Agharta

Agharta

Agartha

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L'Agartha, Agarttha, Agarthi, Agardhi ou Asgharta est une cité, un royaume ou un monde souterrain légendaire apparu au XIXe siècle dans des œuvres de fiction utopistes et des courants spirituels occidentaux intégrant des éléments hindouistes et bouddhistes. Le thème s’est développé au XXe siècle siècle en se liant aux mythes des mondes disparus (Hyperborée, Atlantide, Lémurie), et à partir des années 1950 aux théories de la Terre creuse. Il a été adopté par des mouvements New Age. Agartha est en général présenté comme un monde idéal dépositaire de connaissances ou de pouvoirs susceptibles de sauver l’humanité.

Sommaire

Origine et développement

Le nom d’Agartha, inconnu des textes hindous et bouddhistes, apparaît tout d’abord dans deux œuvres de fiction utopique françaises, Les Fils de Dieu (1873) de Louis Jacolliot puis Mission de l’Inde en Europe (1886) d’Alexandre Saint-Yves d'Alveydre. Dans le premier ouvrage, Asgartha est l’ancienne cité solaire du grand-prêtre des brahmanes. Dans le second, Agarttha est un royaume souterrain disposant d’une grande université, centré originellement autour d’Ayodhya en Inde (ville fondée par le premier homme Manu selon la mythologie védique), puis transféré sous les monts de l’Himalaya en 1800 av. J.-C. Son roi garde un secret qui permet de fabriquer des armes puissantes grâce auxquelles l’Antéchrist anéantira le mal et établira la paix. Une partie de son inspiration vient peut-être du royaume de Shambhala décrit dans les textes kalachakra, mais le Shambhala bouddhique n’est pas souterrain.

En 1922, Ferdynand Ossendowski prétend dans Bêtes, hommes et dieux avoir appris des Mongols eux-mêmes l’existence d’Agarthi, pays s’étendant sous la Mongolie, dirigé par un Roi du Monde qui apparaîtra en sauveur en temps utile. En Mongolie, en 1920-1921, le prince Choultoun Beyli lui aurait dit : « Ce royaume est Agarthi. Il s'étend à-tous les passages souterrains du monde entier. C'est un grand royaume comptant des millions de sujets sur lesquels règne le Roi du Monde. Il connaît toutes les forces de la Nature, lit dans toutes les âmes humaines et dans le grand livre de la Destinée... ». Néanmoins, dès 1925, l’explorateur Sven Hedin met en doute ses affirmations dans Ossendowski et la vérité et propose qu’il a repris le nom et le concept inventés par les auteurs français.

Une autre source concernant cette civilisation souterraine est The Smoky God (1908) de Willis Emerson. L'auteur présente le livre comme la relation d'un marin norvégien nommé Olaf Jansen concernant son voyage vers le Grand Nord et son aventure au centre de la Terre. Durant deux années, il aurait habité dans des villes souterraines avec les habitants des colonies du réseau souterrain. Selon lui, ils mesureraient plusieurs mètres de haut, seraient blonds aux yeux bleus, auraient la peau très claire et auraient l'air de grands dieux. Il compare la capitale, Shamballa, au jardin d'Eden. Jansen n'utilise pas le nom d'Agharta, mais Emerson le choisit pour un ouvrage ultérieur intitulé Agharta - Secrets of the Subterranean Cities. Il y prétend qu’il provient des croyances bouddhistes de la civilisation du centre de la Terre décrite dans l’ouvrage. Selon l’œuvre, le réseau souterrain serait composé de plusieurs colonies ou villes dont Shamballa ou Telos. Toutes possèderaient leur propre écosystème accessible par des entrées dissimulées dans certains lieux comme des montagnes, et toutes les villes seraient reliées par un système de transport rapide. Ses habitants seraient les survivants d’antiques civilisations telles que celles des Atlantes ou des Lémuriens, qui auraient apporté sous terre leurs connaissances et textes sacrés.

Dans les années 1920, le monde infra-himalayen ou infra-mongolien d’Agartha est mentionné par Nicholas et Helena Roerich et repris par des occultistes ou mystiques comme René Guénon (qui l’orthographie Agarttha) dans Le Roi du monde (1927).

Après la Deuxième Guerre mondiale, Agartha revient associé à Shambhala dans des ouvrages exposant de prétendus contacts entre le IIIe Reich et les forces occultes d’Himalaya et d’Asie Centrale, comme Le Matin des Magiciens (1962) de Louis Pauwels et Jacques Bergier ou Nazisme et Sociétés Secrètes (1974) de Jean-Claude Frére. Agarthi, pays fondé par des Hyperboréens dans le désert de Gobi, aurait été englouti par la terre à la suite d’un cataclysme. Une partie de ses habitants se réfugia sous l’Himalaya où ils fondèrent un centre de savoir nommé aussi Agarthi, tandis qu’une autre partie voulut retourner en Hyperborée, mais s’arrêta en chemin et fonda Shambhala, double mauvais d’Agartha. La société de Thulé aurait recherché l’aide de Shambhala, mais ce fut Agartha qui se proposa. Selon Spear of Destiny (1973) de Trevor Ravenscroft, Agarthi serait au contraire voué au mal et Shambhala au bien.

À la fin des années 1950, Henrique Jose de Souza, président de la société théosophique brésilienne, proposa que les Ovnis provenaient de l’Agarthi, monde intra-terrestre dont la capitale est Shambhala.

En 1974[1] Omraam Mikhaël Aïvanhov, qui fonda en 1947 la branche française de la Fraternité Blanche Universelle influencée, entre autres, par l' anthroposophie, présente une description d’Agartha qui fait appel à une grande variété de mythes : Atlantide, Lémurie, Shambhala, Grande Loge Blanche[2] ovnis etc. Pour lui, le royaume de Dieu sera établi par la descente de la Jérusalem céleste et la remontée simultanée d’Agartha depuis les profondeurs de la Terre[3].

Thèmes associés

Le mythe d’Agartha a absorbé d’autres thèmes ou croyances liés au monde souterrain. Ainsi, le Vril, inventé par Bulwer-Lytton dans son roman The Coming Race (1871), force psychokinétique possédée par la race souterraine des Vril-ya. Le thème fut développé par Louis Jacolliot, auteur navigant entre la fiction, l’utopoe politique et la description fantaisiste de la civilisation indienne, puis pris au sérieux par de nombreux lecteurs. Helena Blavatsky et les théosophes acceptèrent son existence. Raymond Bernard fut le premier à relier le monde du Vril aux théories de la Terre creuse dans son livre The Hollow Earth (1969). Agartha est parfois décrit comme dépositaire du Vril.

Dans les années 1970, le mythe du monde souterrain connut une résurgence, centré cette fois sur l'Amérique du Sud ; bien que le nom d'Agartha ne soit pas mentionné, le lien fut fait par certains et aboutit à l'hypothèse d'entrées amazoniennes (Manaus, Mato Grosso) vers l'Agartha. En 1974, Erich von Däniken publia L’Or des dieux dans lequel il prétendait avoir découvert au Vénézuela, avec l’aide d’un dénommé Juan Moricz, un système de galeries qui s’étendrait sous toute l’Amérique du Sud. En 1976 parurent les Chroniques d’Akakor[4] du journaliste allemand Karl Brugger. Il y révélait l’existence d’un lieu souterrain dans lequel vivrait une mystérieuse tribu amazonienne héritière d’une civilisation extraterrestre ; ils y auraient accueilli en 1942 deux mille soldats allemands arrivés en sous-marin. Son informateur Tatunca Nara, prétendu chef de la tribu, s’avéra plus tard être un aventurier allemand, Günther Hauck[5].

Description

Agartha serait un royaume souterrain relié à tous les continents de la Terre par l'intermédiaire d'un vaste réseau de galeries et de tunnels. Cette croyance se retrouve dès l'Antiquité. Selon la légende, il existe encore de vastes portions de ces galeries actuellement, le reste ayant été détruit par des glissements géologiques. Le mystère demeure quant à savoir où se trouvent les différentes entrées de ces galeries ; entrées qui peuvent d'ailleurs ne rester ouvertes que pour un temps seulement…

La capitale de ce Royaume est Shambhala. Cette croyance est très liée au monde du Bouddhisme, mais on la retrouve aussi dans le folklore du Tibet, de la Mongolie, de la Chine, du Turkestan, du Cachemire, de la Perse, de la Russie, de la France, de l'Allemagne, etc.

Il conserverait en son sein des bibliothèques d'archives des Savoirs Perdus des légendaires continents engloutis de l'Atlantide et de la Lémurie, serait le refuge des "hommes- éclairs" cités dans le Tjukurpa des aborigènes australiens et la cosmologie Mohawks, mais aussi des civilisations disparues des Mayas et des Aztèques, ainsi que leur trésors cachés avant l'arrivée des Conquistadores.

Le Royaume de l'Agharta est aussi à la base de la théorie des partisans de la Terre creuse, affirmant que l'intérieur de la Terre n'est pas uniquement composé de matière solide, mais aussi d'océans, de masses de terre auxquels on peut accéder par des entrées présentes au pôle Nord comme au pôle Sud, où à travers de profondes failles de la surface de la planète.

Cela a un certain rapport avec l'alchimie, notamment à cause d’une forme d'énergie appelée VRIL (ce sont les peuples de ce Royaume souterrain qui sauraient utiliser cette "énergie").

Symbolique

Il y a une part de rêve, de contes, de mythes. Les entrées de galeries cachées qui ne restent "ouvertes" qu'un temps se retrouvent dans les contes de fées avec des entrées de grottes aux trésors ne s'ouvrant qu'à certaines époques ou en certaines circonstances (la caverne d'Ali Baba par exemple, avec son « Sésame, ouvre-toi ! »).

La symbolique des grottes, cavernes, antres et souterrains : dans l'antre peuvent habiter des dieux et des monstres, dans la caverne se trouve plutôt une réserve d'énergie terrestre,parfois symbolisée par le trésor (ex.:le trésor d'Ali Baba mentionné plus haut). La caverne est la concentration de forces magiques, comme par exemple les "étoiles d'en bas". La caverne est une matrice, comme la mine est le creuset de l'Alchimiste; elle peut abriter les nains, gnomes et autres gardiens des trésors cachés. Entrer dans la caverne, c'est faire retour à l'Origine, et de là, monter au ciel, sortir du Cosmos, c'est pourquoi Lao Zi y serait né. Le Jésus traditionnel, celui des crèches populaires (fort différent du Jésus des Évangiles), serait né dans une grotte, à l'instar par exemple du dieu pré-iranien Mithra ; sa naissance dans une grotte est rapportée dans le Protévangile de Jacques. Enfin, pour terminer, mais comme un gouffre sans fond il n'y a pas de fin, le gouffre symbolise l'exploration du moi intérieur; et plus particulièrement du moi primitif. [Voir par exemple le Dictionnaire des symboles, de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant]

Entrées

On situe quelques entrées supposées du Royaume d'Agharta dans les endroits suivants :

. Bugarach (Aude) France . Sous la patte droite (escalier) du sphinx Egypte

Références

  1. discours donné le 17 mars 1974 à Vidélinata en Suisse ; vol. 26 Le Verseau et l'avènement de l'Âge d'or des Oeuvres complètes, Fréjus, Éditions Prosveta, 32 t., 1978 ss. [1] [2]
  2. Blanche parce que blanc = voué au bien, cette loge envisagée par Helena Blavatsky, fondatrice de la Société Théosophique, serait composée de Grands Maîtres ou Mahatmas qui veilleraient sur le monde ; voir Peter Washington, La saga théosophique, Chambéry, Exergue, 1999, p. 14-15
  3. Description d’Agartha par Aïvanhov sur cette page
  4. Karl Brugger Die Chronik von Akakor, Econ Publishers: Düsseldorf, Vienna, 1976
  5. Légende d’Akakor

Bibliographie

(par ordre chronologique)

  • Alexandre Saint-Yves d'Alveydre, Mission de l'Inde (1886)
  • Willis Emerson, The Smoky God (1908) ; Agharta - Secrets of the Subterrean Cities
  • Ferdynand Ossendowski, Bêtes, Hommes et Dieux. À travers la Mongolie interdite 1920-1921, traduit de l'anglais par Robert Renard, Librairie Plon, 1924 (réédité par les Éditions Phébus, Paris, 1995)
  • René GuénonLe Roi du Monde – Éditions Gallimard - 1927 (réédité en 1958).
  • Alec MacLellan, Lost World of Agharti: The Mystery of Vril Power (1983), trad. : Le monde perdu de l'Agharta
  • Marco Pallis, "Ossendowski's Sources", Studies in Comparative Religion, vol. 15, n° 1 et 2, hiver-printemps 1983, p. 30-41.

Œuvres s’en inspirant

  • Agartha, est un manga en 9 volumes créé par Takaharu Matsumoto rattaché à la catégorie Les personnages évoluent dans un univers post-apocalyptique où l’eau, un des thèmes centraux de la série, est l’enjeu d’affrontements. Cet univers où cet élément essentiel à l’existence est fortement contingenté est assimilé à une vision infernale de l'Agartha du mythe.
  • Les romans du cycle de Pellucidar,d'Edgar Rice Burroughs.
  • La série Labyrinthes de Dieter et Jean Denis Pendaux dont le tome 4 se nomme les Maîtres de l’Agartha.
  • Les Seigneurs d’Agartha d’Isabelle Plongeon et Philippe Biones.
  • Le jeu de rôle Nephilim, de Frédéric Weil et Fabrice Lamidey
  • Un manga, Fullmetal alchemist
  • Un jeu vidéo : Agharta: The Hollow Earth
  • Un album de Miles Davis : Agharta
  • Un club de jazz à Pragues : L'Agharta Club
  • Umberto Eco y fait aussi référence dans son livre Le Pendule de Foucault.
  • Un titre de Sunn O))), "Agartha" sur l'album "Monoliths & Dimensions"

Voir aussi

Articles connexes

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