- Dimitri Pavlovitch de Russie
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Dimitri Pavlovitch Romanov (en langue russe : Дмитрий Павлович Романов), grand-duc de Russie, né à Ilinskoïe, propriété de campagne de son oncle le grand-duc Serge Alexandrovitch (gouvernement de Moscou), le 18 septembre 1891 et mort au sanatorium de Davos (Suisse) le 5 mars 1942, est le fils du grand-duc Paul Alexandrovitch (1860-1919) [plus jeune fils du tsar « libérateur » Alexandre II de Russie (assassiné en 1881) et de la princesse Marie de Hesse-Darmstadt (1824-1880)] et de la princesse Alexandra de Grèce (fille du roi Georges Ier de Grèce et de la grande duchesse Olga Constantinovna de Russie).
Sommaire
Sous l'Empire (1891-1918)
Sa mère meurt le jour de sa naissance. Il a une sœur aînée, la grande-duchesse Maria Pavlovna de Russie (1890-1958), dont il sera, toute sa vie, très proche.
Malgré l'interdiction de son neveu, le tsar Nicolas II, le grand-duc Paul Alexandrovitch se remarie morganatiquement en 1902 avec la femme d'un colonel très en vue à Saint-Pétersbourg, Olga von Pistolhkors [plus tard titrée comtesse de Hohenfelsen par le roi de Bavière (1905)], dont il aura trois enfants : le prince Vladimir Pavlovitch Paley (1897-1918) et les princesses Irina Pavlovna Paley (1903-1991) et Natalia Pavlovna Paley (1905-1981). En application des règles dynastiques en vigueur de la Maison impériale Romanov, prohibant tout mariage morganatique, son neveu, le tsar Nicolas II de Russie, lui retire ses droits à la succession impériale et l'exile en France, ne le graciant et titrant sa femme (princesse Paley) qu'à l'occasion de la Première Guerre mondiale, lorsque le grand-duc demande à venir combattre pour la Russie.
Orphelins de mère, éloignés de leur père pendant toute leur enfance et une grand partie de leur adolescence, le grand-duc Dimitri Pavlovitch et sa sœur sont élevés par le frère aîné de leur père, le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie, alors gouverneur général de Moscou, et son épouse la grande duchesse Élisabeth, sœur de la tsarine Alexandra Feodorovna.
En 1905, le grand-duc Serge est assassiné, et, quelques années plus tard, la grande-duchesse prend le voile. (Cf. la pièce d'Albert Camus Les Justes).
En 1908, sa sœur épouse le prince Guillaume de Suède, mais, bien qu'ayant eu un fils, le prince Lennart, la princesse quittera sa famille et rejoindra la Russie dès 1913, après avoir au préalable divorcé, au grand scandale de la Cour, de son mari.
Dimitri eut la réputation d'un homme au physique très avantageux. Jeune, il fut l'amant de la reine Marie de Roumanie, de seize ans son aînée, mais aussi vraisemblablement du prince Félix Youssoupoff. La grande-duchesse Olga Nikolaïevna de Russie, fille de Nicolas II de Russie, fut très éprise du charmant grand-duc. En 1912, une union entre la grande-duchesse et le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie fut évoquée. Pour une raison inconnue, Alexandra Fiodorovna provoquera la rupture de ces fiançailles[1]. En cette année 1912, le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie participa aux Jeux Olympiques de Stockholm[2]. Avant la déclaration de la Première Guerre mondiale, le grand-duc eut l'idée d'une compétition sportive nationale russe ; ce concept fut repris plus tard par l'Union soviétique. Dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916, le grand-duc Dimitri Pavlovitch participe à l'assassinat de Raspoutine. Le docteur de Lazovert, qui fournit le cyanure, le lieutenant Soukhotine, le député à la Douma Pourichkevitch et le prince Félix Youssoupov, qui avait épousé une nièce du tsar, sont également complices de l'assassinat du staretz. Après l'assassinat de Raspoutine, il comparaît devant le président du Conseil. Le tsar l'exile alors sur le front de Perse, ce qui lui sauva la vie, à la différence de son père, de son demi-frère et de sa tante.
En effet, ses proches souffrirent beaucoup de la Révolution : son père, incarcéré à la forteresse saints Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg, est exécuté sommairement, son demi-frère et sa tante et tutrice la grande-duchesse Élisabeth, exilés en Sibérie, sont précipités vivants au fond d'un puits de mine inondé, où ils connurent une mort cruellement lente, ses demi-sœurs, qui n'avaient pas quinze ans, furent, quant à elles, violentées par la soldatesque.
En exil (1918-1942)
Atteint de tuberculose, il est recueilli à Téhéran, après la désagrégation du front russe, par le Consul général de Grande-Bretagne en Perse (l'actuel Iran). Il rejoint alors Londres par voie de mer, après un long et difficile périple.
Installé ensuite à Paris, il y rencontre grâce à sa sœur, la grande-duchesse Maria Pavlovna, la couturière Coco Chanel, dont il devient l'amant en 1920. C'est le grand-duc Dimitri Pavlovitch qui dessine alors le flacon du parfum N°5 de Chanel, sur le modèle des flasques à vodka de la garde impériale[3].
En 1926, il épouse, à Biarritz, une riche héritière américaine Audrey Emery (1904-1971), originaire de Cincinnati, titrée princesse Romanovska-Ilinska par le grand-duc Kyrill Vladimirovitch, prétendant au trône de Russie. Il s'installe alors en Floride, où il exerce la profession de courtier en champagne. De retour en France, il vit à Paris, successivement 76, rue de Miromesnil et à l'hôtel George V, avenue George-V, dans le VIIIe arrondissement.
De son union, naît :
- Paul Dimitrievitch, prince Romanovsky-Ilynsky (1928-2004),
Le couple divorce en 1937, Audrey Emery se remariant deux ans plus tard avec le prince russe Dimitri Djordjazé. Le Grand-duc s'installe alors au château de Beaumesnil (Eure), ultime présent de sa femme avant leur séparation.
Il meurt de la tuberculose à Davos, en mars 1942, à l'âge de cinquante et un ans, loin de son fils, parti vivre avec sa mère aux États-Unis, et loin de sa sœur adorée, alors installée en Argentine.
Le Grand-duc Dimitri n'écrivit pas ses mémoires, et à aucun moment de sa vie il ne dit mot de sa participation à l'assassinat de Raspoutine.
Son neveu, le prince Lennart Bernadotte, fit inhumer son oncle aux côtés de sa sœur, Maria Pavlovna, dans la chapelle de son château de l'île de Mainau, au bord du lac de Constance.
Notes et références
- Edward Radzinsky, Nicolas II, le dernier des tsars, pages 146 et 147.
- Edward Radzinsky, Nicolas II, le dernier des tsars, page 147.
- Frédéric Mitterrand, Mémoires d'exil, p. 130.
Sources
- Henri Troyat, Nicolas II de Russie Flammarion. 2008 ISBN 978-2-0812-1187-2
- Frédéric Mitterrand, Mémoires d'exil Robert Laffont. Paris. 1999 ISBN 2-221-09023-3
Articles connexes
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