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Gorges du Verdon
Les gorges du Verdon vues du belvédère de Trescaire.Géographie Coordonnées Géolocalisation sur la carte : France
Rivière Verdon Largeur 1 500 m Profondeur 700 m Administration Pays France Région Provence-Alpes-Côte d'Azur Département Alpes-de-Haute-Provence, Var Géologie Roches Calcaire modifier Les gorges du Verdon sont un canyon de France creusé par la rivière le Verdon.
Sommaire
Géologie
Pendant la période du Trias, la Provence s’affaisse et la mer la recouvre, déposant d’épaisses couches de calcaires divers.
Pendant la période Jurassique, la Provence est recouverte d’une mer chaude et peu profonde, facilitant la multiplication des coraux.
Au Crétacé, la Basse Provence se rehausse et la mer atteint l’emplacement actuel des Alpes. L’ère Tertiaire voit l’édification des Alpes. La fracture des calcaires jurassiques façonne les reliefs et les vallées. C’est à cette époque que le Verdon trace son cours. Au Quaternaire, les glaciations transforment les cours d’eau et les lacs en redoutables fleuves de glace, qui modèlent les reliefs en taillant et striant le paysage. À la fin de ces glaciations, les eaux des rivières continuent leur érosion et notamment, le Verdon, en creusant son lit dans les sédiments calcaires coralliens accumulés au secondaire, avec un débit d’eaux tumultueuses avoisinant 2 000 à 3 000 m3 par seconde.
Géographie
Le Verdon prend sa source tout près du col d'Allos, dans le massif des Trois Evêchés (2819 m). Il va se jeter dans la Durance, près de Vinon-sur-Verdon après avoir parcouru près de 175 kilomètres. Son parcours le plus intéressant se trouve entre Castellane et le Pont du Galetas, sur le lac de Sainte-Croix. Ce lac était il y a quelques dizaines d’années la grande plaine des Salles-sur-Verdon, avant la mise en eaux du lac artificiel créé par l’édification du barrage de Sainte-Croix. Lors de la montée des eaux en 1973, le vieux village des Salles a été évacué (de force), détruit et noyé. Son église a été dynamitée, tout comme le village, qui est reconstruit plus haut et plus moderne, au grand dam de ses habitants. C’est maintenant le plus jeune village de France.
Les Gorges du Verdon constituent sur une bonne distance, la frontière entre les départements du Var au sud et les Alpes-de-Haute-Provence au Nord, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Cette région, entre Castellane et le lac de Sainte-Croix, s’appelle les gorges du Verdon. Elle se divise en trois parties distinctes :
- les Prégorges, qui vont de Castellane à Pont de Soleils ;
- les Gorges qui vont de Pont de Soleils à l’Imbut ;
- le Canyon qui va de l’Imbut au Pont de Galetas.
Les Gorges du Verdon sont étroites et profondes : de 250 à 700 mètres de profondeur, pour 6 à 100 mètres de large au niveau de la rivière du Verdon, et 200 à 1 500 mètres d’un versant à l’autre au sommet des gorges.
Botanique
Le relief particulier des gorges en fait un écosystème à part, où vivent des espèces rares :
- une fougère, l’Asplenium Jahandiezii, découverte dans les gorges en 1911[1] ;
- une campanulacée rare, la phyteuma villarsii.
Histoire
La vallée du Verdon a été habitée par le peuple gaulois des Verguni.
Les gorges du Verdon n’attirent l’attention des voyageurs que tardivement. Les premières descriptions imprimées datent du tournant des XVIIIe et XIXe siècles, mais restent rares (une en 1782, une autre en 1804)[2]. Malgré le développement de la sensibilité aux beautés naturelles et la vogue du romantisme, ils ne remarquent qu’une coupure et ne s’attardent pas à la description d’un site accessible uniquement par des sentiers muletiers. Les gorges ne deviennent connues qu’avec la description qu’en fait Élisée Reclus en 1879[3], et la diffusion des guides touristiques (guides Joanne notamment à partir de 1877[4], Guide touristique de la Provence, guide Baedeker) à la Belle Époque.
Les gorges sont cartographiées par les Cassini (années 1770) [5] et les ingénieurs géographes du roi, en 1778[6].
C’est Martel qui dirige la première expédition à descendre de bout en bout le canyon du Verdon (voir sentier Martel) ; cette expression de canyon est d’ailleurs de lui[7]. Le tourisme se développe lentement dans les années 1880-1900[8] : la route est malaisée et dangereuse, les infrastructures (hôtels, restaurants, routes, sentiers) rares et peu confortables. De plus, le principal moyen de transport de l’époque, le chemin de fer, s’arrête à Saint-André-les-Alpes, ce qui oblige à louer des voitures pour venir voir les gorges[9]
Dans les années 1890 (et jusqu’aux années 1920), des projets de retenues rendant le canyon navigables voient le jour[10]. Le premier aménagement date de 1906 : le Touring Club de France (TCF) trace un sentier qui permet de descendre dans les gorges[11]. Le premier essor touristique des gorges date de la fin des années 1920 et des années 1930, sous l’impulsion du TCF : campagne de presse à partir de 1928, voyages de découverte, reportage diffusé au cinéma, visite de journalistes britanniques[12]. Cette promotion est complétée par de nouveaux travaux en 1929 et 1930 : amélioration de la viabilité de la route, à l’initiative et en partie sur les fonds du TCF[13], aménagement de belvédères (dont le Point Sublime est le plus remarquable), incitation aux compagnies de transport local pour multiplier les dessertes, aménagement de nouveaux sentiers inaugurés en juin 1930[14], enfin création du refuge de Malines en 1936[15]. Ces efforts attirent quelques milliers de touristes chaque année[16].
Le site est devenu un site naturel protégé depuis le 7 mai 1990.
Les barrages hydroélectriques
Entre 1929 et 1975, cinq barrages ont été édifiés sur le cours du Verdon, entre Castellane et Gréoux-les-Bains. Ces barrages correspondent à autant de retenues d’eau :
- lac de Castillon avec engloutissement du village du même nom ;
- retenue de Chaudanne ;
- lac de Sainte-Croix avec engloutissement du village des Salles-sur-Verdon, du pont romain dit pont d’Aiguines, du pont de Garuby et de la résurgence Fontaine l’Evêque à Bauduen. D’une couleur merveilleuse et changeante presque tous les jours, il est devenu un haut lieu du tourisme estival. C’est le deuxième plus grand lac artificiel de France ;
- retenue de Quinson, parfois improprement nommée « lac de Montpezat », du nom du village qui la domine ;
- lac d'Esparron, il est de couleur verte, comme le Verdon contrairement au lac de Sainte-Croix dans la couleur duquel le bleu domine.
Chronologie
- 1929 : début des travaux du barrage de Castillon
- 1932 : interruption des travaux
- 1936 : incendie qui endommage les structures
- 1948 : fin des travaux du barrage de Castillon
- 1951 : fin des travaux du barrage de Chaudanne
- 1967 : fin des travaux du barrage de Gréoux
- 1973 : mise en eau du barrage de Sainte-Croix
- 1973 : reconstruction du village des Salles-sur-Verdon
- 1974 : mise en production de l’usine électrique de Sainte-Croix
- 1975 : mise en eau du barrage de Quinson
Points remarquables
Le Styx du Verdon, nommé ainsi par référence au Styx de la mythologie grecque, est une sorte de mini canyon dans le canyon.
L’Imbut est un passage reserré par où le Verdon disparaît sous terre, sous un énorme chaos rocheux (embut signifie entonnoir en occitan provençal[17]).
Tourisme
Les Gorges du Verdon sont réputées pour former le plus beau canyon d’Europe, et attirent de nombreux touristes, surtout pendant la période estivale. C'est surtout Isidore Blanc qui fut l'initiateur du tourisme local en aménageant les sentiers existants pour les rendre pratiquables aux randonneurs.
Itinéraires
Deux itinéraires routiers permettent de visiter les Gorges du Verdon, l’un par la rive droite, au nord, allant de Castellane à Moustiers-Sainte-Marie par la route D952 et l’autre par la rive gauche, au sud, allant d’Aiguines à Castellane par la D71, D90 et D995.
On peut faire le tour complet, en partant de Moustiers, suivant la D957 jusqu’au pont de Galetas, en partant à gauche dans la direction d’Aiguines. Puis la D71 monte à flanc de coteau sur l'ubac du Grand Margès (1 577 m), c’est-à-dire la rive gauche du Verdon, jusqu’au Col d'Illoire où l’on bénéficiera d’une vue splendide sur une partie de la rive droite du Canyon, avec en toile de fond les sommets de Plein Voir, le Pavillon (1 624 m), la cime de Barbin (1 560 m) le Mourre de Chanier (1 930 m). Sur l’arrière, une belle vue sur le lac artificiel de Sainte-Croix. La route continue en lacets étroits et croisements difficiles, jusqu’à l’Auberge des Cavaliers. Cet hôtel est sur la falaise dominant le Verdon de plus de 300 mètres. Cet endroit est le départ de la randonnée dite « Sentier de l’Imbut ». La route continue en s’éloignant des Gorges, puis se rapprochant à nouveau, à l’arrivée aux tunnel du Fayet (tunnels taillés dans la roche, avec quelques ouvertures permettant la vue sur l’autre rive). On continue ensuite sur le pont de l’Artuby qui traverse les gorges du même nom. Ce pont dont la dénomination exacte est « pont de Chaulière » est long de 110 mètres.
D’une seule arche, il domine l’Artuby d’une hauteur de 180 mètres et a été construit entre 1938 et 1947.
On arrive ensuite au relais des Balcon. D’ici, deux belvédères dominent la Mescle (qui signifie mélange en provençal), lieu où l’Artuby se jette dans le Verdon. En face, vue sur la Brèche Imbert et les falaises de l’Escalès sur la droite. Ensuite, on bifurque sur la D90, direction Trigance et son château médiéval, on traverse le pont qui enjambe le Jabron (qui se jette dans le Verdon à la hauteur du pont de Carejuan) et on part à gauche, direction pont de Soleils. À cet endroit, on peut aller à droite, sur Castellane par la D952 ou revenir à Moustiers, à gauche, en passant par le tunnel de Gloige, le Point Sublime, juste en dessous de Rougon, qui permet une vue imprenable sur le Couloir Samson, qui est l’entrée de la partie dite des « Gorges ». Un bout de route, juste après le tunnel de Gloige, permet de descendre à un parking-belvédère, d’où il est très facile de descendre au bord du Verdon, à l’entrée du Couloir Samson. Cet endroit est le point d’arrivée du célèbre sentier Martel. On continue ensuite la D952, en s’éloignant à nouveau des Gorges, on passe par La Palud-sur-Verdon (haut lieu du tourisme des Gorges du Verdon, musée et maison du Verdon, bureau des guides, etc.). Depuis ce village, il est possible de prendre la route des Crêtes (D23). Cette route part de La Palud et y revient en passant par les plus beaux belvédères de la région. Il faut prendre cette route dans le sens des aiguilles de la montre si l’on veut faire le tour complet. En effet, une partie de cette route étant à sens unique, il faut la prendre avant La Palud, et non depuis La Palud. En la parcourant, on passe devant le châlet de La Maline, maison du Club alpin français, qui est le départ principal du sentier Martel. La route continue sa descente sur Moustiers-Sainte-Marie en passant par le Col d’Ayen, le Col de l’Olivier, les cascade de Saint-Maurin et le belvédère du Galetas avec vue sur le lac de Sainte-Croix, le barrage du même nom, au fond et le plateau de Valensole en face. Quelques kilomètres après, on se retrouve à Moustiers. Ce circuit représente plus de 100 kilomètres de routes pas toujours faciles et très encombrées pendant la saison touristique.
Sports
Les Gorges du Verdon sont une destination appréciée des grimpeurs : elles comportent plus de 1 500 voies d’escalade sur du bon rocher calcaire. Les diverses falaises autour des gorges en font l'un des plus beaux sites d’escalade de France. Certaines voies sont interdites pour protéger les vautours récemment réintroduits.
Les Gorges du Verdon et le Verdon sont des destinations privilégiées par les pêcheurs notamment à la mouche.
Les randonnées, le canoë-kayak, le parapente, le rafting, le saut à l'élastique, le base jump et bien sur le canyonisme sont quelques uns des nombreux sports pratiqués dans la région.
Randonnée
C’est dans la partie des « Gorges » que se trouvent les plus belles randonnées :
- le sentier Martel ;
- le sentier de l’Imbut ;
- le belvédère de Rancoumas par le pont de Tusset ;
- le sentier du Bastidon.
Galerie
Annexes
Article connexe
Liens externes
Source
- Alain Collomp, La découverte des gorges du Verdon : histoire du tourisme et des travaux hydrauliques, Édisud, 2002, ISBN 2-7449-0322-1
Notes
- ISBN 2-7449-0322-1, p 72 Alain Collomp, La découverte des gorges du Verdon : histoire du tourisme et des travaux hydrauliques, Édisud, 2002,
- Alain Collomp, op. cit., p. 11-17
- p. 21 Alain Collomp, op. cit.,
- p. 33 Alain Collomp, op. cit.,
- Alain Collomp, op. cit., p. 18-19
- p. 20 Alain Collomp, op. cit.,
- Alain Collomp, op. cit., p. 22-23
- p. 32 Alain Collomp, op. cit.,
- Alain Collomp, op. cit., p. 41-42
- p. 36 Alain Collomp, op. cit.,
- p. 71 Alain Collomp, op. cit.,
- Alain Collomp, op. cit., p. 97-98 et p. 105-107
- Alain Collomp, op. cit., p. 101-102
- Alain Collomp, op. cit., p. 102-103
- Alain Collomp, op. cit., p. 110-111
- p. 108 Alain Collomp, op. cit.,
- Alain Foucault et Jean-François Raoult, Dictionnaire de géologie, Paris, Dunod, coll. « Universciences », 12 mai 2005, 382 p. (ISBN 978-2-10-049071-4) (OCLC 166588470)
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