Félix d'Hérelle

Félix d'Hérelle
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Félix d’Hérelle (1873-1949) est né le 25 avril 1873 à Paris, 47 rue de Berri (8e arrondissement) sous le nom "Félix Hubert Haerens"[réf. nécessaire]. Devenu un spécialiste de microbiologie et des bactériophages, il inventa la phagothérapie.

Sommaire

Biographie

Il fit ses études à Paris au lycée Carnot et au lycée Louis-le-Grand. Il aurait étudié la médecine en Europe, mais on ignore où exactement.

Parti au Québec à l'âge de 24 ans (1897), il y adopte le nom « d'Hérelle » (qu'il écrivait souvent sans accent aigu, peut-être parce que les machines à écrire étaient anglaises)[réf. nécessaire].

En 1901, résidant à Longueuil, il publie un article en se présentant comme chimiste, dans lequel il « démontrait » que les plantes fabriquaient le CO2 sans source originale. C'est une théorie maintenant considérée comme absurde. Ce sera son seul « essai » en chimie.

En 1902, il part pour le Guatemala, où il obtient un poste de microbiologiste, discipline qu’il ne connaît pas, mais à laquelle il s’initie durant le voyage ! Du Guatemala, il voyage à travers la Méso-Amérique et, au Mexique, découvre un coccobacille dans l’intestin de sauterelles mortes. Il propose de lutter contre les invasions de sauterelles par des moyens bactériologiques. Certaines sources affirment qu’il échoua et d’autres qu’il remporta des succès en Argentine et en Afrique du Nord. Jusque-là, son parcours ressemble à celui d’un charlatan. Dès 1912, il a combattu les pestes argentines de sauterelle par utilisation de coccobacille.

Mais, en 1917, on le retrouve à l’Institut Pasteur, à Paris, où il fait une découverte majeure : le bactériophage, un ultravirus (impossible à observer à l’époque, car précédant la mise au point des microscopes électroniques) qui s’attaque aux bactéries. Il en conclut à la possibilité d’utiliser ce « microbe invisible » pour combattre toutes les épidémies. Sur la base de l'article publié dans The Lancet par Frederick Twort en 1915, d'Hérelle publie, en 1917 son fameux article princeps : Sur un microbe invisible antagoniste des bacilles dysentériques (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, Paris, 1917. 165 :p.373-5. Cet article développe la même expérience de lyse de bactéries de la dysenterie mais de manière plus précise et surtout plus orientée vers les applications thérapeutiques, ce qui permet d'affirmer que si Twort a découvert les bactériophages, c'est d'Hérelle qui a découvert la phagothérapie.

Pendant la Première Guerre mondiale, d'Hérelle, aidé en particulier par son épouse et par ses filles, a produit plus de 12 millions de doses de médicaments pour les armées alliées. Les traitements médicaux étaient alors rudimentaires par rapport à ce qu'ils allaient devenir par la suite et peu de vaccins étaient déjà disponibles (comme ceux de Jenner contre la variole, de Yersin contre la peste et bien entendu de Pasteur contre la rage). Les traitements curatifs communs étaient le mercure, la strychnine et la cocaïne base. Pour cette raison, la mortalité infantile était élevée, ramenant l'espérance de vie à la naissance à 45 ans seulement, chiffre que fit baisser encore la Grande Guerre.

Au début de 1919, d'Hérelle isole des bactériophages chez le poulet, traitant avec succès par ce moyen un typhus du poulet. Après cette expérience réussie, il entreprend de soigner des patients humains. Le premier patient guéri de la dysenterie par phagothérapie le sera en août 1919.

De 1920 à 1925, la phagothérapie, comme on appelle l’usage du bactériophage contre les bactéries, est à la mode un peu partout dans le monde. D’Hérelle commercialise sa découverte. Il est congédié de l’Institut Pasteur en 1925 pour des motifs jamais éclaircis mais exposés dans le livre du Dr Alain Dublanchet : Des Virus pour combattre les Infections (2009, 237 p., Favre).

Il travaille en Inde, en Égypte et finalement, on lui offre une chaire à l'université Yale.

De 1934 à 1936, il travaille en Union soviétique (Géorgie) où il fonde des instituts de recherche sur le bactériophage. Il doit quitter précipitamment le pays quand, durant une des grandes purges staliniennes, un de ses collaborateurs est fusillé pour avoir « tenté d’empoisonner un puits avec des bactériophages ».

De retour à Paris, il fonde un laboratoire privé en association avec Nicolas Boulgakov, frère de Mikhaïl Boulgakov, l’auteur de littérature fantastique.

Il meurt oublié en 1949, de même que Frederick Twort, dont le laboratoire avait été bombardé en 1944 et qui avait été exclu de l'université de Londres.

Bactériophages

La paternité de la découverte des bactériophages est souvent disputée entre Frederick Twort et Félix d'Hérelle. La publication de Twort dans The Lancet en 1915 est toutefois très différente de celle de Félix d'Hérelle en 1917.

Twort se demande en effet s'il ne s'agirait pas : 1) d'une petite bactérie (« minute bacterium »), 2) d'une enzyme libérée (car l'ultra-virus est inactivé dès 60 °C) ou même 3) d'amibes liées à la bactérie car, logiquement, il constate que l'ultravirus ne se développe plus après avoir fait disparaître la bactérie mais qu'il reste actif environ 6 mois. Comme le virus ne se développe qu'en présence de la bactérie, Twort se demande carrément si ses «  virus ultra-microscopiques  » ne proviendraient pas tout simplement de la bactérie elle-même, qui produirait ses propres moyens de destruction spécifiques (hypothèse qui serait dans la ligne polymorphique d'Antoine Béchamp et de Jules Tissot, ce qui expliquerait élégamment la spécificité des phages…): «  If it is part of the micrococcus it must be either a stage in its life-history… or an enzyme secreted by the micrococcus which leads to its own destruction…  ».

Twort a essayé une centaine de supports (« media ») avec différents prélèvements (paille, étangs, foin, bouses, terreau, etc.). Dans son article, Twort précise qu'il a travaillé sur des cultures du virus de la vaccine (sorte de variole) et non sur la bactérie de la dysenterie (« Some interesting results, however, were obtained with cultivations from glycerinated calf vaccinia. »), préparations sur lesquelles il a obtenu des aires vitreuses en 24 h à 37 °C avec ses filtrats naturels! Avait-il trouvé des virophages (comme Didier Raoult actuellement)? Il parle ensuite de « micrococci » obtenus à partir dans sa préparation de vaccine (« micrococci obtained from vaccinia »). Ce n'est donc pas très clair: ses aires vitreuses viennent-elles seulement de la destruction des micrococci? La conclusion de Gratia et Jaumain (Identité du phénomène de Twort et du phénomène de d'Hérelle, Comptes rendus de la Société de biologie, Paris, 1921. 85:p.880-1) paraît donc sujette à caution: il ne s'agit pas tout à fait du même phénomène ni de la même expérience. Il paraît plus probable que Félix d'Hérelle a été influencé par l'étude de Hankin, M.E., L'action bactéricide des eaux de la Jumna et du Gange sur le microbe du choléra. Annales de l'Institut Pasteur, 1896.10:p.511-23, parue avant le départ de d'Hérelle au Québec.

L'isolement des bactériophages par d'Hérelle fonctionne ainsi :

  • un substrat alimentaire est atteint par des bactéries ; ce milieu devient opaque;
  • les bactéries sont atteintes par des bactériophages spécifiques et produisent de nouveaux bactériophages, de sorte que le substrat s'éclaircit;
  • le substrat est filtré sur porcelaine, retenant les bactéries et d'autres éléments de grande taille. Seuls les bactériophages plus petits le traversent.

Le bactériophage a été supplanté par les antibiotiques, mais il est encore utilisé pour identifier les souches bactériennes et, de plus en plus, pour sa capacité de détourner l’ADN des bactéries qu’il attaque: sa capacité de recombiner les séquences d'ADN en fait un outil précieux du génie génétique. On s’y intéresse de nouveau aussi dans le contexte de la résistance de plus en plus grande des bactéries aux antibiotiques, dans le cadre de la nouvelle phagothérapie.

Anecdotes

Une collection Félix-d’Hérelle comprenant 420 virus a été montée par Hans Wolfgang Ackermann, professeur à l’université Laval. En 2003, au moment de sa retraite, cette collection a été transférée à Sylvain Moineau, PhD, également professeur à l'Université Laval[1].

Le nom de Félix d’Hérelle s’est retrouvé, dans les années 1960, sur une liste publiée par la Fondation Nobel, qui comporte des noms de scientifiques qui auraient été dignes de remporter le prix du même nom, mais qui avaient été évincés pour une raison ou un autre.

Une avenue dans le 16e arrondissement de Paris et une rue du quartier Saint-Michel à Montréal portent son nom d'emprunt.

Notes et références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Félix d'Hérelle de Wikipédia en français (auteurs)

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