Histoire de thérouanne

Histoire de thérouanne

Histoire de Thérouanne

L'histoire de Thérouanne que donne le présent article concerne l'ancienne ville de Terwaan (ou Tarwenna, de tarwos, taureau en celtique), Thérouanne, Tarvenna ou Terenburg et non l'actuel village de Thérouanne, refondé plus tard et un peu à côté. L'ancienne Thérouanne fut au Moyen Âge une commune flamande florissante mais fut entièrement détruite par Charles Quint sans qu'il en restât pierre sur pierre

Sommaire

Préhistoire

Antiquité|Histoire antique

Quand César conquit la Gaule en 56 avant J.-C., le Nord de la France actuelle était habité par différentes tribus appartenant à deux peuples : les Celtes, c'est-à-dire les Gaulois ; et les Germains, installés ici le long du Rhin depuis le IIIe siècle avant J.-C. Les populations étaient donc mêlées.
À cette époque, les territoires des actuels arrondissements de Saint-Omer et de Calais étaient habités par les Morins (entre l'Aa et Boulogne-sur-Mer), et leurs voisins les Ménapiens (entre l'Aa et la Lys) et les Atrébates (qui ont donné son nom à l'Artois), de loin la tribu la plus importante des trois.

Tarwenna était alors aux confins de l'Empire romain. L'influence romaine a été surtout sensible dans le centre urbain de Tarwenna qui a été essentiellement une création romaine et a été rapidement rebaptisé en Colonia Morinorum (capitale du pays des Morins).

Il était situé à un carrefour de chemins majeurs :

  • l'un venait de Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer) et joignait Nemetacum (Arras) et Colonia Claudia (Cologne), dont le tracé persiste dans la D341,
  • l'autre se dirigeait vers Cassel (devenu la D190).

Une route, probablement plus ancienne que la voie romaine, était la Leulène, vicinale sinuant vers Wissant sur la côte; dont le tracé ne s'est conservé que partiellement, et dont le début coïncide avec la D192.
Cette époque se conclue en 407, année où les Francs ont entièrement brûlé la ville.

Haut Moyen Âge

Si Thérouanne reste une ville médiévale aujourd'hui méconnue, les études et les recherches historiques récentes ont mené à l'implication des nobles thérouannais dans l'ascendance de la famille royale capétienne et de l'épiscopat carolingien.

Un noble de Thérouanne, possible duc des Alamans en 632, aurait donné naissance à un fils prénommé Robert, futur maire du palais de Neustrie en 654. Il donne également naissance à Erlebert, père de Saint-Lambert dont le frère, Robert, fut duc en Neustrie entre 654 et 677. Robert et Erlebert semblent donc à l'origine d'une lignée au bout de laquelle, 7 générations plus tard, naît Robert le Fort, marquis de Neustrie mort en 866 et arrière-grand-père de Hugues Capet, premier souverain capétien des Francs.

On notera également l'enfermement à Saint-Bertin du dernier Mérovingien, Childéric III, en 751, où les moines locaux lui tondirent les cheveux et où Pépin le Bref le déposa afin de revêtir la puissance royale sur les peuples francs.

Christianisation et Moyen Âge

La destruction systématique de l'ancienne ville par Charles Quint, en réponse aux attaques des français sur les communes périphériques n'a laissé aux archéologues que peu d'indices de la richesse passée de la ville
Indices de présence des anciens remparts de la ville

Thérouanne put renaître après qu'entre 639 et 667 Audomar ou Omer, moine de l'abbaye de Luxeuil, eut entrepris d'évangéliser ce qui est aujourd'hui l'arrondissement de Saint-Omer et, qu'à la fin de sa vie, il fut devenu avec l'appui de saint Achaire de Noyon le premier évêque de Thérouanne. Il reçut l'aide de Bertin de Sithiu qui donna son nom à l'abbaye de Saint-Omer (abbaye Saint-Bertin). Le territoire du diocèse, suffragant de l'archevêché de Reims, était très vaste ; délimité au nord par l'Yser et au sud par la Canche et à l'est par la Lys.

Lorsqu'à partir du IXe siècle les comtes de Flandre eurent par les armes agrandi leur territoire vers le sud, Thérouanne tomba aussi entre leurs mains. Pour peu de temps toutefois, car le comte de Flandre Philippe d'Alsace donna sa nièce Isabelle de Hainaut au jeune roi de France Philippe Auguste, avec en dot le Sud de la Flandre. Il espérait vainement acquérir une influence décisive sur le roi, qui par contre en 1191 détacha de la Flandre le cadeau qu'avait reçu sa femme et l'agrandit par la suite du comté d'Artois. Thérouanne revint elle aussi à la France et le français y devint la langue courante.

Après qu'en 1369 la comtesse Marguerite de Flandre eut épousé Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, elle lui apporta la Flandre en dot. En 1384 le duc lui-même hérita de l'Artois ; Flandre et Artois se trouvaient donc réunis de nouveau, même s'ils constituaient deux entités séparées. Moins d'un siècle plus tard le duc Charles le Téméraire essaya d'agrandir son domaine et par là entra en conflit avec le roi de France Louis XI. Il en résulta une série de guerres qui se terminèrent en 1477 avec la bataille de Nancy au cours de laquelle Charles trouva la mort. C'était la fin de l'ère bourguignonne et de la lutte pour l'indépendance du duché.

Le roi tenta d'ajouter l'Artois au domaine royal en le conquérant par les armes. C'est ainsi qu'en 1479 il assiégea Arras, mais il se heurta à une telle résistance qu'il décida de punir la ville après l'avoir prise : tous les habitants furent chassés et remplacés par des Français de la région de la Loire. Outrés par un tel procédé, les États d'Artois se rangèrent du côté de Marie, fille et héritière de Charles le Téméraire, et épouse de Maximilien d'Autriche. Ce dernier voulut défendre l'héritage de sa femme et livra bataille contre les Français le 7 août 1479 à Enguinegatte (un peu au sud de Thérouanne). La bataille fut indécise et les deux adversaires se virent plus ou moins contraints de faire la paix. Ils signèrent donc en 1482 la paix d'Arras qui accordait l'Artois à Maximilien et à Marie, sauf le Calaisis (aux mains des Anglais), le Boulonnais et l'évêché de Thérouanne.

Thérouanne était donc devenue une enclave française en Artois. Les tensions avec la France se sont un temps apaisées, au point que le 3 août 1529 Charles-Quint et François Ier signèrent à Cambrai la paix des Dames. La France y renonçait officiellement à tout droit sur la Flandre et l'Artois. Mais le roi de France commença à militairement et intensivement renforcer Thérouanne, son enclave en Artois ; De 1521 à 1544, 500 villages des environs furent ravagés par la garnison française de la ville. Appelé par les États d'Artois les troupes impériales s'emparèrent de la ville, sous la conduite du seigneur de Lalaing. Le 20 avril 1553 Charles-Quint donna l'ordre de raser jusqu'au sol la ville (qui comptait une grande cathédrale, deux églises paroissiales et plusieurs couvents et abbayes) et ce fut si bien fait que les archéologues peinent à tirer parti des fouilles récentes ; sur ce qui restait on répandit du sel pour que jamais plus rien ne pût pousser. Seuls quelques vestiges ont subsisté parmi lesquels une partie de la célèbre façade de la cathédrale avec Le Grand Dieu de Thérouanne (milieu du XIIIe siècle) transféré dans la cathédrale voisine de Saint-Omer. Récemment les statuts synodaux (législation diocésaine) a été publié[1].

C'est ainsi que le diocèse de Thérouanne, autrefois le plus riche et le plus étendu de toute l'Europe occidentale, disparut de la carte et du souvenir des populations locales ; lors de la réorganisation des évêchés de 1559 Philippe II d'Espagne en partagea le territoire entre Boulogne, Saint-Omer et Ypres. Les parties francophones échurent à Boulogne et Saint-Omer, et les néerlandophones à Ypres.

Le plus important évêque de Thérouanne fut Jean de Waasten (1099-1130) qui au début du XIIe siècle introduisit la Réforme grégorienne.
Le dernier évêque fut Antoine II de Créquy, officiellement nommé en février 1552, mais qui du fait de la destruction de sa ville ne put jamais être installé (Le 15 décembre 1553 il fut nommé évêque de Nantes).

Le territoire de Thérouanne appartient de nos jours du diocèse d'Arras.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. 1

BOSSUYT, S. en VAN MELKEBEEK, M. "Statuta synodalia ad usum Morinensem. Les statuts synodaux d’Antoine de Croy et de François de Créquy, évêques de Thérouanne (1495, 1541-1542)". Bulletin de la Commission royale pour la publication des anciennes lois et ordonnances | Handelingen van de Koninklijke Commissie voor de uitgave der oude wetten en verordeningen, XLVII (2006) 135-173.

Source

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