- Abu Hanifa Al-Nu'man Ibn Thabit Ibn Al-Nu'man
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Abou Hanîfa
Nuʿmān ibn Thābit ibn Zuṭā ibn Marzubān (ar. نعمان بن ثابت بن زوطا بن مرزبان), connu sous le nom de Abou Ḥanīfah, (ar. أبو حنيفة) (Koufa 80/699 - ? 148/765), fut le fondateur de l'école hanéfite de droit musulman. On le désigne parfois sous le nom de « plus grand imâm » (al-Imâm al-A'zam, ar. الإمام الاعظم).
Sommaire
Biographie
La famille d'Abou Hanîfa était originaire de l'"Irak al-Adjamî" (actuel Iran occidental) et parlait fârsî (persan). D'autres pensent que son père était originaire de Kaboul (Afghanistan)[1] et avait émigré en Irak, à Koufa, où il était commerçant. Élevé dans la religion musulmane, parlant fârsî et arabe, le jeune Abou Hanîfa était destiné à suivre les traces de son père. C'est ainsi qu'avant sa vingtième année,il créa et fit prospérer un atelier de tissage de la soie[2]. Sa rencontre avec le célèbre imâm al-Cha'bî de Koufa allait bouleverser sa vie.
Sous son égide, Abou Hanîfa s'initie à la littérature, la généalogie, l'histoire de l'Arabie, et surtout à la science du fiqh, du hadith et du kalâm. Il suivra, ensuite, toujours à Koufa, les enseignements de divers maîtres du fiqh, parmi lesquels Hammâd Ibn abî Soulaymân[3], ainsi que Dja'far al-Sâdiq.
Après la mort de Hammâd Ibn Abî Sulaymân, la direction de son école de fiqh fut assurée par Abou Hanîfa qui était alors quadragénaire. Il avait une approche d'enseignement originale. Confronté à une question juridique, il ne donnait pas la réponse directement, il exposait la question à ses disciples pour que chacun propose une solution argumentée. Puis, il commentait les propos de ses élèves, en rectifiant ce qui méritait de l'être, et, enfin, au terme de cette discussion, sondant les aspects du problème et les éléments de réponse,
le maître et ses élèves arrivaient à une solution juridique. Abou Hanîfa aidait parfois financièrement ses élèves, parmi lesquels son fidèle disciple et continuateur Abou Yûsûf.
Abou Hanîfa est mort le 11 Jumâdah Al-Oûla 150 A.H. (14 juin 767). On rapporte que sa prière mortuaire (janaza) fut répétée trois fois en raison de la grande affluence de gens à l'annonce de sa mort.
L'école hanéfite[4]
Abou Hanîfa est le premier à avoir « défini un ordre légal sur la base d'une interprétation des sources qui fait appel au jugement humain (râ'y arabe : رأْي), non pour se substituer à la révélation, mais pour faire un emploi plus complet des sources révélées. Sa méthode n'est pas seulement exégétique, mais spéculative »[5]. En d'autres termes, dans le cadre de la charia, l'école hanafite admet l'opinion personnelle du juge, que l'on appelle aussi le "jugement préférentiel" (istihsân, ar. استحسان), lorsque les sources fondamentales traditionnelles (Coran et hadiths) ne permettent pas d'élucider un cas. Cette démarche, ainsi que la décision qui en résulte, doit toutefois "avoir pour base un élargissement de la troisième source du droit, le qiyâs, ou raisonnement analogique"[6].
Parmi les continuateurs les plus connus de Abou Hanîfa figurent Abou Youssef Ya'kûb (m. 798) et Mohammed Al-Chaybânî (749/750 - 805), ce dernier étant l'auteur du Grand recueil (Al-Djâmi Al-Kabîr) des traditions de l'imâm.
L'école hanafite a inspiré les systèmes légaux des Abbassides, des Seldjoukides et de l'Empire ottoman. Elle constitue aujourd'hui le rite dominant chez les musulmans non arabes (Turquie, Balkans, Asie centrale, Pakistan, Inde, Bangladesh) comme le montre la carte ci-dessous :
Ses œuvres
- Al-Fiqh al-Akbar. L'attribution de cet ouvrage à Abou Hanîfa est contestée par certains hanafites et autres. Son contenu fait appel à des notions qui n'étaient pas connues à son époque.
- Al-'Âlim wa'l-Muta'allim, qui se présentait sous la forme de dialogues. L'ouvrage semble perdu.
- Musnad Abou Hanîfa, recueil de hadiths réunis en un seul volume par Abou al-Mu'yid Muhammad ben Mahmûd al-Khwârezmî (m. en 665 H). Pour composer cet ouvrage, l'auteur s'est appuyé sur une douzaine recueils de hadiths dans la tradition d'Abou Hanîfa [7].
Citations
- An-Nadir Ibn Shumayl a dit : "Les gens étaient endormis, négligeant le fiqh, jusqu'à ce qu'Abou Hanîfa les réveillât par ce qu'il a expliqué et exposé".[réf. nécessaire]
- Al-Châfi'î a dit : "Pour le fiqh, les gens dépendent [de la science] d'Abou Hanîfa".[réf. nécessaire]
- Al-Qâdî 'Iyâd : "Abou Hanîfa fut un juriste célèbre pour son scrupule, aisé, bienfaisant envers autrui, patient dans l'enseignement de la science de jour comme de nuit, il observait souvent le silence, parlait peu, jusqu'à ce qu'une question traitant du licite ou de l'illicite survienne". [réf. nécessaire]
Notes
- ↑ http://en.wikipedia.org/wiki/Ab%C5%AB_%E1%B8%A4an%C4%ABfa. (Cf.Name, birth and ancestry)
- ↑ M. Hadi Hussain, Imâm Abu Hanifah. Life and work (English translation of 'Allamah Shibli Nu'mani's Sirat-i-Nu'man), Lahore, Institute of Islamic Culture, 1972, p. 12.
- ↑ M. Hadi Hussain, op.cit., p. 16. Hammâd Ibn abi Soulaymân (m. en 120 H) avait connu divers compagnons de Mahomet, parmi lesquels 'Abd Allâh ben Ma'sûd. Certains auteurs assurent que Abou Hanîfa aurait recueilli les traditions de certains compagnons de Mahomet, ce qui est invraisemblable pour de simples raisons de chronologie.
- ↑ On dit aussi "rite". Les écoles hanafite, malékite, chaféite et hanbalite sont les quatre « directions » (madhâhib, arabe : مذاهب) orthodoxes de l'islam. Chaque musulman est censé suivre l'une d'entre elles, avec la possibilité de passer de l'une à l'autre.
- ↑ Louis Milliot, Introduction à l'étude du droit musulman, Paris, Sirey, 1953, p. 12.
- ↑ Louis Gardet, Islam, religion et communauté, Desclée de Brouwer, 1970, p. 190.
- ↑ M. Hadi Hussain, op. cit., pp. 91-92. L'auteur souligne toutefois qu'il est difficile d'assurer que l'ensemble des hadiths recensés dans cet ouvrage ont été authentifiés par l'imâm.
Voir aussi
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