François Brigneau

François Brigneau
François Brigneau
Autres noms Julien Guernec, Mathilde Cruz, Caroline Jones
Activités écrivain, journaliste, militant politique (extrême-droite)
Naissance 30 avril 1919
Concarneau
Mouvement Hussards
Genres roman, roman policier, chroniques, pamphlet
Distinctions Grand prix de littérature policière (1954)

François Brigneau, de son vrai nom Emmanuel Allot, est un journaliste, écrivain, éditeur et militant d'extrême droite français né le 30 avril 1919 à Concarneau (Finistère). Il a également utilisé le pseudonyme de Julien Guernec et signé certains articles de noms de plume féminins comme Mathilde Cruz ou Caroline Jones.

Sommaire

Biographie

Issu d'une famille sympathisante de gauche ayant hébergé dans les années 1930 un socialiste autrichien et des Juifs d'Allemagne réfugiés[1], fils d'un instituteur socialiste, dont il partagea les idées politiques, il adhère au « Frontisme » de Gaston Bergery en 1937[2]. Il vend alors La Flèche, le journal du mouvement, à la criée[3].

Il s'oriente vers la Collaboration durant la Seconde Guerre mondiale. Emmanuel Allot était également un grand admirateur de Robert Brasillach, qu'il rencontra durant l'Occupation et côtoya plus tard à la prison de Fresnes. Le lendemain du débarquement allié en Normandie, il s'engage dans la Milice[4]. Un demi-siècle plus tard, « il tire une certaine gloire » de cet engagement[5]. Arrêté, il est condamné pour faits de collaboration. Il sort de prison au bout d'un an et se marie à la nièce de Georges Suarez[6].

Il entame ensuite une carrière dans la presse, en prenant tout d'abord le pseudonyme de Julien Guernec. Il est l'ami du romancier et journaliste Antoine Blondin[7] et tente lui-même une carrière littéraire, étant alors rattaché au courant des Hussards. Il se spécialise un temps dans les chroniques humoristiques rédigées en argot parisien. Il prend le pseudonyme de François Brigneau pour entamer une carrière dans la presse à grand tirage, son premier pseudonyme étant désormais trop connu et marqué politiquement. En 1954, il obtient le Grand prix de littérature policière pour son polar La Beauté qui meurt.

Il a écrit pour Paroles françaises, journal du Parti républicain de la liberté détenu par André Mutter, La Dernière lanterne, Indépendance française, France dimanche, Le Rouge et le noir, Constellation, La Fronde, Rivarol, Ciné monde, L'Auto-Journal. Il a été ensuite rédacteur en chef à Semaine du Monde, éditorialiste à Télé Magazine, grand reporter à Paris Presse, L'Intransigeant et à L'Aurore et enfin collaborateur à Minute. Ses éditoriaux vengeurs, souvent dirigés contre le président Charles de Gaulle, contribuèrent à faire la réputation du journal. Il est un temps rédacteur en chef de Minute et en demeure l'éditorialiste vedette jusqu'au milieu des années 1980.

Participant au comité de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, lors de l'élection présidentielle française de 1965, il est ensuite membre du mouvement Ordre nouveau[8], puis cofondateur du Front national[9], dont il est de 1972 à 1973 le vice-président. Il s'éloigne ensuite du Front national lors de la scission qui voit une partie de ses membres fonder le Parti des forces nouvelles[10] (PFN). Il se rapproche plus tard à nouveau du FN, sans pour autant faire partie de l'appareil du parti. Il a collaboré en tant qu'éditorialiste, dans les années 1980 et 1990, à l'hebdomadaire National-Hebdo, dont la rédaction est domiciliée dans les locaux du Front national. Il fut également le responsable de la rubrique télévision de National-Hebdo, signant ses articles du pseudonyme féminin de Mathilde Cruz.

François Brigneau a également compté parmi les fondateurs du quotidien Présent, mais il s'en est éloigné en 1985 à la suite d'un désaccord avec le directeur de la rédaction Jean Madiran.

François Brigneau s'emploie régulièrement dans ses éditoriaux à dénoncer l'influence exercée selon lui par la communauté israélite. Il fut plusieurs fois condamné pour écrits antisémites par la 17e chambre correctionnelle de Paris, notamment le 25 mai 1979 suite à des propos enregistrés à son insu[11] ou encore le 16 mai 1989[12], lorsqu'il fut condamné à 130 000 francs d'amende avec sursis, à verser 10 000 francs à Anne Sinclair, 15 000 francs à Philippe Alexandre, un franc symbolique à la LICRA et à publier le jugement dans neuf journaux. François Brigneau avait qualifié Philippe Alexandre de « marchand de bretelles à RTL, juif assimilé de tendance centriste », Anne Sinclair de « marchande de soutiens-gorge à TF1, juive mal assimilée de tendance socialiste ».

En 1992, lors de l'acquittement de Paul Touvier (condamné par la suite à la réclusion criminelle à perpétuité), François Brigneau écrit :

« En 1945, les crimes commis par les Français qui s'étaient rebellés contre le gouvernement légitime et légal de leur pays furent absous, quelle que fût leur horreur […] et celle-ci ne manqua pas. En revanche, les crimes commis par les Français obéissant aux ordres du gouvernement légitime et légal de leur pays continuèrent d'être poursuivis et condamnés, longtemps après la Libération. […] La vraie revanche de l'humanité sur le crime, c'est la chambre d'accusation qui vient de la prendre. Elle a blanchi et libéré Touvier. […] Quant à moi, après ma mort, conclut M. Brigneau, je voudrais qu'une plaque fût apposée sur ma maison. On lirait ces mots : “Ici, pendant la chasse à l'homme, Paul Touvier et les siens furent reçus chaque fois qu'ils le désirèrent”[13]. »

Lorsqu'éclata, fin 1998-début 1999, la crise entre partisans de Jean-Marie Le Pen et ceux de Bruno Mégret, entre lesquels il ne voulait choisir, François Brigneau se résolut à quitter National-Hebdo et se brouilla avec Jean-Marie Le Pen, dont il était pourtant l'un des meilleurs amis. Après cette semi-retraite involontaire, il a toutefois continué d'assurer une chronique régulière dans Le Libre Journal de la France Courtoise[14], publication « décadaire » animée par Serge de Beketch.

François Brigneau a également animé plusieurs structures d'édition, les Éditions du clan dans les années 1960, puis les Publications F.B., qui ont édité ses propres livres et ceux d'auteurs de la même mouvance de pensée, comme Les Mémoires de Porthos, souvenirs de l'ancien milicien Henry Charbonneau. Ayant cessé au début 1998 les activités des Publications F.B., il publie ensuite plusieurs livres sous le label Auto-édition F.B..

Pour les élections européennes de juin 2009, François Brigneau écrit avoir été tenté de voter pour la « liste anti-sioniste » conduite par Dieudonné[15].

En 2010, une polémique éclate dans le monde du polar, à cause de la décision des Éditions Baleine (plutôt rangées à l'extrême-gauche et ayant publié la collection Le Poulpe) de rééditer le roman policier de Brigneau, Faut toutes les buter. En réaction à cette décision, plusieurs auteurs du Poulpe (dont Didier Daeninckx) ont décidé de se retirer des éditions Baleine, protestant contre les convictions politiques de François Brigneau[16],[17]. D'autres auteurs, dont Serge Quadruppani et Gérard Delteil, ont critiqué cette pétition en soulignant notamment qu'elle faisait de la publicité au livre de Brigneau[18].

Œuvres

Il est l'auteur de plusieurs livres, dont certains ont été publiés sous le pseudonyme de Julien Guernec.

  • J'ai descendu un flic, éd. Froissart, 1947
  • Les propos de Coco-Bel-Oeil, Froissart, 1947
  • Belles amies du temps passé, Froissart, 1949
  • Paul Monopol, Jean Froissart, 1949 (réédité sous le titre Faut Toutes Les Buter, Nouvelles presses mondiales, 1954; éd. Baleine, 2010)
  • La beauté qui meurt, André Martel, 1953 (Grand prix de littérature policière en 1954)
  • L'Aventure est finie pour eux, Gallimard, 1960
  • Deux femmes, Albin Michel, 1963
  • Mon après-guerre, Éditions du Clan, 1966
  • Mon village à l'heure socialiste, La table ronde, 1982
  • Jules l'imposteur (avec une préface de Jean Madiran), 2e édition : Éditions Dominique Martin Morin, Bouère, octobre 1983. 180 p.
  • Le Notaire de Concarneau, éd. Martel, 1985 ; rééd. La Découvance, 2001
  • Le Criminel de guerre, éd. Martel, 1985
  • 1792-1794 : La Terreur, mode d'emploi, Publications F.B., 1991, 384 p.
  • Collection « Mes Derniers cahiers » (Publications F.B., vingt-trois volumes)
    • Première série :
      • n° 1 : Pour saluer Mgr Lefebvre, juin 1991, 64 p.
      • n° 2 : Un certain racisme juif : dénoncé par un fils de rabbin, septembre 1991, 72 p.
      • n° 3 : Philippe Pétain : Le chef de guerre – Le chef de paix – Le chef de l'État nouveau – Le théoricien de la Révolution Nationale – Le maudit : Quarante ans après sa mort, 1991, 80 p.
      • n° 4 : La haine anti-Le Pen : L'explosion du 2 novembre 1996 – L'affaire du « Détail » – La journaliste qui venait du show – Le montage de Carpentras – Citations au champ du déshonneur, 1992, 80 p.
    • Deuxième série :
      • n° 1 : Mais qui est donc le professeur Faurisson ? : Une enquête, un portrait, une analyse, quelques révélations, 1992, 80 p.
      • n° 2 : Le jour où ils tuèrent Philippe Henriot, septembre 1992, 72 p.
      • n° 3 : Devine qui vient télédiner ce soir ?!? : Premiere service (copieux) : d'ALEXANDRE Philippe à HANIN Roger, janvier 1993, 72 p.
      • n° 4 : L'interrogatoire : Une histoire ambiguë sur l'antisémitisme, la guerre, l'amour, la vieillesse, la mort et la tendresse homme-chien, 1993, 72 p.
    • Troisième série :
      • n° 1 : Devine qui vient télédiner ce soir ?!? : Deuxième service : de Michel HONORIN à F.-H. DE VIRIEU, septembre 1993, 72 p.
      • n° 2 : « Mon » Affaire Dreyfus
      • n° 3 : 75 ans... : Un cahier anniversaire : Réponses à Anne Le Pape, avril 1994, 72 p.
      • n° 4 : À Fresnes au temps de Robert Brasillach : 1. * La nuit du 16 octobre 1944, ** Cellule 348, Première division, septembre 1994, 72 p.
    • Quatrième série :
      • n° 1 : À Fresnes au temps de Robert Brasillach : 2. Un rude hiver, octobre 1994, 72 p.
      • n° 2 : À Fresnes au temps de Robert Brasillach : 3. * Avant le procès, ** Le procès, *** La mise à mort, décembre 1994, 88 p.
      • n° 3 : Le vote juif, juillet 1995, 80 p.
      • n° 4 : Le retour des morts-vivants : Attention ! La gauche revient et l'extrême-gauche arrive : Chronique des temps actuels, janvier 1996, 96 pages.
    • Cinquième série :
      • n° 1 : En réaction... – Trois histoires insolites, cruelles et politiquement incorrectes., avril 1996, 84 p.
      • n° 2 : Le tartuffe du porno : L'affaire Jourdain, septembre 1996, 96 p.
      • n° 3-4 : Le racisme judiciaire (1944-1997) : Lettre à M. Toubon, ministre de la Justice, garde des Sceaux, février 1997, 152 p.
    • Sixième série :
      • n° 1 : Un hold-up raté : Mon journal pendant la campagne électorale (Avril, mai, juin 1997), juillet 1997, 120 p.
      • n° 2 : Xavier Vallat et la Question juive : Pour le cinquantième anniversaire de son procès en Haute Cour, septembre 1997, 112 p.
      • n° 3 : Avant de prendre congé : Réponses à Anne Le Pape (première partie), mars 1998, 88 p.
      • n° 4 : Avant de prendre congé : Réponses à Anne Le Pape (deuxième partie), juin 1998, 88 p.
  • De moi-mézigue à Coco-bel-œil (Publications F.B., 1995)
  • Jean-Marie m'a tuer, Auto-Édition F.B., novembre 1999. 328 p.
  • Mon journal de l'an 2000, Auto-Édition FB, mars 2001. 360 p.
  • Si Mussolini était conté, Auto-Édition FB, 2006

Bibliographie

  • Francis Bergeron et Ph. Vilgier, De Le Pen à Le Pen : une histoire des nationaux et des nationalistes sous la Ve République, DMM, 1986
  • Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France, Presses universitaires de Lyon, 1992

Notes

  1. Témoignage dans Si Mussolini était conté, Auto-éditions FB, 2006, p.24).
  2. Dominique Venner, Guide de la politique, Balland, 1972, p. 103
  3. Premier chapitre de 1939-1940 : L'Année terrible, Publication FB, 1990.
  4. Michel Winock (dir.), Histoire de l'extrême droite en France, éd. du Seuil, « Points-histoire », 1994, p. 17
  5. « Le petit monde de la presse “amie” », Le Monde, 9 février 1992.
  6. Emmanuel Ratier, Encyclopédie politique française, tome 1.
  7. Blondin le cite parmi les dédicataires de son roman L'Europe buissonnière : « J'ai écrit ce livre dans l'espoir de faire plaisir à mes amis. Je veux y associer le nom de Julien Guernec (sans qui je ne l'aurais jamais commencé) et celui de Michel Déon (sans qui je ne l'aurais jamais terminé). Je le dédie à : André Fraigneau, en gage de profonde admiration. »
  8. On le voit ainsi à la tribune d'un meeting d'ON, en compagnie de représentants du NPD allemand (cf. Journal de 13H, ORTF, 10 mars 1971).
  9. On aperçoit François Brigneau en compagnie de Roger Holeindre et de Jean-Marie Le Pen au cours d'une discussion diffusée par l'ORTF en 1973 (cf. JT de 13 heures, ORTF, 16 janvier 1973).
  10. Photographie d'un meeting du PFN, tenu en novembre 1974 à Paris
  11. Il fut condamné avec pour attendu « a encouragé les lecteurs à penser que les Juifs sont incapables d'agir ou de participer à la politique du pays comme un citoyen normal et qu'ils sont les auteurs de machinations occultes » (cf. Jean-Jacques Servan-Schreiber, lors de l'émission L'Heure de vérité, le 13 février 1984. Propos retranscrits en annexe de Jean-Marie Le Pen, Les Français d’abord !, éd. Carrere, p. 232). Anne Kling, militante « identitaire » et auteur d'un livre critique sur la LICRA, relève que ces propos avaient été enregistrés à son insu par deux journalistes (cf. « Quelques procès de la LICRA », blog d'Anne Kling, 31 janvier 2007)
  12. « Pour injures et provocation à la haine raciale — M. François Brigneau est condamné à un total de 130 000 F d'amende avec sursis », Le Monde, 20 mai 1989
  13. National Hebdo, 16 avril 1992.
  14. Articles de François Brigneau
  15. cité dans Faits et documents, publication d'Emmanuel Ratier, 15 au 31 mai 2009
  16. « Un os brun aux éditions Baleine », Libération, 20 février 2010.
  17. « Guerre dans le polar : l'éditeur du Poulpe publie un auteur fasciste », Rue89, 20 février 2010
  18. « Le BHL de l'antifascisme a encore frappé », blog de Serge Quadruppani, 19 février 2010

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article François Brigneau de Wikipédia en français (auteurs)

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