- Découverte de la pénicilline
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Sir Alexander Fleming fut le premier à suggérer que la moisissure Penicillium notatum synthétisait une substance antibactérienne, et il fut le premier à isoler cette substance qu'il appela pénicilline. Il ne fut pourtant pas le premier à utiliser ses propriétés, et il ne fut pas celui qui permit le développement de l'application thérapeutique de la pénicilline.
Sommaire
Historique
Année Pays Découverte Antiquité Grèce & Chine L'utilisation des moisissures pour traiter des infections est connue dès la plus haute antiquité. On savait, dans l'ancienne Chine, faire régresser des panaris à l'aide de peaux de fruits moisies. L'efficacité de ce traitement vient de ce que certaines moisissures produisent des antibiotiques naturels, dont le penicillium. Néanmoins, on ne pouvait alors distinguer, isoler et produire la substance active. "traditionnel" Serbie & Grèce Il existait de nombreux remèdes dans lesquels les moisissures du pain étaient utilisées dans le traitement des blessures et des infections. "traditionnel" Russie Les paysans russes utilisaient de la terre et de l'humus chaud pour traiter des plaies infectées. 150 avant J.C Sri Lanka Les soldats de l'armée du roi Dutugemunu (161 avant J.C - 137 avant J.C) avaient des provisions de gâteaux à l'huile (un plat traditionnel sri lankais) pour en faire un cataplasme dessicant et désinfectant en cas de blessure. 1640 Angleterre L'idée d'utiliser des moisissures en tant que traitement a été formulée par des apothicaires comme John Parkington, King's Herbarian, qui fit allusion à ce sujet dans son book on pharmacology en 1640. 1870 Angleterre Sir John Scott Burdon-Sanderson, qui commença sa carrière au St. Mary's Hospital en 1852, observa en 1870 que les bouillons de culture recouverts de moisissure ne produisaient pas de bactéries. 1871 Angleterre Joseph Lister, un chirurgien anglais et le père de l'asepsie moderne, décrit en 1871 que des échantillons d'urines contaminées avec de la moisissure ne permettent pas la croissance de bactéries. Il décrit également l'action anti-bactérienne sur les tissus humains, d'une moisissure qu'il nomme Penicillium glaucum. Une infirmière du Kings College Hospital, dont les blessures ne répondent pas aux antiseptiques, est guérie par Lister avec une substance à base de ce Penicillium. 1874 Angleterre William Roberts décrit en 1874 que les contaminations bactériennes sont en général absentes dans les cultures de Penicillium glaucum. 1875 Angleterre John Tyndall suit les travaux de Burdon-Sanderson et démontre à la Royal Society l'action antibactérienne du Penicillium en 1875[1]. 1877 France Louis Pasteur et Jules Francois Joubert en 1877 observent que les cultures du bacille du charbon sont inhibées, lorsqu'elles sont contaminées par des moisissures. Certaines sources annoncent même que Pasteur aurait identifié le Penicillium notatum. 1887 France Garré trouve des résultats identiques en 1887. 1895 Italie Vicenzo Tiberio de Naples produit, en 1895, des extraits de Penicillium et les injecte à des animaux avec des bactéries virulentes ; les résultats ne sont pas concluants. 1897 France Ernest Duchesne de l'École du Service de Santé Militaire à Lyon, découvre les propriétés curatives de Penicillium glaucum sur des porcs infectés par la typhoïde, et publie ce résultat dans sa thèse, en 1897. Mais il est ignoré par l'Institut Pasteur. Duchesne redécouvre en réalité une découverte faite par les Arabes qui travaillaient dans les étables et qui utilisaient des moisissures pour traiter les chevaux. Il n'affirma pas que la moisissure contenait une substance antibactérienne, mais simplement que la moisissure protégeait d'une certaine façon les animaux. - Duchesne traita avec succès la typhoïde, alors que la pénicilline isolée par Fleming ne guérit pas la typhoïde.
- Duchesne injecta une moisissure contenant Penicillium glaucum, alors que Fleming isola la pénicilline de Penicillium notatum.
- Le terme Penicillium glaucum était utilisé à l'époque pour désigner de nombreux et divers champignons microscopiques, mais pas Penicillium notatum. Il est aujourd'hui impossible de savoir avec certitude quel champignon Duchesne a utilisé.
1920 Belgique Dans les années 1920, Andre Gratia et Sara Dath observent une contamination et une inhibition de leur culture de Staphylococcus aureus par une moisissure. Ils identifient cette dernière comme étant du genre Penicillium et publient leur observation dans un journal qui passe inaperçu. 1923 Costa Rica Un scientifique costaricain de l'Institut Pasteur, Clodomiro Picado Twight remarque l'effet antibiotique de Penicillium en 1923. 1929 Ecosse Alexander Fleming remarque un halo d'inhibition autour d'une moisissure bleu verte qui a contaminé une culture de Staphylococcus. Il en conclut que la moisissure produit une substance qui inhibe la croissance bactérienne. Il cultive alors cette moisissure et découvre qu'il s'agit de Penicillium notatum. Avec l'aide d'un chimiste, il isole la substance antibactérienne qu'il nomme plus tard pénicilline. Pendant les douze années suivantes, il cultive et distribue cette moisissure, mais ne parvient pas à fabriquer une forme stable de pénicilline et à développer ses propriétés thérapeutiques. 1938 Angleterre À Oxford, Howard Walter Florey est à la tête d'une importante équipe de recherche, comprenant notamment Ernst Boris Chain et Norman Heatley. Ils se lancent dans de longs travaux et finissent par arriver à produire une forme stable de pénicilline. La découverte d'Alexander Fleming
Le 3 septembre 1928, le docteur Alexander Fleming alors âgé de 47 ans, revient de vacances et retrouve son laboratoire du Saint-Mary's Hospital à Londres. Il retrouve alors les boîtes de Petri où il faisait pousser des cultures de staphylocoques dans le but d'étudier l'effet antibactérien des lysozymes, une variété d'enzyme se trouvant dans les larmes et la salive. Il a la mauvaise surprise de voir ses boîtes envahies par des colonies cotonneuses de moisissures d'un blanc verdâtre. Elles ont été contaminées par les souches d'un champignon microscopique, Penicillium notatum, qu'utilise son voisin de paillasse, un jeune mycologue irlandais, Charles J. Latouche, qui travaille sur cette espèce de champignon, qui entraîne des allergies chez les patients asthmatiques.
Alors qu'il doit désinfecter ces boîtes contaminées, Fleming s'aperçoit qu'autour des colonies de moisissure, il existe une zone circulaire dans laquelle le staphylocoque n'a pas poussé. Il émet l'hypothèse qu'une substance sécrétée par le champignon en est responsable et lui donne le nom de pénicilline.
L'année suivante, en 1929, il publie dans le "British Journal of Experimental Pathology" le premier compte rendu de l'effet de cette substance, pensant que son action est du même type que celle du lysozyme.
" Au cours du travail avec différents staphylocoques un certain nombre de cultures furent mises de côté et examinées de temps en temps. Lors de l'examen, ces cultures étaient exposées à l'air et ensemencées par différents micro-organismes. On remarqua qu'autour d'une grande colonie de champignons polluants, les colonies de staphylocoques étaient devenues transparentes et sans aucun doute en voie de dissolution. "[2].
" La pénicilline utilisée en doses massives n’est ni toxique ni irritante … elle peut constituer, par applications ou en injections, un antiseptique efficace contre les microbes "[3].
Craddock et Ridley, ses collaborateurs, tentent d'isoler et de purifier la Pénicilline mais en vain. Fleming s'intéresse peu à une application thérapeutique de sa découverte et utilise surtout les extraits de ce Penicillium pour fabriquer des milieux sélectifs. Il prouve que la pénicilline n'est pas nocive pour l'homme et suggère de l'utiliser comme antiseptique c’est-à-dire un désinfectant appliqué sur la peau, à l'extérieur du corps.
Quelques essais cliniques thérapeutiques sont tout de même effectués mais sans grand succès. La découverte de Flemimg intéresse peu de monde, il recherchera d'autres micro-organismes producteurs d'antibiotiques mais il ne publiera pas ses travaux.
Il faut attendre une dizaine d'années avant que la Penicilline ne revienne sur le devant de la scène. C'est en 1939, que Howard Walter Florey, pathologiste australien, et Ernst Boris Chain, biochimiste et pathologiste d'origine allemande, réussirent à isoler l'agent actif de la pénicilline.
En mai 1943, Florey et son équipe reçoivent assez de pénicilline pour des essais sur des blessés britanniques. Ils se rendent à Alger où se trouvent les troupes alliées afin de procéder à des injections.
En 1945, ces trois hommes (Fleming, Florey et Chain) se partagent le prix Nobel de médecine pour leurs travaux sur la pénicilline et son application thérapeutique.
Expériences au Guatemala
Entre 1946 et 1948 des expériences - financées par les autorités américaines -furent menées sur 696 personnes au Guatemala : on leur inocula - à leur insu - la syphilis ou la blennorragie pour évaluer les effets de la pénicilline [1].
Voir aussi
Références
- SHiPS Resource Center || Penicillin & Chance
- Traduction de l'introduction de la première publication de Fleming sur la pénicilline , in: Leif Ryvarden, Klaus Høiland, Er det liv, er det sopp ! Landbruksforlaget, Oslo, 1998. P 80-82. (Trad J.F Doucet)
- La pénicilline
Sources
- Alexander Fleming découvre la pénicilline, sur www.herodote.net
- Des champignons et des hommes sur www.myco-haut-rhin.com
- La pénicilline sur mendeleiev.cyberscol.qc.ca
- La pénicilline s'en va-t-en guerre
- Qui a découvert les antibiotiques? sur agora.qc.ca
- La découverte des antibiotiques, sur svt.ac-rouen.fr.
- Bio de Fleming, La découverte des antibiotiques sur www.fundp.ac.be
- La biologie en s'amusant : la découverte des antibiotiques
- La pénicilline
- Science & Vie Junior no 219 décembre 2007
- (en) Princeton - History of Antiobiotics
- (en) Penicillin Man: Alexander Fleming and the Antibiotic Revolution, by Kevin Brown, St Mary's Trust Archivist and Alexander Fleming Laboratory Museum Curator. (2004) (ISBN 0750931523) (Most of the information in this article comes from this book)
- (en) http://nobelprize.org/nobel_prizes/medicine/laureates/1945/florey-bio.html
« Ne négligez jamais une apparence ou un événement extraordinaire ; c’est généralement une fausse alarme, mais cela peut être une vérité importante. » — A. Fleming
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