- Sapeur Camember
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Le sapeur Camember (François-Baptiste-Éphraïm) est le héros d'une des premières bandes dessinées françaises due à Christophe (1856-1945) : Les facéties du sapeur Camember.
Sommaire
Personnages
- François Baptiste Éphraïm Camember, fils d'Anatole Camember et de Polymnie Cancoyotte (la cancoillotte est un fromage franc-comtois), sapeur à Besançon.
- Le colonel, chef du régiment.
- La colonelle, épouse du colonel.
- Mademoiselle Victoire, bonne et cuisinière du colonel, d'origine alsacienne, elle est l'égérie de Camember (qu'elle appelle Mossieur Gamempre) qui, amoureux d'elle, l'épouse à son retour de la guerre de 1870.
- Le major Eusèbe Mauve, médecin du régiment, toujours fier de la réussite des traitements qu'il ordonne à Camember (lequel en fait une utilisation toujours farfelue).
- Cancrelat, fusilier dans le même régiment que Camember, aussi facétieux que simplet.
- Le capitaine Brizard.
- Les sergents Bitur et Briquemol.
Caractère
Camember est un personnage de soldat illettré (il ne reconnaît bien que la très utile lettre H) et un peu simplet dont les agissements sont souvent absurdes. Né le 29 février 1844 dans le village imaginaire de Gleux-lès-Lure (Saône-Supérieure), il ne peut fêter son anniversaire que tous les quatre ans, et se trouve donc (après une enfance tapageuse) mobilisé dès sa cinquième bougie.
Il est affecté comme sapeur, c'est-à-dire soldat du génie militaire, ce qui est déjà une pointe d'ironie eu égard à sa faiblesse d'esprit.
Sa simplicité s'illustre, par exemple, lorsqu'il creuse un trou pour y mettre la terre d'un autre ; il est vrai qu’il est alors dépassé en sottise par son supérieur, le sergent Bitur, qui le traite de « double mulet cornu » et lui reproche de ne pas avoir fait le deuxième trou assez grand pour qu’on puisse y mettre sa terre avec celle du premier. [1]
Camember s'exprime dans un français qu'il voudrait châtié, mais qui dénote une espèce d'inculture pédante ; par exemple, s'adressant à Victoire : « Serai-je-t-y assez heureux si vous me feriez celui de me demander un service que je serais rudement satisfaisant d'vous obtempérer ? » ; de même, s'adressant au colonel : « mon colonel peut s'ingurgiter par soi-même que le sapeur ne l'a point-z-enduit d'erreur […] comme mon colonel peut se l'obtempérer lui-même par sa vue visuelle et subséquente ».
Ce qui frappe tout au long de l’album, c’est l’incapacité du pauvre sapeur à comprendre la langue que lui parlent ses supérieurs, qui d’ailleurs ne se soucient jamais de se mettre à sa portée. C’est fréquent avec le major, c’est-à-dire le médecin : celui-ci dit à Camember, qui se plaint d’avoir des « guernouilles » dans le ventre, de se mettre des sangsues sur l’estomac ; le sapeur va chercher ses sangsues à l’infirmerie, les fait cuire et les mange, puisqu’il faut se les mettre sur l’estomac.
Une autre fois le major constate que Camember souffre d’ophtalmie et que cela pourrait devenir purulent ; il lui conseille donc de se procurer des conserves fumées (c’est-à-dire des verres teintés) qu’il devra porter tout le temps. Le sapeur a compris qu’il a de « l’eau de salmis » dans les yeux et qu’il risque de devenir un « pur Uhlan », il se rend alors chez le charcutier pour se procurer les « conserves fumées », si bien que l’adjudant le rencontre avec un jambon sous chaque bras et des saucisses enroulées autour de son bonnet. Ne comprenant rien aux explications du pauvre Camember il l’expédie à l’ombre, remède excellent contre les maux d’yeux et le sapeur se retrouve guéri.
Publication
Les aventures du sapeur Camember sont parues en feuilleton de 1890 à 1896, puis ont été rassemblées en un album.
Le réalisateur Jean-Christophe Averty réalisa pour la télévision une adaptation du Sapeur Camember tournée avec de vrais acteurs dans les dessins de Christophe par des techniques d'incrustation vidéo, considérées comme révolutionnaires à l'époque.
Citation
Une improvisation brillante
Camember passe au Conseil de guerre pour insulte à un supérieur. Son avocat, maître Bafouillet, se lève et plaide :
« Messieurs, comme l'a fort bien dit Bossuet, notre maître à tous, il n'est si petit ruisseau qui ne finisse par porter ombrage ! »
« Si l'on en croyait l'acte d'accusation qui, de son doigt sévère, nous a plongés sur ce banc d'infamie, messieurs, nous aurions frappé le major Mauve dans l'exercice de ses fonctions… Or, dussé-je faire rougir vos cheveux blancs, ce n'est pas à cet endroit-là que nous avons atteint l'honorable docteur. »
L'avocat. — Condamnerez-vous ce héros qui, à Austerlitz…
Le président. — Mais, maître Bafouillet, l'accusé n'était pas né à l'époque d'Austerlitz.
L'avocat. — Eh bien, à Marengo…
Le président. — Encore bien moins.
L'avocat. — Alors, messieurs, jetons un voile pudique sur ce passé glorieux ! Songez à son pauvre père, à ce vieillard octogénaire qui a déjà un pied dans la tombe et qui, de l'autre, a toujours marché dans le sentier de la vertu !…
« Ce n'est pas, messieurs les membres du Conseil, à de vieux singes comme vous et moi qu'on apprend à faire des grimaces, et, qu'il le veuille ou non, je vois bien d'ici l'œil du commissaire du gouvernement qui m'écoute et qui rit. »
« La vie, hélas, n'est qu'un tissu de coups de poignard qu'il faut savoir boire goutte à goutte ; et, je le dis hautement, pour moi le coupable est innocent ! »
À la suite de cette émouvante plaidoirie, Camember est acquitté.À noter que la célèbre formule « Or, comme l'a dit judicieusement un auteur célèbre: quand la borne est franchie il n'est plus de limites ! » ne revient pas au sapeur. Elle se trouve dans La Famille Fenouillard, chap. « Au seuil de l'éternité »[1].
Notes
- François Ponsard, L'Honneur et l'argent, III, 5, Michel-Lévy, Paris, 1853, les deux alexandrins de la pièce étant : « Quand la borne est franchie, il n'est plus de limite / Et la première faute aux fautes nous invite. » La formule est en fait de
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Sources
- Le Sapeur Camember, Armand Colin.
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