Cryptozoologie

Cryptozoologie

Le terme de cryptozoologie (du grec κρυπτός « caché », ζῷον « animal » et λόγος « étude », soit « étude des animaux cachés ») désigne l'étude des animaux dont l'existence même est sujette à caution, tels le « dauphin du Sénégal » ou, plus connus, le yéti et le monstre du Loch Ness, voire des animaux supposés éteints. Ce néologisme, dont la définition même n'est pas clairement établie, est selon le GDT, une « science qui tente d'étudier objectivement le cas des animaux seulement connus par des témoignages, des pièces anatomiques ou des photographies de valeur contestable ».

Il n'existe aucune formation universitaire de cryptozoologie, aucun institut scientifique officiel. Ainsi, chacun pouvant s'intituler « cryptozoologue », ne doit être considéré ici comme relatif à la cryptozoologie que ce qui se rapporte au travail d'un zoologue intéressé par la cryptozoologie, sous peine de verser dans un catalogue tenant de la légende urbaine, de la mythologie, du sensationnalisme, sans le moindre étayage que seul un zoologue peut opérer.

Le travail des zoologues intéressés par la cryptozoologie consiste d'ailleurs essentiellement à écarter les canulars, selon le zoologue Bernard Heuvelmans qui est considéré comme le créateur de la cryptozoologie, dans son ouvrage de référence Sur la piste des bêtes ignorées bien que « l'invention » du terme ne lui soit pas attribuée.

Si ce manque d'organisation est jugé regrettable, le fait même d'étudier aussi des témoignages (par définition subjectifs) soulève d'emblée la critique de la grande majorité de la communauté scientifique.

Sommaire

Méthodes de la cryptozoologie

On peut définir la cryptozoologie comme l'étude et la recherche d'animaux de moyenne et de grande taille non encore officiellement répertoriés et dont l'existence controversée pourrait néanmoins être établie sur base de preuves testimoniales (témoignages oculaires), circonstancielles (films, photos, enregistrements de cris), ou même autoscopiques (que chacun peut voir : empreinte de pied, poils, plumes, etc.), mais considérées comme insuffisantes par la communauté scientifique des zoologues. Dans sa méthodologie, elle peut faire appel à diverses disciplines, telles la zoologie, la paléontologie, la paléoanthropologie, etc., mais aussi la psychologie, l'ethnologie, la mythologie, voire la police scientifique.

On peut classer son sujet d'étude en 5 catégories, qui parfois se complètent l'une l'autre :

Le champ d'étude de la cryptozoologie ne se limite pas au Bigfoot, yéti et autres monstres du Loch Ness, mais s'étend à toute créature vivante non identifiée, pour autant que la taille soit égale ou supérieure à celle d'une grenouille et qu'elle ait laissé une trace dans l'esprit humain. Ainsi les insectes, à quelques exceptions près, n'en font pas partie, car trop petits pour avoir frappé les esprits. Les découvertes fortuites d'animaux ne font pas partie de la cryptozoologie.

Étude des mythes

Ainsi selon eux :

  • Charybde et Scylla : situés l'un en face de l'autre dans un détroit, Charybde (qui avale l'eau et la recrache engloutissant les navires) est l'image du tourbillon et Scylla (aux nombreux bras qui saisissent les marins) celle du poulpe. Exagérées par l'emphase poétique du récit, les images du poulpe et du tourbillon donnent naissance à deux monstres redoutables[1].

Résultats des études des témoignages et indices

Les cryptozoologues se référent à certains cas de la fin du XIXe siècle, où la découverte de l'animal a été précédée par ce qui aurait pu être considéré comme des indices de son existence :

  • le calmar géant, décrit scientifiquement en 1857 par Japetus Steenstrup, mais mis en scène par les légendes scandinaves sous le nom de Kraken[1] ;
  • le panda géant fut décrit en 1869 par Armand David grâce au don d'une peau que lui fit un chasseur. En effet, l'animal était alors chassé depuis longtemps en Chine et faisait l'objet de troc, par exemple entre la dynastie Tang (VIe siècle) et l'empereur du Japon, mais aucun spécimen n'avait été rapporté en Occident.

L'étude des témoignages a été le point de départ de recherches conventionnelles qui ont mené à la découverte de l'okapi :

  • découvert en 1901 par Harry Johnston, cet animal était bien connu des Pygmées Mbuti ; l'okapi a fait l'objet d'une campagne de recherche systématique financée par le gouvernement britannique au début du XXe siècle et menée par Johnston qui avait pris connaissance des témoignages des Pygmées rapportés par Henry Morton Stanley.

Partant de ces exemples, la cryptozoologie étudie témoignages et objets désignés comme preuves. À l'heure actuelle, les résultats de la cryptozoologie ont quelquefois été probants, mais de nombreux éléments présentés comme preuves ont été invalidés par un examen rigoureux : Bernard Heuvelmans a ainsi rejeté des « mains de singes pétrifiées » présentées comme des mains du Yéti et conservées dans un monastère, en montrant qu'elles n'étaient en fait que des molaires fossilisées d'éléphants (les racines étant considérées comme des doigts)[2].

De même, les prétendus poils de Yéti trouvés dans l'Himalaya ont été analysés et proviennent du goral, chèvre de l'Himalaya[3]. Cette analyse a également permis de découvrir que l'aire de répartition du goral était plus étendue vers l'est[4].

Sans ces examens menés par des zoologues s'intéressant à la cryptozoologie, ces éléments auraient continué à être présentés comme des preuves.

Controverse : la cryptozoologie est-elle une science ?

Selon Bernard Heuvelmans, pour être une science, la cryptozoologie doit répondre à deux impératifs quant à ses acteurs et quant à son objet.

  1. ses acteurs : quand elle est menée par des scientifiques uniquement,
  2. son objet : quand elle étudie scientifiquement ce qui est présenté comme « indices », reste circonspecte devant un témoignage qu'elle ne peut considérer que comme subjectif et à recouper par des indications objectives avant de mener une éventuelle campagne de recherche selon une convention scientifique.

Cependant, la question de fond demeure : si elle approuve l'étude scientifique des « indices » (pour les accepter ou les rejeter), la majeure partie de la communauté scientifique s'interroge sur le statut épistémique d'une discipline étudiant des animaux dont on disposerait de traces non pas formelles, mais culturelles (représentations) ou testimoniales.

S'il est légitime pour une discipline telle que la sociologie d'étudier les folklores liés aux visions de créatures folkloriques, une discipline ayant pour objet d'étudier non plus les témoignages en tant que témoignages, non pas les représentations, mais bien la probabilité de l'existence d'une créature du fait même qu'elle est représentée, a-t-elle sa place au sein de la zoologie ?

La principale raison pour laquelle une grande partie de la communauté scientifique considère que l'existence du Bigfoot, du monstre du Loch Ness ou du Mokèlé-mbèmbé est plus qu'improbable est qu'aucune preuve de leur existence n'a jamais été fournie à ce jour, ni aucun spécimen vivant ou mort qui puisse être examiné par la communauté scientifique.

Or, concernant ces animaux, seuls ont été produits des empreintes de pied ou de main, des photos ou des films qui peuvent être potentiellement des contrefaçons. De fait, même des sciences établies, comme la zoologie et la paléontologie, sont confrontées à ce problème (par exemple la contrefaçon de l'Homme de Piltdown présenté comme un fossile d'une espèce inconnue alors qu'il s'agissait de l'assemblage d'un crâne d'Homo sapiens et d'une mandibule d'orang-outan).

L'action de la cryptozoologie se borne donc ici à étudier des objets et est purement zoologique. On peut parler d'un autre domaine lors de l'appel à d'autres sciences (psychologie, sociologie par exemple dans le cas de l'analyse de la véracité des témoignages) ne relevant pas de la zoologie.

En paléontologie, l'identification de espèces fossiles inconnues se fonde à la fois sur des collections de fossiles dont l'analyse critique par les pairs mais aussi sur le contexte phylogénétique des espèces que l'on cherche à identifier. Or si la cryptozoologie s'intéresse le plus souvent à des cas proches d'animaux connus, elle se penche aussi (et est surtout connue pour cela) sur certains animaux (Yéti, Grand Serpent de mer) qui présentent le plus des caractéristiques anatomiques qui sont difficiles à intégrer à l'histoire évolutive des espèces connues. Il n'y a donc pas dans ce dernier cas d'éléments de comparaison.

Liste non-exhaustive de cryptides

Cryptozoologie dans la fiction

Littérature et bande dessinée

Quelques bandes dessinées, comme Kenya, de Léo, Adèle et la Bête, de Tardi, Tintin au Tibet de Hergé, reprennent des thèmes cryptozoologiques, faisant apparaître dans leurs récits des animaux inconnus (yéti) ou disparus (ptérodactyle, mastodonte, etc.).

Dans le monde fictif et parallèle des Cités obscures, inventé par Benoît Peeters et François Schuiten, cette discipline serait (si l'on en croit leur ouvrage Le Guide des Cités) la plus importante dans le domaine de la zoologie. Les Cités obscures semblent, d'après les auteurs, pauvres en créatures animales, ce qui explique l'importance de cette science.

Audiovisuel

  • Les Saturdays, série d'animation centrée sur une équipe de cryptozoologues
  • Sanctuary, série télévisée dans laquelle le personnage principal dirige un « sanctuaire » pour créatures.

Jeux vidéo

Nombreux sont les jeux qui font apparaître des créatures fantastiques originales :

  • Dans Far Cry Instincts : on entend à deux reprises, à la radio, une émission parlant de cryptozoologie. Cela se produit juste après que le héros a été confronté à des créatures faisant penser à des dinosaures.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Bernard Heuvelmans, Sur la piste des bêtes ignorées, Plon, Paris, 1955. (ASIN B00181JSJ4)
  • Richard Carrington, Sirènes et mastodontes, Robert Laffont Paris 1957. (ASIN B0018GMYVS)
  • Herbert Wendt, Ils n'étaient pas dans l'arche, Denoël, Paris, 1959. (ASIN B0000DVKP0)
  • Angus Hall, Monstres et créatures légendaires, Hachette-Le Livre de Paris, Paris, 1980 (ISBN 2245012526)
  • Jean-Jacques Barloy, Les survivants de l'ombre, Arthaud, 1985. (ISBN 9782700305050)
  • Collectif, Monstres de légende, Time-Life, Amsterdam, 1989. (ISBN 2734404567)
  • Éric Joly et Pierre Affre, Les monstres sont vivants, Grasset, Paris, 1995. (ISBN 9782246495918)
  • Jean-Paul Ronecker, Animaux mystérieux, Collection B.A.-BA, Pardès, 2000. (ISBN 9782867142192)
  • Édouard Brasey, Alain-Marc Friez, Sandrine Gestin, L'encyclopedie du merveilleux - Du bestiaire fantastique, Pré aux Clercs, Paris, 2006 (ISBN 284228254X)
  • Rory Storm, Les monstres : Guide de la cryptozoologie, Gremese, 2008, (ISBN 978-8873016625)
  • Philippe Coudray, Guide des animaux cachés, Éditions Du Mont, 2009. (ISBN 978-2915652383)
  • (en) Chad Arment, Cryptozoology: Science & Speculation, Coachwhip Publications, 2004. (ISBN 1930585152)
  • (en) Ronan Coghlan, Dictionary of Cryptozoology, Xiphos Books, 2004. (ISBN 0954493613)

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Cryptozoologie de Wikipédia en français (auteurs)

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