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Engelbert Dollfuss Engelbert Dollfuss.Mandats 14e chancelier fédéral d'Autriche 20 mai 1932 – 25 juillet 1934
( 2 ans, 2 mois et 5 jours)Président fédéral Wilhelm Miklas Prédécesseur Karl Buresch Successeur Kurt von Schuschnigg (intérim) Biographie Date de naissance 14 octobre 1892 Lieu de naissance Texingtal (Autriche-Hongrie) Date de décès 25 juillet 1934 (à 41 ans) Lieu de décès Vienne (Autriche) Nature du décès Assassinat Nationalité autrichienne Profession Militaire
Chanceliers
fédéraux de la République d'Autrichemodifier Engelbert Dollfuß est Chancelier fédéral de l'Autriche du 20 mai 1932 au 25 juillet 1934, ainsi que dictateur à partir du 4 mars 1933.
Sommaire
Une enfance très pieuse
Né à Texing (Basse-Autriche), le 4 octobre 1892, Engelbert Dollfuß est le fils naturel de Josepha Dollfuß. Issu d’une famille de paysans catholiques très croyants, il envisagea de devenir prêtre. Mais il abandonne ce projet lorsqu’il entre en 1913, à l’université de Vienne où il étudie le droit.
Un courageux combattant
L’année suivante, la Première Guerre mondiale éclate. Dollfuß s’engage dans l’armée mais est réformé à cause de sa petite taille de 1,51 m, qui lui valut plus tard le surnom de « Millimeternich ». Profondément vexé, il s’engage comme volontaire et, cette fois-ci, est mobilisé. C’est ainsi que Dollfuß part combattre glorieusement les Italiens, gagnant ses galons d’aspirant, puis de lieutenant. En 1918, il est fait prisonnier, mais est rapidement libéré. La guerre finie, il rentre dans un pays détruit et ruiné.
Un conservateur « agricole »
En août 1919, Dollfuß, alors titulaire d’un doctorat en droit, devient secrétaire d’une coopérative agricole. Une des premières missions qui lui est confiée est d’inciter à la création de syndicats agricoles. Il voyage ainsi en Allemagne, où il fait la rencontre d’une riche paysanne protestante, Alwine Glienke, sa future femme.
En 1922, promu président de la Caisse d'assurance agricole, il se lance dans la politique en tant que membre du parti conservateur « social-chrétien ». Ses idées, conservatrices et nationalistes, préconisent un État autoritaire « corporatif et chrétien » où l’indépendance de l’Autriche ne serait pas remise en cause.
Travailleur efficace, Dollfuß est élu en 1927, président de la chambre d'agriculture de la Basse-Autriche et est nommé en 1931, ministre de l’Agriculture. À la même époque, il est désigné comme successeur « spirituel » de Mgr Seipel, le chef du parti.
Le nouveau chancelier
Le 20 mai 1932, le Président autrichien Miklas appelle Dollfuß au poste de chancelier. Cette nomination surgit à un moment critique pour la jeune république autrichienne. Celle-ci, touchée de plein fouet par la crise de 1929, doit aussi faire face aux querelles politiques qui opposent marxistes et chrétiens. Mais Dollfuß est bien décidé à suivre la politique de son prédécesseur Ignaz Seipel. Bien que son parti ne dispose que d’une voix de majorité au parlement, Dollfuß refuse toute coalition avec les sociaux-démocrates.
Décidé à redresser la situation du pays, il se lance, non sans difficulté, dans le rétablissement de l’équilibre financier, à la stabilisation du schilling et à la réorganisation du Creditanstalt, une des principales banques autrichiennes.
Un antinazi
Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier d'Allemagne. Cet événement marque le début du combat que vont se mener le parti nazi autrichien et Dollfuß ; l’un voulant l’Anschluss, l’autre le combattant fermement. Conscient de la puissance de son adversaire, Dollfuß essaie de trouver rapidement des alliés : à l’extérieur, Mussolini se révèle être un protecteur. Mais à l’intérieur, le chancelier tente vainement de créer un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates. C'est l'échec. Ces derniers refusent tout compromis et exigent de nouvelles élections. Dollfuß refuse à son tour.
Le parlement lui offre alors l'ultime solution, l’auto-dissolution.La dictature
Le 4 mars 1933, le président et les deux vice-présidents du parlement démissionnent, afin de pouvoir prendre part au vote particulièrement serré d'une loi. Le rêve d’Engelbert Dollfuß se réalise enfin : il déclare le Parlement dissous, puisqu'incapable de fonctionner. L’Autriche devient un État autoritaire, corporatif et catholique. Il ne gouverne désormais que par décret ; ce pouvoir dictatorial lui permet de supprimer le droit de grève et de réunion ainsi que les cours d'assises, et d’interdire la presse prolétarienne. Commence alors ce que les historiens ont par la suite appelé l'austrofascisme.
Le 30 mai 1933, le Parti communiste d'Autriche est dissout et le 20 juin 1933, le parti nazi interdit. Ses nombreux membres actifs sont arrêtés et placés dans des camps de concentration. La riposte de Berlin ne tarde pas : la radio allemande le discrédite, se servant de son père inconnu pour l’accuser d’être un « demi-juif ». Il devient la cible à abattre pour les nazis autrichiens.
Une répression sanglante
Dollfuß bien qu’antinazi, n’en est pas moins fasciste. Il fonde une ligue d’extrême droite, le Front patriotique, futur parti unique.
Les tensions politiques en Autriche s'accentuent de plus en plus. Le 3 octobre 1933, le chancelier Dollfuß échappe de peu à un attentat perpétré par les nazis. Et le 19 janvier 1934, les socialistes, dernier parti légal de l’opposition, appellent à une grève générale et pacifique. Dollfuß réplique en arrêtant plus de 200 sociaux-démocrates, dont la plupart détenaient des postes clefs dans l'administration. Ces derniers restent néanmoins sur leur position pacifique et essaient de négocier.
Article détaillé : Guerre civile autrichienne.Les ouvriers, exaspérés, déclenchent une guerre civile le 12 février. Les affrontements entre civils armés et forces de police sont un carnage : on décompte environ 1 500 à 2 000 morts et près de 5 000 blessés. Le 16 février l’insurrection est matée et le chancelier interdit le parti socialiste.
Seul au pouvoir
Dollfuß se retrouve seul maître au pouvoir. Mais à quel prix ? Le pays est en partie détruit ; et désormais vu comme un dictateur sanguinaire, il perd petit à petit ses soutiens internationaux. De plus, les socialistes, un des derniers remparts contre le nazisme, sont évincés.
En revanche, il profite de la situation pour mettre officiellement en place, le 1er mai 1934, sa nouvelle constitution : l’Autriche cesse d’être une République et devient un « État corporatif » et autoritaire, où des élections auraient lieu « quand les circonstances le permettront ».
L’échec du coup d’État
Dollfuß tente un dernier rapprochement avec les sociaux-démocrates le 11 juillet 1934 et se débarrasse de son très impopulaire ministre de l’Intérieur, Émile Fey. Mais rien n’y fait, la situation continue à se dégrader… Son dernier soutien est alors Mussolini, qui au grand regret de Hitler, ne partage pas les mêmes idées sur l’Autriche.
Le 25 juillet 1934, des nazis autrichiens, déguisés en uniforme militaire, prévoient de prendre en otage le conseil des ministres, le président Miklas, ainsi que les principaux médias du pays. Mais le complot échoue grâce à l’intervention de Fey qui prévient à temps Dollfuß. Celui-ci tente alors de s’enfuir de la chancellerie, mais il est surpris par les nazis, grièvement blessé et meurt dans la journée de ses blessures. Profondément choquée par cet assassinat, l’opinion publique le voit désormais comme un héros ayant fermement combattu le nazisme.
Schuschnigg lui succède à la chancellerie et poursuit son œuvre jusqu'à ce que l'Anschluss mette un terme à cette politique.
Sources
- Encyclopédie Universalis, Jean Bérenger, Engelbert Dollfuss
- Larousse du XXe siècle, 1933, tome 2, Engelbert Dollfuss
- Edouard Boeglin, Engelbert Dollfuss, Une mort annoncée (fr)
- Herta Müller, Des potences en Autriche, l'héroïque Insurrection du prolétariat autrichien (fr)
- Quid 2005, États (Autriche), p. 1131
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