Jardinage

Jardinage
Jardinier amateur entretenant son jardin

Le jardinage est la pratique, et parfois l'art, de semer, planter, maintenir des végétaux composant un jardin dans des conditions idéales pour leur développement. Cette pratique répond à un besoin d’esthétique et/ou alimentaire, mais est aussi destinée à créer un microclimat.

Le terme "jardinage" est employé surtout pour l'activité de loisir et d'autoconsommation alimentaire pratiquée par les particuliers tandis que les termes maraîchage, horticulture, arboriculture, floriculture ... désignent les activités professionnelles qui visent à produire et vendre fruits, fleurs, légumes, arbres fruitiers et d'ornements ainsi que divers autres produits végétaux.

Également, le terme est utilisé pour des activités d'autoconsommation qui ne rejettent pas l'éventualité commerciale par exemple lorsqu'un paysan vend le surplus de la production de son jardin sur un marché. Caractéristique de l'agriculture, cette situation est courante partout dans le monde (en France, ce sont souvent des "ruraux" double actifs ou retraités de l'agriculture mais, bien sûr, toujours paysans) où les marchés sont alimentés par une population paysanne assimilable à des jardiniers.

Si les notions générales de jardinage sont les mêmes partout dans le monde, il existe des différences dans la manière de pratiquer le jardinage qui sont liées au climat, au sol et au lieu dans lequel il se trouve, ainsi qu'aux différents usages du pays, de la région et des ressources dont dispose le jardinier.

Sommaire

Étymologie

Le terme « jardin », attesté au XIIe siècle, semble provenir du composé latino-germanique hortus gardinus, qui signifie littéralement « jardin entouré d'une clôture », du latin hortus, jardin et du francique gart ou gardo, « clôture ». Comme quoi le jardin doit se défendre contre le bétail, la volaille, le gibier et la sauvagine quand ils sont présents et parfois aussi des voleurs.

Histoire du jardinage

Le terme « jardinage » est employé dès la fin du XIIIe siècle. En 1599, l'agronome Olivier de Serres écrit Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs (...) dans lequel est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dresser, gouverner, enrichir et embellir la Maison Rustique. Il s'agit d'un manuel agricole destiné au gestionnaire d'un domaine rural (le domaine du Pradel que possède O. de Serres couvre cent cinquante hectares), cet ouvrage complet comporte un chapitre intitulé « DES JARDINAGES » qui est sous-titré ainsi : « Pour avoir des Herbes et Fruicts Potagers : des Herbes et Fleurs odorantes : des Herbes médicinales : des Fruicts des Arbres : du Saffran, du Lin, du Chanvre, du Guesde, de la Garance, des Chardons-à-draps, des Rozeaux : en suite, la Manière de faire les Cloisons pour la conservation des Fruicts en général ». En 1709, le traité intitulé Théorie et pratique du jardinage est publié pour la première fois. Il est écrit par Dezallier d’Argenville avocat et secrétaire du Roi mais surtout grand amateur de jardins. Il fait la synthèse des connaissances du « Grand Siècle » à la fois pour l'art de concevoir des jardins et pour les techniques horticoles.

Jardinage ou agriculture?

La différence entre le jardinage et l'agriculture est essentiellement une différence d'échelle et de moyens : le jardinage peut être un loisir, de tendre vers une autosuffisance alimentaire, fournir un complément de revenu... alors que l'agriculture des pays industialisés s'inscrit dans des circuits économiques, concerne de plus grandes surfaces et quantités, plus de labeur et des pratiques souvent bien différentes. Les opérations de jardinage sont souvent manuelles et utilisent peu de moyens financiers, typiquement quelques outils, tels que la pelle, le râteau, le panier, l'arrosoir, la brouette. En comparaison, l'agriculture des pays industialisés fait plus souvent appel à la mécanisation, aux fertilisants chimiques, au fumier animal comme amendement et engrais, à des systèmes d'irrigation performants, etc.

Le jardinage est également généralement associé à l'entretien d'un jardin, et moins à sa création seule. Le langage contemporain parle de paysagisme ou d'architecture de jardin, lorsqu'il s'agit de penser et créer un jardin. Ce terme relativement récent n'existait pas à l'époque de Le Nôtre, pas plus que celui de paysagiste. On utilisait celui de « jardinisme ». Un certain nombre de paysagistes contemporains préfèrent le terme « jardinier-paysagiste » à celui d'« architecte-paysagiste ». Un des plus célèbre d'entre-eux est Gilles Clément, l'auteur du Jardin planétaire. Cela dénote évidemment une certaine philosophie du rapport à la nature, du respect de ses rythmes et de l'économie des moyens, des énergies et des ressources qui peuvent caractériser le jardinage: le jardinier n'est-il pas celui qui fait sienne la devise « Semper festina lente», Hâte toi lentement... ?

Les outils du jardinier

Les outils traditionnels

Pelle, râteau, transplantoir, houlette, panier, arrosoir, brouette, bêche, pioche, binette, sécateur, scie égoïne, houe, sarcloir...

Les outils mécaniques

Tondeuse tractée ou non, tracteur et micro tracteur, atomiseur, motoculteur, tronçonneuse, débroussailleuse, motofaucheuse à section.

Aspects sociaux et politiques

Depuis la naissance-même du jardinage, qu'on pourrait dater aux alentours des premiers signes de sédentarisation des hommes si on permettait aux buts économiques de primer dans le jardinage, mais que nous préférerons évaluer ici aux alentours de la naissance de l'Égypte antique, il a eu une connotation politique et sociale. La datation choisie peut être expliquée par le fait que la naissance de cette culture et le jardinage requièrent tous deux un même facteur : une croissance de prospérité. Ceci permet d'utiliser du terrain, du temps et des techniques agricoles plus pour des raisons d'esthétique et d'agrément que d'autres. C'est à partir de ce moment-là qu'on peut parler de jardinage proprement dit. Le jardinage a ainsi en premier lieu permis à certains de montrer leur prospérité. Cela montre que le jardinage a toujours eu un certain sens socio-politique.

Cela n'a fait qu'accroître avec le temps. En Europe et en Amérique du Nord, les gens laissent parfois apparaître leurs opinions politiques ou sociales dans leur jardin, de façon intentionnelle ou non. Par exemple, le message politique des partis écologistes ou certaines ONG telles que GreenPeace conseillent plutôt les jardins sauvages, de préférence aux belles pelouses bien vertes.

En France, le jardin d'agrément et le jardin-potager semblent correspondre chacun à leurs propres groupes socio-culturels. De nombreux agriculteurs et de nombreux ouvriers ont tendance à réserver un espace de leur jardin au potager alors que certains cadres et autres dirigeants n'hésitent pas à consacrer 100% de la surface au jardin d'agrément. De même, les gourmets et les "écologistes" auront à cœur de cultiver leurs propres légumes dans leurs potagers alors que certaines gens rejetteront l'idée même de laisser pousser un seul lègume dans leurs jardins.

Le jardinage procure au jardinier différentes joies. Le plaisir d'une activité de plein-air et de profiter du résultat (de son travail : une pelouse agréable, un parterre net ou au contraire exhubérant, fleuri et nourrissant de nombreux insectes (papillons, abeilles, syrphes..), un arbuste élégant, de bons fruits et légumes, etc. Celui de travailler des matériaux naturels : la terre, le bois, l'herbe, les graines, les fleurs et l'eau. Celui d'imaginer et de réaliser l'harmonie d'un paysage ou de permettre à la nature de s'exprimer. Le jardinage a également un impact positif sur la santé humaine, tant physique que mentale[1],[2]: il contribue à lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires, voire de limiter certaines injustices sociales ou écologiques dans l'accès aux produits alimentaires, c'est un exercice physique en plein air et une création personnelle ou parfois collective (dans les jardins partagés notamment) jugés par de nombreux jardiniers gratifiants et aidant à lutter contre le stress[3].

Comme toutes les activités humaines dans les sociétés occidentales, le jardinage n'échappe pas à une certaine marchandisation et toute une activité économique s'est développée autour de cette pratique. À l'origine assurée par les graineteries, la commercialisation des plants et graines est de plus en plus assurée par des jardineries qui l'accompagnent d'une offre d'accessoires et de produits de traitement divers et qui font partie maintenant du paysage des zones commerciales des grandes villes. Pépiniéristes et entreprises d'entretien d'espaces verts complètent l'offre de services accessibles au particulier.

Démocratiser l'accès à un jardin

Bien qu'on puisse admettre qu'en règle générale le jardinage a toujours et partout été à la portée des classes sociales supérieures, on ne peut cependant pas en dire autant du reste de la société. Au fur et à mesure que la prospérité croît, les laissés-pour-compte du jardinage se sont mis à revendiquer ce droit. En Europe, on peut dire que la mise à disposition par l'État de terres pour jardinage publiques a commencé en Angleterre pendant la période victorienne. Les situations que ce genre d'expériences (dont les fermes collectives soviétiques aussi) ont provoqué, ont alimenté des théories comme celles de la supériorité du capitalisme et la tragédie des communs.

Ainsi, le jardinage ne serait pas seulement source indispensable d'aliments et de plaisir, mais aussi un droit.

Aujourd'hui, et en Europe en particulier, suite au manque de plus en plus croissant de terrains vierges, tout particulièrement dans et aux alentours des villes, jardiner est de plus en plus devenu un luxe. Or il peut encore amener des revenus supplémentaires aux personnes moins favorisées, tout en favorisant l'utilisation des technologies intermédiaires (surtout le jardinage biologique). Des jardins communautaires qui offrent accès au jardinage aux citadins (voir jardinage urbain) ont ainsi vu le jour, ainsi que des idées de jardins communautaires pouvant alimenter jusqu'à 100 éco-villageois.

Dans certains pays, d'autres mouvements sont nés, tels que Slow Food, qui proposent par exemple la mise en place de jardins alimentaires dans les écoles.

La biodiversité

Suite aux ravages que l'ère post-industrielle fait subir à la nature, le mouvement politique écologique et ses dérivés ont eu une influence sur le jardinage (tout comme sur l'architecture et la vie en général) en intégrant la préservation de la biodiversité. Ainsi sont nés les jardins sauvages (ou jardins naturels) où les légumes, les plantes ornementales et les fruits sont cultivés ensemble avec des espèces natives. Les espèces cultivées sont alors incluses dans une sorte d'écologie naturelle pré-existante, non perturbée, mais au contraire bénéficiant du processus de jardinage. Comme dans d'autres formes de jardinage, l'esthétique joue un rôle central en décidant de ce qui est « correct » mais d'autres contraintes s'appliquent. Les jardins sauvages sont par définition des exemples de jardinage gérant correctement les ressources en eau, étant donné que les espèces naturelles présentes dans une écorégion ou un microclimat sont celles adaptées aux ressources locales.

La pelouse plutôt que le jardin est un point important en planification urbaine, en ceci qu'il revient à établir le droit à l'existence de la nature sauvage, plutôt que la nature dominée.

Le traitement des déchets

Dans certaines éco-constructions, qui gèrent elles-mêmes leur eau et leurs déchets, des toits-jardins ont été créés. Ce principe est très proche de celui d'une machine vivante, lequel repose sur :

Dans la majeure partie du monde, ce type de jardinage est pratiqué, en dépit de l'existence de risques sanitaires lorsque des technologies et méthodes modernes ne sont pas utilisées. Une méthode permettant d'éviter ces risques est par exemple celle de la toilette sèche.

En Chine, par exemple, les agriculteurs mettent en place des toilettes extérieures sur les routes pour favoriser leur usage par les touristes, afin de se fournir en matières organiques. Ces méthodes permettent l'usage de calories, d'eau et de minéraux, mais violent les considérations esthétiques et sanitaires de la plupart des Occidentaux, qui n'accepteraient pas d'utiliser des fèces humaines dans leurs jardins ou pour l'alimentation du bétail. Ainsi, il existe des conflits entre le jardinage pour raisons personnelles ou esthétiques et pour des raisons pratiques de production de nourriture, même au sein d'une famille.

Le mur végétalisé est une variation inhabituelle d'une machine vivante et constitue dans les faits un jardin vertical : l'eau s'écoule sur une surface sur laquelle se développent de la mousse ou d'autres plantes, quelques insectes et des bactéries et est captée en bas du mur dans une mare d'où elle est réinjectée en haut du mur. Ce type de jardin est parfois construit à l'intérieur des habitations pour aider à réduire le stress de la vie en zone urbaine ou pour augmenter les teneurs en oxygène dans l'atmosphère recyclée. D'autres jardins d'intérieur font partie des systèmes de chauffage ou d'air climatisé. Le mur vivant fait partie de ce que l'on nomme jardinage urbain.

Aspects culturels et historiques

Le jardinage est considéré comme absolument essentiel dans la plupart des cultures. Il a connu des évolutions différentes par continent et souvent même par pays. De là notre désir de les répertorier :

On remarque néanmoins deux évolutions parallèles bien distinctes du jardinage, dont découlèrent les principaux styles paysagers. Certaines cultures ont développé un jardinage très symétrique et rectiligne, d'autres un jardinage très spontané et inordonné. Cette dissociation s'explique facilement par l'histoire du jardinage, qui naît principalement en deux endroits : en Égypte Antique et en Chine. C'est l'énorme différence climatique entre ces deux contrées qui provoqua les deux courants. Les conditions arides du nord de l'Afrique poussa les égyptiens à « ranger » leurs plantations, afin d'en faciliter l'irrigation. A contrario, le climat clément de la Chine et sa luxuriance végétale inspira un jardinage beaucoup plus nonchalant à ses habitants. Les Grecs importèrent ensuite le jardinage rectiligne en Europe, alors même que le jardinage à la Chinoise s'imposa en Asie.

Aspects techniques

Dans les catégories suivantes sont classés tous les savoirs qui peuvent aider au jardinage. Les articles qu'on trouve dans cette rubrique se veulent les plus généraux possibles. Tout ce qui est techniques spécifiques de jardinage (jardinage biologique, lunaire, etc.) se retrouve généralement et de préférence dans les deux catégories ci-dessus.

Des méthodes respectueuses de la nature et de la santé

  • Privilégier la Lutte biologique ou la Lutte intégrée souvent aussi efficace que la lutte chimique et moins toxique pour le consommateur.
  • Favoriser les Cultures associées pour bénéficier des interactions bénéfiques entre plantes.
  • Utilisation du Purin d'ortie et autres préparations naturelles comme le savon noir dilué (contre pucerons et chenilles), le bicarbonate de soude dilué (contre les maladies et les champignons)
  • Compostage des déchets pour disposer d'un terreau de qualité
  • Favoriser le développement des Organismes auxiliaires en protection des cultures
  • Récupération des eaux de pluie pour économiser l'eau et alléger sa facture.

Aspects économiques

En France, grâce à la réduction du temps de travail, le nombre de jardinier amateur a tellement crû que le secteur économique du jardinage ne s'est jamais aussi bien porté. Des magasins (des grandes surfaces spécialisées, en particulier) sont apparus, ou ont été agrandis. Le marché est devenu considérable.[réf. nécessaire]

Voir aussi

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Notes et références

  1. (en) Relf D., The Roll of Horticulture in human Well-Being and Social Development. Portland, Oregon, Timber Press, 1992.
  2. Petyt J.,Jardiner, c’est bon pour le moral. Dans : Jardin familial, N° 445, Janvier/Février 2008
  3. C. Catanzaro, E. Ekanem, Home gardeniers value stress reduction and interaction with Nature  ;ISHS Acta Horticulturae 639: XXVI International Horticultural Congress: Expanding Roles for Horticulture in Improving Human Well-Being and Life Quality (Résumé), en anglais

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