Alexandre Legrand

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Buste d'Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand

Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand (né le 6 juin 1830 à Fécamp - mort le 25 juin 1898 à Fécamp) était un négociant en vins et un industriel normand du XIXe siècle, qui inventa en 1863, la liqueur Bénédictine[1], à partir d'un mélange de plantes locales et d'épices exotiques.

Sommaire

Biographie

Fils d'un capitaine de navire[2], Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand a retrouvé, en 1863, un vieux grimoire parmi les ouvrages de la bibliothèque ayant appartenu à l'abbaye de Fécamp contenant des recettes médicinales à base de simples et d'herbes utilisées par les moines de l'abbaye. Avec l'aide d'un pharmacien, il a mis au point la recette de la liqueur qui allait le rendre célèbre [3].

Initié à la collection d'objet précieux par son père, Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand est le fondateur du Palais Bénédictine, un bâtiment à l'architecture composite et extravagante, mélangeant les styles et les époques : gothique, Renaissance et art nouveau, caractéristique de l'éclectisme en vogue au XIXe siècle et inauguré en 1888, pour en faire le siège de la société. Ce palais existe toujours et abrite, outre la distillerie, un musée consacré à la précieuse liqueur normande.

En outre, il a été fait Officier de la Légion d'Honneur[4]. Il a été également capitaine des sapeurs-pompiers, conseiller municipal de Fécamp et conseiller général. Le Pape a nommé Alexandre Commandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

La Bénédictine

Article détaillé : Bénédictine.
La légende de la Bénédictine dans un vitrail du Palais Bénédictine

La fantastique histoire de la liqueur et du musée Bénédictine, situé au cœur de Fécamp, débute en 1863, lorsque Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand, industriel et négociant en vins et spiritueux de Fécamp, qui est aussi un grand collectionneur d'art, retrouve dans la bibliothèque familiale un vieux grimoire du XVIe siècle provenant de l'abbaye bénédictine de Fécamp. Il le tiendrait de son grand-père, le « procureur fiscal » Prosper Elie Couillard qui l'aurait acquis pendant la Révolution.

La légendaire venue de François Ier à Fécamp

Parmi d'autres recettes, y est consignée celle, plutôt énigmatique, de l'élixir de santé à base de 27 épices et plantes de Dom Bernardo Vincelli, un bénédictin vénitien de la Renaissance, qui aurait séjourné à l'Abbaye de Fécamp, mais dont aucun document ne conserve la trace. La réputation du breuvage avait déjà franchit les frontières du domaine monastique, notamment grâce à François Ier qui, de passage à Fécamp, et goûtant la fameuse liqueur se serait exclamé : « Foy de gentilhomme ! Onc n'en goustai de meilleur ! », mais là encore, il s'agit du mythe plus que de la réalité, car on est pas sûr de la venue du souverain à l'abbaye de Fécamp. Le Grand va d'ailleurs se servir de ces différents mythes pour assurer la popularité de sa liqueur. Le palais qu'il fera construire va les reprendre dans des grands vitraux.

Patiemment, Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand déchiffre les précieuses formules médicinales, où la myrrhe voisine avec le genièvre, le safran avec l'écorce de citron. L'industriel peaufine sa liqueur et crée une bouteille spéciale pour la commercialiser. Précurseur, il joue d'une carte nouvelle : la réclame[5]. Il demande à des artistes de renom de concevoir des affiches publicitaires et en placarde en France et à l'étranger (tel Alphonse Mucha, Sem, Lopes Silva ou même Louise Abbéma en 1899 avec un panneau décoratif intitulé La Renommée de la Bénédictine, une huile sur toile très grand format exposée à la Société des artistes français en 1899, puis à l'exposition universelle de 1900)[6].

Le succès est foudroyant. Il vend annuellement 150 000 bouteilles dix ans seulement après le lancement de son produit.Le succès est tel que le négociant fonde en 1876 une société baptisée « Bénédictine SA », dédiée à la fabrication de liqueurs. En 1882, année de son introduction en Bourse[7], l'entreprise inaugure une distillerie flambant neuve dont sortent près de 350 000 bouteilles pour atteindre rapidement le million, dopé par l'engouement pour les liqueurs depuis le Second Empire.

Le Palais Bénédictine

Article détaillé : Palais Bénédictine.
Détail du Palais Bénédictine

Innovateur, il imagine une distillerie qui puisse accueillir en tout temps les visiteurs désirant assister à l'élaboration de sa liqueur. L'ouverture au public est effective dès 1873. Catholique pratiquant et social, il fonde une caisse de retraite pour ses ouvriers pratiquant ainsi une politique paternaliste[8], et les assure contre les accidents. En 1892, il fonde également l'orphelinat de Fécamp, et crée l'Harmonie, orchestre de la société.

Éclectique, il propose également plusieurs collections regroupant des tableaux, des statues, des pièces de ferronnerie, des émaux, des tapisseries, des ivoires, des pièces de monnaie, des ouvrages enluminés, des vitraux, etc. Mégalomane, il regroupe le tout dans un immense palais-usine : le Palais Bénédictine, construit par un émule de Viollet-le-Duc, Camille Albert, alors architecte de la ville.

Ce bâtiment est inauguré une première fois en 1888, puis disparaît dans un grand incendie le 12 janvier 1892, mais est rebâti, plus grandiose, dès l'année suivante. Le second édifice est inauguré en 1900 par les enfants d'Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand, décédé durant les travaux. Son allure de château Renaissance à la façade finement ouvragée, dominé par des flèches et campaniles dignes des contes de Perrault, rehausse encore le prestige de la liqueur.

Château de Gruville

Le château de Gruville est construit à partir de 1876 par l'architecte Camille Albert pour Alexandre Le Grand à Contremoulins. Le logis est asymétrique, sur plan massé, utilisant des matériaux hétérogènes : brique, pan de bois, ardoise, etc. Il a été transformé par Camille Albert en 1911 (création d'un escalier d'honneur) et 1923 (adjonction d'une galerie). Centre d'un domaine agricole, le château de Gruville est doté par Alexandre-Prosper-Hubert Le Grand d'une ferme modèle et de châteaux d'eau en forme de tours crénelées, construits de 1886 à 1888. Certains éléments sont protégés monument historique comme le logis, l'escalier, la galerie, le portail, la ferme ou la tour. Le Grand se passionne pour sa ferme-modèle et qui devient sa seconde entreprise : il transforme 160 hectares de bois d'un sol caillouteux en pâturages, plaines de blé, avoine, colza, betterave ; il contribue à l'amélioration de la race bovine normande, son bétail remporte deux prix d'honneur au concours général agricole de Paris.

Notes et références

  1. Jean-Pierre LANTAZ, Bénédictine d'un alambic à cinq continents, Editions Bertout, 1991, p.18. L'existence d'un Dom Bernardo Vincelli, qui aurait été le précurseur en inventant la recette est pour le moins énigmatique, car aucune liste de moine de Fécamp, ni liste de moines bénédictins conservées ne le mentionne. Source : abbaye de Saint-Wandrille.
  2. Extrait de son acte de naissance : « Du septième jour de juin, mil huit cent trente, à ... heures du matin. Acte de naissance d'un enfant qui a été reconnu être de sexe masculin, né hier à six heures du soir, fils de Vincent Alexandre Le Grand, capitaine de navire au long cours, agé de trente quatre ans, et de Eugénie Choiséte (?) Couillard, son épouse, agée de vingt quatre ans ; marié à Fécamp le vingt un janvier mil huit cent vingt huit ; demeurant à Fécamp ... ; lequel nous a été présenté et a reçu le prénom de Alexandre-Prosper-Hubert. Dressé sur la réquisition à nous faite par le dit Le Grand ; accompagné des sieurs Guillaume Le Grand, capitaine de navire, agé de quarante un an, son frère, et Juste Tinel, négociant, agé de vingt sept ans, tous deux demeurant en cette ville, ce dernier témoin, beau-frère du père de l'enfant. »
  3. D'après une interview de M. Alain le Grand, donnée pour FR3 dans le cadre du reportage: Le Palais Bénédictine de Fécamp.
  4. Son dossier est classé sous la cote L1560018.
  5. Stéphane Nappez, Le palais Bénédictine, Éditions PTC, 2005, p.7.
  6. François Julien-Labruyère, Cognac story : Du chai au verre, l'Harmattan, 2008, p.196.
  7. Stéphane Nappez, op. cit., p.9.
  8. Stéphanne Nappez, op. cit., p.10.

Lien externe

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