Cryptozoologiste

Cryptozoologiste

Cryptozoologie

Peinture du monstre du Loch Ness de Heikenwaelder Hugo

La cryptozoologie (science des animaux cachés, du grec ancien κρυπτός « caché », ζῷον « animal » et λόγος « étude ») est l’étude de toute trace d'animaux ne pouvant se rattacher à une espèce connue, de toute mention (indications, représentations, témoignages, etc) d'animaux dont l'existence n'est pas connue officiellement par la zoologie.

Le Grand dictionnaire terminologique parle d'une « science qui tente d’étudier objectivement le cas des animaux seulement connus par des témoignages, des pièces anatomiques ou des photographies de valeur contestable ».

La cryptozoologie ne s'intéresse pas à la rencontre fortuite avec un animal inconnu mais considère comme légitime l'étude de traces ou de mentions pour déterminer si l'existence, passée ou présente, d'un animal est plausible[1].

À l'appui de ce principe, la cryptozoologie cite les exemples du panda, inconnu en Occident sauf par des récits chinois[2] qui ont paru légendaires jusqu'à la découverte de cet animal par le missionnaire Armand David, ou encore le cas de l'okapi, dont on n'avait entendu parler que par les témoignages de Pygmées rapportés par l'explorateur Stanley en 1890, jusqu'à sa découverte par les zoologues occidentaux en 1901.

Souvent considérée comme pseudoscience par la communauté scientifique, la cryptozoologie est particulièrement critiquée par les sceptiques.

Le zoologue belge Bernard Heuvelmans est considéré comme le fondateur de la cryptozoologie dans son ouvrage de 1955 intitulé Sur la piste des bêtes ignorées. En revanche, il n'est pas le créateur du terme qu'il admit avoir emprunté au naturaliste américain Ivan T Sanderson[3].

Sommaire

Méthodes de la cryptozoologie

On peut définir la cryptozoologie comme l'étude et la recherche d'animaux de toute taille, non encore officiellement répertoriés et dont l'existence controversée peut néanmoins être reconnue plausible sur base de preuves testimoniales (témoignages oculaires), circonstancielles (films, photos, enregistrements de cris), ou même autoscopiques (que chacun peut voir : empreinte de pied, poils, plumes, etc.) mais considérées comme insuffisantes par la communauté scientifique des zoologues.

Dans sa méthodologie, la cryptozoologie peut faire appel à diverses disciplines telles :

  • Mais aussi à la psychologie, l’ethnologie, la mythologie : par exemple, dans beaucoup de régions d'Europe, le loup et l'ours, animaux parfaitement répertoriés dans la zoologie contemporaine, ont disparu et n'existent donc plus qu'au travers de leurs représentations culturelles (ethnozoologie).

On peut classer son objet d’étude en cinq catégories qui parfois se complètent l’une l’autre :

Le champ d’étude de la cryptozoologie ne se limite pas au Bigfoot, Yéti et autres « Monstre du Loch Ness » mais s'étend à toute créature vivante non-identifiée, pour autant que la taille soit égale ou supérieure à celle d’une grenouille et qu’elle ait laissé une trace dans l’esprit humain.

Dans sa pratique de terrain le cryptozoologue partira toujours d'un récit (témoignage écrit ou oral) ou d'un élément matériel telle une pièce anatomique. A partir de là, il mènera son enquête par des méthodes scientifiques le rapprochant souvent des enquêtes policières afin de constituer un dossier le plus complet possible dans le but de cerner au mieux l'animal qui reste à identifier. Enfin il essayera d'obtenir un cadavre ou un spécimen vivant. Cette recherche peut aussi bien durer quelques semaines que des années avant d'aboutir éventuellement.

La cryptozoologie comme étude des mythes

Selon Bernard Heuvelmans, la cryptozoologie est « l'étude scientifique des animaux cachés, c'est-à-dire des formes animales encore inconnues, au sujet desquelles on possède seulement des preuves testimoniales et circonstancielles, ou des preuves matérielles jugées insuffisantes par certains[4] »

Les "cryptozoologues" partent donc du principe qu'il serait dommage de passer à côté des témoignages personnels, des légendes populaires qui auraient toujours un fondement factuel qui se serait déformé.

Ils essaient de déterminer ce qui a pu arriver dans l'établissement des mythes.

Ainsi selon eux[5] :

  • Charybde et Scylla : situés l'un en face de l'autre dans un détroit, Charybde (qui avale l'eau et la recrache engloutissant les navires) est l'image du tourbillon et Scylla (aux nombreux bras qui saisissent les marins) celle du poulpe. Exagérées par l'emphase poétique du récit, l'image du poulpe et du tourbillon donnent deux monstres redoutables [5]
  • Le serpent de mer de Egede (XVIIIe siècle) serait en fait une baleine mâle en érection[6]. D'autres allégations concernant les serpents de mer pourraient être dues à des déformations d'animaux existants tels de grandes murènes, ou certains gros poissons anguilliformes comme le Régalec.
  • La licorne viendrait de l'observation de rhinocéros indiens, ou de cas tératologiques chez des caprins, voire de récits et de restes d'espèces rares comme le loaghtan ou l'Oryx. Toutes les cornes de licorne figurant dans des collections sont des exemplaires de la défense démesurée du narval mâle, appelé aussi licorne de mer, défense qui est en fait une canine.
  • Certains observateurs du monstre du Loch Ness auraient en fait aperçu soit une simple vague, soit un phoque égaré, ou encore des arbres gorgés d'eau flottant entre deux eaux.
  • Le rapprochement du Mokèlé-mbèmbé avec un rhinocéros. Il serait également possible que le Mokèlé-mbèmbé soit en fait un animal « composite » issu d'observations d'animaux différents, comme pour la licorne.

La cryptozoologie comme étude des témoignages

Les cryptozoologues ne se bornent pas à expliquer la naissance des animaux fabuleux par des études de textes.

Ils déclarent aussi leur intérêt pour les témoignages personnels et photographies contestées qui pourraient être selon eux non pas les preuves mais des indices de l'existence d'animaux jusqu'alors inconnus.

Pour cela, ils s'appuient sur le fait que l'existence de plusieurs animaux qu'on croyait imaginaires, disparus ou tout simplement incroyables a fini par être attestée, après des recherches menées par des zoologues.

Le témoignage doit être examiné. Ainsi concernant le panda géant, sa description connue sous la forme "animal noir et blanc qui ressemble à un ours et se nourrit de cuivre et de fer" [7]n'est vraie que dans sa première partie. L'affirmation fantaisiste "se nourrit de cuivre et de fer" avait poussé les zoologues à rejeter ce témoignage jusqu'à ce que l'animal ne soit décrit en 1869 par Armand David grâce au don d'une peau que lui fit un chasseur. En effet, l'animal était alors chassé depuis longtemps en Chine et faisait l'objet de troc, par exemple entre la dynastie Tang (VIe siècle) et l'empereur du Japon mais aucun specimen n'avait été rapporté en Occident.

On peut ainsi citer quelques espèces dont l'existence connue uniquement ou principalement par le biais de traditions orales avait été mise en doute jusqu'à leur découverte :

La cryptozoologie s'appuie aussi sur le cas récent d'un poisson comme le cœlacanthe, que la communauté scientifique considérait comme un animal vivant à la Préhistoire et éteint depuis jusqu'en 1938 où un zoologue en vit un specimen à vendre sur un marché d'Afrique du Sud. Les pécheurs interrogés ont déclarés qu'ils en péchaient souvent dès lors que leur lignes dépassaient une certaine profondeur[5]. Pour les cryptozoologues, cette affaire fonde l'intérêt pour les témoignages dans la recherche zoologique, les recherches du coelacanthe auraient en effet pu être menées et sa découverte arriver bien plus tôt si l'étude des témoignages étaient reconnue comme une base de recherche.

Le cœlacanthe et les autres animaux cités précédemment occupant des écosystèmes relativement peu explorés par les scientifiques jusqu'à leur découverte, il convenait selon la cryptozoologie, d'étudier scientifiquement les témoignages des populations locales, les mieux à même de fournir des renseignements.

La cryptozoologie comme étude des indices

-Bernard Heuvelmans rapporte le cas des mains de singes pétrifiées conservées dans des monastères[9]. Il a démontré qu'il s'agissait de molaires d'éléphants (les racines étant considérées comme des doigts)

-Les prétendus poils du légendaire Yéti trouvés dans l'Himalaya ont été analysés et proviennent du Goral chèvre de l'Himalaya[10].

- La cryptozoologie démontre que les cornes présentées longtemps comme des preuves de l'existence des licornes sont en réalité des défenses de narval

Critique de la cryptozoologie

Si la cryptozoologie n'est pas critiquée pour s'interroger sur ce qui a pu fonder des mythes animaliers, si l'on reconnait qu'elle a permis d'apporter une réponse scientifiquement fondée à des croyances développées autour de pseudo indices (voir ci-dessus les "mains pétrifiées de singes", les "cornes de licorne" et les "poils de yéti"), on l'accuse souvent de ne pas écarter les témoignages (qui sont par essence subjectifs). La cryptozoologie cependant n'affirme pas l'existence d'animaux tel le yéti mais s'intéresse à déterminer si cette existence est possible, si les témoignages incriminés sont recevables ou non et rappelle que plusieurs animaux n'étaient connus que par témoignages avant que leur existence ne soit scientifiquement constatée (okapi, panda géant).

La cryptozoologie souffre du rapprochement qui est fait entre elle et les oeuvres de fiction qui rapportent la survivance d'animaux préhistoriques par exemple ou des raccourcis opérés par la presse à sensation[11].

Bibliographie

Il existe des dizaines d'ouvrages de cryptozoologie, qui traitent d'un sujet déterminé de façon générale ou locale (le Bigfoot, Ogopogo, les « monstres » lacustres) ou de la cryptozoologie en générale. La plupart de ces ouvrages sont en anglais.

  • Bernard Heuvelmans, Sur la piste des bêtes ignorées, Paris, Plon, 1955. (ASIN B00181JSJ4)
  • Les survivants de l'ombre, Jean-Jacques Barloy, Arthaud 1985.
  • (en) Chad Arment, Cryptozoology: Science & Speculation, Coachwhip Publications, 2004. (ISBN 1930585152)
  • (en) Ronan Coghlan, Dictionary of Cryptozoology, Xiphos Books, 2004. (ISBN 0954493613)
  • l'encyclopedie du merveilleux, du bestiaire fantastique, Edouard Brasey.
  • Philippe Coudray, Guide des animaux cachés, traité de cryptozoologie, Editions du Mont, 2009

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Qu'est-ce-que la cryptozoologie ? sur Institut Virtuel de Cryptozoologie, 25 août 2005. Consulté le 17 décembre 2008
  2. http://www.chine-informations.com/guide/chine-panda-geant_1351.html
  3. Heuvelmans, Bernard. In the Wake of the Sea-Serpents. New York: Hill and Wang, 1968.
  4. Bernard Heuvelmans, un rebelle de la science, Jean-Jacques Barloy, Editions l'Oeil du Sphinx, 2007
  5. a , b , c  et d Bernard Heuvelmans, Sur la piste des bêtes ignorées, Paris, Plon, 1955
  6. (en)[pdf]Cetaceans, sex and sea serpents: an analysis of the Egede accounts of a "most dreadful monster" seen off the coast of Greenland in 1734 de C. G. M. Paxton, E. Knatterud et S. L. Hedley paru dans (en)Archives of natural history no 32. Ce journal est édité par The Society for the History of Natural History, une association hébergée au musée d'histoire naturelle de Londres
  7. http://www.chine-informations.com/guide/chine-panda-geant_1351.html
  8. http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/vie-1/d/en-video-calmars-geants-en-vedette-predateurs-eblouissants_10420-1/.
  9. (fr) Google Books
  10. http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/zoologie/d/en-bref-les-poils-supposes-du-yeti-appartenaient-a-une-chevre_17217/
  11. Bernard Heuvelmans, Sur la piste des bêtes ignorées, Paris, Plon, 1955
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