- Fusillade du lycée Columbine
-
Fusillade du lycée Columbine
Vue aérienne du Columbine High SchoolCible Étudiants du lycée Columbine Coordonnées Date Mardi 20 avril 1999
11 h 19 – 12 h 08 (UTC-6)Type Tuerie en milieu scolaire, tuerie de masse, massacre, attentat-suicide, meurtre par engin explosif, fusillade Arme(s) Fusils, explosifs, couteaux Mort(s) 15 (incluant les 2 assassins) Blessé(s) 24 Auteur(s) Eric Harris et Dylan Klebold modifier La fusillade du lycée Columbine s’est produite le mardi 20 avril 1999 à l’intérieur du lycée de Columbine (Columbine High School, ou « lycée des ancolies » en français), situé à Columbine près de la ville de Littleton dans le comté de Jefferson, État du Colorado, aux États-Unis. Deux étudiants, Eric Harris et Dylan Klebold, commettent un massacre, tuant 12 lycéens, un professeur, et blessant 24 autres étudiants plus ou moins grièvement dont trois qui tentaient de s’enfuir. À la suite de cette fusillade, Harris et Klebold se suicident, faisant de cet événement le quatrième massacre le plus meurtrier perpétré dans une école aux États-Unis, après l’attentat de Bath Consolidated School en 1927, la fusillade de l'université Virginia Tech en 2007 et le massacre de l’université du Texas en 1966. C’est, en revanche, la fusillade la plus meurtrière réalisée dans un lycée.
Le massacre a provoqué un grand émoi aux États-Unis et créa une psychose sociale sur le terrorisme, sur les lois de contrôle des armes à feu, la disponibilité de ces armes, la sécurité dans les écoles, et l'impact des jeux vidéo, de la musique et des films considérés comme violents aux États-Unis[1],[2],[3]. De nombreux films, livres ou musiques ont mis en scène ou se sont inspirés du massacre de Columbine, notamment le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore, le film Elephant de Gus Van Sant ou encore la chanson The Kinslayer du groupe de musique Nightwish, et plus récemment Pumped Up Kicks de Foster The People implicitement.
Sommaire
Activité préliminaire
Dylan Bennet Klebold est né le 11 septembre 1981 à Lakewood (Colorado). Son père était géophysicien, sa mère, Suzan Klebold, travaillait avec des adultes handicapés. Il avait un grand frère, Byron. Eric David Harris est né le 9 avril 1981 à Wichita (Kansas). Il est le fils de Wayne Harris, transporteur dans l'US Air Force, et de Katherine Harris, traiteur. Il avait également un frère, Kevin. En 1993, la famille d'Eric déménage à Littleton, il va alors à l’école Cary Middle où il fait la rencontre de Dylan.
En 1996, Eric Harris créa un site web dont l'objectif initial était de diffuser des niveaux du jeu Doom, créés par lui et Klebold[4], mais le site devint rapidement une sorte de journal intime de Harris dans lequel celui-ci inscrivait ses sentiments et pensées envers ses parents, l’école et ses amis. Au fil des mois, le ton devint plus violent et la méfiance de Harris envers la société plus évidente. Harris commença à publier des méthodes de fabrication d'explosifs.
Le site ne comptait pas beaucoup de visiteurs et ne causait pas spécialement de problèmes jusqu'en 1997, lorsqu'Harris y publia des menaces de mort concernant Brooks Brown, un de ses anciens amis. La mère de Brown porta plainte auprès du bureau du shérif du comté de Jefferson au sujet d'Eric Harris, le croyant être dangereux, et une enquête fut ouverte. Michael Guerra, l'adjoint du shérif du comté, découvrit que Harris avait publié une liste d’étudiants et d’enseignants à abattre en premier au lycée de Columbine, et que la teneur de ses propos était généralement d'une grande violence. L'idée de mourir ou de tuer ceux qui ne l'aimaient pas était clairement présente dans les écrits de l'adolescent. Harris admis avoir des explosifs. Guerra rédigea un rapport pour un mandat de perquisition de la maison Harris mais il ne fut jamais déposé[5] ; son existence n'était connue qu'en 2001, deux ans après le massacre, grâce à l'émission télévisée 60 Minutes.
Une fois l'existence de ce rapport connue, une série d'enquêtes furent menées concernant le comté de Jefferson. Quelques jours après le massacre de Columbine, de hauts responsables du comté s'étaient réunis en secret et avaient décidé de ne pas rendre publique l'existence de ce rapport. Les fichiers de l'inspecteur Guerra concernant ce dossier avaient disparu des ordinateurs du comté. Des copies partielles de ces fichiers ont finalement été retrouvées mais les originales semblent définitivement perdues.
Arrestation
Le 30 janvier 1998, Eric Harris et Dylan Klebold ont été arrêtés en possession d’outils et d’équipements volés quelques minutes plus tôt dans un van stationné près de Littleton dans le Colorado. Les deux adolescents passent devant un juge et plaident « coupable » à l’accusation de vol. Il est mis en avant par le juge que les deux jeunes avaient besoin d'une aide psychologique. Ils sont condamnés à suivre des soins psychiatriques qui durent deux mois, dont une séance portant sur la gestion de la colère. Harris commence également à suivre une thérapie avec un psychologue et la continue pendant environ un an[6].
Peu après l’audience de Klebold, le site de Harris retrouve son but principal : la diffusion de niveaux du jeu Doom. Harris commence à écrire ses pensées et ses plans dans un journal papier[7]. Il conserve une partie de son site sur les armes à feu et sur la construction de bombes artisanales. Lorsque l’existence de ce site est rendue publique, le fournisseur d'accès AOL supprime définitivement le site de ses serveurs[8].
Traitement
Harris souffre de dépression, de colère et de pensées suicidaires. Plusieurs types d'antidépresseurs lui sont prescris, tout d’abord du Zoloft qui lui provoque un manque de concentration puis du Luvox[9]. Certains psychiatres, tel que Peter Breggin, ont fait valoir que les deux médicaments peuvent avoir contribué aux actions de Harris. En effet, le Luvox fait partie d'une classe de médicaments appelés « inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine », or la sérotonine est une substance chimique libérée dans le cerveau qui peut affecter l'humeur et le comportement[10].
Journal et vidéos
Les deux garçons élaborent un plan détaillé qu’ils écrivent dans leur journal. Ils y prévoient le détournement d’un avion à l'aéroport international de Denver afin de s’enfuir au Mexique ou de s’écraser sur un immeuble à New York. Le journal contient également les détails de l’attaque : après avoir réglé les bombes dans la cafétéria pour qu’elles explosent durant la période d'affluence, tuant plusieurs centaines d'étudiants, ils utiliseraient leurs fusils pour tirer sur les survivants tentant de fuir de l'école. Cependant, ce plan initial a échoué puisque leurs explosifs principaux n'ont pas explosé[11].
Les deux garçons tournaient également des vidéos : des séquences où les adolescents s’exercent à tirer dans les collines environnantes, ou encore des court métrages, comme Hitman for Hire en novembre 1998, racontant l'histoire de deux tueurs à gages louant leurs services aux victimes contre de l'argent. Le 20 avril, environ 30 minutes avant l’attaque, ils réalisent une vidéo dans laquelle ils disent au revoir et s’excusent auprès de leurs amis et leur famille[12].
Armes
Dans les mois précédant les attentats, Harris et Klebold font l’acquisition de deux armes à feu 9 mm et de deux fusils de chasse de calibre 12. Une des armes et les deux fusils de chasse ont été achetés par un ami, Robyn Anderson, au Salon de Tanner Gun en décembre 1998[13]. Harris et Klebold achetèrent une arme de poing à un autre ami, Mark Manes, pour 500 $. Manes a été emprisonné après le massacre de Columbine, pour la vente d'une arme de poing à un mineur[14], comme le fut Philip Duran qui les avait mis en contact[15].
Grâce aux instructions trouvées sur internet, les deux adolescents fabriquèrent 98 engins explosifs improvisés de taille et de conception diverses : bombe au propane (15), bombe tuyau (pipe bomb) (27), cocktails Molotov (7) et bombes au CO2 (49, dont une sous forme de roquette). Ils ont également scié les canons et les crosses des fusils de chasse afin de les rendre plus facile à dissimuler.
Lors du massacre, Dylan porte sur lui plusieurs couteaux, un fusil et un pistolet semi-automatique 9 mm. Quant à Eric, il possède un couteau de chasse, une carabine ainsi qu'un fusil à pompe de calibre 12.
Chronologie
NB : toutes les heures sont exprimées en heure des Rocheuses, c'est-à-dire UTC-6.
À 11 h 10, le mardi 20 avril 1999, Eric Harris et Dylan Klebold arrivent au lycée Columbine dans deux voitures différentes[16]. Ils se garent dans deux parkings différents sur des emplacements non-réservés. Ils s'équipent et se rejoignent peu après. Pendant qu'Eric décharge les sacs de sport de sa voiture, un lycéen, Brooks Brown (celui-même qui était à l'origine de la plainte contre Harris suite à des menaces de mort) aperçoit Eric Harris et tente de discuter avec lui. Eric lui répond : « Brooks, I like you now. Get out of here. Go home. » (« Brooks, je t'aime bien. Va-t'en. Rentre chez toi. ») Eric et Dylan se postent en deux points stratégiques offrant une bonne vue sur la cafétéria du lycée et contrôlant les deux principales sorties.
À 11 h 14, une bombe, placée dans un champ à 800 m de l'école, explose comme prévu. Le but était de créer une diversion et de mobiliser pompiers et policiers à ce moment. Les pompiers parviennent rapidement à éteindre le feu créé par l'explosion. Harris et Klebold pénètrent alors dans la cafétéria du lycée pour y placer deux charges explosives de 9 kg, chacune censée exploser à 11 h 17. La vidéo de surveillance de la cafétéria n'avait pas enregistré ce moment-là, l'opérateur étant alors en train de changer de bande. Une fois les charges (dissimulées dans de grands sacs) placées, Harris et Klebold ressortent et reprennent leurs places respectives près de leurs voitures. Les explosifs étaient assez puissants pour détruire la cafétéria, voire pour faire s'effondrer la bibliothèque située au premier étage. Harris et Klebold devaient garder les sorties afin d'éliminer les lycéens survivants qui tenteraient de s'échapper.
À 11 h 17, les bombes de la cafétéria n'ayant pas explosé, Harris et Klebold s'armèrent pour donner l'assaut. Ils se dirigent vers l'escalier de l'entrée ouest qui était le point le plus élevé du campus.
Début de la fusillade
À 11 h 19, un témoin entend Eric Harris crier « Go! Go! ». Les deux adolescents ouvrent le feu et tirent sur Rachel Scott et Richard Castaldo, qui étaient en train de déjeuner assis sur un monticule herbeux à côté de l'entrée ouest de l'école. Scott est tuée sur le coup, Castaldo est grièvement blessé. Personne ne sait qui a commencé à tirer ni qui a tué Scott. Eric enlève alors son manteau, sort son 9 mm semi-automatique et tire sur un groupe de trois étudiants vers l'escalier ouest - Daniel Rohrbough, Sean Graves et Lance Kirklin. Harris et Klebold se tournent et tirent sur des étudiants assis dans l'herbe vers le sud ; Michael Johnson est touché mais ne peut s'enfuir. Mark Taylor est également touché. Klebold descend alors l'escalier en direction de la cafétéria, il tire une fois de plus sur Lance Kirklin au visage, le blessant grièvement. Il se dirige ensuite vers Daniel Rohrbough qui rampait pour descendre les escaliers et lui tire dans le dos à bout portant, le tuant. Il se dirige ensuite vers la cafétéria, certainement pour voir pourquoi les bombes au propane n'avaient pas explosé. Pendant ce temps, Harris tire sur plusieurs étudiants, blessant Anne-Marie Brad alors qu'elle tentait de fuir. Après quelques secondes, Klebold remonte l'escalier et rejoint Harris. Une enseignante, Patti Nielson, pensant que Harris et Klebold tournaient une vidéo amateur, se dirige vers eux avec l'étudiant Brian Anderson et les interpelle en leur demandant d'arrêter. Harris tire alors en direction de Patti Nielson, qui est blessée par des éclats de verre, avant de réussir à se réfugier dans la bibliothèque, où elle parvient à prévenir la police par téléphone. Brian Anderson est également blessé par des éclats de verre.
À 11 h 24, un premier officier de police se rend rapidement sur les lieux et échange des tirs avec Harris et Klebold. L'alerte est alors donnée et les autorités, bien que dépassées comme le montrent les enregistrements de leurs échanges radio, savent qu'une fusillade était en cours au lycée Columbine. Lorsque l'officier est à court de munitions, Harris et Klebold entrent dans l'école et se dirigent vers la cafétéria en traversant les couloirs, tirant sur ceux qu'ils rencontraient sans distinction : Stéphanie Munson à la cheville ainsi que Dave Sanders à la poitrine, ce dernier tentait de prévenir les étudiants de la bibliothèque[17]. Il meurt à 15 h, des suites d'une très grave hémorragie.
Massacre de la bibliothèque
À 11 h 29, les deux élèves pénètrent dans la bibliothèque où se cachaient alors sous les tables 52 étudiants et 2 professeurs dont l'enseignante Patti Nielson. Harris hurle « Get up! » (« Debout ! ») assez fort pour qu'il puisse être entendu sur l'enregistrement de l'appel que Patti Nielson passait alors à la police[18]. Des étudiants affirment avoir entendu Harris crier des choses telles que : « Everyone with white hats, stand up! This is for all the shit you've given us for the past four years! » (« Tout ceux avec des casquettes blanche, levez-vous ! C'est pour toutes les emmerdes que vous nous avez fait subir durant ces quatre dernières années ! » ; il était de coutume de porter une casquette blanche chez les sportifs du lycée de Columbine) ou encore « All jocks stand up! We'll get the guys in white hats » (« Tous les sportifs levez-vous ! Nous allons prendre les gars aux casquettes blanches »). Les deux étudiants tirèrent sur les élèves cachés sous les tables, discutèrent avec certains avant de les abattre ou de les laisser partir comme John Savage, un ami de Dylan, à qui ce dernier cria de partir ou encore Cassie Bernall à qui Eric aurait demandé : « Do you believe in God? » (« Crois-tu en Dieu ? »). La jeune fille lui aurait alors répondu qu'elle y croyait[19]. Eric tira alors, la tuant sur le coup ; le recul de l'arme lui casse le nez. Ils commettent dans ce lieu le plus grand nombre de victimes : 10 élèves périssent en 7 minutes. Ils lancent également plusieurs bombes, bien que nombre d'entre elles n'aient pas fonctionné. Ils évoquent alors l'idée de commencer à poignarder les étudiants : « Maybe we should start knifing people, that might be more fun. » (« Peut-être qu'on devrait commencer à poignarder les gens, ça serait plus drôle »).
À 11 h 42, les deux étudiants sortent de la bibliothèque, certainement à cause du nez de Harris qui saignait abondamment, mettant ainsi fin au massacre. Ils se rendent à la cafétéria qu'ils vandalisent puis errent dans les couloirs du lycée, terrorisant les élèves cachés dans leurs salles de classe ou dans les toilettes en les menaçant de mort mais sans toutefois se servir à nouveau de leurs armes.
Suicide des tireurs
À 12 h 00, les deux meurtriers retournèrent ensuite à la bibliothèque d'où toutes les victimes, excepté deux blessés, avaient fui. Après quelques échanges de coup de feu avec les policiers situés à l'extérieur, ils se suicidèrent à 12 h 08 d'une balle de pistolet dans la tête pour Klebold et d'une balle de fusil à pompe dans la bouche pour Harris. Les autorités signalèrent des bombes tuyaux à 13 h 00 et deux équipes d'intervention entrèrent dans l'école à 13 h 09 ; ils avancèrent de classe en classe, découvrant les élèves et les professeurs cachés. Tous les étudiants, les enseignants et employés de l'école furent emmenés, interrogés, puis soignés avant d'être transférés par autobus. Les policiers retrouvèrent les corps de la bibliothèque à 15 h 30.
À 16 h 00, le shérif fit une estimation initiale de 25 étudiants et enseignants morts. À 16 h 30, l'école fut déclarée sûre. Cependant, à 17 h 30, des agents supplémentaires furent appelés car des explosifs ont été trouvés dans la voiture de Klebold sur le parking. Le shérif décida alors de placer toute l'école comme scène de crime. Treize morts, y compris les tireurs, étaient encore à l'intérieur de l'école. À 22 h 45, la bombe de la voiture explosa quand un policier tenta de la désamorcer. La voiture fut endommagée, mais personne ne fut blessé.
Après la tuerie
Blessures et décès lors de l'incident initial 1. Rachel Scott, 17 ans, tué. 2. Richard Castaldo, 17 ans, blessé. 3. Daniel Rohrbough, 15 ans, tué. 4. Sean Graves, 15 ans, blessé. 5. Lance Kirklin, 16 ans, blessé. 6. Michael Johnson, 15 ans, blessé. 7. Mark Taylor, 16 ans, blessé. 8. Anne-Marie Hochhalter, 17 ans, blessé. 9. Brian Anderson, 16 ans, blessé. 10. Patti Nielson, 35 ans, blessé. 11. Stephanie Munson, 16 ans, blessé. 12. Dave Sanders, 47 ans, tué. Blessures et décès dans la bibliothèque 13. Evan Todd, 15 ans, blessé. 14. Kyle Velasquez, 16 ans, tué. 15. Patrick Ireland, 17 ans, blessé. 16. Daniel Steepleton, 17 ans, blessé. 17. Makai Hall, 18 ans, blessé. 18. Steven Curnow, 14 ans, tué. 19. Kacey Ruegsegger, 17 ans, blessé. 20. Cassie Bernall, 17 ans, tué. 21. Isaiah Shoels, 18 ans, tué. 22. Matthew Kechter, 16 ans, tué. 23. Lisa Kreutz, 18 ans, blessé. 24. Valeen Schnurr, 18 ans, blessé. 25. Mark Kintgen, 17 ans, blessé. 26. Lauren Townsend, 18 ans, tué. 27. Nicole Nowlen, 16 ans, blessé. 28. John Tomlin, 16 ans, tué. 29. Kelly Fleming, 16 ans, tué. 30. Jeanna Park, 18 ans, blessé. 31. Daniel Mauser, 15 ans, tué. 32. Jennifer Doyle, 17 ans, blessé. 33. Austin Eubanks, 17 ans, blessé. 34. Corey DePooter, 17 ans, tué. Décès des tireurs 35. Eric Harris, 18 ans, suicide, un seul coup de feu dans la bouche. 36. Dylan Klebold, 17 ans, suicide, une seule balle dans la tête. Le 21 avril, des démineurs ratissèrent l'école afin de trouver d'éventuelles bombes cachées. À 10 h 00, l'équipe de déminage déclara que le bâtiment était sûr. À 11 h 30, un porte-parole du shérif déclara qu'une enquête était lancée. À 14 h 30, une conférence de presse fut organisée par le procureur Thomas David et le shérif John Stone. Ceux-ci expliquèrent qu'ils suspectèrent que d'autres personnes ont aidé les adolescents à réaliser leur tuerie. Tout au long de l'après-midi et en début de soirée, les corps furent progressivement retirés de l'école et emmenés afin d'être identifiés et autopsiés. À 17 h 00, les noms de plusieurs des morts furent connus. Un communiqué officiel fut également publié en indiquant que 15 décès furent confirmés, ainsi que 27 blessés.
Le 30 avril, de hauts fonctionnaires du comté de Jefferson se réunirent pour décider s'ils devaient révéler l'existence du mandat de perquisition demandé par Michael Guerra un an plus tôt. Ils décidèrent de ne pas divulguer cette information lors d'une conférence de presse tenue le 30 avril. Au cours des deux années suivantes, le rapport original de Guerra et les documents du dossier d'enquête furent perdus. Leur perte a été qualifiée de « troublante » par un grand jury convoqué après avoir appris l'existence du fichier, en avril 2001[20].
Dans le mois suivant le massacre, une attention particulière fut portée sur Cassie Bernall, à qui l'un des deux tireurs aurait demandé « Crois-tu en Dieu ? ». Elle aurait répondu « oui » avant d'être tuée. Toutefois, l’existence de cette conversation fut controversée[19].
Raisons possibles du massacre
Beaucoup de débats ont eu lieu sur la motivation des assassins. Contrairement aux autres fusillades en milieu scolaire, il est difficile d'évaluer les raisons de ce crime du fait que les deux tireurs se soient suicidés. Les réponses ont été lentes à venir et il n'y a pas eu de procès grâce auquel les victimes auraient pu avoir une explication sur leur agression.
Psychopathie et la dépression
La première conclusion des enquêteurs fut que les deux adolescents s'étaient vengés de leurs « tyrans » qui les intimidaient depuis plusieurs années[21]. Une théorie similaire a été développée par Brooks Brown dans son livre sur le massacre, en notant que les enseignants fermaient souvent les yeux sur ce genre de pratique[22]. Selon des témoignages, des remarques homophobes ont été lancées envers Klebold et Harris[23].
Cinq années après l'évènement, le FBI et son équipe de psychologues et psychiatres, tel que le Docteur Frank Ochberg, ont rendu publiques leurs conclusions dans un article[24]. Ils ont fait valoir que Harris était un psychopathe atteint d'un complexe de supériorité et que Klebold était dépressif.
Jeux vidéo
Articles détaillés : Controverse autour du jeu vidéo et Super Columbine Massacre RPG!.Harris et Klebold étaient fans de jeux vidéo tels que Doom et Wolfenstein 3D. Harris créait des niveaux pour Doom qui ont été largement diffusés, et qui peuvent être encore trouvés sur internet. Les rumeurs selon lesquelles certains de ces niveaux ressemblaient au lycée de Columbine semblent fausses[25].
Lorsque les deux adolescents ont commencé à avoir des ennuis, leur temps de jeu sur ordinateur a diminué, la colère qu'ils projetaient dans ces jeux vidéo s'est alors projetée dans le monde réel[précision nécessaire]. C'est lorsque les deux adolescents ont été privés d'ordinateur pendant environ un mois qu'ils ont commencé à élaborer un plan pour attaquer l'école. Certains analystes[Lesquels ?] ont fait valoir qu'une partie du problème des tueurs a été la désensibilisation due à leur exposition constante à des images violentes dans les jeux vidéo, ainsi que la musique et les films.
Plusieurs poursuites infructueuses ont été déposées contre les fabricants de certains jeux vidéo : Sony America, AOL/Time Warner, ID Software, Atari, Sega of America, Virgin Interactive Media, Activision, Polygram Film entertainment Distribution, New Line Cinema, GT Interactive Software, Nintendo[26] à la suite de la fusillade de Columbine par les parents de certaines des victimes[27].
Facteurs environnementaux
Le climat social dans les écoles a été un sujet de discussion fréquent après les premières investigations. Il a été dit que Klebold et Harris ont été isolés du reste de leurs camarades de classe, ce qui a renforcé leur sentiment d'impuissance, d'insécurité et de dépression, ainsi que d'un fort besoin d'attention. Cela a été mis en doute, car Harris et Klebold avaient un cercle étroit d'amis avec lesquels ils sortaient régulièrement le week-end[24]. Durant les semaines suivant la fusillade, les rapports des médias sur les deux élèves les montrent comme faisant partie d'un culte gothique[28]. Harris et Klebold étaient considérés comme faisant partie d'un club appelé la « mafia Trenchcoat ». Plus tard, ce qualificatif a été considéré comme erroné[29].
La musique, principalement le heavy metal (ou la « musique noire ») et des groupes comme KMFDM ou Marilyn Manson ont été mis en cause[30],[31],[32]. Il a été montré plus tard que les deux adolescents n'étaient pas des fans de ces groupes.
Choix de la date
En raison de l'ambiguïté des traces écrites de leur planification, de nombreuses théories existent encore sur le choix de la date. Une théorie affirme que la date initialement choisie était le 19 avril. Cette date correspondait à l'anniversaire de l'attentat d'Oklahoma City et l'immolation des « Branch Davidians » à Waco. Les deux adolescents avaient en effet mentionnés dans leur vidéo qu'ils voulaient « faire mieux » que ces deux évènements. Cependant, en raison des retards dans la fabrication des bombes au propane et à l'acquisition des munitions, la date a été reportée au 20 avril. Cette date coïncide avec l'anniversaire d'Adolf Hitler, conduisant à des spéculations selon lesquelles les deux étudiants étaient des néo-nazis[30].
Impact
Sécurité à l'école
Article connexe : Discipline scolaire aux États-Unis.Suite à la fusillade de Columbine, les écoles à travers les États-Unis ont instauré de nouvelles mesures de sécurité telles que la fouille des sacs à dos, des détecteurs de métaux et des gardes de sécurité. Plusieurs écoles dans tout le pays ont mis en place un système de code d'identification généré par ordinateur pour chaque étudiant[33].
Effets à long terme
Les services de police ont réévalué leurs tactiques ainsi que leur formation pour les situations similaires à Columbine. En effet, la vitesse et les techniques d'intervention du SWAT ont été critiquées. La police a suivi la tactique traditionnelle à Columbine, à savoir entourer le bâtiment puis mettre en place un périmètre afin de limiter les dégâts. Cette approche a été remplacée par une tactique qui prend en compte la présence d'un tireur actif dont l'intérêt est de tuer et non pas de prendre des otages. Les agents ont pour but de repérer et de neutraliser le tireur à tout prix avant qu'il ne fasse d'autres victimes. Dave Cullen, auteur du livre Columbine, a déclaré que « Ce nouveau protocole a été couronné de succès au cours des fusillades de la dernière décennie. À Virginia Tech, il a probablement sauvé des dizaines de vies[34]. »
Contrôle des armes
Le massacre a suscité beaucoup d'attention concernant le contrôle des armes à feu. En 2000, des législations fédérales ont été mises en place requérant des verrous de sécurité sur les armes à feu ainsi que l'interdiction de l'importation des magasins de munitions en grande capacité. Bien que des lois aient été adoptées interdisant aux criminels et aux mineurs d'acheter des armes, il y a eu une controverse considérable sur la législation relative à la vérification des antécédents à des expositions d'armes. De nouveaux débats ont été ouverts entre le National Rifle Association (lobby américain ayant pour but de promouvoir les armes à feu aux États-Unis) et la restriction qu’engendre ces nouvelles lois sur le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis[35],[36].
Mémorial de Columbine
En 2000, le défenseur de la jeunesse et avocate Melissa Helmbrecht a organisé un événement souvenir à Denver avec deux élèves survivants appelé la « Journée de l'espoir »[37],[38].
Un mémorial permanent pour commémorer la fusillade du 20 avril 1999 et honorer les victimes a été érigé le 21 septembre 2007 à Clement parc, la prairie voisine où des mémoriaux improvisés ont été placés quelques jours après le massacre[39].
Notes et références
- (fr) Rémi Vermont - 14 avril 2009 De Columbine a Winnenden le jeu vidéo comme bouc émissaire sur fluctuat.net. Consulté le 25 mars 2011
- (en) Janelle Brown, « Doom, Quake and mass murder » sur salon.com, 23 avril 1999. Consulté le 25 mars 2011
- (en) Henry Jenkins, « Lessons from Littleton » sur nais.org nais.org, 2000. Consulté le 25 mars 2011
- (en) Eric Harris' Webpages sur acolumbinesite.com. Consulté le 25 mars 2011.
- « Columbine » The final report. Saison 1, épisode 9
- (en) District attorney releases Columbine gunman's juvenile records sur rcfp.org, 6 novembre 2002. Consulté le 25 mars 2011.
- (en)Journals, Notebooks and Diaries
- (en)Eric Harris's DOOM II Wads & Quake Levels
- (en) Police Reports for Eric Harris and Dylan Klebold sur acolumbinesite.com. Consulté le 25 mars 2011.
- (en) Columbine shooter was prescribed antidepressant sur CNN, 29 avril 1999. Consulté le 25 mars 2011.
- (en) Americas Columbine killers planned to kill 500 sur Bbc news, 27 avril 1999. Consulté le 25 mars 2011.
- (en) The Columbine Basement Tapes sur acolumbinesite.com. Consulté le 25 mars 2011.
- (en) Dan Luzadder, « Loophole protects Columbine 'witness' » sur denver.rockymountainnews.com, 3 octobre 1999. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Americas Columbine gun supplier jailed sur BBC news, 13 novembre 1999. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Duran gets prison term sur denver.rockymountainnews.com. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Diagram of events sur CNN. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Science teacher died a hero sur denver-rmn.com. Consulté le 26 mars 2011.
- enregistrement audio de l'appel au 911 sur i.cnn.net. Consulté le 26 mars 2011.
- (en)Columbine Student Cassie Bernall Said "Yes" When Asked By One of the Shooters if She Believed In God
- (en) Columbine Grand Jury Report sur media.mnginteractive.com. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Sandra G. Boodman, « Gifted and Tormented » sur washingtonpost.com, 16 mai 2006. Consulté le 26 mars 2011.
- Brooks Brown et Rob Merritt, No Easy Answers-sous-titre=The Truth Behind Death at Columbine, New York, Lantern Books, 2002 (ISBN 978-978-1-59056-031-0)
- (en) Columbine Students Talk of the Disaster and Life sur partners.nytimes.com, 30 avril 1999. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Dave Cullen, « The Depressive and the Psychopath » sur slate.com, 20 avril 2004. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) The Harris Level sur snopes.com. Consulté le 26 mars 2011.
- http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/1295920.stm Des familles de victimes de Columbine poursuivent des fabricants de jeux vidéo :
- (en) Columbine families sue computer game makers sur BBC News, 1er mai 2001. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) For Those Who Dress Differently, an Increase in Being Viewed as Abnormal, 1er mai 1999. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Inside the Columbine High investigation, 23 septembre 1999. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Ann Powers, « The Nation; The Stresses of Youth, The Strains of Its Music », 25 avril 1999. Consulté le 26 mars 2011
- (en) Never mind the headlines... sur BBC News, 9 février 2001. Consulté le 26 mars 2011
- (en) Lisa Respers France, « Columbine left its indelible mark on pop culture » sur edition.cnn.com, 20 avril 2009. Consulté le 26 mars 2011
- (en) Gary Tuchman, « Drills, new security measures mark return to schools » sur edition.cnn.com, 16 août 1999. Consulté le 26 mars 2011
- (en) The Four Most Important Lessons of Columbine, 29 avril 2009. Consulté le 26 mars 2011
- (en) Clinton pushes Congress to pass new gun control legislation, 7 mars 2000. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Colorado Kills Gun Laws, 17 février 2000. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Boy In The Window Won't Look Back, 14 avril 2000. Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Trent Seibert, « Young leaders to rally around volunteerism ». Consulté le 26 mars 2011.
- (en) Columbine Memorial. Consulté le 26 mars 2011.
Annexes
Articles connexes
- Bowling for Columbine de Michael Moore (2002), documentaire contre la vente libre des armes.
- Elephant de Gus van Sant (2003), sur la vie habituelle d'un lycée avant un pareil drame.
- Tuerie de l'École Polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989.
- Fusillade de l'Université Virginia Tech, le 16 avril 2007.
Liens externes
- (en) Vidéo de l'évacuation de l'école, Seconde vidéo de l'évacuation de la CNN
- (en) Vidéo d'hommage aux étudiant de Columbine
- (en) Diagramme des déplacements de Eric Harris et Dylan Klebold
- (fr) Documentaire Lundi investigation Partie 1, Partie 2 et Partie 3
- (en) Le massacre de Columbine High
- (fr) « Columbine, dix ans après », Le Monde, 20 avril 2009
Bibliographie
- (en) Dave Cullen, Columbine, Twelve, 2009 (ISBN 978-0446546935)
- (en) Ralph W. Larkin, Comprehending Columbine, Temple University Press, 2007 (ISBN 978-1592134915)
- (en) Justin Watson, The Martyrs of Columbine : Faith and the Politics of Tragedy, Saint Martin's Press Inc., 2002 (ISBN 978-0312239572)
Catégories :- Tuerie en milieu scolaire aux États-Unis
- 1999 aux États-Unis
- Comté de Jefferson (Colorado)
Wikimedia Foundation. 2010.