Fœhn

Fœhn

Effet de foehn

Régime de Foehn dans les Pyrénées caractérisé par une bande de ciel bleu puis, en aval du phénomène, des nuages « soufflés » traduisant un vent puissant

L’effet de foehn, ou effet de föhn, est un phénomène météorologique créé par la rencontre de la circulation atmosphérique et du relief quand un vent dominant est entraîné au-dessus d'une chaîne montagneuse et redescend de l'autre côté après l'assèchement de son contenu en vapeur d'eau. Le nom vient du foehn, un vent fort, chaud et sec que l'on rencontre dans certaines régions d’Europe.

Sommaire

Origine du mot

Le mot foehn de l'allemand Föhn, prononcé [føːn], trouve son origine dans les Alpes. Le mot Föhn vient, quant à lui, du latin flavonius (vent doux), et fut adopté par les dialectes germaniques alpins, certainement via le romanche. Le foehn est donc dans son sens le plus strict un vent de la région des Alpes.

Orthographe

En français, on peut écrire foehn (Dictionnaire Le Robert), föhn ou fœhn (transcription de l'Umlaut, donnée par le Petit Larousse). C'est aussi l'orthographe donnée par le dictionnaire de l'Académie française.

Principe

Variation de la température en amont et en aval de l'obstacle

Lorsque le vent rencontre une montagne plus ou moins perpendiculairement, il suit le relief et s'élève. La pression atmosphérique diminuant avec l'altitude, la température de l'air diminue, par détente adiabatique, d'abord selon le taux adiabatique sec.

Si l'humidité est assez grande au départ, la vapeur d'eau contenue dans l'air va se condenser à partir du niveau où il atteint la saturation, ce qui réchauffe l'air. En effet, le rayonnement solaire, qui a fourni de la chaleur et permis de faire s'évaporer l'eau au niveau du sol, est restitué à l'air par la «chaleur latente». Le taux de diminution de la température de la parcelle d'air se fera donc à partir de ce moment selon le taux adiabatique humide plus lent, tant qu'il y aura de la vapeur à condenser.

Si l'air est stable au-dessus de la chaîne de montagne, la parcelle soulevée ne peut continuer sa montée une fois la cîme passée et redescend l'autre versant. Il est alors sous le point de saturation car l'eau est tombée sous forme de pluie. Lorsqu'il descend, l'air se comprime (puisque la pression augmente vers le bas) et donc se réchauffe par compression adiabatique selon le taux adiabatique sec.

L'effet de fœhn ne demande pas qu'il y ait de précipitations (pluie) ou de nuages abondants produits du côté en ascendance mais l'effet sera d'autant plus fort que la masse d'air perd de son humidité. Dans ce cas, l'air a reçu de la chaleur par la condensation de l'eau, donc l'air est plus chaud et sec sur le versant sous le vent (flèche rouge) que sur le versant dans le vent (flèche bleue).

Variante

Une variante de ce processus est lorsque l'air provient d'une région source plus en altitude que la région en aval. C'est le cas du vent de Santa Ana qui provient transporte de l'air sec de l'intérieur des montagnes et descend vers l'océan Pacifique. Il est en partie un foehn et en partie un vent catabatique. Dans ce cas, l'air soulevé n'a pas besoin d'atteindre la saturation et d'obtenir un apport de chaleur latente. La masse d'air soulevée suivra l'adiabatique sèche à la montée comme à la descente de la montagne. Le niveau final étant plus bas que celui de départ, la température finale sera plus élevée. Naturellement, on peut avoir une combinaison des deux effets, soit une différence de niveau entre le départ et l'arrivée ainsi qu'un dégagement de chaleur latente par condensation de la vapeur d'eau.

Effets atmosphériques secondaires

Onde de gravité

Article détaillé : Onde de gravité.

L'effet de foehn est la première partie de ce qui se passe une fois que l'air est passé de l'autre côté de l'obstacle. En aval, l'air qui se réchauffe adiabatiquement en descendant et devient moins dense. Lorsque sa température dépasse celle de l'environnement, si cela se produit avant de toucher le sol, la poussée d'Archimède le fait rebondir vers le haut jusqu'à ce que son refroidissement le rendre plus froid que l'environnement. Ceci peut produire une alternance de mouvements ascendants et descendants sur de grandes distances en aval des montagnes. En outre apparaissent sous ces ondes orographiques des rotors. Ces mouvements peuvent être associés avec des nuages (cumulus fractus) dans la partie ascendante et de la forte turbulence. Une modélisation correcte du phénomène fait intervenir les équations de la mécanique des fluides en utilisant le gradient de pression, la stabilité de l'air, la friction, la force de Coriolis et la gravité.

Les effets de l'onde de gravité engendrée par le foehn sont appréciés des pilotes de planeur qui peuvent s'élever à de très grandes altitudes. En outre, les mouvement ascendants et descendants dans ces ondes peuvent être très intenses. Il est possible d'avoir des vitesses verticales de 10 m/s. Grâce à ces ascendances, de très longues distances peuvent être parcourues en planeur.

Hydrodynamique et stabilité

Précipitations associées à un effet de foehn sur le Hochstuhl

Le flux de la masse d'air pourrait être comparé à la circulation d'un liquide. On utilise le nombre de Froude F qui est équivalent au nombre de Mach. Il exprime la relation entre l'énergie cinétique (le carré de la vitesse) et l'énergie potentielle (stabilité et hauteur de la chaîne de montagnes). La valeur critique du nombre de Froude est 1. Dans ce cas, la probabilité d'avoir des ondes orographiques est grande. Si F < 1, le flot est bloqué car l'air est trop stable en amont et la parcelle qui remonte la pente ne peut atteindre le sommet. Si F > 1, alors l'air s'écoule sans oscillations majeures car il n'est pas assez stable et l'onde produite se disperse en altitude.

Le cas  \textstyle F  \simeq 1 correspond à ce que la FAA enseigne quand elle dit que les ondes de gravité ne peuvent se former que si l'air est stable en amont et au sommet de la montagne. Ce qui se passe peut être plus complexe. Par exemple, à Fayence, il se forme des ondes orographiques par temps de mistral qui sont exploitées par les pilotes de planeur locaux. Dans ces conditions l'air est instable à certaines altitudes et il y a souvent des cumulonimbus sur le Mercantour. L'air peut être stable à bas niveau mais l'instabilité absolue ou conditionnelle peut être atteinte lors du soulèvement de la masse d'air. Ceci peut donner des nuages stratiformes dans la couche stable et des nuages cumuliformes au-dessus de celle-ci.

Les phénomènes deviennent ainsi beaucoup plus complexes comme le montre la photographie ci-contre. Ainsi, il peut arriver que la condition de  \textstyle F  \simeq 1 puisse être satisfaite pour générer des ondes de gravité en aval des montagnes mais que des cumulonimbus se forment dans la région en amont.

Effets climatiques

Les vents de type foehn vont souvent apparaître soudainement au sol même si la circulation des vents est favorable à leur présence depuis quelque temps. Cela est dû au fait qu'on peut avoir une couche d'air très froid au sol au pied des montagnes, du côté sous le vent, qui constitue une inversion de température. Le foehn qui descend la pente ne pourra percer cette masse d'air très stable et restera en altitude jusqu'à ce que l'inversion se retire. Ce retrait se produit généralement quand les vents au sol deviennent faibles et parallèles aux montagnes du côté sous le vent. Lorsqu'il atteint le sol, il réchauffe soudainement la région, souvent de manière très spectaculaire.

L'effet de foehn se rencontre donc fréquemment sur les montagnes dans les régions côtières. Alors, le versant côté mer est humide, alors que le versant côté terre est plus aride. En Amérique, le versant est des Montagnes Rocheuses ou des Andes est très aride.

Un cas extrême est la Vallée de la Mort. La vallée est « protégée » par la Sierra Nevada de l'influence océanique. Elle est un désert presque absolu. En France, les Cévennes jouent un rôle analogue. À l'ouest de la chaîne, les haut-plateaux sont très humides, alors que les basses vallées de l'Ardèche et du Gard, ainsi que la basse vallée du Rhône sont beaucoup plus arides. Un phénomène analogue se produit dans les vallées intra alpines ou sur les versants français et espagnols des Pyrénées. Par vent du Midi, il règne une forte chaleur sèche sur l'Aquitaine tandis que par vent du nord un régime similaire au mistral s'établit en Aragon. Il se produit le même phénomène dans les vallées intra-alpines. La Maurienne, la Haute Provence, la région de Briançon sont des régions sèches. La région de Sierre dans le Valais central, est connue pour être particulièrement sèche. Certains auteurs affirment même que Sierre a un «climat méditerranéen».

Effets divers

Début d'incendie par régime de Foehn dans les Hautes-Pyrénées
  • Les régions sous les foehns peuvent voir leur température augmenter jusqu'à plus de 30 °C en quelques heures (ex. 31,2 °C à Saint-Girons, le 21 février 1960[réf. nécessaire]). Ils sont appelés les « mangeurs de neige », de par leur capacité à faire rapidement fondre le couvert neigeux. Cette capacité est principalement due à leur température, mais la déshydratation de la masse d'air y participe également. Les foehns peuvent aussi favoriser les feux de forêts, y rendant les régions où ils sévissent particulièrement sèches et en attisant les flammes une fois le feu démarré.
  • Les foehns sont bien connus (et redoutés) des alpinistes, particulièrement autour de l'Eiger, où ces vents ajoutent une difficulté supplémentaire à l'ascension d'une crête déjà difficile.
  • C'est l'effet de foehn qui fait que Colmar, en Alsace, est la ville la plus sèche de France avec 530 mm de précipitations par an.
  • Une étude de l'université de Munich (Ludwig-Maximilians-Universität München) a trouvé une augmentation de 10% des suicides et accidents lors d'épisodes de foehn en Europe. La mythologie populaire associe également diverses affections allant de la migraine à la psychose avec des vents de ce type dont le Santa Ana qui est appelé le vent du meurtre. Cependant, ces croyances ne sont qu'anecdotiques. Celui qui commet un crime passionnel un jour de foehn en Bavière bénéficiera de circonstances atténuantes, dit-on...
    • Un dicton paysan allemand dit : Kriegt der Knecht vom Föhn einen Wahn, schlachtet er den Wetterhahn (« Un valet d'étable rendu fou par le foehn ira tuer le coq-girouette.»)

Différents noms

Selon les régions, ces vents sont connus sous différents noms, notamment :

Différents sens

En Suisse et en Alsace, foehn est le synonyme de sèche-cheveux, en français comme en allemand ou en alsacien (voir français de Suisse).

Bibliographie

  • McKnight, TL & Hess, Darrel (2000). Foehn/Chinook Winds. dans Physical Geography: A Landscape Appreciation, pp. 132. publié par Prentice Hall, Upper Saddle River, NJ ISBN 0130202630

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la météorologie Portail de la météorologie
Ce document provient de « Effet de foehn ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fœhn de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”