- Désert des Agriates
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Les Agriates (L'Agriate en langue corse) sont une microrégion de Corse, située dans la partie Nord-ouest du Nebbiu, à l'Est de la Balagne. Son territoire se partage d'Ouest en Est, entre les communes de Palasca, San-Gavino-di-Tenda, Santo-Pietro-di-Tenda et Saint-Florent.
Sommaire
Géographie
L'Agriate est encore parfois improprement appelé « désert des Agriates » alors que l'étymologie même du nom évoque des terres agraires, propices à la culture des céréales et de l'olivier. Contrairement à l'image qu'on se fait d'un désert, la végétation de l'Agriate, adaptée aux conditions climatiques locales, est composée des essences traditionnelles du maquis (arbousiers, bruyères, myrtes, cistes, lentisques, chênes verts, oliviers…) ainsi que des pins maritimes, réminiscence de plantations réalisées au milieu du XXe siècle.
La superficie du territoire de l'Agriate est de 15 000 hectares environ, son point culminant est le Monte Genova 418 m. Son climat se caractérise par des températures très élevées durant l'été pendant lequel souffle un vent sec et chaud. Les précipitations sont rares mais souvent à caractère orageux.
Plusieurs ruisseaux s'écoulent dans les Agriates, d'est en ouest :
- le Vaghju ;
- le Fiume Santu prolongement du ruisseau de Monticellu ;
- le Liscu, qui termine sa course sur la plage de la Saleccia ;
- le ruisseau de Lettu dont le cours vers son embouchure dans la marina d'Alga, sépare le littoral de Santo-Pietro-di-Tenda et de San-Gavino-di-Tenda ;
- l'Alga, qui se jette dans l'anse éponyme ;
- la Piobetta.
L'Agriate est bordé au sud par le massif du Tenda et au nord par la mer Méditerranée. La côte est constituée d'une série de caps et de plages de sable fin, que longe un « sentier des douaniers ». Deux tours génoises aujourd'hui ruinées : la tour de Mortella à l'Est et celle de I Magazini à l'Ouest, avaient été édifiées aux extrémités pour en assurer la surveillance.
D'Est en Ouest, on rencontre :
- l'anse de Fornali et le phare de Fornali ;
- la Punta Mortella, sa tour ruinée et le phare de Mortella ;
- l'îlot voisin de la Pignata ;
- la plage du Lotu partagée entre les communes de Saint-Florent et de Santo-Pietro-di-Tenda ;
- la Punta di Curza la plus au nord ;
- la plage de Saleccia dans l'anse de Faghjula ;
- la Punta di Mignola ;
- la Punta di Santulino ;
- la plage de Guignu ;
- l'anse de Malfalcu ;
- la marine d'Alga du nom du ruisseau éponyme (San-Gavino-di-Tenda) ;
- la Punta di Solche ;
- la Punta di l'Acciola (Palasca) ;
- l'anse Pinzuta ;
- la plage de l'Ostriconi.
Une zone marécageuse se situe entre la plage de Saleccia et la plage du Lotu : marais de Padulella, marais de Pardinela et marais de Cannuta. Elle se prolonge avec l'étang de Panecalellu (Saint-Florent) et l'étang de Lotu (Santo-Pietro-di-Tenda).
Le route route D81 traverse le territoire d'Est en Ouest, de Saint-Florent à la vallée de l'Ostriconi, où elle rejoint la Balanina (RN 1197) au lieu-dit Petra Moneta, en passant par le col de Vezzu (Bocca di Vezzu) 311 mètres d'altitude. De la route D81 partent deux pistes en direction du nord, vers les plages. La première depuis Bocca di Vezzu, mène à Malfalcu/Alga Putrica ; la deuxième part du relais hertzien de Casta et conduit à Saleccia.
Casta, village de la commune de Santo-Pietro-di-Tenda et seule localité du désert, est traversée par la route D81. Des maisons et quelques rares commerces sont dispersés de part et d'autre de la route, sur près de quatre kilomètres. Au milieu, en bordure de route, se trouve la chapelle San Pancraziu bâtie en pierres de taille de granit blanc.
Le seul commerce de restauration de tout le littoral des Agriate se situe à Saleccia.
Au nord de Casta, sont deux domaines viticoles, des exploitations de 35 ha de vigne chacune, situées dans le périmètre du Patrimonio (AOC). Les quelques fermes qui s'y trouvent sont desservies par une piste démarrant au nord de Casta.
Au lieu-dit Bartolacciu existe un petit barrage édifié sur le cours du ruisseau de Bartolacciu (celui-ci prend en aval successivement les noms de Piedi Calvi, de Monticellu, enfin de Fiume Santu[1]).
Accès
Plusieurs entrées et pistes permettent l'accès aux sites des Agriates. Des panneaux de prévention et d'information sont en place pour chacune d'elles : Ostriconi, piste menant aux bergeries de Terriccie (San-Gavino-di-Tenda), Bocca di Vezzu d'où part la piste menant à Malfalcu/Alga Putrica, Casta (piste de Saleccia) et Fornali (Saint-Florent). Ces panneaux préviennent les visiteurs du degré des risques incendie qui peut aller jusqu'à la fermeture des pistes décidée en cas de risque exceptionnel d'incendie.
Histoire
Avant de retourner à l'état sauvage, l'Agriate a constitué le « grenier à blé de la Corse ». La République de Gênes, faute d'un arrière-pays suffisamment développé, l'utilisait également pour cultiver de quoi nourrir sa population métropolitaine. Il fut longtemps exploité de juin à octobre par des cultivateurs venus du Cap Corse (Nonza, Farinole, Centuri) ou de la Balagne. Ceux-ci restaient jusqu'aux moissons et s'en allaient après les défrichages, labours et semailles d'automne. Ils laissaient alors la place aux éleveurs de chèvres et de moutons, descendus des montagnes pour l'hiver. Au moment de leurs rencontres, les agriculteurs échangeaient leurs produits : du fromage contre du blé ou de l'huile.
Jusqu'au début du XXe siècle, on y cultivait encore le blé, les agrumes (cédrats, citrons, mandarines), l'olivier, le figuier… Cependant, l'écobuage et les incendies propagés par les vents forts ont eu raison de cette plaine fertile.
L'habitat humain a laissé de nombreuses traces dans le désert des Agriates. Pour se loger, les agriculteurs et éleveurs avaient construit des pagliaghji (en français « paillers »). Un pagliaghju est une cabane en pierre sèche, au toit arrondi ou en terrasse, qui servait d'habitation, de bergerie ou d'entrepôt pour le blé, le foin ou les outils. Ces abris contiennent une pièce unique fermée par une seule porte. Certains sont encore en bon état. D'autres ont été restaurés et aménagés en gîtes d'étape pour la location comme à Alga Putrica, à l'ouest de la plage du Guignu.
À l'est des Agriate, le champ de tir de Casta coupé par la route D81. Il est toujours opérationnel et est utilisé par les militaires du 2e régiment étranger de parachutistes basé à Calvi. Un dolmen se trouve dans la partie nord du champ de tir, à 700 mètres à vol d'oiseau au sud-ouest du Monte Revincu (356 m - Santo-Pietro-di-Tenda). Ce dolmen est classé Monument historique[2].
Une grande partie occidentale des Agriate, propriété des familles Casabianca (ex-propriétaire de la société Casanis à Bastia) et Rothschild, était vouée au tourisme. Un projet de 1 000 lits avait même été étudié aux abords de la marina de Malfalcu. C'était sans compter sur le Conservatoire du littoral qui a acquis ce territoire comprenant le vaste Domaine de Cavallare.
Le Conservatoire du littoral
Depuis 1979, 5 514 hectares, représentant 35 kilomètres de côtes, ont été acquis par le Conservatoire du littoral dans l'Agriate. Environ 5 000 autres hectares sont propriété des quatre communes précitées.
Le Conservatoire assure la maîtrise foncière de ce vaste domaine public terrestre et maritime. Il est le garant sur le long terme de la préservation des paysages et de l'évolution naturelle des sites.
À la suite de concertation, le Conservatoire et le Conseil général ont élaboré un projet de territoire et un plan d'aménagement soutenu financièrement par l'Office de l'Environnement de la Corse. C'est le département à qui en a été confiée la gestion qui doit assurer la surveillance, l'entretien, les petits travaux, l'accueil des publics, l'animation et la valorisation du territoire.
Depuis 2008[3] huit « gardes départementaux du littoral » assurent la gestion des terrains. Un de ces agents assure l'accueil aux refuges de Ghignu en été. Leurs missions sont nombreuses, entre autres l'entretien et le nettoyage des plages et des sentiers. En été, ils sont intégrés au dispositif de prévention des incendies ; ils préviennent les visiteurs de la fermeture de la piste de Saleccia les jours de risque exceptionnel. Agents commissionnés (ou dotés de pouvoirs) et assermentés pour la plupart, ils combattent des pratiques interdites par la loi comme le camping sauvage, l'allumage de feux et la circulation motorisée hors des voies ouvertes à cet effet ; ils peuvent dresser procès-verbal. Pour effectuer leurs missions, ils se déplacent à pied, à cheval, en 4x4 et en bateau.
Une maison des gardes existe à Saleccia. Il s'agit d'un ancien pagliaghju restauré par le Conservatoire.
Le sentier des douaniers
Jusqu'à la fin du siècle dernier, la côte faisait l'objet de surveillance maritime par des escouades, terme utilisé par les douaniers, qui sont paramilitaires, pour désigner des équipes de deux à trois agents en uniforme, qui partaient à pied depuis la brigade des douanes à Saint-Florent. D'où le nom de « sentier des douaniers ». Deux à trois jours sont nécessaires pour parcourir tout le littoral du désert.
Un poste abri douanier en pierre existait à mi-chemin, proche de la Punta Mignola. Aujourd'hui il est effacé des cartes, tout comme il n'existe plus de brigade des douanes à Saint-Florent.
De nos jours, le sentier est emprunté par nombre de randonneurs, certains trouvant à se reposer dans les paillers (les refuges de Ghignu )[4] aménagés à Alga Putrica et au camping de Saleccia.
Notes et références
- Voir la fiche de ce cours d'eau sur le Sandre
- Notice no PA00099247, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
- Bulletin du Conservatoire Agriate E nove Quoi de neuf ? - Décembre 2009
- http://www.agriate.org/fr/Contacts-07.html
Bibliographie
- Le romancier Pierre Benoit (L'Atlantide, Kœnigsmark) contribua à faire connaître cette région par son roman Les Agriates paru en 1950.
Annexes
Articles connexes
- Saleccia
- La plage du Lotu
- Saint-Florent
- Santo-Pietro-di-Tenda
- San-Gavino-di-Tenda
- Palasca
- Route du bord de mer corse
- Liste des sites du Conservatoire du Littoral en Corse
Liens externes
- Photos de l'Agriate, panoramiques, hebergements dans les Agriates.
- Agriate, Site de concertation sur la gestion du territoire Agriate.
- Agriates sur le site Natura 2000.
Wikimedia Foundation. 2010.