- Eau en bouteille
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L'eau en bouteille ou eau embouteillée est une eau conditionnée dans des bouteilles destinée à la consommation humaine. Il existe plusieurs catégories d'eau embouteillée, et chacune doit répondre à des caractéristiques conformes aux réglementations qui varient selon les pays.
Sommaire
Catégories d'eaux embouteillées
En Europe
En France, l'eau en bouteille, souvent appelée improprement eau minérale, est répartie en trois catégories :
- L'eau de table, eau potable dont la provenance est quelconque mais qui satisfait toutes les normes sanitaires.
- L'eau de source, qui satisfait naturellement aux normes et qui est mise en bouteille sans aucun traitement chimique.
- L'eau minérale naturelle, qui reçoit, en France, son titre de l'académie de médecine pour ses vertus thérapeutiques. Les sources d'eau minérale sont souvent associées à des stations thermales.
Économie
Consommation d'eau en bouteille en Europe
Consommation annuelle moyenne d'eau en bouteille en litre et par personne en 2003[1].
Pays Année 2003
en litre/habItalie 208 France 200 Belgique 145 Espagne 126 Allemagne 129,1 [2] Suisse 110 Portugal 92 Grèce 57 Hongrie 55 Pologne 41 Royaume-Uni 34 Russie 10
Consommation croissante
Après la mode des eaux gazeuses, la consommation d'eau embouteillée - soutenue par une publicité importante - a beaucoup augmenté, d'abord en Europe, puis aux États-Unis où les ventes ont triplé en 10 ans, avec une augmentation de 9,7% en 2006 (1/3 des nord-américains en boivent régulièrement, alimentant un marché de près de 11 milliards de dollars, rien que pour ce pays[3]).
En 2004, la consommation mondiale d'eau en bouteille en plastique représentait 154 milliards de litres. Cette consommation a augmenté de 57% en 5 ans[4]. En 2008, les 200 milliards de litres ont été atteint, le chiffre d'affaires de l'eau en bouteille représente environ 100 milliards de dollars.
Également issues de nappes souterraines profondes, les eaux minérales sont par définition des eaux dotées de propriétés favorables à la santé (ce que ne peut revendiquer une eau de source). Légalement, l’étiquette d’une bouteille d’eau ne peut porter aucune indication thérapeutique. L’eau, même minérale est recommandée en cure dans les stations thermales, mais n’est pas reconnue comme un remède à elle seule.
Consommation en France
- Lors des vingt dernières années, la consommation d'eau en bouteille par habitant en France a été multipliée par deux et représentait en 2003, un marché de 2,2 milliards d'euros[réf. nécessaire].
- Le segment qui progresse à grande vitesse, est celui des eaux aromatisées, et c'est celui aussi où les industriels ont lancé le plus d'innovations ces dernières années[réf. nécessaire].
Les eaux en bonbonnes
Le secteur des bonbonnes d'eau de plus de 10 litres, qui est très prisé aux États-Unis (35% du marché) dans les entreprises, les centres commerciaux et même chez les particuliers où elles sont livrées, est encore marginal en Europe (3% du marché) mais croît de 15% par an.
Producteurs d'eau minérale
Le marché français de l'eau minérale est dominé par trois grands groupes :
Motivations de la consommation
Selon l'Office parlementaire de validation des choix scientifiques et technologiques : « Pour des raisons diverses tenant au goût de l'eau du robinet, à la défiance vis-à-vis de sa qualité, mais aussi à la mode, aux effets d'un marketing subtil mettant en avant le côté naturel du produit et d'une publicité performante. ».
La consommation est également dépendante du climat. Ainsi, par exemple, En 2003, la consommation d'eau en bouteilles s'est un peu plus développée, du fait de la canicule de l'été. Pour 2004, le niveau de consommation « des eaux natures, plates et gazeuses » devrait revenir au niveau de celui de 2002, selon la société d'études Marketing TNS Secodip.
Coût
L'eau embouteillée a un coût direct pour les ménages ; Le New York Times estimait par exemple (en août 2007) qu'un nord américain pouvait dépenser jusqu'à 1 400 dollars par an pour son eau embouteillée, là où il n'aurait dépensé que 49 cents en eau du robinet. Des coûts indirects existent en termes de temps passé à transporter les bouteilles par exemple.
L'eau est souvent considérée comme un bien commun, et l'accès à l'eau comme un service public essentiel. Dans certains pays, le marché privatisé de l'eau semble être une source de corruption ou de dépenses non transparentes. Un des axes de travail du Swedish Water House (SWH) est la lutte contre la corruption dans le domaine de l'eau[5]. Le recyclage ou la réutilisation des bouteilles usagées a aussi des coûts, notamment liés aux transports induits.
Empreinte écologique
En Europe et dans le monde les eaux les plus prisées sont italiennes, françaises ou viennent des îles Fidji (réputées moins polluées car de sources éloignées de plus de 2 400 kilomètres du continent le plus proche. Cette eau, embouteillée, peut par exemple être livrée à domicile par camion ou coursier dans de nombreuses villes de France).
Si quelques grandes marques ont imposé une agriculture sans pesticides ni nitrates autour de leurs sources, c'est aussi le cas de villes qui ont voulu préserver la nappe phréatique alimentant leur réseau d'eau potable.
L'empreinte écologique des eaux embouteillées exportées dans le monde entier est particulièrement élevée, car leur transport (en grande partie par route) des bouteilles d'eau est beaucoup plus coûteux en énergie, en pétrole (1,5 million de barils/an sont nécessaires pour produire les bouteilles de plastique consommées par les Américains) et produit beaucoup plus de gaz à effet de serre (production, transport, incinération..) que lorsque cette eau est livrée par les réseaux d'eau potable jusqu'au robinet.
L'eau potable est une ressource vitale pour l'Homme, et à ce titre une des conditions du développement soutenable. Elle a été au centre des discussions du Sommet de la Terre 2002 de Johannesburg, et de nombreuses réunions internationales, mais la question de l'impact écologique du transport de l'eau embouteillée n'a émergé que plus récemment, avec la suspicion que les emballages plastiques pouvaient contaminer l'eau des bouteilles par certains produits chimiques et la question des impacts environnementaux globaux de l'embouteillage et surtout du transport et recyclage éventuel des bouteilles.
Les représentants de l'Association Internationale de l'Eau en Bouteille (IBWA) disent qu'ils ont fait des efforts pour faciliter le recyclage des bouteilles et que l'eau embouteillée a aussi aidé certains américains à se passer de boissons gazeuses sucrées (également de plus en plus vendues en bouteilles plastique) et que bien d'autres produits sont emballés dans du plastique.
Qualité
Les eaux embouteillées font l'objet de nombreux contrôles lors de l'embouteillage, mais très rarement après quelques semaines ou mois de stockage, et selon les marques et les pays, la qualité semble pouvoir significativement varier.
Ainsi, en se fondant sur des données scientifiques, le Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC) a aux États-Unis conclu que la réglementation actuelle ne garantissait pas la pureté de l'eau en bouteille, ni qu'elle soit plus sûre que l'eau du robinet qui connaît aussi 28 % de dépassement de normes ou défaut d'information des autorités[6].
Aux États-Unis (où les normes pour l'eau en bouteille varient selon les états), le NRDC a étudié les normes et contrôles de la FDA (Food and Drug Administration) et de chacun des de 50 états sur la sûreté de la mise en bouteille, en les comparant à des normes internationales, et aux règles de l'EPA (Agence de protection de l'environnement des USA) concernant l'eau du robinet des réseaux publics d'eau. Après 4 ans d'étude de l'industrie de l'eau embouteillée et après analyse par des laboratoires indépendants de plus de 1.000 bouteilles de 103 types d'eau embouteillée dans diverses régions et états (Californie, Floride, Illinois, New York, Texas..), le NRDC a dans près d'1/4 des cas mis en évidence des contaminations bactériennes et chimiques (composés organiques toxiques, arsenic..) atteignant ou dépassant les maxima des normes californiennes (plus dures que celles du Texas ou de la Floride). 17 % des eaux étudiées (pour un échantillon au moins) contenaient plus de bactéries que le seuil recommandé par l'UE, par certains États des États-Unis et par les industriels de l'embouteillage aux États-Unis eux-mêmes. Le NRDC a aussi trouvé des défauts graves d'information sur l'étiquetage (certaines bouteilles contenant par exemple de l'eau du robinet). Dans un cas, une « eau de source » dont l'étiquette décrivait un lac et des montagnes, venait d'un puits situé dans zone industrielle proche d'une décharge de déchets dangereux et était périodiquement polluée par des produits chimiques, au-delà des normes de la FDA). Le NRDC rapporte aussi - de sources industrielles et gouvernementales - qu'un quart au moins de l'eau embouteillée aux États-Unis viendrait du robinet, certains estimant que 40% en proviendrait même, parfois après traitement supplémentaire, parfois sans. Enfin, selon cette étude, les normes et contrôles sont aux États-Unis - à la date de cette étude - beaucoup plus laxistes pour les eaux embouteillées que pour les eaux du robinet, tant pour le nombre de contaminants à rechercher, l'obligation d’informer le consommateur et les autorités, que pour la fréquence des analyses obligatoires. De plus, quand des eaux embouteillées étaient non conformes, elles n'ont pas toujours été « rappelées ».
Au total, cette étude (qui n'a pour des raisons de coûts recherché que la moitié de tous les polluants et bactéries normalement recherchés) a trouvé qu'1/3 des eaux examinées (34 sur 103, soit 33%) violait une norme de qualité chimique ou microbienne ou les deux à la fois. Environ 1/5e des eaux contenait dans au moins un échantillon des produits chimiques organiques synthétiques (ex : toluène ou xylène) ou des produits chimiques utilisés pour fabriquer le plastique (ex : phtalate, adipate (en) ou styrène) bien que généralement sous les seuils de normes fédérales. Un échantillon contenait du phtalate (carcinogène potentiellementlixivié du plastique) à un taux deux fois supérieur à la norme pour l'eau du robinet, mais deux autres échantillons n'en contenait pas de manière détectable. De plus, suite aux refus des industriels, il n'y a pas de norme pour les phtalates dans l'eau embouteillée. Dans 8 cas, les taux d'arsenic présentaient un risque pour la santé.
Alternatives
Pour certains usages, l'eau embouteillée offre des avantages irremplaçables.
Un avantage reconnu de l'eau embouteillée est son absence de goût de chlore, mais les carafes filtrantes et autres systèmes de filtration (charbon de bois activé) peuvent équiper les foyers pour moins cher. Il en va de même pour les « fontaines à eau » louées ou achetées par des entreprises et de certains services publics, qui pourraient souvent être remplacées par de l'eau du robinet (traitée si nécessaire). L'ONU et de nombreuses ONG invitent les collectivités à développer des stratégies, par exemple dans le cadre d'un Agenda 21 pour la protection et un service durable de l'eau, notamment dans les zones de périurbanisation[7].
Notes et références
- Nestlé Waters
- consommation record de la canicule de 2003 (Verband Deutscher Mineralbrunnen)
- Semaine mondiale de l'eau de Stockholm, Août 2007, et [http://www.nrdc.org/water/drinking/bw/exesum.asp NRDC Beverage Marketing Corporation,
- Bottled Water: Pouring Resources Down the Drain, Earth Policy Institute
- Anti-corruption work.indd, [PDF]
- (anglais)
- Document produit pour la semaine de l'eau 2007 (anglais)
Voir aussi
Liens externes
- L'actualité du débat sur l'eau en bouteille sur Infos-eau
- European Federation of Bottled Waters
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