- Franz Olivier Giesbert
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Franz-Olivier Giesbert
Franz-Olivier Giesbert (18 janvier 1949 à Wilmington dans le Delaware aux États-Unis) est un journaliste, biographe et romancier français.
Sommaire
Chronologie
- 1971 : diplômé du Centre de formation des journalistes.
- 1968-1971 : collaborateur aux pages littéraires du quotidien Paris-Normandie.
- 1971-1979 : il entre dans le service du Le Nouvel Observateur en étant successivement rédacteur au service politique puis grand reporter (1979), chef du service politique (1981) et enfin directeur de la rédaction en 1985.
- 1988-2000 : directeur de la rédaction du quotidien le Figaro.
- 1992-1993 : éditorialiste hebdomadaire à Europe 1.
- 1996-2000 : directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Le Figaro Magazine.
- 1997-2001 : présentateur du magazine littéraire et culturel « Le Gai savoir » sur Paris Première.
- 2000 : administrateur de l’Établissement public du Musée du Louvre.
- 2000 : directeur du Point.
Biographie
Né le 18 janvier 1949 à Wilmington (Delaware, États-Unis), Franz-Olivier Giesbert est issu, côté paternel, d’une famille d’origine allemande et juive immigrée aux États-Unis à la veille de la 1re Guerre mondiale et, côté maternel, d’une famille normande et catholique dirigeant à Elbeuf une importante imprimerie régionale. Avec une mère professeur de philosophie et un père dessinateur commercial passé par l’Art Institut of Chicago, il est éduqué dans un milieu intellectuellement élevé mais touché par la violence d’un père traumatisé par son débarquement en Normandie. Il fréquente le club, Le Siècle.
Franz-Olivier Giesbert est végétarien par conviction. Le 21 mai 2007, il a expliqué dans Regarde les hommes changer, l'émission quotidienne de Frédéric Taddeï sur Europe 1, que cette prise de conscience s'est élaborée sur sa sensibilité devant la souffrance animale. Toutefois, dans son livre autobiographique L'Américain il se déclare "à moitié végétarien, à moitié comme tout ce que je fais."
Une socialisation politique de gauche
Sous l’influence d’une mère très croyante, il suit une éducation religieuse dont il tire un fort attachement à la foi catholique et un vif intérêt pour les réformes de l’Église de Jean XXIII (il tient d'ailleurs une chronique régulière aujourd'hui dans Le Pèlerin). Politiquement, il est baigné dans une famille nettement ancrée à gauche qui l’élève « dans la haine de l’argent et de l’apparence[1]», des patriotes et des patrons, de l’armée et de la colonisation. Sa mère est une rocardienne[2] devenue adjoint au maire PS de Lisieux. Sa socialisation politique passe donc par la lecture de la presse de gauche non-communiste (Der Spiegel, L'Express, France Observateur, Le Canard enchaîné).
Ainsi, si dans sa préadolescence, il se veut, par réaction au père, un partisan déclaré de l'Algérie Française, il marque, à l’arrivée de l’âge adulte, un attrait pour le communisme sans pour le moins « devenir complètement communiste[3]». Cette sensibilité se retrouve en 1968 à Caen où il aurait appartenu aux Cercles Rouges, vitrine légale de la JCR[4], durant ses études de droit. Il est alors orienté dans cette filière par sa mère dans l’optique de passer l’ENA ou le diplôme d’avocat.
Une vocation au journalisme très précoce
Mais, comme l’illustrait au lycée d’Elbeuf sa participation à un journal d’école (Le Crotale) ou sa collaboration, dès l'âge de 19 ans et jusqu'à 22 ans, aux pages littéraires de Paris-Normandie, il exprime plutôt une préférence pour le journalisme. Il faut dire qu'il peut publier, dans la page littéraire de Paris Normandie, des entretiens avec Louis Aragon, Henry de Montherlant, Jules Romains, Maurice Genevoix, Alain Robbe-Grillet, etc[5]. La possession par sa famille maternelle d’actions au sein de ce quotidien fait d’ailleurs qu’à peine son bac passé, on lui y offre un poste de rédacteur en chef-adjoint.
Mais refusant ce mode de promotion, il choisit d’obtenir par son propre mérite une légitimité journalistique. Ainsi, il entre en 1969 au Centre de formation des journalistes, où il se lie entre autres avec Patrick Poivre d'Arvor. Marqué par les enseignements de François Furet, de Jacques Julliard ou de Gilles Martinet, il s’oriente naturellement vers Le Nouvel Observateur et va jusqu’à refuser un stage au Monde pour pouvoir s’y former. C'est ainsi, qu’alors que la vente des parts familiales à Robert Hersant lui ôte toute perspective du côté de Paris-Normandie, il effectue durant l’été 1971 son stage au service Notre époque.
Débuts au Nouvel Observateur
Dès la rentrée 1971, il est recruté au service politique sur recommandation de Jacques Ozouf, alors à la recherche de jeunes journalistes susceptibles de le professionnaliser.
Y publiant comme premier papier une interview de Michel Rocard, il crée vite avec Jean Daniel une bonne entente qui lui permet d’être présenté à nombre des connaissances du directeur de la rédaction. Il publie aussi plusieurs papiers sur la presse mais aussi sur Edgar Faure qu’il fréquente beaucoup. À partir du printemps 1972, il se met à traiter la gauche et des “affaires” de la droite. Après les élections législatives de mars 1973, il prend en charge la droite et l’exécutif. Enfin, il récupère à partir de janvier 1974 la gauche et notamment le PS, abandonné par Marcelle Padovani en mars. Cela ne l’empêche pas de traiter parfois du PCF jusqu’à l’arrivée d’Irène Allier en septembre 1977. Mais il est essentiellement attaché à la gauche non communiste dont il interviewe deux fois le leader en l’espace de deux mois. Les autres leaders à qui il donne la parole présentent plutôt un profil réformiste comme Edgar Faure à droite ou, à gauche, des radicaux de gauche et des sociaux-démocrates comme Jacques Delors et Pierre Mauroy (16 juin 1975 ; 26 juillet 1976). Ses liens avec ce dernier sont alors si importants qu’il se définit comme "mauroyiste". Pris sous l’aile de l’équipe du numéro deux du PS, il se retrouve dans la chaleur, le pragmatisme et le souci d’unité qui y règnent.
Avec le maire de Lille Lucien Rioux, il rédige Les Héritiers de l’Avenir (Stock, 1977), y défendant la crédibilité du Programme commun à travers celle du modèle économique soviétique[6]. Mais il ne cache pas sa fascination pour le député de la Nièvre dont il publie une biographie (François Mitterrand ou la Tentation de l'Histoire) au Seuil en mars 1977. Le portrait positif qu’il en dégage « peut-être interprété, du moins par les lecteurs sensibilisés qui connaissaient Le Nouvel Observateur – de près comme un exercice objectif, distancié, non partisan parce que le journaliste « intellectuel » supposé libéré de certaines contraintes est libre de ce qu’il écrit […] – de loin, comme une hagiographie, un travail de courtisan, embellissant la réalité[7]». Ce livre lui vaut pourtant un vif ressentiment de la part du premier secrétaire, ce dernier lui en voulant pour quelques indiscrétions ressenties comme une trahison.
Ses relations avec Mitterrand alternent alors entre périodes de froid et de réconciliation même si lui-même participe à la construction médiatique de Michel Rocard. Interviewant cinq fois l’ancien leader du PSU en un peu plus de deux ans (mai 1977 - septembre 1979), il couvre avec attention ses déplacements en province (« Rocard chez les sudistes », 19 mars 1979) ou à l’étranger (« Rocard à Washington », 9 juin 1980). Mais il donne aussi la parole à un écologiste comme Brice Lalonde à la veille des élections de 1977 et de 1978 ainsi qu’à des leaders du CERES. Il apparaît ainsi comme le moins politisé du service politique, un « OVNI » sans grandes convictions.
Un bref séjour aux États-Unis comme grand reporter
Lassé de la politique française, il souhaite devenir correspondant aux États-Unis. Il prend alors contact à L'Express avec Olivier Todd qui lui obtient une proposition d’embauche de la part de Jimmy Goldsmith. Mais après en avoir fait part à Jean Daniel et Claude Perdriel, il est finalement promu « grand reporter » (septembre 1979) puis correspondant aux États-Unis en janvier 1980.
À la suite du départ de Thierry Pfister pour le cabinet de Pierre Mauroy (mai 1981), il est rappelé à Paris pour prendre la tête du service politique.
Des postes à responsabilité
Nommé rédacteur en chef après la mort d’Hector de Galard (1985), il quitte le Nouvel Observateur le 8 septembre 1988 pour Le Figaro, quotidien alors emblématique du Groupe Hersant.
De 1998 à juin 2000, il est directeur des rédactions et membre du directoire du Figaro.
Il quitte ses fonctions en septembre 2000, et entre à l’hebdomadaire Le Point en qualité de directeur, sous l'influence de son fondateur Claude Imbert, en remplacement de Jean Schmitt. Il croit dans les valeurs du travail d'équipe, aussi il s'entoure de Michel Colomès, directeur de la rédaction et de Michel Richard comme directeur adjoint. Avec Philippe Bertrand, son directeur artistique, il décide de moderniser la maquette. Il fait évoluer la dernière partie du magazine pour attirer plus de lectrices. Car, les études montrent que les femmes commencent leur lecture plus que les hommes par la fin.
PDG depuis 2003 du groupe SEBDO Le Point, il a permis au magazine de connaitre un nouvel essor commercial notamment auprès des catégories socioprofessionnelles les plus élevées. Misant sur une politique économiquement de droite, les couvertures de l’hebdomadaire sont volontairement de plus en plus agressives.
Franz-Olivier Giesbert a également présenté et dirigé une émission hebdomadaire littéraire sur la chaîne câblée Paris Première, intitulée Le Gai Savoir, dont il a été récompensé par le prix Richelieu de l’association de la Défense de la Langue Française en mars 1999.
D'octobre 2001 à mi-2006, il a présenté l'émission littéraire Culture et Dépendances sur France 3.
De septembre 2006 à mi-2009, il présente l'émission politique Chez FOG sur France 5.
À la rentrée 2009, il présente l'émission d'actualité culturelle Vous aurez le dernier mot sur France 2, le vendredi à 23h05 produite par Marc-Olivier Fogiel.
Controverses
La Tragédie du président
Certains hommes politiques ou observateurs se sont émus du caractère particulièrement critique de son dernier essai intitulé la Tragédie du président, paru en mars 2006. Franz-Olivier Giesbert y révèle en effet certains aspects de la vie privée de Jacques Chirac, profitant, selon ses détracteurs, de vingt ans de proximité avec celui-ci pour révéler des secrets bien gardés.
L'auteur a répondu à ces critiques en affirmant que si un homme politique souhaite garder sa part d'ombre, il ne doit pas fréquenter les journalistes, dont le métier est de faire la lumière sur tout.
Un article complaisant du Point
Le 11 avril 2007, Franz-Olivier Giesbert est entendu par la police pour la publication en 2005 d'un article complaisant de son journal Le Point sur le milliardaire libanais Iskandar Safa, recherché par la Justice[8]. Marc Francelet, un collaborateur du Point aurait été payé 150 000 euros pour mettre en contact l'homme d'affaire libanais et le journal afin d'écrire un article élogieux alors que Iskandar Safa était en pleine tourmente judiciaire. Quelques jours plus tard, Marc Francelet a été mis en examen pour corruption et détenu pendant deux semaines.
Suite à ces révélations La société des rédacteurs du Point, dans un communiqué interne, s'est dite « consternée » et a demandé à la direction du magazine « qu'à l'avenir, ce genre d'informateur n'ait pas, comme c'était le cas, porte ouverte au Point ».
Prix Renaudot 2007
Le 7 novembre 2007, Franz-Olivier Giesbert a été accusé par Christophe Donner, favori pour l'obtention du prix, d'avoir « manipulé » les délibérations du jury du Prix Renaudot au profit de Daniel Pennac qui l'a finalement emporté.[9] Giesbert a nié avoir manipulé les délibérations.
Romans
- Le lessiveur, 2009
- Le Huitième Prophète, 2008, éditions Gallimard
- L'Immortel, 2007;
- L’Américain, 2004 ;
- L’Abatteur, 2003 ;
- Mort d’un Berger, 2002 ;
- Le Sieur Dieu, 1998 ;
- La Souille, 1995 (Prix Interallié) ;
- L'Affreux, 1992 (Grand prix du roman de l'Académie française) ;
- Monsieur Adrien, 1982;
Documents politiques
- La Tragédie du président, 2006 ;
- François Mitterrand, une vie, 1996 ;
- Le Vieil Homme et la Mort, 1996 ;
- La Fin d’une époque, 1993 ;
- Le Président, 1991 ;
- Jacques Chirac, 1987 ;
Notes et références
- ↑ Franz-Olivier Giesbert, L’Américain, Gallimard, 2004, 122 p.
- ↑ D’après Franz-Olivier Giesbert in « 93, faubourg Saint-Honoré », Paris-Première, 9 octobre 2004., 22 h 25.
- ↑ Franz-Olivier Giesbert, ibidem, 122 p.
- ↑ D’après la fiche des RG M.R. 68/3455 de décembre 1968 dont la Direction centrale aurait annulée le 25 juin 1970 in J. Devidal, « Ces journalistes d’extrême gauche qui font l’opinion », Minute, 12 octobre 1983.
- ↑ Benoit Vochelet, « Franz-Olivier Giesbert, l'Américain d'Elbeuf », Paris-Normandie, 17 mai 2009
- ↑ . Sa vision du progrès économique y apparaît essentiellement productiviste et quantitative : « L’acquis est énorme, surtout économique. […] Les victoires technologiques soviétiques, l’essor du pays a été prodigieux. Dans la plupart des domaines : 275 millions de journaux sont distribués chaque jour et dévorés par un public avide de connaissances. […] Le bilan économique de l’URSS n’en est pas moins positif. »
- ↑ Laurence Plenis, La biographie politique comme processus de construction d’une image, Paris I, mémoire de DEA de sociologie politique, 1998, p. 122.
- ↑ Franz-Olivier Giesbert entendu par la police au sujet de l'achat d'un article complaisant par un milliardaire, Le Monde du 12.04.07.
- ↑ Christophe Donner accuse Giesbert d'avoir "manipulé" le prix Renaudot, Agence France-Presse, 7 novembre 2007.
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