Hector De Galard

Hector De Galard

Hector de Galard

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le 30 mars 1921, Hector de Galard descend des Galard de l'Isle, une famille de la noblesse gasconne d'extraction chevaleresque, considérée par certains généalogistes comme descendant peut-être des ducs de Gascogne avec d'autres familles comme les Montesquiou, les Luppé, les Armagnac, les Mézamat, etc. Héritant du titre de courtoisie de marquis, il baigne dans un milieucelui de laristocratie et de la grande bourgeoisie parisiennetraditionnellement ancré à droite.

Brillant élève, tissant lessentiel de ses relations amicales dans les beaux quartiers de la capitale, il entre à l'École libre des sciences politiques en 1938. Plutôt attentiste sous lOccupation, il attend 1944 pour former, avec son ami Henri de Turenne et quelques jeunes aristocrates socialistes trotskisants, un groupe de résistants autour dun professeur de philosophie et dissident trotskiste, Daniel Nat. Il participe ensuite à la campagne dAllemagne.

À son retour au printemps 1945, son groupe sassocie avec Claude Bourdet avant de fonder à lété 1946 avec dautres anciens de Socialisme et liberté (Yves Dechézelles, Henri Frenay, Marceau Pivert) le journal Octobre. Il est alors imprégné par un certain nombre de thèmes (pacifisme, anticolonialisme) autour de la recherche dun passage démocratique au socialisme et de la formation dun nouveau pôle à gauche conservant lesprit de la résistance socialiste tout en refusant lasservissement communiste.

Parallèlement, il se spécialise sur le plan professionnel dans le traitement des affaires internationales en occupant successivement le poste de secrétaire général de lAgence dÉdition et de Documentation internationale, de reporter au Monde illustré et de rédacteur à la Page internationale. Alors quOctobre disparaît, il entre à Combat en juillet 1947 « dans les bagages de Bourdet [1] » – qui y remplace Camuspour y occuper le poste de rédacteur en chef des pages internationales.

Sil ne fait pas partie des trois fondateurs de L'Observateur (Claude Bourdet, Gilles Martinet et Roger Stéphane), il y est nommé rédacteur en chef dès son lancement (1950), sy révélant comme le « quatrième mousquetaire [2] » de léquipe dirigeante. Car, au-delà de ses attributions techniques, il étend ses responsabilités à la direction éditoriale et politique tout en portant un droit de regard sur la rubrique internationale.

Simposant comme une cheville ouvrière du journal, il contrebalance les exigences politiques des autres et apporte au journal la cohérence et la rigueur qui lui évitent de ne pas virer à lorgane partisan. Dailleurs, à la suite de la crise interne consécutive à léchec électoral de ses dirigeants sous la bannière de la Gauche Indépendante et Neutraliste (1951), il se détache de Bourdet en soutenant léviction dun de ses proches. Afin de sassurer des revenus décents, il dirige parallèlement une agence littéraire tout en collaborant à Parallèles 50 puis, à partir de 1953, à La Nef. Neutraliste convaincu, sympathisant du non conformisme, il est un des seuls membres de léquipe de LObsavec Roger Stéphane, mendésiste de gaucheà ne pas être marxiste.

Elément modéré au sein de léquipe, il affiche une distance critique envers lélan politicien de ses deux principaux dirigeants. Il nen partage pas moins leur projet de faire du journal un catalyseur des gauches dissidentes et non-conformistes, soutenant une ligne neutraliste, antiaméricaine et antistalinienne ainsi que lidée dune Europe socialiste, neutre, pacifique et pacificatrice. Et sil nest pas, comme Claude Bourdet, Claude Estier ou Lucien Rioux, membre du CAGI (mai 1953 - décembre 1954), il en est sympathisant. De même, sil est un des seuls de la rédaction à ne pas appartenir à la Nouvelle Gauche (décembre 1954), il se situe nettement dans cette nébuleuse progressiste qui exprime une sensibilité critique dans son rapport au marxisme.

Toutefois, il a, comme rédacteur en chef de La Nef, des relations personnelles avec des figures de la gauche modérée comme Edgar Faure qui se révèlent jouer un grand rôle lors de « laffaire des fuites » (mars 1955). À partir de 1957, il est dailleurs de ceux qui, contre Claude Bourdet, tentent datténuer la ligne « révolutionnariste » du journal au profit de réflexions plus réformistes. Il lutte aussi âprement contre lintellectualisme qui paralysie la modernisation des pages culturelles et sociétales du journal. Sil est isolé lorsquil prône un retranchement sur une ligne apolitique, il est rejoint par Roger Stéphane dans sa volonté de dégager le journal de son étiquette « Nouvelles Gauches » afin délargir son lectorat à toute la gauche.

Son souci de désenclavement par rapport à la ligne éditoriale fixée depuis 1950 et délargissement du spectre des intervenants politiques trouve progressivement un écho comme le montre lentretien offert à François Mitterrand en novembre 1957. De même, après le 13 Mai 1958, il saccommode du virage gaulliste de son ami Roger Stéphane en considérant que le gaullisme est la seule voie pacificatrice du moment.

Son antigaullisme nen est pas moins viscéral au point de jouer plus dans sa sympathie pour les « Nouvelles Gauches » quun attachement politique profond au socialisme. Ainsi, sil accepte, comme Charrières ou Stéphane, lutilisation mesurée du journal comme relais de lUGS par Martinet et Bourdet, le poids des militants PSA (1958) puis PSU (à partir de 1960) au sein de la rédaction lamène à sopposer à une surpolitisation du journal et à lamalgame qui en ferait lorgane dun parti. Sa conscience du fait que la dimension informative du journal est garante de sa pérennité ne lempêche toutefois pas dêtre « ouvert à toute la surface[3] » de la gauche progressiste, du mendésisme à un PSU dont il partage nombre de positions.

En 1962, il devient actionnaire du journal en récupérant les actions de Roger Stéphane (20 000 FF). Après la paix en Algérie (mars 1962) et les questions dorientations qui se posent au journal, il est aussi de ceux qui, avec Martinet, souhaitent dégager son combat pacifiste de lapproche angélique révolutionnaire et protestataire dans lequel linscrit Bourdet. Il cherche notamment, avec Claude Julien, à adopter lapproche rigoureuse des relations internationales du Monde ou du Monde diplomatique. Enfin, après léchec du PSU aux élections législatives de 1962, il prône avec Furet une émancipation idéologique du journal par rapport à la ligne du PSU au profit dun discours plus constructif et élargi à dautres publics politiques.

Malgré ses talents de médiateur entre une grande partie des animateurs du journal (Furet, Estier, Lewino, Lebar, etc.) et Claude Bourdet, il ne peut empêcher le départ de ce dernier (mai 1963). En mai 1964, devant laggravation des difficultés financières, il part, dun commun accord avec Philippe Viannay, pour France-Soir il touche un salaire convenable (2 500 FF). Il nen assure pas moins son travail de rewriting les soirs de bouclage et participe aux négociations préalables à la fusion du journal avec les amis de Claude Perdriel et Jean Daniel. Mais alors quil était convenu quil occupe dans la nouvelle formule le rang de numéro deux, il doit partager la rédaction en chef avec Serge Lafaurie.

Cela ne lempêche pas de se lier damitié avec ce dernier car c'est lui qui assume véritablement les fonctions de chef de la rédaction.

Au bout de quatre ans, il se rapproche de Jean Daniel, surmontant par « lintensité dune présence journalistique les difficultés qui auraient pu naître dévénements comme la candidature de François Mitterrand en 1965 ou la guerre israélienne des Six Jours en 1967 [4] ». Durant les différentes crises internes, il respecte donc sa prééminence sans chercher à fomenter quoi que ce soit. Mais il souffre de la manière dont le traite le directeur de la rédaction, notamment lorsque ce dernier accepte que des rédacteurs viennent lui présenter des papiers quil leur a refusé.

Au sein de la rédaction, il recrute notamment Claude-François Jullien en 1969 et Kenizé Mourad dont il est lintime durant quelques années. Il a dailleurs du mal à limposer au service étranger en raison de son manque dexpérience. Sinon, il entre au Conseil d'Administration du Nouvel Observateur en 1976, veillant ainsi aux intérêts des anciens de France Observateur. Politiquement, il apparaît plus à gauche, plus tiers-mondiste et moins mitterrandiste que le directeur de la rédaction. Mais sil na aucune estime pour François Mitterrand, il ne cache pas sa joie en mai 1981.

Il abandonne son poste de rédacteur en chef contraint par la maladie en 1985. Son aristocratique mépris pour l'argent transparaît alors dans la manière il cède ses actions à Claude Perdriel pour un franc symbolique. Il décède en 1990 après une longue maladie. À loccasion de la messe mortuaire célébrée à son honneur en la très royale église de Saint-Germain-l'Auxerrois, retentît à sa demande, comme un dernier pied de nez aux convenances aristocratiques, Le Temps des cerises

Notes

  1. Philippe Tétart, France Observateur : 1950-1964. Histoire dun courant intellectuel, Institut d'Etudes Politiques de Paris, thèse dhistoire, 1995, p. 80
  2. Philippe Tétart, ibidem, p. 80
  3. Entretien dHector de Galard le 28 novembre 1994 in Philippe Tétart, ibidem, p. 717.
  4. Jean Daniel, Lère des ruptures, Paris, Grasset, 1979, 40-41.
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