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Déisme
Le déisme, du latin deus (dieu) est une croyance ou une doctrine qui affirme l'existence d'un Dieu[note 1] et son influence dans l'univers, tant dans la création que dans le fonctionnement de ce dernier. Pour la pensée déiste, certaines caractéristiques de Dieu peuvent être comprises par les facultés intellectuelles de l'homme. La relation de l'homme avec Dieu est directe (notamment par la prière spontanée ou la réflexion). Le Déisme prône une « religion naturelle » qui se vit par l'expérience individuelle et qui ne repose pas sur une tradition particulière.
Typiquement, les déistes rejettent la plupart des événements surnaturels (prophétie, miracles) et affirment en général que Dieu (ou « l'Architecte suprême ») a un plan pour l'Univers que Dieu n'altère ni en intervenant dans les affaires humaines, ni en suspendant les lois naturelles qui régissent l'Univers. Ce que les religions structurées voient comme révélation divine et livres saints, la plupart des déistes le voient comme des interprétations faites par l'homme, plutôt que par une source faisant autorité.
Sommaire
Principaux points de la doctrine déiste
Le déisme affirme que :
- Tout ce qui n’est pas l’œuvre de l’homme est produit par une source originelle universelle et intelligente (nommée Dieu).
- Il n'est pas concevable que rien soit à l'origine de tout.
- Dieu n’est pas d’essence matérielle (Dieu est esprit[note 2]).
- Pour certains, Dieu a une action permanente dans l'univers, pour d'autres il n'interagit pas avec le monde.
- Dieu se manifeste par ses œuvres (la nature, la vie, le cosmos, la conscience humaine …)
- Le sentiment de l’action de Dieu vient de l’étude de la création (en contemplant le tableau on peut comprendre le peintre)
- Pour lui, la religion est souvent ramenée à la morale.
- Pour certains déistes, la relation de l’homme à Dieu est directe (par la pensée) et sans intermédiaires, pour d'autres il n'interagit pas avec le monde et n'intervient pas dans la destinée des hommes.
Voltaire[note 3] et Jean-Jacques Rousseau se sont affirmés comme déistes. La plupart des philosophes du siècle des lumières étaient déistes, ils ont été qualifiés d'athées pour des raisons polémiques. Diderot, Helvetius, Jean le Rond D'Alembert, etc. étaient déistes.
Historique
C'est dès le XVIe siècle qu'est reconnue cette notion intermédiaire entre le théisme chrétien et l'athéisme. Il ne s'agit plus ici de transcendance divine mais d'immanence. Dans une optique chrétienne, l'authenticité historique de la Révélation et des Écritures est contestée : l'Être suprême devient directement perceptible aux facultés de l'Homme.
Parce que le déisme se passe des dogmes révélés de la religion, et les conteste, il fut, dès le XVIIe siècle, l'une des cibles privilégiées du catholicisme, au même titre que l'athéisme.
Depuis Kant (XVIIIe siècle), il est d'usage de distinguer déisme et théisme. En effet, ce dernier entend se conformer à "la volonté de Dieu", alors que le déisme estime que tout se déroule déjà en accord avec la volonté de Dieu, puisque rien n'échappe aux lois divines de la création.
Voltaire se déclarait déiste, notamment dans son article intitulé « Prière à Dieu ». Le Dieu déiste est universel, il n'y a pas d'intermédiaire entre les êtres et Dieu, ce Dieu est bien supérieur à la « petitesse humaine » (il assimilera d'ailleurs les hommes à des « atomes » : on ne peut plus petit que l'homme), et ne s'occupe donc pas de ses affaires, ses cultes, ses rites et autres superstitions. Cette conception d'un Dieu distant se résume dans ces deux alexandrins du Français : « L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger ».
Dans l'entourage de Newton et alimenté par la nouvelle compréhension de l'Univers que font entrevoir ses théories, le déisme donna naissance à l'idée d'une religion naturelle dont font écho les premières Constitutions d'Anderson qui fondent la franc-maçonnerie moderne en 1723.
Le déisme inspira de nombreuses déclarations d'hommes politiques américains à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle (Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et Thomas Paine). La notion de créateur apparaît dans la Déclaration d'indépendance américaine de 1776.
Deux conceptions de l'Être suprême et du déisme au XVIIIe siècle
L'Abbé Mallet dans l’article « déistes » de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers cite longuement M. l’abbé de la Chambre, docteur de Sorbonne, qui, dans un traité de la véritable religion imprimé à Paris en 1737 distingue deux types de déistes[note 4] :
- « La première espèce de Déistes avance et soutient ces propositions : il faut admettre l’existence d’un être suprême, éternel, infini, intelligent, créateur, conservateur et souverain maître de l’univers qui préside à tous les mouvements et à tous les événements qui en résultent... ». Il semble être fait référence ici à Newton et aux déistes anglais, car au début de son article, l'Abbé Mallet fait référence aux Unitariens et à de prétendus esprits forts anglais ;
- « La seconde espèce de Déistes raisonne tout autrement. L’être suprême, disent-ils, est un être éternel, infini, intelligent, qui gouverne le monde avec ordre et avec sagesse ; il suit dans sa conduite les règles immuables du vrai, de l’ordre et du bien moral, parce qu’elle est la sagesse, la vérité, et la sainteté par essence. Les règles éternelles du bon ordre sont obligatoires pour tous les êtres raisonnables… ». Cette conception s'inscrit dans la tradition de Malebranche et de Leibniz.
Notes
- ↑ Le déisme ne parle jamais des dieux, mais de Dieu
- ↑ Idée commune avec le théisme
- ↑ selon les sources et les encyclopédies, Voltaire est à la fois présenté parfois comme déiste et parfois comme théiste. Son Traité sur la tolérance est un essai philosophique où il développe ses idées contre le fanatisme et la persécution. Le texte a l'apparence d'une prière, mais en réalité le contenu de la demande du texte est adressé aux hommes. Le but de Voltaire est d'amener les hommes à une tolérance mutuelle sur le plan religieux et social. C'est un appel à la fraternité entre les hommes. C'est un texte qui développe également le déisme de Voltaire : condamnation de la hiérarchie et des pratiques religieuses qui divisent les hommes. Ce texte fait partie du combat qu'ont mené au XVIIIe siècle, dit siècle des lumières, les philosophes pour la tolérance et le respect entre les hommes.
- ↑ cette différence entre ces deux formes de déisme est essentielle pour comprendre la controverse Newton Leibniz du début du XVIIIe siècle et celle sur le système de l’optimisme vers 1750. Elle n’est pas sans influence sur la façon d’interpréter la main invisible dans l’œuvre d’Adam Smith et peut-être sur l'évolution des relations entre Diderot et d'Alembert
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Mallet, 1988, [1751-1780], Déistes in Diderot & D'Alembert, L'Encyclopédie, volume 4, Friedrich Frommann Verlag, p. 774
- Voltaire, 1763, Traité sur la Tolérance, Prière à Dieu.
- Jean-Marc Rouvière, Brèves méditations sur la création du monde, L'Harmattan, Paris (2006), (ISBN 2-7475-9922-1).
- John Locke le caractère raisonnable de la chrétienté.
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