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Alsace grand cru (AOC)
Pour les articles homonymes, voir Alsace (homonymie).Alsace Le vignoble alsacien vu depuis Kaysersberg Désignation(s) Alsace Appellation(s) principale(s) Alsace grand cru Type d'appellation(s) appellation d'origine contrôlée Reconnue depuis 23 novembre 1983
pour les 25 premiers
17 décembre 1992
pour les 25 autresPays France Alsace Région parente Vignoble d'Alsace Localisation Haut-Rhin Bas-Rhin Cépages dominants gewurztraminer, riesling, muscat, pinot gris et sylvaner[1] Vins produits blanc Rendement moyen à l'hectare 55 hl/ha Alsace grand cru est une appellation d'origine contrôlée de vins produits en Alsace.
L’Alsace a fait sa réputation avec des vins de cépage. Cette tradition rhénane, qui avait fait de cette région vinicole une exception dans le panel des AOC françaises, ne fut pas toujours un avantage. Ses vignobles durent attendre 1962 pour accéder à l’élite. Mais en une décennie les vignerons mirent les bouchées doubles, puisque 1976 fut l’année de naissance du Crémant et qu’un an auparavant le Schlossberg de Kientzheim revendiquait, sur la base d’une stricte sélection de son terroir, l’appellation Grand Cru. Une révolution au pays des sept cépages.
Sommaire
L’Alsace des terroirs
L’exemplaire démarche plut et fit des adeptes. Aussi, le 23 novembre 1983, ce furent vingt-cinq lieux-dits, parfaitement sélectionnés, qui eurent droit à la nouvelle AOC. Un décret de Bruxelles officialisa, au niveau européen, cette démarche. Le voisin allemand en profita pour faire enregistrer près de cinq mille lieux-dits, les vignerons alsaciens, plus raisonnables, qui en avaient déjà délimité vingt-cinq autres se contentèrent, fort heureusement, de ce nombre en restant dans le cadre des «usages loyaux et constants ». L’Institut National des Appellations d’Origine accepta ce dernier dossier, le 17 décembre 1992. L’Alsace possédait une nouvelle appellation composée de cinquante Grands Crus[2].
Leur délimitation parcellaire fut l’occasion d’une spectaculaire remontée dans le temps. Jusqu’alors tous ceux qui parlaient ou écrivaient sur le vignoble alsacien commençaient l’historique de ses vins à la Guerre de Trente Ans, c’est-à-dire au XVIIe siècle. On faisait comme si, dans la vallée du Rhin, Charlemagne et tous les Carolingiens s’étaient contentés de remplir leurs coupes du seul Schloss Johannisberg du Rheingau, cet ancien Mons Episcopi. Le dossier remit à l’INAO prouva qu’il n’en était rien, en mettant en évidence la réputation des terroirs alsaciens dès le haut Moyen-Âge.
Dès le haut Moyen-Âge
En Alsace, la notion de grand cru est très ancienne. À Marlenheim, en 613, le futur roi Dagobert donnait des vignes sur le Steinklotz à l’abbaye de Haslach[3].
À Rouffach, en 762, Heddo, l’évêque de Strasbourg, fondait l’abbaye d’Ettenheim et constituait sa mense avec les vignes du Vorbourg.
À Bennwihr, en 777, les missi dominici, de passage en Alsace, notaient dans leur rapport à Charlemagne la qualité des vins de Beno Villare (le domaine de Beno) dont les vignes s’étalaient sur le Marckrain.
À Sigolsheim, une charte de 783 notifiait que le vignoble de Sigoltesberg (le Mambourg actuel) était la propriété conjointe des seigneurs et des monastères du voisinage.
À Kintzheim, les abbés bénédictins d’Ebersmunster possédaient des vignes, au IXe siècle, au Praelatenberg (Montagne des Prélats). Ce lieu-dit est attesté dès 823.
À Dahlenheim et Scharrachbergheim, une charte cite pour la première fois le vignoble de l’Engelberg en 884[4].
À Wintzenheim, au IXe siècle, une donation de l’abbaye de Murbach mentionna le Hengst pour la première fois. Les seigneurs du Haut-Landsbourg et le Bailli de Kayserberg s’en partagèrent les droits féodaux jusqu’à la Révolution.
Les quarante-trois autres lieux-dits d’Alsace ont tous, entre l’An Mil et la Renaissance, été la propriété ou le fief de la noblesse ou du clergé. Cette richesse des cartulaires et chartriers alsaciens ne seraient que régal d’érudits si elle n’avait permis de servir de base historique à la délimitation des lieux-dits des Grands Crus d’Alsace.
Les cinquante-et-un grands crus (du nord au sud)
1 : Steinklotz (Marlenheim)
2 : Engelberg (Dahlenheim et Scharrachbergheim-Irmstett)
3 : Altenberg (Bergbieten)
4 : Altenberg (Wolxheim)
5 : Bruderthal (Molsheim)
6 : Kirchberg (Barr)
7 : Zotzenberg (Mittelbergheim)
8 : Kastelberg (Andlau)
9 : Wiebelsberg (Andlau)
10 : Moenchberg (Andlau et Eichhoffen)
11 : Muenchberg (Nothalten)
12 : Winzenberg (Blienschwiller)
13 : Frankstein (Dambach-la-Ville)
14 : Praelatenberg (Kintzheim)
15 : Gloeckelberg (Rodern et Saint-Hippolyte)
16 : Altenberg (Bergheim)
17 : Kanzlerberg (Bergheim)
18 : Geisberg (Ribeauvillé)
19 : Kirchberg (Ribeauvillé)
20 : Osterberg (Ribeauvillé)
21 : Rosacker (Hunawihr)
22 : Froehn (Zellenberg)
23 : Schoenenbourg (Riquewihr et Zellenberg)
24 : Sporen (Riquewihr)
25 : Sonnenglanz (Beblenheim)
26 : Mandelberg (Mittelwihr et Beblenheim)27 : Marckrain (Bennwihr et Sigolsheim)
28 : Mambourg (Sigolsheim)
29 : Furstentum (Kientzheim et Sigolsheim)
30 : Schlossberg (Kientzheim)
31 : Kaefferkopf (Ammerschwihr)
32 : Wineck-Schlossberg (Katzenthal et Ammerschwihr)
33 : Sommerberg (Niedermorschwihr et Katzenthal)
34 : Florimont (Ingersheim et Katzenthal)
35 : Brand (Turckheim)
36 : Hengst (Wintzenheim)
37 : Steingrubler (Wettolsheim)
38 : Eichberg (Eguisheim)
39 : Pfersigberg (Eguisheim et Wettolsheim)
40 : Hatschbourg (Hattstatt et Voegtlinshoffen)
41 : Goldert (Gueberschwihr)
32 : Steinert (Pfaffenheim et Westhalten)
43 : Vorbourg (Rouffach et Westhalten)
44 : Zinnkoepflé (Soultzmatt et Westhalten)
45 : Pfingstberg (Orschwihr)
46 : Spiegel (Bergholtz et Guebwiller)
47 : Kessler (Guebwiller)
48 : Kitterlé (Guebwiller)
49 : Saering (Guebwiller)
50 : Ollwiller (Wuenheim)
51 : Rangen (Thann et Vieux-Thann)Les grands crus d’Alsace
Un terroir viticole, aussi propice soit-il, n’est rien sans l’intervention de l’homme et la volonté du vigneron de faire de la qualité. Le souhait des promoteurs des Grands Crus d’Alsace fut d’emblée de s’orienter dans ce sens.
Il est intéressant de revenir sur les terroirs des lieux-dits sélectionnés pour en souligner la diversité : granit, schiste, calcaire, marno-calcaire, gypse, sablo-argileux, gréso-volcanique et granito-gneissique. Situés entre 200 et 420 mètres d'altitude, ils sont généralement orientés de Sud à Sud-Est avec des déclinaisons de Sud-Ouest à Est-Sud-Est, leur superficie variant entre 3,23 hectares pour le Kanzlerberg de Bergheim et 80,28 hectares pour le Schlossberg de Kientzheim.
Les cépages admis pour l’AOC Grands Crus d’Alsace ne sont plus qu’au nombre de quatre : gewurztraminer, riesling, muscat, pinot gris (ancien Tokay), plus un cinquième cépage : le sylvaner, admis depuis la récolte 2005 pour l'AOC Grand Cru d'Alsace exclusivement sur le Zotzenberg de Mittelbergheim. Les conditions de production sont plus drastiques, le rendement a été limité à 60 hl/ha avec 10° minimum pour le Riesling ou le Muscat et 11° pour le Gewurztraminer ou le Pinot Gris. L’étiquette doit absolument comporter l’AOC Alsace Grand Cru, la mention du lieu-dit (terroir), du cépage et du millésime.
Comme les autres vins d’Alsace les Grands Crus peuvent être récoltés en vendanges tardives ou après sélection des grains nobles. Cette spécialité alsacienne inaugurée en 1984 prend alors sa plus haute expression.
Quant à ceux qui se poseraient la question sur le potentiel de vieillissement de ces vins, une seule petite anecdote les renseignera. Le dimanche 13 septembre 1868, lors du banquet des félibres provençaux qui recevaient, à Saint-Rémy-de-Provence, leurs collègues, Frédéric Mistral et Victor Balaguer eurent la surprise de se voir offrir, sous forme de toast, par le Baron Brisse, une bouteille de vin d’Alsace de la récolte de 1472, qui lui avait été donnée par le directeur des Hospices de Strasbourg.
Bibliographie
Voir aussi
Liens internes
Notes et références
- ↑ Le sylvaner n'est admis que depuis la récolte 2005 pour l'AOC Grand Cru d'Alsace exclusivement sur le Zotzenberg de Mittelbergheim.
- ↑ Depuis 2006, un nouveau lieu-dit producteur de Grand Cru a été reconnu par l'INAO.
- ↑ Grégoire de Tours, qui note qu’en 589 le roi des Francs d’Austrasie, Childebert II, en était le détenteur, fourni la première indication écrite sur le vignoble alsacien.
- ↑ Il sera, trois siècles plus tard, propriété du Chapitre canonial de la Collégiale de Strasbourg.
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