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Gustave Hervé
Gustave Hervé (Brest 1871-Paris 1944) était un homme politique socialiste puis fasciste français.
Sommaire
Un leader socialiste antimilitariste (jusqu'en 1912)
Gustave Hervé est le fils d'un maître marinier, professeur d'histoire nommé en 1899 au lycée de Sens (Yonne). Dans Le Travailleur Socialiste de l'Yonne, ses premiers articles antimilitaristes signés « Sans Patrie » sont remarqués. Il est militant de la SFIO et de la CGT.
Sa collaboration au journal Le Piou-Piou de l'Yonne lui vaut des procès en correctionnelle et même devant la Cour d'assises où il est défendu avec succès par Aristide Briand. Sa doctrine basée sur le recours à l'insurrection en cas de guerre, acquiert une audience nationale, Jean Jaurès partageant en partie sa radicalité ; on parle alors d'hervéisme.
Ses démêlés judiciaires lui ayant fait perdre son poste de professeur, il peut se consacrer entièrement au militantisme. À partir de 1907, il dirige le journal La Guerre Sociale qu'il a fondé ; il est poursuivi et condamné à de multiples reprises pour ses prises de position.
Du socialisme national au fascisme (1912-1944)
En août 1914, Gustave Hervé retourna « sa veste rouge pour en montrer la doublure tricolore » (selon Charles Fraval). Dès 1912, il avait entamé sa marche vers le patriotisme de cœur et de raison, et il s'était rangé en juillet 1914 contre les partisans de la grève générale (lui qui en avait défendu le principe), comme moyen d'empêcher la guerre qui venait. Il était pourtant resté pour beaucoup le symbole d'une certaine intransigeance doctrinale et pratique. Pour d'autres, comme Alfred Rosmer, en revanche, c'était un gauchiste de paroles, multipliant les folies verbales dans son journal.
Il ne fut pas le seul socialiste à substituer le mot d'ordre « Non à la guerre » à celui de « Défense nationale d'abord » (à l'instar de Mussolini en Italie, avec qui il a été comparé). Il passa d'un ultra-pacifisme à un ultra-patriotisme. Il transforma le titre "La Guerre Sociale" en "La Victoire", le 1er janvier 1916. Son cheminement parut à certains reniement et sa conversion fut considérée par les pacifistes comme une trahison. En février 1917, à la demande d'Alice Regnault, il rédige le faux « Testament politique d'Octave Mirbeau » et prononce, sur la tombe du grand écrivain, un discours jugé récupérateur qui fait fuir les véritables amis de Mirbeau.
En 1919, Gustave Hervé créé un petit Parti socialiste national, où il est rejoint par Alexandre Zévaès, ancien député guesdiste devenu l'avocat de l'assassin de Jaurès, et par Jean Allemane, leader d'un des partis socialistes de la période 1890-1902, ou encore Emile Tissier (ex-marxiste guesdiste).
Le « socialisme national » de Gustave Hervé virera vite au fascisme français. Lors de la Marche sur Rome (1922), Hervé salue son « vaillant camarade Mussolini ». Il semble que Gustave Hervé créé le Parti de la république autoritaire (PRA, 1925), recréé un Parti socialiste national (PSN, 1927) puis la Milice socialiste nationale (MSN, 1932-1933) dont il confiera la direction au fasciste d'extrême-droite Marcel Bucard. Fin 1933, Marcel Bucard part avec l'équipe de la Milice socialiste nationale pour fonder le Francisme.
En 1935, Gustave Hervé sera l'un des premiers à appeler au pouvoir le maréchal Pétain. Il aurait cependant pris ses distances dès 1940 avec Pétain.
Publications de Gustave Hervé
- Leur Patrie, La Guerre sociale, Paris, 1910
- Mes crimes, ou onze ans de prison pour délits de presse. Modeste contribution on à l'histoire de la liberté de la presse sous la 3e République, La Guerre Sociale, Paris, 1912 (Réunion des articles qui lui valurent des condamnations pour délit de presse)
- La conquête de l'armée,La Guerre Sociale, Paris, 1913.
- L'Alsace Lorraine, La Guerre Sociale, Paris, 1913.
- Propos d'après guerre, La Guerre Sociale, Paris (1919 ?)
- Après la Marne (Recueil in extenso des articles de Gustave Hervé dans La Guerre Sociale du 1er novembre 1914 au 1er février), 1915
- La patrie en danger (Recueil in extenso des articles de Gustave Hervé), Bibliothèque des Ouvrages Documentaires, 1915
- Nouvelle histoire de France, Fayard, 1930. L'ouvrage commence par cette courte phrase « -Vous ne parliez pas ainsi autrefois? -C'est vrai,mais depuis,vous l'avez peut-être oublié,il y a eu la guerre ».
- Nouvelle histoire de l'Europe, La Victoire, Paris, 1931
- C'est Pétain qu'il nous faut, La Victoire, Paris, 1935, avec bandeau publicitaire ("Je m'en remets à la France").
Voir aussi
Bibliographie
- W. Gougnard, Neutres devant le crime ? Lettre ouverte à Monsieur Gustave Hervé rédacteur en chef de La Victoire à Paris, Genève, Sonor, vers 1917.
- Victor Meric, À travers la jungle politique et littéraire. Première série. (Laurent Tailhade, Gustave Hervé, Camille Pelletan), Librairie Valois, 1930.
- Gilles Heuré, Gustave Hervé. Itinéraire d'un provocateur. De l'antipatriotisme au pétainisme, Paris, La Découverte, collection L'espace de l'histoire, 1997.
- Gustave Hervé's Transition from Socialism to National Socialism, dans Loughlin Journal of Contemporary History, 2001.
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