- Abbaye de saint-antoine-des-champs
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Abbaye Saint-Antoine-des-Champs
L’abbaye Saint-Antoine-des-Champs, aujourd’hui transformée en l’hôpital Saint-Antoine (dans le 12e arrondissement de Paris), fut au centre du développement du faubourg Saint-Antoine, dont l'activité joua dans l'Histoire un rôle de premier plan.
Sommaire
Moyen Âge
Jusqu'au XIIe siècle, l'actuel emplacement de l'hôpital Saint-Antoine n'est que fourrés et marais. Seule une antique voie romaine, reliant le centre de Paris à Meaux et Melun, traverse l'endroit, baigné par les ruisseaux qui descendent des collines de Ménilmontant ou de Belleville.
En 1198, Foulques de Neuilly, curé de Saint-Baudile (à Neuilly-sur-Marne), prédicateur des IVe Croisades pour le compte du Pape Innocent III, fit construire un petit ermitage pour femmes dépravées au milieu des marécages.
En 1204, le couvent est transformé en Abbaye d'obédience cistercienne, il est fortifié et l'eau des fossés est amenée de la Seine par des canaux. Des hommes d'armes assurent sa défense sous les ordres directs de l'abbesse, que l'on surnomme « La Dame du Faubourg ». Son église est consacrée à saint Antoine. De style gothique, sa nef est flanquée de bas-côtés et d'un chevet et surmontée d'une flèche.
En 1229, le roi Louis IX érige le lieu en Abbaye Royale. Les faveurs royales dont bénéficient les religieuses rejaillissent sur tout le faubourg. De nombreux artisans se pressent aux abords de l'abbaye mais demeurent néanmoins sous la coupe de corporations parisiennes. Peu à peu, les marécages sont asséchés puis cultivés. En outre, la proximité de la Seine permet l'approvisionnement en bois et encourage l'installation de professionnels du meuble.
Le 18 août 1239, Saint Louis expose dans l'enceinte de l'abbaye la Sainte Couronne d'épines qu'il a acquise de l'empereur de Constantinople, Baudoin II. Il la porte par ailleurs lui-même dans sa précieuse cassette lorsqu'il fait son entrée dans Paris par la porte Saint-Antoine.
En 1261, Louis IX confirme une loi d'un de ses prédécesseurs, Louis VI Le Gros, sur le vagabondage des cochons, mais en exempte l'Abbaye de Saint-Antoine, qui pourra ainsi laisser aller ses porcs, à condition de les munir d'une clochette marquée d'une croix afin qu'on les reconnaisse.
Renaissance et Siècle des Lumières
En 1471, l'abbaye Saint-Antoine-des-Champs bénéficie de la part du Roi Louis XI d'un rare privilège : l'affranchissement de la tutelle des corporations. Ainsi exemptés de lourdes taxes, les artisans s'installent autour de l'Abbaye. Pendant plus d'un siècle et demi, le Faubourg met à profit cet avantage pour s'écarter des modèles jusque là sévèrement réglémentés et la profession commence à utiliser d'autres bois que le chêne.
Au milieu du XVIIe siècle, l'Abbesse, parfois de sang royal, avait en son fief une cinquantaine de rues. L'abbaye elle-même ne pouvait accueillir plus d'une vingtaine de jeunes filles, à qui l'on offrait, hormis l'éducation, le chauffage et le blanchissage, mais elle s'occupait néanmoins d'approvisionner le quartier. Son enceinte fortifiée lui permettait aussi d'accueillir les habitants du bourg, ce qui ne l'empêcha pourtant pas toujours d'être forcée et pillée.
En 1767, deux ailes sont ajoutées au bâtiment paroissial par Samson‑Nicolas Lenoir, architecte qui procédera parallèlement à la création du marché d'Aligre, à partir des terres cédées par l'abbaye, cette dernière profitant de la spéculation immobilière.
Les abbesses
L'abbaye fut en tout dirigée par quarante-deux abbesses, toutes puissantes dames du faubourg. Parmi elles, Agnès II de Mauvoisin (1233-1240), Jeanne V de Longuejoue (1525-1542) ou Marie II Le Bouthilier (1636-1652). Certaines furent de sang royal, comme Marie-Anne-Éléonore de Bourbon-Condé, abbesse de 1723 à 1760, la fille de Louis III de Bourbon-Condé. Deux des filles de Mathieu Molé, premier président du parlement de Paris au XVIIe siècle, furent abbesses de Saint-Antoine. Quant à la dernière, Gabrielle-Charlotte de Beauvau-Craon, elle appartenait à la famille de Beauvau, importante famille aristocratique de Lorraine.
L’hôpital Saint-Antoine
Par décret du 11 février 1791, l'abbaye de Saint-Antoine est déclarée bien national. Évacuée par les religieuses, elle devient sous la Convention l’Hospice de l'Est, d’une part pour pallier les manque d'hôpitaux dans cette partie de la capitale, d'autre part pour remercier les habitants du quartier pour leur rôle actif dans les événements révolutionnaires.
L'église Saint-Antoine est rasée en 1796. C'est l'architecte Clavareau qui est chargé de l'aménagement de l'hospice. Il lance la création de deux ailes supplémentaires mais est vite arrêté par le manque de budget. L'hôpital, comportant deux salles de 72 lits (une pour les femmes, une pour les hommes), n'a pour équipe médicale qu'un seul médecin, un pharmacien et une quinzaine d'infirmières. L'établissement change de nom en 1802 et devient l’hôpital Saint-Antoine.
Il faudra attendre 1811 pour que les Sœurs de Sainte-Marthe, auxquelles est confié l'hôpital jusqu'en 1881, organisent la distribution des soins et des médicaments. L'agrandissement des locaux se poursuit et les conditions d'hygiène s'améliorent. En 1842, l'hôpital comporte 320 lits pour une capacité d'accueil trois fois plus importante qu'à l'ouverture.
De grands noms de la médecine en feront à la fin du XIXe siècle un des hôpitaux les plus renommés : Georges Hayem, Marcel Lermoyez, Brissaud et Ballet, Antoine Béclère, etc.
De l'ancienne abbaye, il ne reste que le Pavillon de l'horloge, vestige du cloître, et le logo de la Faculté Saint-Antoine qui reproduit le sceau d'une des abbesses de Saint-Antoine, Marie de Bouthillier, gravé dans une pierre de l'édifice en 1643 : d'azur à 3 fusées d'or rangées en fasce supporté par une crosse d'or.
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