Historiographie du débat sur la localisation d'Alésia

Historiographie du débat sur la localisation d'Alésia

La bataille d'Alésia est un événement qui a fortement marqué l'historiographie française, en particulier à partir du XIXe siècle. Les débats ont essentiellement porté sur la question de la localisation de la bataille. Jusqu'à ce que, très récemment, les fouilles franco-allemandes des années 1990 imposent définitivement le site d'Alise-Sainte-Reine, de très nombreux autres sites ont été proposés, et durant près de 150 ans, les débats ont partagé la communauté académique, mais aussi le grand public, recoupant parfois des enjeux politiques ou des rivalités régionales.

Statue de Vercingétorix par Aimé Millet à Alise-Sainte-Reine. Expression de la volonté de monumentaliser le site et de signifier sa reconnaissance officielle sous le Second Empire, elle reçut un accueil mitigé[1].

Sommaire

Une localisation sans grand débat du Haut-Moyen Âge au XIXe siècle

Avant le XIXe siècle la localisation d'Alésia ne souleva pas de grands débats. L'identification d'Alise-Sainte-Reine à Alésia apparaît pour la première fois au Haut-Moyen Âge. Vers 865, le moine Héri de Saint-Germain d'Auxerre, dans son récit du transfert des reliques de sainte Reine d'Alise jusqu'à Flavigny, fait explicitement le lien entre Alise et le siège mené par César[2]. La figure de sainte Reine témoigne d'une tradition hagiographique locale qui remonte jusqu'au Ve siècle ; par ailleurs Héri était un des élèves de Loup de Ferrières, abbé érudit qui, curieux de manuscrits, avait redécouvert une copie de la Guerre des Gaules de César : tradition locale et érudition antique ont pu alors converger.

La localisation à Alise est celle généralement retenue par ceux que l'on appelle les antiquaires comme J.B. Bourguignon d'Anville[3] qui donna en 1755 une carte tirée d'un relevé précis du site[4]. Si certaines hypothèses différentes apparaissent ponctuellement, c'est sans se chercher de fondement réel, comme lorsqu'on rapprochait Alésia d'Alès[5]. En 1784, Pierre Laureau, écuyer du comte d'Artois, effectua des fouilles sur le Mont Auxois, qui révélèrent des monnaies et des inscriptions[4]. La découverte à Alise, en 1839, de l'inscription mentionnant "ALISIIA" (CIL XIII, 2880) ajouta un élément important pour l'identification du site[6].

Les débats du XIXe siècle

L'hypothèse d'Alaise (1855)

Alphonse Delacroix présente en 1855 un mémoire historique à une société savante du Doubs : il s'agit de la première contestation importante et argumentée de la localisation à Alise. Selon lui, la bataille a eu lieu à Alaise, à une vingtaine de kilomètres au sud de Besançon. Son argumentation s'appuie sur les textes anciens, mais aussi sur l'exploration archéologique naissante. Les tumuli et les armes qu'ils révèlent sont interprétés comme appartenant à la période de la guerre des Gaules, interprétation erronée et anachronique, mais alors largement partagée. Enfin Delacroix fait appel à la toponymie exploitant le nom d'Alaise, mais aussi celui des lieux-dits ("Champ de guerre") ainsi qu'aux traditions locales : selon lui les indigènes sont les gardiens d'une tradition - Alaise fut autrefois une ville - devenue pour eux un mystère[7]. Architecte de formation, Delacroix fut soutenu par les érudits locaux et les sociétés savantes régionales.

La réponse de savants partisans d'Alise, notamment au sein de l'académie de Dijon (Commission des Antiquités de Côte-d'Or) avec M. Rossignol, conservateur des archives départementales, ne tarda pas et la querelle se structura et s'installa, les personnalités étant invitées à prendre parti. En 1856, la thèse d'Alaise est soutenue par l'autorité d'Émile Desjardins, spécialiste de la géographie antique, convaincu par les trouvailles d'armes à une époque où l'absence d'études typochronologiques et stratigraphiques empêchent de les dater. Jules Quicherat, savant reconnu à l'époque, prend, quant à lui, position pour Alaise en 1857.

Les fouilles d'Alise sous Napoléon III

La passion de l'empereur Napoléon III, pour l'histoire romaine et la guerre des Gaules suscita la première grande campagne de fouilles archéologiques en France, en particulier à Alise-Sainte-Reine

La région d'Alise avait livré un certain nombre d'objets archéologiques : l'inscription mentionnant le nom du lieu, des tessères - alors interprétées comme des monnaies - et portant les premières lettres du nom de la ville. C'est la découverte d'un important dépôt d'armes de l'âge du Bronze près de la ferme de l'Épineuse, aux environs d'Alise, qui incita en 1861 l'empereur Napoléon III à programmer des fouilles autour du Mont Auxois. L'association de ces armes à l'époque gauloise et à la bataille constituait un anachronisme notable, mais cette erreur, en l'absence de typologies établies et datées, était partagée par l'ensemble de la communauté savante : dans ces mêmes années, les partisans d'Alaise s'appuyaient aussi sur les découvertes de tumulus de l'âge du bronze pour défendre leur hypothèse.

Les fouilles furent commencées sous le patronage de Félix de Saulcy, savant responsable de la Commission de la topographie des Gaules, puis furent placées, à partir de 1862, sous la direction du baron E. Stoffel. Ces fouilles ne firent pas l'objet d'une publication détaillée et précise. Leur déroulement exact, l'emplacement des trouvailles, la nature des vestiges ne furent pas non plus précisément exposés. Ce n'est que la redécouverte tardive d'archives, à la fin des années 1950 qui permit de mieux comprendre ces fouilles, et leur valeur[8]. La commission de topographie effectua 282 coupes sur les fortifications de César, fouillant d'avril à juillet, puis de novembre à décembre 1861, essentiellement dans la plaine des Laumes en été, puis vers le Réa dans l'automne[9]. L'année 1862, jusqu'à la nomination de Stoffel en septembre, fut consacrée à retrouver tout autour du site l'acquis de l'année précédente. Les fouilles furent donc effectuées dans toutes les directions. Selon Jacques Harmand, « la probité et l'efficacité de ces travaux apparaissent avec évidence lorsque l'on suit sur les plans et planche de la Commission comme sur une sorte de film la progression des découvertes »[10]. De la fin 1862 à 1865, Stoffel dirige les fouilles, s'appuyant sur place sur Paul Millot et Victor Pernet. Les fouilles s'attachent alors à préciser le tracé des contrevallations, à retrouver les camps, à rechercher systématiquement les dispositifs de défense, comme les trous de loup[11]. Des fouilles ont aussi lieu sur le plateau du Mont-Auxois : des puits sont fouillés et des sondages pratiqués sur l'enceinte de l'oppidum[12]. Les fouilles de Stoffel s'achèvent avec la publication de l'Histoire de Jules César écrite par Napoléon III.

La querelle s'installe

Dès 1856, avec Victor Revillout, des hypothèses autres qu'Alaise et Alise apparaissent : en 1862, on propose le site d'Alise-Izernore, en 1866 celui de Novalaise[13]. Si les trouvailles d'Alise-Sainte-Reine et le contexte d'après la guerre de 1870 limitent momentanément les débats, ils réapparaissent dans les années 1900. En 1913, la commission des enceintes dresse une bibliographie sur la querelle occupant quatorze pages du Bulletin de la société préhistorique française[14]. La querelle reste toutefois purement française, les savants étrangers acceptant aisément les découvertes d'Alise dès le XIXe siècle[15].

Nouveaux débats au XXe siècle

L'hypothèse d'Alaise au XXe siècle

L'hypothèse d'Alaise connaît un regain d'intérêt dans les années 1920. En 1922, dans l'Énigme d'Alésia, Georges Colomb, savant botaniste plus connu comme dessinateur du sapeur Camember, présente à nouveau des arguments en faveur d'Alaise. Par la suite, il les défend vigoureusement à travers plusieurs ouvrages jusqu'à La bataille d’Alésia, publié à titre posthume en 1950[16]. En 1951 Lucien Febvre ne voit dans la querelle que redite et peine perdue de la part des partisans de la Franche-Comté et souhaite de vraies fouilles pour éclairer le cas d'Alaise[17]. Des campagnes de fouilles sont menées en 1952 et 1953 par Maurice Dayet et sont complétées en 1953 par des sondages dirigés par Louis Déroche pour une association de soutien à Alaise. Ces fouilles ne révèlent que des vestiges bien antérieurs à la bataille ou médiévaux et mettent fin à l'hypothèse[18],[19]. Jean Bérard, auparavant plutôt peu convaincu par Alise conclut : « il n’y a rien à Alaise »[20].

André Berthier et l'hypothèse de Chaux-des-Crotenay (1962)

C'est vers 1962 qu'André Berthier qui conduisait des fouilles en Algérie, en particulier à Tiddis s'intéresse à la question d'Alésia[21]. En 1964, il commence des fouilles autorisées par le ministre de la culture André Malraux ; il y eut par la suite quatre autres campagnes de fouilles qui n'ont toutefois pas fait l'objet de publication scientifique. En 1966 il adresse un mémoire à Jérôme Carcopino pour présenter son scepticisme devant Alise. En 1980, il fonde l'Association Lemme Et Saine d'Intérêt Archéologique (A.L.E.S.I.A.) pour soutenir ses hypothèses. En 1984, il récapitule sa démarche et ses hypothèses, en particulier « La Méthode du Portrait-robot » au 109e Congrès national des sociétés savantes tenu à l'université de Dijon[22]. En 1990, il publie un ouvrage sur Alésia en collaboration avec André Wartelle[23].

Chronologie des opérations de fouilles et sondages à Chaux-des-Crotenay[24] :

  • 1964 et 1965 : fouilles autorisées
  • 1966-1969 : fouilles refusées, prospection de surface
  • 1970 : fouilles autorisées
  • 1971 : fouilles refusées, sondage autorisé
  • 1972 : fouilles autorisées
  • 1974 : fouilles refusées, sondages autorisés
  • 1976-1977 sondages autorisés
  • 1978 à 1980 : prospection en surface
  • 1981 et 1983 : sondages autorisés
  • 1984 à 1986 sondages
  • 1996 fouille préventive par l’Afan à la demande de la DRAC

Aucune de ces fouilles ni de ces sondages n'a fait l'objet d'une publication scientifique véritable. Leur interprétation est controversée. André Berthier et André Wartelle, puis Danielle Porte[25] ou encore le cinéaste Jean-Pierre Picot, estiment avoir retrouvé les fortifications gauloises et romaines et, identifient des murs, des dolmen-menhirs[26], des contrevallations, une ville gauloise et des camps romains[27]. En revanche les archéologues régionaux ou universitaires ne reconnaissent rien de probant : la fouille préventive de 1996 (Pont de la Chaux, ZAC de la gare) n'a rien révélé et les autres interprétations proposées n'ont pas suscité l'approbation de la communauté des archéologues. Selon Marie-Pierre Rothé, dans le volume de la Carte archéologique de la Gaule consacré au Jura, la présence de murs en pierres sèches à l'ouest de Chaux est « mal interprétée »[28], et c'est « sans preuve » que Berthier et Wartelle interprètent des structures de pierres sèches comme un ensemble cultuel gaulois[28]. Toujours selon Marie-Pierre Rothé, à Syam, à la Grange d'Aufferin, « il n'y a aucune preuve de camp romain »[29]. Elle rappelle que l'hypothèse d'un camp romain aux lieux-dits « Les Étangs » et « Sur la Grange fontaine » a été invalidée par les travaux archéologiques de Chr. Meloche[30] et que ce même chercheur a démontré que, en bordure de la Combe de Crans, ce que Berthier lisait comme « un fanum commémoratif de la bataille » était en fait « une construction médiévale »[31]. Selon Michel Reddé, un rapport d'inspection de la DRAC signale que les fouilleurs volontaires de Chaux ont fouillé une étable en y voyant un monument religieux à tumulus[32]. En 2008, dans son livre L'histoire interdite, le journaliste Franck Ferrand voit en Chaux un très grand site archéologique et appelle à y accomplir des fouilles « ambitieuses »[33].

Autres sites proposés

Le site d'Izernore dans le Jura qui avait été proposé comme lieu possible de la bataille par Jacques Maissiat en 1865[34] fut encore défendu par Férréol Butavand, ingénieur polytechnicien originaire du village proche de Nurieux-Volognat dans les années 1930[35].

L'hypothèse du village de Luzy, chef-lieu de l'arrondissement de Château-Chinon, dans le département de la Nièvre fut également proposée[36].

En 1936, Xavier Guichard proposa de retrouver dans le toponyme Alésia l'indice d'une géométrie sacrée perdue[37] spéculations qui paraissait à l'historien Lucien Febvre du temps et de la peine perdue à base de calembours[38].

Le site de Salins-les-Bains dans le Jura a été proposé dans les années 1970 comme site de la bataille[39]. On y connaît un oppidum (« Le Camp du Château ») qui a abrité un important habitat celte durant la période de Hallstatt et au début de l'époque de La Tène, il n'a pas livré de trace archéologique attestant d'une occupation ou d'une bataille à l'époque de la guerre des Gaules[40].

La commune de Guillon en Bourgogne a été proposée en 1984 comme site de la bataille par Bernard Fèvre, carrier à Guillon[41],[42]. Les structures vues comme des témoignages des fortifications par les partisans du site sont interprétées par les services locaux d'archéologie comme des épierrements agraires, des vestiges médiévaux ou plus récents encore[43]. B. Fèvre développa une interprétation ésotérique de sa découverte, la mettant en rapport avec la légende de l'Atlantide[44]. La localisation d'Alésia à Guillon a été reprise par l'auteur Sylvain Tristan[45], selon qui Alésia aurait été l'héritière d'un peuple qui aurait été à l'origine des monuments mégalithiques. Elle ne repose sur aucun constat scientifiquement publié.

Les partisans d'Alise

À partir de 1905 Émile Espérandieu mène des fouilles plus ou moins régulières au Mont-Auxois, ces campagnes comme en 1911 et 1912 sont toutefois limitées[46]. Il pense identifier plusieurs destructions successives de la ville d'Alésia et plusieurs batailles dans l'antiquité : celle de César, une sous les empereurs Julio-Claudiens, une autre à la fin du IIe siècle, une autre encore vers 275 et une dernière enfin au IVe siècle. On sait désormais que ces destructions supposées sont en fait très hypothétiques, étant déduites ou supposées à partir de traces très ponctuelles.

Après 1908, c'est toutefois Jules Toutain qui a la direction des fouilles, en association avec Victor Pernet d'abord puis seul et ce jusqu'en 1958[47]. Les fouilles ont lieu sur le plateau, révèlent surtout la ville gallo-romaine mais se heurtent aussi à des difficultés matérielles[48]. Toutain défend régulièrement la localisation à Alise arguant d'un faisceau de preuves lui permettant de dire que le doute s'évanouit[49]. Jusque vers 1950, le dossier d'Alise ne connaît donc pas, du point de vue de la question de la localisation, de bouleversement important, l'absence de fouilles importantes et la mauvaise publication de celle du siècle précédent contribuant à entretenir parfois le doute sur le site. Le bimillénaire de la bataille en 1949 suscita cependant un nombre important de publications dont plusieurs réfutations de la thèse d'Alaise[50]. Dans ces publications la toponymie est avancée comme un argument en faveur d'Alise, dans un problème déjà résolu selon l'expression utilisée par Raymond Lantier dans son bilan des recherches archéologiques publié en 1953[51].

À la fin des années 1950, cette situation change assez rapidement. Ce sont d'abord les analyses numismatiques de Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu qui démontrent l'authenticité des trouvailles monétaires effectuées au XIXe siècle sur le site d'Alise[52]. Les découvertes de Colbert de Baulieu sont rapidement prises en compte par Jérôme Carcopino dans son ouvrage sur la bataille d'Alésia et apportent un argument fort pour la localisation à Alise.

Dans la même période, la redécouverte et la publication d'archives des fouilles du Second Empire révèlent leur précision et donne un aperçu plus précis de ce qui avait été alors dégagé[53],[8],[11] ,[54].

Canthare en argent trouvé à Alise lors des fouilles de septembre 1862 dans le fossé extérieur de la circonvallation des Laumes[55]. Il est aujourd'hui exposé au Musée d'archéologie nationale.

Enfin, à partir de 1958, Joël Le Gall consacre nombre de recherches historiques au site d'Alise[56]. Revenant sur les destructions multiples supposées, il n'identifie formellement qu'un épisode, à l'époque de Septime Sévère[57]. Il publie de nouvelles découvertes archéologiques et surtout met systématiquement en rapport les fouilles passées, surtout les archives des fouilles du Second Empire et les nouveaux apports de l'archéologie : nouveaux objets, nouvelles méthodes.

En 1963, dans Alésia. Archéologie et histoire, il s'attache à présenter l'état des connaissances archéologiques du site[58], entraînant dès la fin des années 1960 la conviction de beaucoup d'historiens. Ainsi, à propos de son livre, André Chastagnol dit en 1969 : « l'identification ne saurait plus désormais être remise en question »[59]. En 1974, Joël Le Gall publie l'une des tessères portant le nom des Alisienses, habitants d'Alésia[60]. Ses travaux portent aussi sur la publication des textes antiques concernant le site[61] et surtout sur la publication, en 1989, des archives des fouilles de Napoléon III[62]. Ces archives ont montré la minutie et la précision des fouilles menées par la commission de 1861 et par contraste le côté brouillon de celles menées par Stoffel, qui procédait cependant à une toute autre échelle[63]. À cette date toutefois, la fiabilité des découvertes du Second Empire avait reçue une autre confirmation. Les décennies suivant 1960 avaient aussi connu le développement de la prospection aérienne. Les photographies prises par René Goguey au cours de multiples survols du Mont Auxois révélèrent les dispositifs de sièges que les tranchées des fouilles du XIXe siècle avaient recoupés[64],[65]. En 1983 dans une étude consacrée au célèbre canthare en argent trouvé à Alise Michel Lejeune montre que l'on ne peut contester l'authenticité de la trouvaille et qu'il faut exclure une fraude des fouilleurs du second empire. Il rappelle toutefois que cela n'entraîne pas une certitude absolue sur sa date, l'objet précieux ayant pu être enfoui par son propriétaire bien après la bataille[66]. En 1987 la Revue historique des armées publie un dossier sur « Alésia au Mont-Auxois »[67] qui fait le point sur l'état des connaissances acquises à l'époque par les spécialistes[68].

La question après les fouilles franco-allemandes d'Alise

Les nouvelles fouilles

Dans la perspective d'une mise en valeur du site d'Alise la sous direction archéologie du ministère de la culture proposa en 1990 la reprise de fouilles importantes. C'était l'occasion de reprendre avec des méthodes contemporaines l'exploration scientifique du site, et la possibilité de trancher les querelles sur la localisation. Sous la direction du ministère de la Culture français et en collaboration avec la Römisch-Germanische Kommission de l'institut archéologique allemand, un programme de fouilles commença en 1991 sous la direction de Michel Reddé et de Siegmar von Schnurbein. Il s'est achevé en 1997. Des sondages préliminaires furent exécutés durant l'année 1990, et les années suivantes virent des campagnes de fouilles plus conséquentes : trois mois en 1991 et en 1992 durant lesquels fut pratiquée l'exploration archéologiques de grandes surface planes. Un premier bilan fut présenté en 1993 à l'Académie des inscriptions et belles lettres[69].

Un consensus dans la communauté des historiens et archéologues

Les fouilles réalisées dans les années 1990, et leur publication en 2001[70] ont définitivement tranché la question pour la communauté scientifique des historiens et archéologues. Leur apport a depuis été entériné dans des ouvrages de référence issus de coopérations scientifiques internationales[71] et en particulier dans un colloque international qui a comparé les approches scientifiques et archéologiques des champs de bataille d'Alésia et de Teutoburg[72]. Les fouilles d'Alésia ont permis le développement d'une archéologie du champ de bataille et offrent désormais un site de référence.

Grand public, médias, associations et particuliers

Annexes

Notes et références

  1. [PDF] [ http://www.alesia.com/fic_bdd/pdf_fr_fichier/11993451960_Pdf_statue.pdf. fiche du muséo-parc Alésia]
  2. M. Reddé, 2003, p. 69
  3. M. Reddé,2003, p. 70
  4. a et b A. Schnapp, "Teutoburger Wald et Alésia : deux figures de l'identité historique", dans M. Reddé et S. von Schnurbein dir., Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources, Institut historique allemand, 2008, p. 19
  5. Louis des Ours de Mandajors, Éclaircissements sur la dispute d’Alise en Bourgogne et la ville d’Alez, capitale des Cévennes en Languedoc, au sujet de la fameuse Alésia assiégée par César, Avignon, 1715
  6. Ch. Maillard de Chambure, « Rapport sur les fouilles faites à Alise en 1839 », Mémoire de la commission des antiquités du département de la Côte-d’or, t. I, Lamarche, Dijon, 1841, pp. 105-127 : « Quoique Strabon, et après lui plusieurs géographes, aient cru trouver ailleurs que sur le Mont Auxois les ruines d’Alise, il est bien reconnu aujourd’hui que cette ville, chef-lieu des Mandubiens, au territoire des Éduens, s’étendait sur le plateau de la montagne dont la position est ainsi décrite par César […]. Cette montagne est le mont Auxois. » (pp. 102-103). De l’inscription, il dit qu’« elle fixe irrévocablement l’identité, contestée jadis par Strabon, et depuis par un grand nombre de géographes et d’antiquaires modernes. » (p. 126)
  7. "Cependant les indigènes sont loin d'avoir une faible estime de leur pays. Ils conservent la tradition qu'Alaise fut jadis une ville, un refuge dans de grands événements" A. Delacroix, "Découverte d'Alésia", Mémoire de la société d'émulation du Doubs, 1855, p. 15 (reproduit dans M. Reddé, 2003, p. 76)
  8. a et b J. Harmand, « Les travaux de la Commission de la topographie des Gaules autour d'Alésia et l'album inédit conservé au Musée des Antiquités nationales », CRAI, 1960, 104, pp. 107-115 lire ligne
  9. J. Harmand, op. cit., pp. 111-112
  10. J. Harmand, op. cit., p. 112
  11. a et b J. Le Gall, « Nouveaux aperçus sur les fouilles d'Alésia sous le Second Empire », CRAI, 1961, 105-1, pp. 73-79 lire en ligne
  12. J. Le Gall, op. cit., 1961, p. 76
  13. M. Reddé, "La querelle d'Alésia, hier et aujourd'hui", dans M. Reddé et S. von Schnurbein dir., Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources, Institut historique allemand, 2008, p. 154
  14. « Séance du 24 juillet 1913 : inventaire bibliographique des enceintes de France, XXIII Côtes d’Or », Bulletin de la Société préhistorique française, 1913, vol. 10, n° 7, p. 404-418lire en ligne
  15. E.W.Marsden, C.R. de Jérôme Carcopino, Alésia et les ruses de César, Journal of Roman Studies, 49, 1959, pp. 184-185
  16. L’énigme d’Alésia. Solution proposée d’après le livre VII des Commentaires de César, Armand Colin, Paris, 1922 (sous le nom de Christophe) ; Pour Alésia contre Alisiia : un mot de réponse de G. Colomb à M. Jules Toutain, Colin, Paris, 1926 ; Vercingétorix : Histoire du pays gaulois depuis ses origines jusqu’à la conquête romaine, Fayard, Paris, 1947 (sous le nom de Christophe) ; La Bataille d’Alésia, Marque-Maillard, Paris, 1950
  17. L. Febvre, « Activités régionales », Annales, 1951, 6,1, p. 84n.2lire en ligne
  18. Louis Gérard-Varet, « La question d'Alésia d'après les travaux de Jules Toutain », Revue archéologique du Centre de la France, 1962, 1-3, p. 244
  19. M. Reddé, Alésia. l'archéologie face à l'imaginaire, Paris, 2003, p. 81
  20. E.W.Marsden, C.R. de Jérôme Carcopino, Alésia et les ruses de César, Journal of Roman Studies, 49, 1959, p. 185
  21. http://laportj.club.fr/maghreb/BerthierAndre.doc.
  22. André Berthier, « La recherche d'Alésia » dans Actes du 109e congrès national des Sociétés savantes (Dijon 1984). 1987, Section d'archéologie et d'histoire de l'art, t. I, p 277-300.
  23. André Berthier et André Wartelle, Alésia, Nouvelles éditions latines, Paris, 1990.
  24. Michel Reddé, Alésia, l’archéologie face à l’imaginaire, Paris, 2003, pp. 120-124 et Alésia retrouvé, site internet défendant le site de Chaux par Jean-Pierre Picot.
  25. Alésia Mandubiorum - L'hypothèse jurassienne
  26. Photographies de pierres interprétées par les partisans de la localisation de la bataille à Chaux comme des dolmen-menhirs
  27. Site de Jean-Pierre Picot
  28. a et b Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 286.
  29. Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 683.
  30. voir encore Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 335 sur la confusion faite par André Berthier entre la céramique campanienne et la céramique commune lisse noire.
  31. Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001, p. 334.
  32. M. Reddé, op. cit., p. 124.
  33. Chapitre « Alésia identifiée » dans Franck Ferrand, L'histoire interdite, Tallandier, 2008, p. 15-57.
  34. Jacques Maissiat, Jules César en Gaule, J. Hetzel, Paris, 1865
  35. Férréol Butavand, La vérité sur Alésia, Paris, Charles Lavauzelle, 1933, 62p.
  36. Trésors de l’Histoire, février-mars 2009, n°230, L'alésia Nivernaise, par Jean-Paul Lecomte, p.6, 7, 8
  37. Guichard, Xavier. Eleusis Alesia. Enquête sur les origines de la civilisation européenne. 1936. (OCLC 25839001)
  38. L. Febvre, "Activités régionales", Annales, 1951, 6,1, p. 84n.2lire en ligne
  39. P. Jeandot, Les Mandubiens et leur Alésia, Sarreguemines, 1974
  40. M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Errance, Paris, 2003, p. 118.
  41. Fabien Gruhier, « On se bat toujours pour Alésia », Nouvel Observateur, 20 janvier 1984.
  42. Complexe du siège d'Alésia en Terre-Plaine, Association Alexandre Parat, décembre 1997, ISSN|1159-9359
  43. Jean-Pierre Fontaine, Les nouveaux mystères de l'Yonne, 2007, pp. 391-396
  44. Jean-Pierre Fontaine, Les nouveaux mystères de l'Yonne, 2007, p. 396
  45. Tristan, Sylvain. Les Lignes d'or. Pourquoi TOUTES les capitales des premières grandes civilisations furent érigées sur ces axes. 2005. Paris: Alphée. (ISBN 2-753-80050-2)
  46. J. Le Gall, « Nouveaux aperçus sur les fouilles d'Alésia sous le Second Empire », CRAI, 1961, 105-1, p. 75 lire en ligne
  47. Louis Gérard-Varet, « La question d'Alésia d'après les travaux de Jules Toutain », Revue archéologique du Centre de la France, 1962, 1-3, p. 222
  48. Louis Gérard-Varet, « La question d'Alésia d'après les travaux de Jules Toutain », Revue archéologique du Centre de la France, 1962, 1-3, p. 234
  49. Louis Gérard-Varet, « La question d'Alésia d'après les travaux de Jules Toutain », Revue archéologique du Centre de la France, 1962, 1-3, p. 221-245 ici p. 233
  50. Marcel Renard, « Notes d'archéologie gallo-romaine », Revue belge de philologie et d'histoire, 29-2-3, 1951, p. 676-677 Lire en ligne
  51. Raymond Lantier, « Recherches archéologiques en Gaule en 1951 (suite) », Gallia, 11-2, 1953, p. 327-328 Lire en ligne
  52. Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « La Localisation d'Alésia et la numismatique gauloise », Ogam, 1956, n° 2, p. 111-136-pl. 4-7 voir aussi « Epilogue numismatique de la question d'Alésia », Mélanges d'archéologie et d'histoire offerts à André Piganiol, Paris, 1966, p. 321-342 ainsi que « Les Monnaies de bronze de Vercingétorix : faits et critique », Cahiers numismatiques, 1967, n° 13-déc. - p. 356-372
  53. Joseph Joly, « Un plan inédit des recherches faites par Stoffel devant Alésia sous le Second Empire », CRAI, 1956, 100-2, p. 144-147lire en ligne.
  54. J. Le Gall, « Nouvelles découvertes à Alésia », CRAI, 1963, 107-3, p. 294-300 lire en ligne
  55. M. Reddé, Alésia. L'archéologie face à l'imaginaire, Errance, Paris, 2003, p. 180
  56. J. Le Gall, « Nouvelles découvertes à Alésia », CRAI, 1963, 107-3, p. 294-300 [1]
  57. J. Le Gall, « Nouvelles découvertes à Alésia », CRAI, 1963, 107-3, p. 297 lire en ligne
  58. J. Le Gall, Alésia. Archéologie et histoire, Fayard, Paris, 1963.
  59. A. Chastagnol, compte-rendu de J.Le Gall, op. cit., 1963 dans Annales, 1969, 24, 2, p. 441-443 [2]
  60. J. Le Gall, "Une tessère en plomb trouvée à Alésia en 1970...", B.S.N.A.F., 1974.
  61. J. Le Gall, E. de Saint-Denis, R. Weil, J. Marilier, Alésia. Textes littéraires antiques et textes médiévaux, Paris, 1980, p. 139-141
  62. J. Le Gall, Fouilles d'Alise-Sainte-Reine, 1861-1865, Institut de France, A.C.A.I., Paris, 1989
  63. M. Reddé et R. Goguey, "Les recherches actuelles : césar devant Alésia", dans Vercingétorix et Alésia, Paris, 1994, p. 247
  64. J. Le Gall, « Nouvelles découvertes à Alésia », CRAI, 1963, 107-3, p. 298
  65. R. Goguey,« Alésia : les travaux de César sur la montagne de Bussy d'après les dernières révélations de la photographie aérienne », CRAI, 1991
  66. Michel Lejeune, « Le canthare d’Alise, nouvelles discussions sur les avatars et sur l’origine du vase » Monuments et Mémoires. Fondation Eugène Piot, 66, 1983. Compte-rendu dans les CRAI 1983, 127, 4, p. 618-619lire en ligne
  67. Revue Historique des Armées 1987, 2, « Dossier Alésia au Mont Auxois » avec des contributions de J. Le Gall, J. Benard, A. Duval, S. Deyts, A. Deyber, J.-B. Colbert de Beaulieu, M. Mangin.
  68. Bref compte-rendu par Pierre Lévêque dans les Dialogues d'Histoire anciennelire en ligne
  69. M. Reddé, S. Von Schnurbein, « Fouilles et recherches nouvelles sur les travaux du siège d'Alésia », CRAI, 137-2, 1993, p. 281-314 lire en ligne
  70. M. Reddé et S. von Schnurbein (dir.) et alii,, Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont Auxois (1991-1997), Mémoire de l'académie des inscriptions, 2 vol., Paris, 2001 [3]
  71. L'Architecture de la Gaule romaine : Les fortifications militaires, DAF 100, Paris, 2006.
  72. M. Reddé, S. von Schnurbein dir., Alésia et la bataille du Teutoburg. Un parallèle critique des sources. Institut historique allemand, 2008

Bibliographie

  • « Séance du 24 juillet 1913 : inventaire bibliographique des enceintes de France, XXIII Côtes d’Or », Bulletin de la Société préhistorique française, 1913, vol. 10, n° 7, p. 404-418 lire en ligne (Bibliographie de la querelle des origines à 1913)
  • M. Reddé, Alésia - L'archéologie face à l'imaginaire, Errance - Hauts lieux de l'Histoire, Paris, 2003.
  • M. Reddé et S. von Schnurbein dir., Alésia et la bataille du Teutoburg : un parallèle critique des sources, Institut historique allemand, 2008.

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