- Franz Josef Strauss
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Franz Josef Strauß
Franz Josef Strauß, né le 6 septembre 1915 à Munich et mort le 3 octobre 1988 à Ratisbonne, était un homme politique allemand membre de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU).
Les débuts politiques (1949-1962)
Strauß étudie le latin, le grec et l’histoire. Il est soldat de 1939 à 1945. L’administration américaine d’occupation le fait membre de l’Assemblée régionale en 1945. Il y est élu l’année suivante, jusqu'en 1949. Il est le cofondateur de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU), parti bavarois frère de la CDU, et occupe un poste à la direction de la Bavière à partir de 1946. Au sein de la CSU il défend tout d'abord une ligne plus progressiste, favorable notamment à la libre entreprise, l'interconfessionnalité de la CSU et l'acceptation de la constitution fédérale contre les tenants d'un particularisme monarchiste. Ceux-ci d'ailleurs quittent la CSU en 1948 à la suite de l'influence croissante de Strauss pour fonder le Bayernpartei (BP), qui connaîtra un succès certain en Bavière et sera représenté au Landtag de 1950 à 1962, avant d'être largement absorbé par la CSU.
Sa carrière politique au sein de la CSU se développe très rapidement. Personnalité charismatique et très éloquente, Strauss devient à partir des années 50 la figure principale du parti bavarois, ce qu'il restera jusqu'à son décès. Entre 1949 et 1952 il est secrétaire général de la CSU ; de 1952 à 1961, vice-président, et de 1961 à sa mort en 1988, président du parti.
Par ailleurs ses qualités favorisent un développement très rapide de sa carrière nationale, et cela bien qu'il soit membre d'un parti régionalement limité. En 1948-1949 il est membre du conseil économique de la Bizone. De 1949 à 1978, il est député au Bundestag, il fait partie des députés ayant été membres du Bundestag durant les 25 premières années de la RFA. Remarqué par son éloquence et ses attaques féroces à l'encontre de l'opposition de gauche SPD, il entre en 1953 dans le gouvernement du chancelier Adenauer.
Adenauer le nomme en 1953 ministre fédéral avec attributions spéciales. En 1955 il devient ministre fédéral des Questions nucléaires. En octobre 1956, il est à la tête du ministère fédéral de la Défense et dirige la création de la Bundeswehr, l’armée fédérale. Il se montre aussi partisan d'une nucléarisation de la Bundeswehr, ainsi que d'une coopération plus accrue entre les armées françaises et allemandes. A ces titres, il est systématiquement critiqué par la presse du Spiegel qui l'accuse d'envisager des projets "antidémocratiques".
C'est au cours de son passage au ministère de la défense que Strauss va être le sujet d'une controverse qui influera largement sur la suite de sa carrière nationale. A la suite de la divulgation par le journal Spiegel d'informations relevant du secret-défense, Strauss fait inculper le rédacteur du journal Conrad Ahlers, alors en vacances aux Baléares. Cette arrestation provoque une large campagne l'accusant de ne pas respecter la liberté de la presse. Strauss se défend maladroitement en niant tout d'abord les faits. Le reproche qu'on lui fait, lors de l’affaire du Spiegel, d'avoir menti au parlement lui fait alors perdre son ministère fin 1962. Il s'est aussi tristement illustré dans ses attaques contre l'écrivain Hans Hellmut Kirst qui s'opposait à la remilitarisation de l'Allemagne dans les années 1950.
Le "Taureau de Bavière"
De 1963 à 1966, il est président du groupement provincial de la CSU au Bundestag mais ne peut participer au gouvernement en raison de l'opposition du FDP, dont Ahlers fait partie ainsi que le rédacteur en chef du Spiegel Rudolf Augstein. A la suite de l’affaire du Spiegel, Strauss livrera sans succès une guerre implacable à ce parti. Il revient cependant au gouvernement lors de la formation de la grande coalition en 1966. De 1966 à 1969, il est ministre fédéral des Finances. Il est pour beaucoup, avec le ministre fédéral de l’Économie, Karl Schiller (SPD), dans les succès économiques et financiers de la grande coalition.
Dans l’opposition, Strauß, devenu en 1971 porte-parole du groupe parlementaire CDU/CSU pour les questions économiques, est un farouche opposant à la politique « orientale » de la coalition sociale-libérale du chancelier Willy Brandt. Il n'a de cesse de dénoncer la politique du chancelier comme un danger pour la sécurité de la RFA. Anticommuniste déterminé il défend une ligne d'opposition totale au gouvernement SPD-FDP. En 1972 à l'occasion des élections anticipées qui suivent le vote d'une motion de censure du gouvernement Brandt, Strauss est préssenti pour devenir le vice-chancelier en cas de victoire de la CDU-CSU. Celle-ci est cependant nettement battue. Grâce à ses excellents résultats électoraux en Bavière, Strauss peut s’appuyer sur la fidélité de son parti et prétend au titre de candidat à la chancellerie en 1976 qui voient la CDU lui préférer Helmut Kohl, qualifié en privé de "pachyderme" par Strauss. Lors de ces élections il contribue à radicaliser la campagne de la CDU/CSU en faisant adopter le slogan « Liberté ou socialisme » à l'encontre du chancelier Helmut Schmidt. A la suite de l'échec de Kohl en 1976, Strauss choisit de se replier progressivement sur sa carrière régionale.
Après les élections régionales de 1978 il devient ministre-président de la Bavière. En 1980 il est finalement choisi au détriment d'Ernst Albercht pour être le candidat de la CDU/CSU au poste de chancelier. Sa personnalité cristallise cependant l'hostilité de la gauche et des libéraux et il perd les élections contre Helmut Schmidt. Il reste volontairement à l’écart du gouvernement d’Helmut Kohl formé à l’automne 1982. Il exerce cependant une influence considérable sur la politique du gouvernement et la formation de celui-ci.Par ailleurs il continue de prôner la formation d'un gouvernement excluant le FDP. A partir de 1983 il engage un rapprochement spéctaculaire avec les pays de la zone communiste, notamment en servant d'intermédiaire entre la Bayerische Landesbank et les émissaires du ministère du commerce extérieur de la RDA pour l'octroi d'un crédit préférentiel au régime menacé de banqueroute. La RFA se portera même caution pour la RDA auprès du consortium banquaire réuni par la Banque de Bavière. Son objectif était de rendre ces pays dépendants économiquement de l'ouest pour favoriser des réformes politiques. Cette stratégie, perçue comme une rupture dans la ligne de la CSU, provoquera notamment la scission des Republikaner d'extrème-droite[1] [2].
Il meurt le 3 octobre 1988 à Ratisbonne.
Personnalité reconnue internationalement, Strauss avait été le premier homme politique allemand à rencontrer Mao en 1975. Il était par ailleurs très lié au RPR et avait entretenu des contacts fréquents avec Jacques Chirac.
L'aéroport international de Munich, construit en 1992, porte son nom (Aéroport international Franz-Josef-Strauss de Munich).
Notes et références
Précédé de :
–Ministre fédéral des Questions nucléaires
1955–1956Suivi de :
Siegfried BalkePrécédé de :
Theodor BlankMinistre fédéral de la Défense
1956–1963Suivi de :
Kai-Uwe von HasselPrécédé de :
Kurt SchmückerMinistre fédéral des Finances
1966–1969Suivi de :
Alexander MöllerPrécédé de :
Alfons GoppelMinistre-Président de la Bavière
1978–1988Suivi de :
Max StreiblPrécédé de :
Hanns SeidelPrésident de la CSU
1961–1988Suivi de :
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