Georges de Nantes

Georges de Nantes
Georges de Nantes
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Surnom Abbé de Nantes
Naissance 3 avril 1924
Toulon, Drapeau de France France
Décès 15 février 2010 (à 85 ans)
Nationalité Drapeau : France française
Profession Ecclésiastique,
essayiste
Formation Faculté catholique de Lyon,
séminaire d'Issy-les-Moulineaux,
séminaire des Carmes,
Institut catholique de Paris

Georges de Nantes (Toulon, 1924-2010) dit « l'abbé de Nantes[1] » était un prêtre catholique fondateur de la Ligue de la Contre-Réforme catholique. Frappé d'interdiction de donner et recevoir les sacrements par les autorités de l'Église catholique, il a néanmoins poursuivi ses activités en marge de celle-ci, au sein de la Ligue de la contre-réforme catholique qu'il a lui-même fondée. Il a rédigé des essais.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Georges de Nantes est né en 1924 à Toulon dans une famille catholique proche de l'Action française. Son père Marc de Nantes est officier de marine. Son enfance est marquée par le drame qu’a été pour son milieu familial la condamnation de l’Action française par Pie XI et l’excommunication de ses membres en 1926.

En 1942, il entre aux Chantiers de la jeunesse du général de la Porte du Theil, qu'il quitte en 1943 pour rejoindre le séminaire sulpicien d'Issy-les-Moulineaux. Il rejoint finalement le séminaire des Carmes en 1946. Il est ordonné prêtre en 1948 dans le diocèse de Grenoble.

À la fin de ses études, le jeune abbé de Nantes prépare une thèse dans laquelle il propose ce qu’il appelle une « métaphysique relationnelle » selon laquelle la personne humaine se définit moins par son individualité que par ses relations de filiation et d’appartenance à des communautés familiales, sociales, nationales, de civilisation et naturellement, ecclésiales. Ce point de vue s’apparente au personnalisme[2] mais s’en démarque par la place prépondérante que prend l’appartenance à des communautés naturelles, c'est-à-dire héritées plus que choisies. À la différence de Mounier, il ne dénie pas la qualité de personne aux individus qui ne prennent pas part à un engagement[3].

Le projet intellectuel est évidemment de donner un fondement anthropologique chrétien aux choix politiques et sociaux contre-révolutionnaires, ceux de Charles Maurras en particulier. Dans cette approche, les droits des gens sont relatifs au bien de la communauté ou à la nature de la ou des filiations de chaque individu. Il n’y a donc pas de « droits de l’homme » absolus en soi. En particulier, l’homme étant créature de Dieu, seule l’Église catholique peut revendiquer pour ses enfants la liberté religieuse. Son projet de thèse est rejeté.

Enseignement et prêtrise

L'abbé de Nantes enseigne la philosophie et la théologie au noviciat des Frères missionnaires des campagnes. En même temps, sous le pseudonyme d’Amicus, il écrit des écrits polémiques et politiques dans l'hebdomadaire maurrassien Aspects de la France. En 1950, il est exclu de sa charge d'enseignement à cause de ses prises de position politiques qui défendent le pétainisme.

Après avoir été également renvoyé du diocèse de Paris en 1952 pour les mêmes raisons, il cesse son activité polémique et devient professeur de philosophie dans des collèges, d'abord à Pontoise puis en Normandie.

En 1958 il est nommé curé de Villemaur-sur-Vanne, dans l'Aube. Il décide d'y créer une congrégation de moines missionnaires, à l'imitation de Charles de Foucauld. Ce sont les Petits Frères du Sacré-Cœur de Jésus.

L’évêque de Troyes autorise la communauté ad experimentum et remet la coule monastique aux premiers frères.

Lors de la guerre d'Algérie, l'abbé de Nantes prend ouvertement position pour l'Algérie française, écrivant sous son nom dans la revue L'Ordre français[4]. Il est alors, comme Jean Ousset et la Cité catholique, sur une ligne « national-catholique » qui voit dans la guerre d'Algérie un combat de la civilisation chrétienne. En 1962 il est brièvement arrêté et interné, puis révoqué par son évêque en 1963.

Rupture avec l'Église post-conciliaire

Avec sa communauté composée d'anciens élèves, il s'installe malgré la défense de son évêque à Saint-Parres-lès-Vaudes (Aube), ce qui lui vaut alors d'être déclaré suspens ab officio en 1963. Cette attitude peut sembler paradoxale dans la mesure où il ne cesse toutefois pas de se réclamer de la hiérarchie canonique.

Or, c’est le temps où l’évolution de la pensée dans l’Église, qui aboutit au concile Vatican II, met en valeur la dignité de l'individu[5] et aboutit à la reconnaissance du droit à la liberté religieuse[6] et des droits de l’homme en général. Georges de Nantes s’engage dès lors dans un exercice d’équilibre destiné à finir en contradiction insurmontable : penseur traditionaliste, et défenseur de la primauté des institutions légitimes sur le sentiment individuel, il s’affranchit progressivement de l’autorité ecclésiastique à qui il reproche de ne pas s’exercer assez. Il soutient la légitimité de son attitude par une distinction entre les opinions des personnes privées du pape et des évêques et les actes de leurs personnes publiques.

Il critique donc d'abord et surtout le concile Vatican II, auquel il reproche d'encourager le dialogue œcuménique et la réforme de l'Église. Il condamne la démocratie « fille de la Révolution », et milite pour une monarchie de droit divin.

Écrits

Dans ses Lettres à mes amis, qu'il publie à partir de 1956, il développe une pensée apocalyptique fondée sur le conflit entre l'Antéchrist et l'Église. Il accuse notamment Paul VI, en 1965, de faire de l'Église catholique un « Mouvement d'animation spirituelle de la démocratie universelle » (MASDU) ou « forme moderne de l'Antéchrist éternel ». Il annonce la victoire de l'Église sur l'Antéchrist, la conversion totale du monde, et appuie son discours sur les promesses de Fatima.

Il appelle à un nouveau concile pour annuler le concile Vatican II et affirme être en communion avec le pape et les évêques, mais il est déclaré suspens a divinis par l'évêque de Troyes en 1966[7] à la suite de la publication non autorisée de sa correspondance avec le cardinal Ottavianni. Il est alors très médiatisé, malgré les condamnations récurrentes et le refus de l'évêque de Grenoble de lui renouveler son celebret, document qui lui permet d'attester qu'il peut célébrer la messe. En 1969, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi "constate qu’en se révoltant contre le Magistère et la hiérarchie catholique, M. l’Abbé de Nantes disqualifie l’ensemble de ses écrits et de ses activités, par lesquels il prétend servir l’Église tout en donnant l’exemple de la révolte contre l’épiscopat de son pays et contre le Pontife romain lui-même"[8].

C'est en 1970 qu'il donne à son mouvement le nom de Ligue de la Contre-Réforme catholique, plus communément appelée Contre-Réforme catholique. Il crée une communauté féminine en 1971.

Au cours des années 1970, il accuse le pape de schisme, d'hérésie et de scandale, et demande à être reçu au Saint-Siège afin que le Souverain Pontife " juge par lui-même de tout cela ". Ce combat fit d'ailleurs l'objet d'une Radioscopie de Jacques Chancel, en janvier 1973. Par la suite, n'ayant pas obtenu gain de cause, il devient cependant moins médiatique à mesure que le combat de Mgr Lefebvre prend de l'importance.

Dernières années

L'Église catholique renouvelle périodiquement sa condamnation en confirmant sa suspense. Elle condamne également des « dérives » sur le plan dogmatique (évocation du « couple éternel de Jésus et de Marie ») et son insoumission[réf. souhaitée]. Certaines associations anti-sectes dénoncent quant à elles des pratiques qu'elles jugent abusives, parmi lesquelles figurerait un « Baiser Mystique » donné par l'Abbé ses religieuses[9],[10].

Dans les deux dernières décennies de sa vie, Georges de Nantes ne fait plus que périodiquement parler de lui, notamment lors d'appels qu'il fait au jugement de Dieu sur des ecclésiastiques qu'il juge hérétiques, comme le cardinal Jean-Marie Lustiger. Il est également partisan de la thèse de l'assassinat de Jean-Paul Ier (théories du complot au sujet de Jean-Paul Ier (en)).

À partir des années 1990, les communautés des Petits Frères du Sacré-Cœur de Jésus subissent plusieurs vagues de départs, les uns volontaires, les autres non[réf. souhaitée], de religieux. La plus grande part rejoint des ordres reconnus. Dans le même temps il refuse tout contrôle, toute visite canonique de la part de l’évêque du lieu.

En 1997, il est frappé par un interdit, peine canonique qui l'empêche de célébrer, donner et recevoir les sacrements en tout lieu. C'est la plus forte sanction avant l'excommunication. Il n'exerce donc plus de ministère reconnu par l'Église catholique romaine. Cette peine a fait l'objet d'un appel auprès du tribunal de la Signature apostolique, rejeté en 2000[10].

Ses deux principaux disciples sont le diacre Bruno Bonnet-Eymard et Gérard Cousin qui exercent la direction effective de la communauté et de ses publications depuis 1999.

Georges de Nantes croit à l'authenticité du Saint Suaire de Turin. Selon lui, la relique aurait été l'objet d'une fraude monumentale lors des analyses au carbone 14 en 1988, fraude orchestrée par la « mafia » des francs-maçons et soutenue par le Pape Jean-Paul II lui-même qui, par sa critique, « abomine » le Saint-Suaire ; de même, l'incendie de 1997 qui endommagea gravement la cathédrale de Turin, où est conservé le Suaire, serait l'œuvre des francs-maçons[11].

Son organisation a été classée parmi les mouvements sectaires dans un rapport parlementaire de 1995. Cette qualification a été jugée infondée par un arrêt de cour d'appel en 2005[12].

L'abbé de Nantes est décédé le lundi 15 février 2010 au matin[13]. Il a été enterré le 18 février 2010 à Saint-Parres-lès-Vaudes[14].

Œuvres

  • Lettres à mes amis 1956-1962, 1962.
  • La contre réforme catholique au XXe siècle
  • Les 150 points de la Phalange : Catholique, royale, communautaire, Association de la Contre-réforme catholique au XXe siècle (1996)
  • Le Coran, avec Bruno Bonnet-Eymard, La Contre-Réforme catholique (1997)
  • Un Curé et la sainte Vierge : 1849-1903, La Contre-Réforme catholique (1985)
  • Pour l'Église : 1948-1963, avec Michel de la Sainte-Trinité
  • Mémoires et récits, Renaissance catholique (1988)
  • Pages mystiques, Éd. de la Contre-Réforme catholique (1996)
  • Liber accusationis : à notre Saint Père le pape Paul VI, par la grâce de Dieu et la loi de l'Église juge souverain de tous les fidèles du Christ, plainte pour hérésie, schisme et scandale au sujet de notre frère dans la foi, le pape Paul VI, remis au Saint-Siège le 10 avril 1973, avec la communion phalangiste, La Contre-Réforme catholique (1973)

Bibliographie

  • Joseph Algazy, L'Extrême-Droite en France de 1965 à 1984, 1989
  • Jean-Yves Camus, L'Extrême Droite aujourd'hui, 1997
  • Ariane Chebel d'Appollonia, L'Extrême-Droite en France: De Maurras à Le Pen, Volume 1, 1998, p. 359 et passim
  • René Chiroux, L'Extrême-Droite sous la Ve République, 1974
  • Anne-Marie Duranton-Crabol, L'Europe de l'extrême droite de 1945 à nos jours, 1991, p. 54 et passim
  • Laurent Frölich, Les Catholiques intransigeants en France, éd. L'Harmattan, 2002, ouvrage en ligne
  • Émile Poulat, L'Anti-maçonnisme catholique, Berg, 1994

Liens externes

Sources

  • Jean-Pierre Chantin, Des « sectes » dans la France contemporaine (1905-2000) ; contestations ou innovations religieuses ?, Privat, 2004, pp. 65-67.

Références

  1. Georges de Nantes a conservé sa titulature car les graves sanctions prononcées contre lui par la hiérarchie catholique qui lui interdisent l'exercice du sacerdoce ne constituent pas une réduction à l'état laïc.
  2. Cf. Manifeste au service du personnalisme.
  3. « Les degrés de la communauté ».
  4. L'Ordre français, revue maurrassienne ayant paru de 1956 à 1980, fondée par Philippe Roussel, à laquelle ont notamment participé Pierre Debray, Dominique Ancelle, Georges Lacheteau et Maurice Jallut.
  5. Vatican II, Constitution « Gaudium et Spes », ch. 1.
  6. Vatican II, Déclaration « Dignitatis humanæ ».
  7. La Documentation catholique, 2001.
  8. Notification au sujet de M. l’Abbé de Nantes
  9. « Le baiser mystique », d'après « Regards sur », Publication du Centre contre les manipulations mentales.
  10. a et b « Interdit papal pour l'abbé adepte du bisou mystique », Libération, 18 juin 2001.
  11. Site de la CRC.
  12. Frédéric Pons, Valeurs actuelles, no 3821, 17 février 2010.
  13. Lettre à la Phalange, no 85, 15 février 2010.
  14. « Oraison funèbre du père Raymond Zabelli, recteur émérite des sanctuaires de Lisieux et Lourdes », La Contre-Réforme catholique au XXIe siècle, no 91, mars 2010.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Georges de Nantes de Wikipédia en français (auteurs)

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