- Guerre polono-ukrainienne
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Guerre polono-ukrainienne
La frontière de mars 1919Informations générales Date 1918-1919 Lieu Galicie orientale (Ukraine actuelle) Issue Victoire polonaise Belligérants République de Pologne République populaire ukrainienne Commandants Józef Piłsudski
Edward Rydz-Śmigły
Józef HallerSimon Petlioura
Oleksander HrekovForces en présence 190,000 75,000 Pertes 10,000 morts 15,000 morts Guerre polono-ukrainienne Batailles Przemyśl — Lviv — Chortkiv — Lubaczów — Gniła Lipa modifier La Guerre polono-ukrainienne est un conflit qui se déroula de novembre 1918 à juillet 1919, entre la Pologne et la République populaire d'Ukraine occidentale pour le contrôle de la Galicie, après la dissolution de l'Autriche-Hongrie.
Sommaire
Prélude
En 1772, à l'occasion de la première partition de la Pologne, la Galicie devient une province autrichienne. Ce territoire, qui comprend Cracovie, ancienne capitale historique de la Pologne, a une population majoritairement polonaise. Toutefois la partie orientale de la Galice inclut le cœur du territoire historique de la Galicie-Volhynie, qui compte une majorité d'Ukrainiens.
En raison de la relative clémence de la monarchie des Habsbourg envers les minorités nationales (voir : Autriche-Hongrie), la Galicie de la fin du XIXe siècle est le parfait terrain pour le développement des mouvements nationaux polonais et ukrainiens. Les origines du conflit résident dans la complexité des relations entre ces minorités.
Le premier incident se produit en 1897, lorsque Polonais et Ukrainiens s'opposent lors des élections parlementaires. Entre 1901 et 1908, un autre conflit divise les étudiants de l'Université de Lviv. Les étudiants ukrainiens exigent une université ukrainienne et les étudiants et professeurs polonais tentent de réprimer le mouvement. Le point de non retour est atteint en 1903, lorsque Polonais puis Ukrainiens tiennent des conférences séparées, en mai et juin, à Lviv.
Tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les Ukrainiens tentent de persuader les Autrichiens de diviser la Galicie en province occidentale (polonaise) et en province orientale (ukrainienne). Ces efforts sont contrariés par la résistance des Polonais, qui craignent de perdre Lviv qu'ils considèrent comme l'une des capitales culturelles de la Pologne. Bien que la Galicie orientale soit peuplée d'environ 60 pour cent d'Ukrainiens, Lviv, sa grande ville, compte en 1910 environ 60 pour cent de Polonais pour 17 pour cent d'Ukrainiens. Pour de nombreux Polonais, il est impensable que la ville ne soit pas sous leur contrôle. Les Autrichiens acceptent finalement de diviser la province, mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale les en empêche. En octobre 1916, l'empereur Charles Ier d'Autriche promet de le faire une fois la guerre terminée.
Le 18 octobre 1918, lorsque l'Empire austro-hongrois s'effondre, un Conseil national ukrainien (Rada) est formé, composé de membres ukrainien du Parlement autrichien et des diètes régionales de Galicie et de Bucovine ainsi que des dirigeants politiques. Ce Conseil annonce l'intention d'unir les terres de l'Ouest ukrainien dans un seul État.
Grâce à l'intervention de l'archiduc Guillaume d'Autriche, qui adopte l'identité ukrainienne et se considère comme un patriote ukrainien, deux régiments ukrainiens arrivent en garnison à Lviv. Au cours de la nuit du 31 octobre au 1er novembre, avant que les Polonais ne prennent leurs propres dispositions, le capitaine Dmytro Vitovsky conduit ses troupes dans une action décisive et prend le contrôle de la ville. La République populaire d'Ukraine occidentale est proclamée le 1er novembre 1918, avec Lviv pour capitale.
La proclamation de la nouvelle République, qui revendique sa souveraineté sur la Galicie orientale et les Carpates, jusqu'à la ville de Nowy Sącz, à l'ouest, ainsi que la Volhynie, la Ruthénie et la Bucovine, est une surprise pour les Polonais.
Les résidents ukrainiens de Lviv approuvent la proclamation avec enthousiasme, l'importante minorité juive l'accepte ou reste neutre, tandis que la majorité polonaise est choquée de se trouver dans un état proclamé ukrainien.
La guerre
À Lviv, l'Armée ukrainienne de Galicie s'oppose avec succès aux unités d'autodéfense formées principalement d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale, d'étudiants et d'enfants. Le 21 novembre, après deux semaines de combats incessants, une unité de l'armée polonaise, commandée par le lieutenant-colonel Michał Karaszewicz-Tokarzewski brise le siège et repousse les Ukrainiens. Toutefois, ceux-ci continuent à contrôler la plus grande partie de la Galicie orientale et menacent Lviv jusqu'en mai 1919. Aussitôt après la prise de la ville, à la fin du mois de novembre, les forces polonaises ainsi que des éléments criminels pillent les quartiers juifs et ukrainiens. Des activistes ukrainiens sont internés dans des camps de détention.
En décembre 1918, des combats éclatent en Volhynie. Des unités polonaises tentent de prendre le contrôle de la région. Les forces de la République populaire ukrainienne commandées par Simon Petlioura essaient d'étendre leur territoire vers l'ouest, vers la ville de Chełm. En mars 1919, l'arrivée de troupes polonaises fraîches et bien équipées, commandées par le Edward Rydz-Śmigły, met fin aux combats.
L'offensive du général polonais en Volhynie et Galicie orientale commence le 14 mai 1919, aidée par l'Armée bleue du général Józef Haller récemment arrivée. Cette armée est bien équipée par les alliés occidentaux et bénéficie de conseillers militaires français afin de lutter contre les bolchéviks. Son utilisation contre la République populaire ukrainienne suscite bien quelques télégrammes de protestation de la part des alliés, mais ceux-ci demeurent ignorés.
Les lignes ukrainiennes sont rapidement brisées. Le 27 mai les forces polonaises atteignent la ligne Zlota Lipa – Berejany – Jezierna – Radziwiłłów. À la demande de l'Entente, l'offensive polonais est arrêtée et les troupes du général Haller adoptent des positions défensives.
Le 8 juin 1919, les forces ukrainiennes commandées par Oleksander Hrekov, ancien général de l'armée russe, commencent une contre-offensive et au bout de trois semaines avancent jusqu'à la rivière Gniła Lipa et au cours supérieure de la Styr, mais le manque d'armes et de munitions les oblige à stopper leur avance. Le gouvernement ukrainien contrôle les champs pétroliers de Drohobytch, avec lesquels il prévoit d'acheter des armes à la Tchécoslovaquie. Mais bien que les forces ukrainienne réussissent à repousser les Polonais d'environ 120 km, elles ne parviennent pas à se frayer un chemin vers la Tchécoslovaquie. Sans armes ni munitions, Hrekov met fin à sa campagne.
Commandées par Józef Piłsudski, les forces polonaises commencent une nouvelle offensive, le 27 juin. À court de munitions et en infériorité numérique, les Ukrainiens sont repoussés jusqu'à la rivière Zbroutch.
Épilogue
Contrairement à la brutalité typique des batailles qui se produisent dans les anciennes parties de l'Empire russe, la guerre entre la Pologne et l'Ukraine est menée des deux côtés par des forces disciplinées et professionnelles, ce qui entraîne relativement peu de pertes civiles. Environ 10 000 Polonais et 15 000 Ukrainiens, pour la plupart des soldats, sont morts pendant cette guerre. En particulier durant les combats de Lviv, les deux parties, s'accordent souvent des cessez-le-feu, pour permettre le ravitaillement des civils et l'évacuation des morts et des blessés.
Un cessez-le-feu est signé le 17 juillet 1919. Les prisonniers de guerre ukrainiens sont détenus dans les anciens camps autrichiens de Dąbie, Lancut, Pikulice, Strzałków et Wadowice. Le 21 novembre 1919, le Haut Conseil de la Conférence de la paix de Paris accorde la Galicie orientale à la Pologne pour une période de 25 ans, après quoi un plébiscite décidera de la question.
Le 21 avril 1920, Józef Piłsudski et Simon Petlioura signent une alliance, dans laquelle la Pologne promet d'aider militairement la République populaire d'Ukraine occidentale dans l'offensive de Kiev contre l'Armée rouge en échange de l'adoption du tracé de la frontière polono-ukrainienne, le long de la rivière Zbroutch.
À la suite de cet accord, le gouvernement de la République populaire d'Ukraine occidentale s'exile à Vienne, où il bénéficie de l'appui de divers émigrés politiques ukrainiens, ainsi que des soldats de l'armée de Galicie internés en Bohême. Des relations diplomatiques avec les gouvernements français et britannique s'engagent dans l'espoir d'obtenir un règlement équitable à Versailles. Le 23 février 1921, le Conseil de la Société des Nations déclare que la Pologne n'a pas le mandat de mettre en place un contrôle administratif en Galicie et que la Pologne est simplement la puissance militaire occupante de la Galicie orientale, dont le sort sera déterminé par le Conseil des ambassadeurs auprès de la Société des Nations.
Après une longue série de négociations, le 14 mars 1923, il est décidé que la Galicie orientale serait incorporée à la Pologne « en prenant en considération que la Pologne a reconnu qu'étant donné les conditions ethnographiques, la partie orientale de la Galicie mérite pleinement son statut d'autonomie ». La République populaire d'Ukraine occidentale est alors dissoute.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Galicie orientale reviendra à l'Ukraine sous la forme de République socialiste soviétique d'Ukraine, une des républiques de l'Union soviétique.
Notes et références
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Polish–Ukrainian War » (voir la liste des auteurs)
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