Dognin & Cie

Dognin & Cie

Dognin & Cie

Dognin & Cie
Insigne Dognin

Insigne de la Maison Dognin
(armes des villes de Lyon et Calais)

Création 1805
Dates clés 1841 : Association avec A. Isaac (Dognin Fils & Isaac)
1854 : Association avec les frères Roque
1860 : Association avec S. Haas et L. Isaac (Dognin & Cie)
Disparition 1975
Fondateur(s) Jean-Claude Dognin
Personnages clés Augutin Isaac
Auguste Isaac
Camille Dognin
Émile Dognin
Forme juridique société anonyme
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Activité(s) Industrie
Produit(s) tulles, dentelles, broderies et perlés
Filiale(s) FranceLyon, Calais, Valenciennes et Lunéville
Royaume-UniLondres et Nottingham
ItalieMilan
États-UnisNew-York

La Maison Dognin est une entreprise industrielle française de fabrication de tulles et dentelles fondée par Jean-Claude Dognin en 1805 et disparue en 1975.

Sommaire

Les débuts de la maison

Jean-Claude Dognin
(1785-1848)
Fondateur de la maison Dognin

La Maison Dognin, fondée à Lyon en 1805 par Jean-Claude Dognin, fabriqua d’abord le genre de tulle soie qu’on faisait alors dans cette ville sur des métiers à la chaîne dérivés des métiers à bas. À cette époque, il existait une différence sensible entre les fabriques de tulle françaises et anglaises, différence provenant de la matière première employée. Nottingham employait du coton ; Lyon, de la soie.

Le métier bobin[1], inventé en Angleterre par John Heathcoat, en 1808, ne pénétra en France qu’à la fin des guerres napoléoniennes, c’est-à-dire en 1815. Il se répandit d’abord dans le Nord : à Calais, à Lille, à Valenciennes. Jean-Claude Dognin réussit, par l'intermédiaire de son fils Michel (dit « Camille », 1812-1886), à faire passer en contrebande, de l'Angleterre à Lyon, quelques-uns de ces métiers et les employa à tisser de nouveaux tulles en soie, augmentant ainsi fortement la productivité.

Les créations

En 1825, il inventa le tulle grenadine[2], qui se terminait en noir ou en blanc. Puis, après avoir fait ses débuts dans ce genre de fabrication, il lança le tulle léger dit zéphir, puis, tulle illusion[3]. Ces deux dénominations, si connues maintenant[4], ont été créées par la Maison Dognin.

Dès 1827, le gouvernement du roi Charles X lui accordait une haute récompense à l’Exposition de Paris[5].

Camille Dognin fut le premier à faire le tulle dit Bruxelles (1838)[6], c’est-à-dire la maille avec double torsion aux quatre pans.

Dans ses voyages à Calais, il avait fait la connaissance d’Augustin Isaac, inventeur d’un procédé breveté pour appliquer le Jacquard au métier bobin[7], c’est-à-dire pour obtenir dans le tulle des fleurs et des jours. On arrivait ainsi à imiter les mats et les effets guipure de la dentelle au fuseau. Il ne restait plus qu’à contourner les motifs décoratifs avec un gros fil de soie passé à la main, et l’on avait une imitation très convenable du Chantilly ou de la Blonde.

L'essor

En 1841, Camille Dognin s’associa avec Augustin Isaac pour former la maison Dognin Fils & Isaac jusqu’en 1859. La broderie à l’aiguille se faisait à la campagne, soit dans les environs de Lyon, et notamment à Condrieu, soit dans le Nord, aux environs de Douai.

En 1859 et pour remédier à la dispersion liée au travail à domicile, les métiers de Calais furent transportés à Lyon, à la Croix-Rousse[8]. Ils y subirent d’importantes modifications qui permirent de les faire marcher plus vite, à la vapeur.

En 1862, la Maison, dans la personne de son chef, Camille Dognin, reçut la croix de la Légion d’honneur. Ce dernier céda sa place, deux ans plus tard, à son fils Émile (1839-1929). Il est rejoint par son frère Paul (1847-1931) et par Auguste Isaac, fils de Louis, en 1870.

En 1872, l’ancienne Maison Dognin Fils et Isaac, devenue Dognin & Cie depuis 1860, adjoignit à son tissage de tulle d’importants ateliers de mécanique qui lui permirent de construire elle-même tous ses métiers, aussi bien les métiers à tulle que les métiers à dentelle et les machines à broder, sur des plans qui étaient exclusifs.

Le Maréchal de Mac-Mahon, président de la République, en venant visiter l’usine de la Croix-Rousse, le 9 septembre 1877, tint à donner un témoignage public d’encouragement à l’effort industriel de MM. Dognin et Cie qui, dès cette époque, avaient constitué l’outillage le plus perfectionné pour la production des tulles et des dentelles. Sans cesse accru et amélioré, cet outillage, installé en 1880 dans l’usine de Villeurbanne, leur permet de réaliser la synthèse complète de l’industrie du tulle. En effet, ils sont arrivés à construire eux-mêmes le matériel nécessaire à la fabrication de tous leurs articles, depuis le métier sur lequel se produit le tissu, les machines qui servent à broder, les machines d’apprêt et de finissage, et jusqu’aux cartons dans lesquels les marchandises sont livrées à la clientèle.

On peut y voir, sans sortir de l’usine, le processus complet de la fabrication, depuis l’usinage des pièces du métier jusqu’à l’achèvement si minutieux des plus fines dentelles[réf. souhaitée]. La broderie mécanique occupe, dans cette usine, un atelier spacieux, dans lequel les métiers, du système le plus perfectionné, sont en mesure de rivaliser avec ceux de Saint-Gall ou de Plauen.

La broderie à la main est exécutée, sous la direction de MM. Dognin et Cie, dans la vallée du Rhône, où les ouvrières à l’aiguille sont rompues aux finesses des travaux les plus délicats. C’est grâce à cette puissante organisation que la Maison Dognin & Cie est parvenue à se placer au premier rang parmi les créateurs de la mode.

Les implantations géographiques

Bien que les anciens métiers construits par Augustin Isaac, à Calais, avant 1859, aient été transportés à Lyon, la Maison Dognin n’a pas abandonné la place de Calais pour la fabrication des dentelles Leavers[9]. Elle établit en 1880, dans cette ville, une usine spéciale qui est parmi les mieux outillées[10] et qu’elle a alors reconstruite sur les bases les plus modernes. Le marché, soutenu par l'ouverture de "maisons de nouveautés" comme Le Bon Marché ou Le Louvre, poussa aussi les associés à s'implanter en Angleterre (Nottingham et Londres), berceau du tulle.

A Lunéville, dans le meilleur centre de la région si industrieuse de l’Est, la Maison Dognin possède une installation parfaitement organisée pour produire les articles pailletés, perlés et brodés, qui trouvent, à l'époque, un large emploi dans la toilette de la femme.

Les nouveautés créées à Paris, et exécutées dans ces usines et ces centres de production divers, arrivent chaque jour aux magasins que MM. Dognin & Cie occupent rue du Sentier[11] depuis soixante ans, et constituent une collection unique au monde des produits les plus variés.

Un patrimoine familiale

Le mariage d'Auguste Isaac avec la fille de Camille Dognin, Amélie (1853-1939) unit définitivement les deux familles et fait de celui-ci le double héritier de la Maison. Le retrait d'Émile Dognin de l'affaire en 1889 fait de la branche Isaac la principale détentrice du capital de la société (57%, contre 43% pour les héritiers Dognin)[12]. Lorsqu'en 1911, Auguste se retire définitivement de la société Dognin, la quatrième génération accède au contrôle de la société. Elle compte les 3 fils aînés de Paul Dognin et les 3 fils aînés et le gendre d'Auguste Isaac.

La disparition de la maison

La Maison Dognin administrée, après plus d’un siècle d’existence, par les descendants de son fondateur, s’efforce à conserver la place qu’elle a su conquérir et à rester toujours digne de son ancienne réputation.

La crise de la soierie, l’évolution de la mode féminine et la disparition des dentelles dans le prêt-à-porter auront raison d'une grande partie de la production lyonnaise entre 1964 et 1974[13]. La maison Dognin ferme définitivement ses portes en 1975.

Cependant, la tradition de la dentelle lyonnaise a perduré jusqu'en 2001 à Villeurbanne et le patrimoine institué par cette entreprise perdure, notamment avec le classement au répertoire des monuments historiques de 8 métiers à dentelle de la Maison Dognin[14].

Annexes

Notes et références

  1. John Heathcoat (1783-1861) dépose les brevets pour l'invention des premiers métiers bobin qui diffèrent des métiers à tulle uni grâce à des barres donnant au chariot un mouvement de va-et-vient. (in L'histoire du tulle et des dentelles mécaniques en Angleterre et en France de S. Ferguson Fils, Éd. E. Lacroix, 1862, p.51-59)
  2. Tulle portant le nom de la soie qui le composait et présentant une grande élasticité. (in L'histoire du tulle et des dentelles mécaniques en Angleterre et en France de S. Ferguson Fils, Éd. E. Lacroix, 1862, p.104-105)
  3. Tulle créé pour remplacé le tulle grenadine jugé trop lourd pour la mode de l'époque.(in L'histoire du tulle et des dentelles mécaniques en Angleterre et en France de S. Ferguson Fils, Éd. E. Lacroix, 1862, p.107)
  4. in Le Moniteur de la mode, 29 février 1844, p. 115 ou in Propos d'Alain, 1932, p. 1110 : "Le tulle grenadine fait-il illusion ? et le zéphyr, donc ?"
  5. in Rapport du jury central sur les produits de l'industrie française par Héricart de Thury et Migneron, Imprimerie Royale, Paris, 1828
  6. Aussi connu sous le nom de Hank Net (tulle chaînette ou point de chaînette).(in Une Société familiale de tulle et dentelle : Dognin & Cie de 1805 à 1914, Agnès Colon, mémoire de maîtrise, Université de Tours (dir. Claude-Isabelle Brelot), 1993-94)
  7. Auguste Isaac, Journal d'un notable lyonnais (1906-1933), Éd. BGA Permezel
  8. Les ateliers de la Croix-Rousse avaient été apportés à l'affaire par l'association de C. Dognin et A. Isaac avec les frères Roque en 1854-55.(Auguste Isaac, Journal d'un notable lyonnais (1906-1933), Éd. BGA Permezel, p.12-13)
  9. John Leavers utilise le principe des machines Heathcoat et de Jacquard pour inventer en 1813 un procédé qui permet de produire un modèle fantaisie en même temps que le fonds de tulle est fabriqué.
  10. in L'industrie des tulles et dentelles mécaniques dans le Nord-pas-de-Calais 1815-1900 de Henri Henon, Belin-Frères, 1900
  11. Magasin ouvert au 37bis, rue du Sentier (Paris) en 1855 par Simon Haas.
  12. in Journal d'un notable lyonnais (1906-1933) d'Auguste Isaac, Éd. BGA Permezel
  13. in Les dynasties lyonnaises. Des Morin-Pons aux Mérieux du XIXe siècle à nos jours de Bernadette Angleraud et Catherine Pellissier, Perrin, 2003, p. 644-661
  14. in Inventaire général du Patrimoine Culturel de Rhône-Alpes

Bibliographie et sources

  • Dognin & Cie, Draeger Imp.
  • Auguste Isaac, Journal d'un notable lyonnais (1906-1933), Éd. BGA Permezel
  • Agnès Colon, Une Société familiale de tulle et dentelle : Dognin & Cie de 1805 à 1914, mémoire de maîtrise, Université de Tours (dir. Claude-Isabelle Brelot), 1993-94
  • S. Ferguson Fils, L'histoire du tulle et des dentelles mécaniques en Angleterre et en France, Éd. E. Lacroix, 1862

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