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Histoire du Vanuatu
Les débuts de l’histoire du Vanuatu sont mal connus. La théorie la plus répandue, basée sur les découvertes archéologiques sur place, fait état d’un peuplement de l’archipel par des populations Lapita venues de Papouasie-Nouvelle-Guinée il y a environ quatre à six mille ans[1]. Des fragments de céramique retrouvés à Malo ont été datés à 1300 ans avant J.-C.[2]. En juin 2004, des fouilles archéologiques menées à Teouma près de Port-Vila mirent au jour des squelettes de neuf personnes, ainsi que de poulets et de cochons, datés à 1200 ans avant J.-C., ce qui atteste que les premiers habitants avaient amené du bétail avec eux.
La tradition orale relate qu’entre le XIe et le XVe siècle, des populations polynésiennes venues du centre du Pacifique apportèrent de nouvelles coutumes et techniques de fabrication. Au XIIIe siècle, Roymata fut un grand chef influant dans le centre de ce qui est aujourd'hui le Vanuatu.
Sommaire
Arrivée des Européens
L’explorateur portugais Pedro Fernández de Quirós est le premier européen à débarquer au Vanuatu, sur l’île d’Espiritu Santo, en 1606. Le deuxième contact européen avec le Vanuatu n’a lieu qu’en 1768, lorsque Louis Antoine de Bougainville redécouvre l’archipel. En 1774, James Cook lui donne le nom de Nouvelles-Hébrides, que l'archipel conserve jusqu’à son indépendance en 1980.
Commerce du santal et premières installations (1825-1863)
La découverte de bois de santal en 1825 par l’explorateur et commerçant écossais Peter Dillon sur l’île d’Erromango provoque une véritable ruée, la Chine étant très demandeuse de cet ingrédient entrant dans la composition de l’encens[3]. Le commerce avec les indigènes se développe rapidement, particulièrement à Anatom, mais ne permet pas dans premier temps l'installation des européens, qui rencontrent l'hostilité des locaux.
En 1848, des missionnaires protestants s'installent à Anatom[4]. Des missions presbytériennes s'installent ensuite à Tanna en 1858. Dans le même temps, la mission mélanésienne de l'église anglicane s'installe dans les îles Banks, au Nord. Lorsque les quantités disponibles commencent à diminuer, les habitants se mettent à réclamer des armes, des munitions et du tabac. Le commerce cesse en 1868 avec la disparition des derniers plants.
L'exploitation de la main d'œuvre indigène (1863-années 1870)
Dès le début des années 1840, des recruteurs du Queensland et des Fidji approchent l'archipel. À partir de 1863, le développement économique du Queensland sur un modèle basé sur la production de matières premières et les grandes plantations pousse à l'intensification du recrutement (« blackbirding »). Au plus fort de cette période, plus de la moitié des hommes adultes de l’archipel sont employés à l’étranger. En principe volontaire, le recrutement fait l'objet de nombreux abus, réprimés au début des années 1870 par la Grande-Bretagne, qui y met fin. Durant cette période, l'absence d'organisation étatique pré-coloniale, la grande diversité des populations indigènes (plus de 110 ethnies parlant des langues sans inter-compréhension cohabitent sur 12.000 km²) et la mauvaise connaissance des archipels recouverts de forêts ont pour résultat l'absence de prise de contrôle des îles par un État européen.
Colonisation et première querelle pour la domination (1872-1887)
Avec la fin du recrutement de travailleurs, la colonisation s'intensifie : alors que les maristes échouent à s'installer, les presbytériens se développent, s'installant sur de nombreuses îles à partir de 1872 et organisent dès 1877 un mouvement annexionniste en Australie[5]. Dans le même temps, des colons s'installent sur les terres très fertiles de l'archipel, sur les îles les plus connues, comme Vaté, pour cultiver le coton, puis le café, le cacao, le maïs[6]. Il s’agit au début principalement de sujets britanniques établis en Australie, mais des français venus de Nouvelle-Calédonie, les rejoignent rapidement, attirés par la fertilité et la proximité des Nouvelles-Hébrides[6]. Les premiers temps sont difficiles : liaisons maritimes rares, terrains à défricher, absence de soutien officiel[Note 1], etc. Cependant, en 1878, suite à l'inquiétude française, les anglais promettent informellement de ne pas établir leur souveraineté sur l'île[7].
John Higginson, homme d'affaire d'origine irlandaise naturalisé français en 1876, fondateur de la Société du nickel en Nouvelle-Calédonie, s'intéresse à partir de cet accord aux Nouvelles-Hébrides, qu'il voit comme la nécessaire expansion de la colonie française, à la fois d'un point stratégiquement et économiquement[8]. Il fonde en 1882 de la Compagnie calédonienne des Nouvelles-Hébrides, qui, en achetant un grand nombre de terres, parfois de manière floue, et en incitant l'installation de colons via des avantages financiers, permet de donner l'avantage numérique aux français, alors que les missionnaires anglais s'installent sur un nombre de plus en plus grand d'île et que les maristes commencent à réussir à créer quelques missions. Durant les premières années de la Compagnie, des centres de colonisations sont construits (dont Port-Vila), des routes sommaires construites (dont une reliant Port-Vila à Port-Havannah), des comptoirs et liaisons maritimes mises en place[9].
Protestant contre l'expansion française, présentée comme brutale et amorale, les presbytériens organisent à partir de 1883 des campagnes récurrents en Australie, qui permettent aux différentes colonies de s'unir[10]. Après avoir refusé l'échange de l'archipel contre Rapa en 1885[11], la France échoue à établir sa souveraineté suite au refus des colonies britanniques d'Australie et de Nouvelle-Zélande. L'absence de toute organisation étatique alors que la colonisation se développe pousse à la multiplication des troubles entre indigènes et colons en 1885-1886 : les 2 et 4 juin 1886, des navires militaires français débarquent pour rétablir l'ordre, mais les protestations des missionnaires protestants poussent le Royaume-Uni a demander de nouvelles négociations[12].
Le 24 octobre 1887, un accord instituant une commission navale militaire mixte franco-britannique est signé[13]. Cette commission a pour mission d'assurer la sécurité des colons et missionnaires en patrouillant depuis les côtes[Note 2], mais n'apporte aucune modification ni au statut international de l'archipel (qui devient une chasse gardée officieuse des deux États) ni au problèmes fonciers et inter-colons.
La commune de Franceville, sur l'isle Vaté, se declare indépendant pendant quelques mois de 1889, sous l'administration du maire/président Ferdinand Chevillard. Elle adopte un drapeau national.[14][15][16][17][18][19]
La colonie franco-anglaise (1907-1980)
Les premiers temps du condominium franco-britannique (1907-1940)
La lutte d’influence entre la France et la Grande-Bretagne aboutit à la création d’un condominium franco-britannique en 1906. Les Vanuatais n’avaient pas la possibilité d’acquérir la citoyenneté de l’une ou l’autre puissance.
La Seconde Guerre mondiale (1940-1945)
Durant la guerre, la partie française du Condominium des Nouvelles-Hébrides se rallie à la France libre. Le territoire sert de base aux forces alliées dans le cadre de la Guerre en Asie et dans le Pacifique.
Le condominium après la guerre (1946-1970)
L’arrivée de soldats américains au cours de la Seconde Guerre mondiale contribua à alimenter les sentiments nationalistes des locaux. Le culte du cargo et de John Frum se développèrent, promettant l’indépendance prochaine des Mélanésiens. En plus d’une figure messianique, John Frum est actuellement un parti politique représenté au parlement.
L'émergence du nationalisme et la décolonisation (1971-1980)
Le premier parti politique vanuatu fut fondé en 1971 par le pasteur anglican Walter Lini. D’abord nommé Parti national des Nouvelles-Hébrides, il prit le nom de Vanua'aku en 1974. La même année, il fit parvenir une pétition aux Nations unies demandant l’indépendance du Vanuatu. L’administration du condominium promit d’organiser des élections en novembre 1979. Le Vanua’aku les remporta, Walter Lini prit la tête du gouvernement et l’indépendance fut fixée au mois de juillet 1980.
Espiritu Santo et Tanna, qui ne soutenaient pas le Vanua’aku, menaçaient de faire sécession. La Grande-Bretagne envisagea d’y envoyer l’armée mais la France l’en dissuada. En mai 1980, une insurrection sur Tanna divisa l’île entre les partisans du gouvernement et ceux de la France (appelés Modérés). Sur Espiritu Santo, les sécessionnistes prirent Luganville et y déployèrent le drapeau de la République indépendante de Vemarana. Le gouvernement de Lini ordonna un blocus de l’île. En même temps, d’autres partisans des Modérés, menés par Jimmy Stevens avaient fait sécession sur les îles du nord. La France et la Grande-Bretagne envoyèrent quelques troupes, sans succès. Une fois l’indépendance officielle, Lini obtint l’aide militaire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, reprit le contrôle du pays et fit arrêter les sécessionnistes.
Le Vanuatu indépendant (depuis 1980)
Si la décennie 1980 – 1990 fut relativement stable, la suivante fut le cadre plusieurs épisodes de crise. Un scandale éclata en 1998 lorsqu’il fut découvert que des membres du gouvernement avaient détourné des fonds du Vanuatu National Provident Fund. Les émeutes et l’état d’urgence proclamé pour deux semaines aboutirent à plus de 500 arrestations. La même année, le président Jean Mari Leye fut kidnappé par la police qui réclamait depuis longtemps des augmentations salariales. La plupart des fonctionnaires de la police furent licenciés mais remportèrent le procès qu’ils intentèrent par la suite.
Annexes
Documentation
- Hubert Benoist, Le condominium des Nouvelles-Hébrides et la Société Mélanésienne, Thèse pour un doctorat en droit soutenue en février 1970, A. Pedone, Paris, 1972, p. 3-39
- Paul Deschanel, Les Intérêts français dans l'Océan Pacifique, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1888, p. 189-349 et p. 365-384
Notes et références
Notes
Références
- ↑ (en) "A Pacific engaged: Australias (sic) relations with Papua New Guinea and the island states of the southwest Pacific", Sénat australien, 12 août 2003, p.288
- ↑ (en) "Vanuatu History", Encyclopedia Britannica
- ↑ Pour ce paragraphe : Benoist (1972), p. 18-19
- ↑ Pour ce paragraphe : Benoist (1972), p. 19
- ↑ Deschanels (1888), p. 297-307
- ↑ a et b Benoist (1972), p. 19
- ↑ Deschanels (1888), p. 298-309
- ↑ Pour ce paragraphe : Benoist (1972), p. 20
- ↑ Deschanels (1888), p. 258-259
- ↑ Deschanels (1888), p. 310-317 et 325-340
- ↑ Deschanels (1888), p. 337-338
- ↑ Deschanels (1888), p. 342-345
- ↑ Deschanels (1888), p. 346-349
- ↑ Jean Le Gouz de Saint-Seine, « Notice sur les Nouvelles-Hébrides », dans Mémoires de la Société bourguignonne de geographie et d'histoire, vol. 13, 1897, p. 413-414 [texte intégral]
- ↑ (en) Julien Bourdiol, Condition internationale des Nouvelles-Hebrides, 1908, p. 107
- ↑ (en) Louis Pelatan, Lettres calédoniennes, 1889, p. 73
- ↑ (en) Auguste Brunet, Le régime international des Nouvelles-Hébrides: Le Condominium Anglo-Français, 1908, p. 64-65
- ↑ (en) Ernest Davillé, La colonisation française aux Nouvelles-Hébrides, 1895
- ↑ (en) E.N. Imhaus, Les Nouvelles-Hébrides: avec une carte et sept gravures, 1890, p. 154-160
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