région au début du XXIe siècle, grâce à un réseau d’auberges et de gîtes du passant qui, autant que les magnifiques paysages, attirent les voyageurs en quête de grands espaces. Le tournage de l’émission Le Temps d'une paix attire un grand nombre de touristes, entre 1980 et 1986. L’ouverture d’un casino vise à relancer l’industrie touristique. Toutefois, malgré une riche culture régionale et son statut de lieu touristique largement reconnu, son économie demeure fragile, et Charlevoix n’arrive pas à empêcher les travailleurs de chercher des emplois ailleurs[7].
Flore et faune
Lieu de prédilection pour les artistes peintres, Charlevoix se démarque par sa flore qui est constituée de plusieurs zones de végétation : forêt boréale (taïga), forêt mixte, et toundra. Ainsi, selon l’altitude à laquelle il se trouve, le visiteur peut observer des paysages dignes d'une toile. Ceux-ci sont composés, de 40 à 300 m, de bouleaux jaunes, de 300 à 600 m, de bouleaux blancs et de pessière à éricacées, de 600 à 900 m, de pessière à mousse et de pessière rabougrie et, de 950 à 1 100 m, de toundra alpine.
Cette richesse dans sa diversité végétale a notamment valu à la région d'être identifiée, par l'UNESCO, en tant que Réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix. Il s'agit également de l'une des rares réserves de la planète à être habitée par quantité d'espèces fauniques. Parmi celles-ci, on retrouve trois grands cervidés : l’orignal, le cerf de Virginie et le caribou. Inconnu dans la région avant 1950, le coyote a fait son apparition à la suite de grands déplacements qui ont amené cette espèce à s'installer partout en Amérique, de 1829 à 1948[13].
De nombreux saumons de l’Atlantique sautent également dans ses rivières, alors que ses lacs sont un havre pour les truites mouchetées. Des oiseaux migrateurs, tels que le goéland, le canard, l’oie et le limicole, trouvent refuge sur ses branches, ses terres et ses étendues d'eau. Fait à noter, Charlevoix est une région phare quant à l’observation des phoques, des visons et de six espèces de baleine, dont les bélugas.
Caribous et Grands-Jardins
Disparu des hauts plateaux de Charlevoix au début du XXe siècle à la suite d’une chasse abusive, le caribou forestier est revenu dans la région grâce à la détermination de biologistes qui ont participé à sa réintroduction. Pour ce faire, 82 bêtes ont été transportées en avion à partir du Grand Nord québécois, entre 1969 et 1972. Depuis, les caribous de Charlevoix vivent dans le parc national des Grands-Jardins[14],[15],[16].
Ce parc a le privilège de constituer l'une des Aires centrales de la Réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix, statut octroyé à la région par l'UNESCO[17].
Son principal enjeu de conservation est de protéger les habitats aquatiques et les sommets. Les équipes qui y travaillent veillent à ce que les quotas de pêche soient rigoureusement respectés afin d'assurer la pérennité de l'écosystème aquatique. Elles visent aussi à maintenir les populations d’ombles de fontaine et d’ombles chevalier et procèdent à la caractérisation des plans d’eau ainsi qu’à l’identification des frayères[18].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr/en)Tourisme Charlevoix
- (fr)Ressources pédagogiques sur la réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix (Gouvernement du Québec)
- (fr)Département de géologie et de génie géologique de l'Université Laval
- (fr/en)Séismes Canada
- (fr)Institut Hubert-Reeves
- (fr)Site officiel de la Réserve mondiale de la Biosphère de Charlevoix-UNESCO
- (en)La réserve de biosphère de Charlevoix (UNESCO)
Références
- Charlevoix unique et magique Tourisme Charlevoix,
- Fiche technique du cratère météoritique de Charlevoix Randonnées nature Charlevoix,
- Charlevoix, zone à risque » sur Télévision de Radio-Canada, 23 octobre 1985 Contrechamp, «
- Contraintes rhéologiques et géologiques sur la distribution des tremblements de terre de la Zone sismique de Charlevoix, Québec, Canada
- La sismicité de Charlevoix
- L'Institut Hubert-Reeves, un projet d'envergure pour Saint-Joseph-de-la-Rive
- Charlevoix, une histoire de regards
- Le système seigneurial
- Pierre-François-Xavier de Charlevoix
- Histoire de la région
- L’histoire du Manoir Richelieu. Première époque.
- L’histoire du Manoir Richelieu. Deuxième époque.
- Charlevoix traditionnel à travers sa flore et sa faune -- les mammifères
- Le caribou, un habitant exceptionnel des hauts plateaux de Charlevoix
- Parcs Québec : Impressionnants et originaux : les cerfs, caribous et orignaux
- Plan de rétablissement du caribou forestier
- Taïga, lichen et… caribou!
- Les enjeux de conservation
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