Histoire de la femme dans l'enseignement public

Histoire de la femme dans l'enseignement public

Histoire de la femme dans l'enseignement public français

Sommaire

Introduction

Emancipation de la femme dans le système éducatif français

Des années de débat

les années 1840-1900

A la fin du Second Empire, un premier affrontement entre catholiques et partisans de la laïcité est mené par larchevêque dOrléans Félix Dupanloup, devenu député, au moment ou Victor Duruy crée des cours secondaires pour jeunes filles ; F. Dupanloup sera dailleurs opposant à la loi Camille Sée. Ce n'est quen 1866 que Jean Macé fonde la ligue pour un enseignement laïque.

Dès 1870 alors quallait bientôt se dérouler le siège de Paris en octobre ; la commission denseignement se réunit et examine les questions de réformes de lenseignement primaire. Des institutrices de la Commune de Paris en mars 1871 réclament une nouvelle pédagogie pour les enfants des classes populaires et proposent un enseignement laïc permettant de chasser les congréganistes, ceci en mettant en avant les devises de la République.

Les premières femmes à sinscrire à lhôtel de ville pour pouvoir enseigner se trouvent être des femmes qualifiées et sans emploi. Cest dun courant féministe de 1848 que naît donc la volonté de modifier un enseignement plus égalitaire et plus libéral.

Léon Richer organisa le premier congrès international des femmes à Paris en 1878 ; quelques mois après ce congrès, Jules Grévy succéda à Mac-Mahon, et ce fut lui qui entraîna le grand changement. Les républicains entrant au pouvoir votent les libertés publiques et sengagent dans une politique anticléricale.

En 1879, Paul Bert rend obligatoire la formation dune école normale de filles dans chaque département pour créer une formation de futures institutrices.

Le 29 mars 1880, le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry, républicain athée et franc-maçon issu d'une riche famille de libres penseurs de Saint-Dié prend deux décrets par lesquels il ordonne aux Jésuites de quitter l'enseignement dans les trois mois et de même ordonne aux enseignants des congrégations catholiques de se mettre en règle avec la loi ou de quitter l'enseignement.

Jules Ferry, ministre de linstruction publique en 1879 et président du conseil lannée suivante, engagea la bataille contre les congréganistes pour sortir les jeunes filles de lemprise de léglise

Les années 1960-1970

La Première Guerre mondiale met fin au conflit religieux et à la lutte laïque des institutrices françaises. Après avoir remplacé les hommes pendant la durée de la guerre, elles obtiennent en 1919 le même salaire que les instituteurs; mais il faudra attendre les années 1960 pour que leur combat-phare, la mixité scolaire, soit gagné dans la législation.

Lémancipation des femmes dans le système éducatif français sélargit à laube des années 1960 ; en effet 30% des étudiants en droit et en science sont des femmes; un quart étudie la médecine, 50% en pharmacie sont des étudiantes. Le taux de féminisation dans des disciplines féminisées sélève dans de fortes proportions dans les disciplines habituellement masculines.

La crise de mai 68, qui traduisit pour une part le décalage entre le système denseignement supérieur et les aspirations des étudiants, entraîna une réforme de luniversité, introduite par la loi Faure, qui tentait de promouvoir les principes dautonomie et de participation. Et en 1975, la loi Haby institua un tronc commun de formation de lécole primaire jusquà la sortie du collège. Laccès dun plus grand nombre délèves au baccalauréat a entraîné une progression croissante des effectifs de lenseignement supérieur

Des bancs de lécole aux pupitres de classe

Le projet républicain : Les réformes de 1881 1882

Au XVIII, lidée de séparer léducation des filles et de leur proposer un enseignement différent fut abordé dans une abondante littérature pédagogique.

Sous la révolution, Condorcet défendait déjà une éducation commune aux deux sexes. Malheureusement la séparation dans léducation pose des arguments moraux, religieux qui ne permettent pas darracher les jeunes filles à linfluence de léglise. Mais pendant les années 1880, les républicains instauraient un enseignement laïc et public ; obligatoire et gratuit. Ces mesures viennent en réaction aux excès de la loi Falloux, votée sous la IIe République, qui accordait aux congrégations religieuses une liberté totale d'enseignement.

Des mesures législatives sont prises pour ne pas placer les femmes sur un pied d'égalité avec les hommes. Les grandes réformes de 1881 transforment lécole normale, et cest sous limpulsion de Jules Ferry quon assiste à une accélération des réformes en France. Le décret du 29 juillet 1881 appliqué par la circulaire Jules Ferry du 18 octobre, évoque lorganisation des écoles normales, ainsi que les arrêtés du 3 août concernant entre autres le programme détude, les matières enseignées, lemploi du temps. Les décrets relatifs à la gestion administrative et comptable des établissements semblent être la clé de voûte de la politique scolaire du gouvernement républicain.

Félix Pécaut écrit [Etudes au jour sur léducation nationale] le 23 avril 1879, Jules Ferry nomma cet ancien pasteur comme inspecteur général de Fontenay-aux-Roses en 1880. Lorsque furent entreprises les réformes de 1881 son avis fut prépondérant car cet homme avait su pointer du doigt les problèmes de lenseignement primaire : sa médiocrité ainsi que linsuffisance des formations pédagogique. Cest ce qui constitue donc la réforme de 1881, en France mais surtout en Allemagne. Ces réformes de 1881 sont donc la base du projet républicain.
La loi du 16 juin 1881 sur la gratuité de lécole les libèrent de la pression des conseils généraux et soulage les bourses départementales ; de plus cela donne plus dautonomie aux recteurs qui contrôlent désormais les établissements de létat et président à la commission de surveillance, font les budgets. Ils disposent de moyens dactions importants sur les professeurs et peuvent limiter les abus de pouvoir des directeurs.

Cest en 1882 quest crée un concours spécial daptitude à lenseignement secondaire dans les lycées et collèges de jeunes filles ; il donne droit au titre de chargé de cours dans les lycées et de professeurs dans les collèges.

Ce sont les futurs maîtres qui ont le plus gagné de ses réformes, en effet cela leur a permis une réelle reconnaissance de leur statut et dans leur travail, de plus ils bénéficient dune liberté plus importante (recommandations de Félix Pécaut). Lessentiel de la réforme était de pouvoir former des professeurs pour les qualités intellectuelles. Ce projet républicain marque la capacité à transmettre ses connaissances, faire réfléchir et réfléchir par soi-même, maîtriser la langue française; il est aussi emprunt dune évolution de la pensée pédagogique. Les réformes institutionnelles de 1881 permirent délaborer un congrès des directeurs et professeurs des écoles normales en avril 1882.


Lobtention du diplôme, les études

Pour que les femmes puissent accéder au titre de professeur de lycée elles doivent obtenir une agrégation (arrêté du 31 janvier 1883), malheureusement il existe un décalage avec le professorat des lycées de garçons. En effet les hommes devaient obtenir le baccalauréat et la licence, comme se fut institué dans luniversité Napoléonienne. Les femmes devaient se présenter aux examens sans suivre les cours avant que toutes les facultés ne leur soient ouvertes. De plus les hommes acquièrent le titre de professeur même sils nétaient pas agrégés ; les femmes quant à elles même munies dune licence ou du certificat daptitude étaient cantonnées au titre de « maîtresses » et cette appellation les rapproche des enseignantes et du personnel de surveillance.

Le pouvoir politique et ladministration nenvisagent pas détablir une préparation au baccalauréat dans les lycées de filles, de même elles nenvisagent pas de rendre toutes les agrégations déjà existantes accessibles aux femmes.
Les directrices furent elles, obligées dêtre secondées par une dame censeur seulement après 1945 alors que les proviseurs eux étaient secondés par un censeur dès le XIXe. De plus ces femmes devaient montrer un fort dévouement ainsi quune grande fermeté en plus de leur rôle rassurant auprès des parents enclins à préférer un enseignement catholique.

Lagrégation pour un enseignement secondaire des jeunes filles est créé en 1883. Mais ce titre donné aux femmes donne lieu à des protestations, certains les considérant comme des éléments mauvais cherchant à sapproprier les armes du savoir et du pouvoir. Les premières femmes furent agrégées dallemand et anglais en 1883 (La première agrégée de mathématique le fut en 1885). Mais bien qu'ayant obtenu une agrégation masculine, elles restent en exercice dans les lycées de filles.

Dans ces mêmes années les femmes eurent des initiatives en faveur de cours préparant à lenseignement supérieur au sein de la Sorbonne. Les universités participent entièrement au projet républicain. Cest en 1924 que fut permis aux filles laccès à luniversité par le baccalauréat unique ainsi dès 1938, les institutrices représentaient la moitié des maîtres du primaire ; tandis quà la Sorbonne, en lettres, la première femme professeur le fut en 1947 (Marie-Jeanne Dury).

Coexistence des sexes dans l'enseignement

coéducation dans le milieu scolaire

Après lidée de laïcité, apparue en France au XVIIIe siècle, un corps denseignantes se constitue progressivement au XIXe siècle. Depuis la Révolution on affirme le droit à linstruction pour les femmes. Après 1815, la pensée laïque se développe dabord chez les universitaires avec comme chef de file Edgar Quinet. Rappelons que les femmes nont pas accès à lUniversité.

Mais deux Françaises saffirment comme des théoriciennes du féminisme : Julie-Victoire Daubié née en 1824 et Clémence Royer née en 1830. Toutes deux se rattachent à la pensée laïque (Il faudrait encore ajouter de nombreuses journalistes). Comme la discrimination intellectuelle continuait, on a ainsi analysé la laïcité uniquement daprès les écrits des hommes. Parallèlement aux idées exprimées dans des textes ou des cours à la Sorbonne, les enseignantes prennent leur place dans les écoles françaises.

Au XIXe siècle, deux métiers (traditionnellement exercés par des religieuses) sont concédés aux femmes : soignantes et enseignantes. Les soignantes, surtout des sages-femmes, sont isolées alors que les enseignantes sont groupées dans les établissements scolaires. Suite à la loi Guizot de 1833. Deux facteurs vont alors mettre en scène les institutrices laïques:

  • Le premier étant lapparition des salles dasile. Il sen suit la création dun vrai corps dinstitutrices, directrices et inspectrices (La plus notable est Marie Pape-Carpantier, directrice de salle dasile à La Flèche et au Mans)
  • Le deuxième facteur est la révolution de 1848 et la proclamation de la Deuxième République.

En 1849, un maître décole lance un appel à ses collègues pour réformer lenseignement. “LAssociation fraternelle des instituteurs, institutrices et des professeurs socialistesétablit un programme denseignement, reprenant certaines idées de Condorcet. La déclaration de principe proclame légalité parfaite de lhomme et de la femme, lunité du genre humain et ladhésion à la République. (En 1848, une protestante, Elisa Lemonnier, en voulant donner une formation aux ouvrières des Ateliers Nationaux jette la base dun enseignement professionnel féminin laïque). Avec lavènement du Second Empire commence la répression des enseignants, obligés de prêter serment.

En 1866, Jean Macé fonde la Ligue de lenseignement qui œuvre pour un enseignement laïque. Malgré la répression, les femmes sont présentes dans les réunions publiques parisiennes à partir de juillet 1868. Dès avant le siège de Paris en octobre 1870 se réunit la Commission de lenseignement chargée dexaminer les questions de la réforme de linstruction primaire. Clarisse Coignet, rapporteur à la « commission des dames » composée dinstitutrices dont certaines avaient refusé le serment à lEmpire, ne prononce pas le mot laïc mais demande un enseignement gratuit et obligatoire pour les filles comme pour les garçons. Les institutrices de la Commune de Paris reprennent le flambeau en mars 1871, et chassent les congréganistes.


Résumé d'un Extrait du bulletin Archives du féminisme n°9 - décembre 2005 Extrait du dossier "Féministes laïques de la Première vague" servant à l'élaboration de l'article

Cest en 1899, que fut fondé le Bureau international des Écoles Nouvelles (B.I.E.N.) sur linitiative dAdolphe Ferrière. Le but étant de coordonner les actions appartenant à ce courant déjà multiple et international, de diffuser les expériences pédagogiques et dagir sur les systèmes scolaires en vigueur. Ainsi, en 1912, le B.I.E.N. fut amené à fixer les conditions que devaient remplir les maisons déducation pour se prévaloir du titre décole nouvelle.

Il fut fait un programme minimum auquel sajoutent les trente points dun programme maximum quAdolphe Ferrière. Le cinquième point est consacré à la coéducation et sappuie sur lexpérience positive dune coéducation déjà installée dans certaines écoles nouvelles qui ont servi de modèle. Ainsi, à lécole des Bedales créée par John Badley en Angleterre, ou encore à lécole lOdenwaldschule fondée par Paul Geheeb en Allemagne étaient construites sur le modèle familial la mixité sexuelle se voulait naturelle et vécue avec bénéfice. Lenjeu est dimportance : il sagit bien, au-delà dune coexistence juxtaposée des deux sexes, de développer moralement enfants et adolescents.

En 1921 fut créée la Ligue internationale pour lEducation Nouvelle. À Calais, lors dun congrès inaugural, les principaux instigateurs rédigent une charte. LÉducation nouvelle nest pas seulement une réaction contre les méthodes traditionnelles, elle est aussi une réaction des pédagogues contre linefficacité de lécole en général, contre son décalage par rapport à la société nouvelle. Ainsi, les conditions dune coéducation véritable sont clairement posées : la coéducation ne peut pas être léducation identique pour les filles comme pour les garçons, elle ne se résume pas non plus à leur instruction commune. Tout repose en réalité sur lidée que la coéducation provoquera une influence positive des uns sur les autres, une collaboration de complémentarité. (La première élaboration de la Charte est due à Mlle Decroix professeur à Rouen)


Résumé de « La coéducation dans lÉducation nouvelle », Clio, numéro 18/2003, Mixité et coéducation. » Article dAnnick RAYMOND, Docteur en Sciences de lÉducation, enseigne au Centre de Formation Pédagogique de Lille. ayant servi dans l'élaboration de cet article

mixité du corps enseignant

La coéducation devient un enjeu militant pour les féministes. Dès 1893 les groupes féministes se fédèrent.

Paul Robin (directeur de lorphelinat de Cempuis) demande au congrès international de lenseignement primaire en 1889 quun enseignement mixte sans aucune discrimination entre enseignants et enseignantes soit fait. Le congrès féministe international de Paris en 1896 fut celui de la coéducation. Le débat est relancé par Marguerite Durand en 1897 lorsquelle a fondé La Fronde qui deviendra en 1905 le supplément dun journal anticlérical LAction. Ces journaux critiquent lenseignement secondaire et défendent lenseignement primaire laïc et continuent à défendre la coéducation.

Les couches moyennes salariées, les artisans et petits commerçant représentent lorigine sociale de la plupart des sévriennes (1ère école dinstitutrices). Les hommes dUlm ne convoitent pas les postes de lenseignement secondaire, ils recherchent les postes les plus élevés. En 1905 un tiers des « normaliens » en lettres et 30% des scientifiques occupent un poste en faculté. Ce nest quen 1934 quune enseignante tiendra une chaire en faculté.

Formation des femmes dans linstruction publique

Une avancée permise par la législation

  • 1792 : Olympe de Gouges proclame la Déclaration des droits de la femme au droit de cité.
  • 1836 : Lordonnance du 23 juin organise lenseignement primaire pour les filles.
  • 1838 : première école normale dinstitutrices
  • 1849 : Refusant le suffrage universel exclusivement masculin, Jeanne Deroin réclame le droit de vote pour les femmes et se présente aux élections législatives.
  • 1850 : Loi Falloux créant une école de filles dans toute commune de plus de 800 habitants.
  • 1855 : premier collège denseignement libre féminin
  • 1861 : Après avoir bataillé plusieurs années, linstitutrice Julie-Victoire Daubié est la première femme autorisée à se présenter au baccalauréat, quelle obtient en layant préparé seule.
  • 1862 : Elisa Lemonnier fonde la première école publique laïque denseignement professionnelle féminin
  • 15 avril 1867 : Loi Duruy organisation de lenseignement primaire féminin
  • 1874 : interdiction de travail dans les mines et création des écoles publiques
  • 1876 : Hubertine Auclert, journaliste et première suffragette, fonde lassociation " Le droit des femmes " et se bat pour légalité politique.
  • 21 décembre 1880 : Loi Camille Sée organisant lenseignement secondaire pour jeunes filles
  • 1881: Création de lécole normale supérieure de Sèvres pour former les professeurs de sexe féminin
  • De 1881 au 28 mars 1882 : Loi Ferry Linstruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes de six ans révolus à treize ans révolus et organise un enseignement laïque.
  • 1885 : premières institutrices laïques
  • 1889 : loi fonctionnarisant les instituteurs et les institutrices
  • 1900 : Loi du 1er décembre ouvre le barreau aux femmes et cest Jeanne Chauvin qui devient la première avocate
  • 1909 : Loi institue un congé de maternité de huit semaines, sans rupture de contrat de travail mais sans traitement.
  • 1910 : les institutrices obtiennent le maintien du traitement.
  • 1924 : Les programmes de lenseignement secondaire ainsi que le baccalauréat deviennent identiques pour les filles et les garçons (décret du 25 mars)
  • 1937 : les femmes sont autorisées à enseigner le latin le grec et la philosophie
  • 1938 : Loi du 18 février Suppression de lincapacité civile; les femmes peuvent sinscrire à luniversité sans lautorisation de leur mari
  • 1940 : Le régime de Vichy interdit lemploi des femmes mariées dans ladministration, mesure abrogée en 1942 sous la pression de l'effort de guerre.
  • 1944 : Par ordonnance du 21 avril, signée du général de Gaulle, « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes »
  • 1946 : arrêté du 30 juillet supprime la notion de « salaire féminin » garantissant légalité des hommes et des femmes comme la constitution le stipule.
  • 1959 : lécole des Ponts et Chaussées est ouverte aux filles
  • 1965 : La loi du 13 juillet modifie le régime légal du mariage du couple se mariant sans contrat, cela permet aux femmes dexercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
  • 1972 : Lécole polytechnique devient mixte; huit femmes sont reçues et lune dentre elles sort major de sa promotion (Anne Chopinet)
  • 1975 : Loi Haby et ses décrets dapplication organisent lobligation de mixité dans tous les établissements publics
  • 1983 : Loi Roudy du 13 juillet établit légalité professionnelle entre les hommes et les femmes

Et plus récemment :

  • 1992 : Loi du 2 novembre définit labus dautorité en matière de harcèlement sexuel dans les relations de travail
  • 2000 : 25 février: convention interministérielle est signée entre les ministères de lemploi et de la solidarité, de léducation nationale, de lagriculture et de la pêche, de la recherche et de la technologie et avec le secrétariat détat aux droits des femmes et à la formation professionnelle afin quune politique dégalité des chances entre les filles et les garçons, les hommes et les femmes dans le système éducatif soit mise en place.
  • 2001 : Adoption de la loi Génisson sur légalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Cette loi actualise et renforce la loi de 1983 en définissant les axes de sa mise en œuvre.
  • 2001 : 6 novembre loi relative à la lutte contre les discriminations à lemploi
  • 2002
    • 1er janvier apparition du congé de paternité
    • 17 janvier Loi de modernisation sociale aborde le thème de la lutte contre le harcèlement moral au travail

Formation pédagogique en France métropolitaine

Des formations pour des institutrices en AOF

Lécole normale en AOF : la volonté dune femme

Cest à quelques kilomètres de Dakar, que sest installée en décembre 1938, dans les locaux dune ancienne maison de commerce, la première École normale dinstitutrices africaines de lAfrique Occidentale Française.

Cette école fut créé dans le but de dispenser une éducation spécifique aux fillettes, pour former à long terme des jeunes filles ayant une culture suffisante ; et pour quelles soient de parfaites maîtresses de maison indigènes. Et comme en témoigne plusieurs écrits, également pour contribuer à la formation de couples dinstituteurs ou de fonctionnaires intégrés au système colonial, et en même temps fidèles aux valeurs de la civilisation africaine.

Cest Germaine Le Goff qui fut formée au sein dune Ecole normale ; qui dans les années 1920, enseigna dans des écoles primaires de filles à Ségou au Soudan français puis fut ensuite affectée à Saint-Louis puis au Petit Lycée de Dakar. Elle propose de créer différents niveaux détude : linstruction de base délivrée dans des écoles du premier et du second degré ; puis pour les meilleures élèves une formation dinstitutrice au sein dune École normale ménagère. Cest de cette rencontre entre les ambitions de Germaine Le Goff et les objectifs politiques du Gouvernement général que naît lÉcole normale dinstitutrices de lA.O.F. En effet le gouvernement général prit conscience, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, de limportance dentreprendre la formation des femmes pour œuvrer dans la réussite de la mission civilisatrice menée par la France en Afrique.

La fondation dune École normale dinstitutrices de lA.O.F. est mise en parallèle avec les principes même qui en France ont déterminé le développement de léducation des filles par les républicains à la fin du XIXe siècle.
Le premier objectif consiste à tenter détablir un certain équilibre car le retard saccentue en matière déducation des filles, soit parce quelles nont pas accès à lécole, soit parce quelles interrompent très rapidement leur scolarité.
Le second objectif des autorités françaises était dintensifier la domination sociale dans les colonies par lintermédiaire des femmes, capables de faire pénétrer plus efficacement les valeurs françaises au cœur des familles". En 1924, Jules Carde, alors Gouverneur général de lA.O.F., écrivait : « il est en effet très important pour nous dassurer notre influence sur la femme indigène. Par lhomme nous pouvons augmenter et améliorer léconomie du pays, par la femme nous touchons au cœur même du foyer indigène ». La femme servait de médiatrice auprès des hommes et des enfants, son rôle déducatrice devint un enjeu fondamental dans la volonté d'exercer une influence française.

Comme léducation des filles se développe, le Gouvernement colonial crée des auxiliaires féminines pour seconder, puis remplacer des enseignantes françaises trop peu nombreuses en A.O.F.

A lautomne 1937, le projet de créer une Ecole normale dinstitutrices est intégré à un programme de réorganisation de lenseignement et prévoit également la création dÉcoles normales rurales dans différents territoires. Un arrêté du 21 juillet 1938 institue officiellement une École normale de jeunes filles de lAfrique Occidentale Française, cest Germaine Le Goff qui est choisie comme directrice.

Il eut une autre directrice prestigieuse Madame Jules Favre, qui dirigea lÉcole normale supérieure de Sèvres, de sa fondation en 1881 jusquen 1896, elle était fondamentale et tenait à la spécificité de lenseignement adapté aux colonies.
Selon des directives officielles, un enseignement fut fondé sur lassociation de cours généraux pour imprégner les élèves de culture française, et de cours pratiques permettant de les enraciner dans leur milieu dorigine. Mais la priorité est donnée aux cours de français et aux leçons de morale, à létude de lhistoire de France et dAfrique Occidentale Française. Lenseignement dispensé repose assez largement sur les programmes adoptés par les institutions pour jeunes filles en France de la seconde moitié du XIXe siècle. La spécificité coloniale tenait davantage dans les activités qui avaient pour but de rapprocher les jeunes filles de leur pays dorigine.

Des débuts non sans difficultés

Lensemble de cette formation a contribué à placer les premières institutrices africaines entre deux civilisations, et à faire de ces femmes des « pionnières de la promotion de la femme africaine ».
Dès 1938, lélite africaine masculine formée à lÉcole William Ponty ou à lÉcole de Médecine réagit contre le projet de former des institutrices africaines. Dès la sortie de la première promotion en 1941, le Gouvernement général considère que la formation dispensée est une réussite. Mais en réalité des témoignages recueillis auprès danciennes élèves africaines montrent la difficulté de lexercice de leur métier et de leur intégration sociale aux sein de leurs anciennes colonies dans lesquelles elles exercent. En effet les premières institutrices se trouvent tiraillées entre deux mondes et deux civilisations, sans enracinement véritable. Il faut alors quelles concilient leur attachement aux valeurs africaines et leurs habitudes de vie fondées sur le modèle européen.

Enfin à son apogée, en 1945, lEcole ne compte que 120 élèves, ce qui reste faible et ce nombre est ensuite en constante diminution et se stabilise autour de vingt élèves à la veille des indépendances.

En somme cette initiative se voit destinée à une minorité de jeunes filles appartenant à la même catégorie socio-culturelle. Plus de la moitié des élèves étant issue des classes aisées de la population, filles de fonctionnaires ou de commerçants intégrés au système colonial et formés à lécole française.

De plus les rapports administratifs confirment les limites réelles de lexpérience politique ; témoignant dun manque effectif déleves et de moyens financiers. Mais ils montrent des jeunes femmes profondément imprégnées par léducation quelles ont reçues et aptes à lutter pour leur émancipation.


voir bibliographie, article de Pascale BARTHÉLÉMY ayant permis de réaliser cet article

Les Enseignantes dans la vie privée et professionnelle

Carrière ou vie privée

Les femmes devenues professeurs décole normale primaire ou chefs détablissement sont plutôt des enfants dinstituteurs. Mais ce sont aussi des jeunes filles se déplaçant de la campagne vers la ville ou résidant en ville et dans des petites agglomérations qui composent le corps enseignant féminin.
De plus cest par le sacrifice de lentourage de ces jeunes filles quelles réussirent à continuer leurs études. En effet le soutien des parents et la motivation apportée par la fratrie permet à ces étudiantes de sengager dans des écoles denseignement public.

Les femmes sengagent dans une carrière les menant en ville par envie de liberté et par nécessité. Elles revendiquent le droit de se gouverner elles-mêmes sans subir de contrôle extérieur. Et la plupart des femmes professeurs ne se marient pas, le célibat reste un trait distinctif des enseignantes du secondaire car ces femmes cherchent lautonomie et la liberté intellectuelle. Se marier et fonder une famille signifiait alors arrêter sa profession pour soccuper de sa famille; Et si elles choisissent de se marier tardivement, on a pu remarquer que le taux de divorce augmente en même temps que leur émancipation.
Lun des premiers problèmes rencontré est la surprotection des familles. Même si les femmes acquierent une indépendance financière, les familles continuent dêtre à la fois un moteur dans leur projet démancipation mais également un frein vers leur prise de liberté totale.

Au début des années 1930 le célibat de ces femmes témoigne dun phénomène social, dun changement de rapport entre les sexes dans les couches moyennes et favorisés.

La famille encourage les jeunes filles à simpliquer dans leur travail scolaire et généralement napprouvent pas vraiment la décision des jeunes femmes de louer une chambre chez lhabitant ou de vivre en colocation avec des amies. Les étudiantes normaliennes étaient accueillies par « des compagnes » de Sèvres ; elles organisent des réseaux de solidarité leur permettant un soutien moral.

Les jeunes filles qui ne se marient pas ne souhaitent pas vivre chez leur parents une fois leurs études finies, malgré le confort et le soutien financier.

Pour que les enseignantes se marient il leur faut rencontrer un collège ou un homme fréquentant les mêmes lieux quelles. Quant aux femmes mariées elles ne firent aucune concession vis-à-vis du maintien de leur vie professionnelle. Elles travaillaient à plein temps et sorganisaient pour élever leurs enfants, elles pouvaient employer un personnel de maison et faire venir leurs enfants au sein de lécole pour les allaiter par exemple.

Les conditions de travail

Si lon fait un bilan des conditions auxquelles se voit confrontées les jeunes enseignantes on ne peut que remarquer quelles nont pas été formées à "laprès école " dans le relationnelle avec le corps des supérieurs hiérarchiques et avec les parents des élèves.
Les jeunes femmes qui arrivent seules dans une ville de province ont du mal à trouver un logement et nont pas un excellent accueil à leur arrivée ; de plus leur liberté de se déplacer de shabiller se trouvent dirigées par lopinion qui souhaite une image "lisse et respectable"; mais en même temps les inspecteurs réclament de loriginalité et de la fermeté. Ces jeunes filles timides modestes avec trop peu de personnalité se trouvent donc confrontées à un gros problème dinsertion.

De plus la charge de travail des professeurs féminins est en total paradoxe avec la volonté du ministère de lenseignement qui souhaite alléger le programme détude afin de respecter « la nature fragile des jeunes femmes » car la réduction de la durée des cours entraîne une multiplication des classes confiés à chaque professeur et augmente également le temps de correction des copies.

Ensuite lorsquelles souhaitent préparer un concours une fois lagrégation obtenue, elles ne trouvaient pas le temps de les préparer, surtout que le reste du temps qui leur était imparti se voyait diminuer par les obligations familiales.
Si lon prend en compte leur volonté de garder leur emploi dans linstruction et de la concilier avec leur vie de femme mariée et de mère de famille on comprend quel soulagement ce fut pour elles lorsque furent institués le temps partiel puis les congés parentaux.

documents

« Cest Antoine Caritat, marquis de Condorcet, qui a permis au mouvement féministe de trouver dès 1787 son avocat le plus convaincant mais aussi le plus décevant. Celui-ci proclame :

  • "Je crois que la loi ne devrait exclure les femmes d'aucune place. […] Songez qu'il s'agit des droits de la moitié du genre humain".

C'est que le marquis de Condorcet est fils unique et orphelin de père, et a été élevé et couvé par une mère aimante et exclusive. En 1789, il trouve une spécialité dans l'éducation dont il sera à la Convention l'avocat visionnaire. Il dit ainsi :

  • " Ce n'est pas la nature, c'est l'éducation, c'est l'existence sociale qui cause cette différence [...] il est donc injuste d'alléguer, pour continuer de refuser aux femmes la jouissance de leurs droits naturels, des motifs qui n'ont une sorte de réalité que parce qu'elles ne jouissent pas de ces droits ".

Condorcet ouvre la voie aux féministes du XIXème qui centreront leur lutte sur l'accession des filles à l'instruction. Parallèlement à son combat pour l'instruction des femmes, Condorcet met l'accent sur leurs droits politiques. Les femmes doivent voter car aucune caractéristique naturelle ne peut constituer une contre-indication. »

Divers

bibliographie

  • Marlaine Cacouault-Bitaud, (2007) Professeurs... mais femmes - Carrières et vies privées des enseignantes du secondaire au XXe siècle, La Découverte, 320 p.
  • Marcel Grandière,La formation des maîtres en France 1792-1914, .Institut national de recherche pédagogique
  • Nicole Mosconi, Egalité des sexes en éducation et formation, Presse universitaires de France
  • Pascale Barthélémy« La formation des institutrices africaines en A.O.F: pour une lecture historique du roman de Mariama ,Une si longue lettre », Clio, Femmes d'Afrique numéro 6/1997,
  • Adolphe Ferrière, La Coéducation des Sexes dans ses rapports avec la crise de la famille et la transformation de lécole, 1927, Genève, Société Générale dimprimerie

liens

chronologie

  • 1622 Marie de Gournay (nièce de Montaigne) publie le traité de lÉgalité des hommes et des femmes
  • 1673-1674 François Poullain de La Barre, De lÉgalité des sexes et de lÉducation des dames
  • 1790 Condorcet, Sur ladmission des femmes au droit de cité. La même année, en Angleterre Mary Woolstonecraft publie sa Revendication des droits de la femme
  • 1861 linstitutrice Julie Daubié est la première femme autorisée à se présenter au baccalauréat, quelle obtient en layant préparé seule
  • 1872 Victor Hugo réclame légalité des sexes
  • 1873 Déportation à Cayenne de la communarde Louise Michel
  • 1878 premier congrès international du droit des femmes à Paris mais la question des droits civiques est exclue
  • 1882 Léon Richer crée le journal féministe Le droit des femmes; en 1869, il fonde la ligue française pour le droit des femmes
  • 1888 création à Washington du conseil international des femmes, d naîtra le conseil national des femmes françaises
  • 1897 Marguerite Durand fonde le journal féministe La Fronde, entièrement fait et même imprimé par des femmes.
  • 1898 Jean Jaurès se déclare favorable au suffrage féminin. Création de la ligue des droits de lhomme qui adhère immédiatement au mouvement féministe.
  • 1909 fondation de lunion française pour le suffrage des femmes
  • 1914 la guerre fait entrer les femmes massivement dans lindustrie et dans les syndicats
  • 1935 Louise Weiss et 48 manifestantes senchaînent au pied de la bastille pour réclamer légalité des droits
  • 1936 Irène Joliot-Curie, Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore sont nommées sous-secrétaires détat dans le gouvernement de Léon Blum
  • 1940 Simone de Beauvoir publie Le deuxième sexe.
  • 1966 interdiction de licencier une femme enceinte ou en congé de maternité
  • 1980 Marguerite Yourcenar est la première académicienne

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