- Abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert
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Abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert
Cloître de l'abbayePrésentation Culte Catholique romain Type Abbaye Début de la construction 804 Protection Classé MH (1840)
Patrimoine mondial (1998)Géographie Pays France Région Languedoc-Roussillon Département Hérault Ville Saint-Guilhem-le-Désert Coordonnées Géolocalisation sur la carte : France
modifier L’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert ou abbaye de Gellone est une abbaye bénédictine fondée en 804 par un aristocrate aquitain de l'époque carolingienne Guillaume de Gellone (v. 742-812), appelé Guilhèm en langue d'oc.
L'abbaye fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1]. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.
Sommaire
Histoire
La fondation
La fondation de l'abbaye de Gellone s'inscrit dans le contexte de la conquête franque de l'Occitanie, arrivant après l'occupation par les Wisigoths suivie de celle des Musulmans[2]. Pépin le Bref puis Charlemagne (742-814) s'efforcent de mettre en place une nouvelle structure administrative tandis que Benoît d'Aniane, un aristocrate d'origine germanique, et Guilhem, comte de Toulouse, se chargent de la reprise en main religieuse. Le premier fonde l'abbaye d'Aniane dans les années 780, et le second, Guilhem, fonde en 804, deux cellules de l'abbaye d'Aniane, Notre-Dame de Caseneuve à Goudargues (Gard) et Saint-Sauveur de Gellone, située actuellement dans l'Hérault, dans un lieu proche d'Aniane, mais encore un peu plus écarté.
Guillaume de Gellone (Guilhem en occitan) est à la fin du IXe siècle comte de Toulouse et duc d'Aquitaine. Il est par sa mère cousin de Charlemagne. Il suivra le parcours de son ami, Benoît d'Aniane, en se retirant de la vie laïque après une carrière militaire bien remplie et en effectuant une donation à Gellone le 14 décembre 804.
L'abbaye de Gellone est restée sous l'autorité d'Aniane jusqu'au début du Xe siècle, avant d'être suffisamment prospère pour être indépendante. Le premier abbé de Gellone connu est Juliofred[2]. Guillaume qui est simplement moine y passe la fin de sa vie. Il y meurt en 812 et y est enterré.
Plus de trois siècles plus tard, des chansons de gestes du XIIe - XIIIe siècles mettront en scène un personnage fougueux engagé dans des combats acharnés contre les Sarrazins. La geste de Guillaume d'Orange s'inspire d'une légende épique autour de Guilhem et contribuera grandement à la renommée de Gellone.
Le Moyen Âge
Dès cette époque, l'abbaye détient des reliques précieuses, comme un morceau de la Sainte Croix, offert par Charlemagne à Guilhem. Avec la vogue des pèlerinages, cette relique et le culte de la sépulture de Guilhem attirent des foules de pèlerins. L'abbaye devient une étape très importante sur le « chemin d'Arles », un des itinéraires vers Saint-Jacques de Compostelle.
Au début du XIe siècle, l'abbé Pierre Ier fait reconstruire l'abbaye. Commencée vers 1030, l'abbatiale et le cloître sont représentatifs du « premier art roman méridional ». La campagne de travaux est marquée par la consécration d'un autel à Saint-Guilhem en 1076[2]. Car en 1066, Guillaume de Gellone avait été canonisé sous le nom de Saint-Guilhem. C'est à cette époque que des troubadours commencèrent la composition de la Geste de Guilhem d'Orange, qui contribuera à son renom et à celui de l'abbaye. A son apogée, l'abbaye devait compter une centaine de moines, la moitié résidant au monastère, les autres établis dans des prieurés dépendant de Gellone.
Le clocher a pris place sur le porche au XVe siècle.
Époques moderne et contemporaine
Le XVe siècle marque le début du déclin de l'abbaye. En 1569, pendant les Guerres de Religion, des protestants pillent l'abbaye. Une grande partie du mobilier et du temporel sera ensuite vendu pour réparer les dégâts. Un rapport de 1624, du chapitre général bénédictin, indique que malgré les réparations, les bâtiments conventuels, le réfectoire, le dortoir et les cellules sont en état de ruine. Les seize moines ne logent plus au monastère et ne suivent plus la vie commune.
L'abbaye est dans un état d'abandon avancé, quand la Congrégation de Saint-Maur en prend possession et réussit à sauver l'essentiel. En 1644, les bâtiments conventuels sont reconstruits, le cloître, le réfectoire, le dortoir et la salle capitulaire sont restaurés.
À la Révolution, six moines de Saint-Maur vivent à Saint-Guilhem.
L'abbaye est alors vendue comme bien national, et l'église devient l'église paroissiale du village. On installe dans le monastère une filature et une tannerie. Le cloître, vendu à un maçon, sert de carrière de pierre.
En 1840, l'administration des Monuments historiques prend l'abbaye en charge. Des restaurations successives donnent un nouveau lustre aux bâtiments sauvés de la destruction. Néanmoins, en 1906, un collectionneur américain George Grey Barnard achète à Pierre de Vernière, juge à Aniane, un ensemble d'éléments sculptés du cloître qui se trouve aujourd'hui intégré à une reconstitution du cloître présentée au musée The Cloisters à New York.
Liste des abbés
- 804-807 : saint Benoît I d’Aniane
- 807-824 : Jolifred I
- 824-8?? : Hucerand
- 8??-9?? : Hardingue
- 9??-929 : Jolifred II
- 929-940 : Josué
- 940-9?? : Euregaire
- 9??-958 : Alinard
- 958-961 : Benoît II
- 961-982 : Geoffroy I
- 982-984 : Guinabert
- 984-988 : Renaud I
- 988-9?? : Geoffroy II
- 9??-10?? : Géraud
- 10??-1025 : Pétrone
- 1025-1050 : Geoffroy III
- 1050-1074 : Pierre I
- 1074-1100 : Bérenger
- 1100-1102 : Guillaume I
- 1102-1106 : Hugues I
- 1106-1122 : Pierre II
- 1122-1137 : Guillaume II
- 1137-1143 : Raymond I d’Ermengaud
- 1143-1151 : Hugues II
- 1151-1154 : Raymond II d’Ermengaud
- 1154-1170 : Richard d’Arboras
- 1170-1189 : Bernard I de Mèze
- 1189-1190 : Raymond III de Cantobre
- 1190-1196 : Ebles
- 1196-1204 : Hugues III de Fozières
- 1204-1212 : Pierre III de Raymond
- 1212-1228 : Pierre IV de Layssac
- 1228-1249 : Guillaume III de Roquefeuil
- 1249-1289 : Guillaume IV des Deux-Vierges
- 1289-1303 : Guillaume V de Mostuejouls
- 1303-1317 : Bernard II de Bonneval
- 1317-1324 : Raymond IV de Sérignan
- 1324-1347 : Doyen d’Uzès
- 1347-1348 : Guillaume VI de Leschamel
- 1348-1361 : Raymond V
- 1361-1375 : Pierre V de Roquefeuil
- 1375-1387 : Hugues IV d’Aussac
- 1387-1426 : Renaud II
- 1426-1458 : Guillaume VII de Cénaret
- 1458-1465 : Gérenton de Montjaux
- 1465-1488 : Jean I de Corquilleray
- 1488-1514 : cardinal Guillaume VIII Briçonnet du Plessis-Rideau
- 1514-1554 : Michel I Briçonnet de Glatigny (évêque de Nîmes et de Lodève)
- 1554-1576 : Claude Briçonnet de Glatigny (évêque de Lodève)
- 1576-1579 : Antoine I Martin
- 1579-1596 : Laurent Dupont
- 1596-1601 : Michel II de La Roque
- 1601-1611 : Scipion de Roquefeuil
- 1611-1621 : cardinal Jean II de Bonzi
- 1621-1628 : Thomas de Bonzi
- 1628-1675 : Pierre VI Henri Autemar de Vires
- 1675-1682 : François Eugon de Fourchand
- 1682-1698 : Gaspard Eugon de Fourchand
- 1698-1738 : Louis de La Tour du Pin-Montauban
- 1738-1741 : Antoine II de Lastic de Sieurac
- 1741-1770 : Jean III Gabriel de Benoît de La Prunarède
- 1770-1781 : Alphonse Hubert de Latier de Bayane
- 1781-1790 : Jean IV Félix-Henri de Fumel
Source : Gallia Christiana
Description
Le porche de l'église date du XIIe siècle et le clocher du XVe siècle. La nef surprend par sa grande hauteur, 18 mètres de haut, pour une largeur de seulement 6 mètres. Elle est composée de quatre travées, avec des arcs doubleaux, le tout est soutenu par des pilastres. La nef et les deux collatéraux sont voutés en berceau en plein-cintre. On peut observer des arcs de décharge sur les murs latéraux. L'abside quant à elle est à l'extérieur percée de 18 niches.
Le cloître a été démantelé et ne possède plus que deux galeries (galerie nord, une partie de la galerie ouest). Le cloître à l'origine comportait un premier étage dont la construction s'est faite à la fin du XIIe siècle. La galerie nord est percée par une série d'arcades géminées, en plein cintre, reposant sur une colonnette centrale. Les sculptures du cloître vendues à Barnard en 1906 et se trouve aujourd'hui au musée The Cloisters à New York. Quelques pièces sont conservées à la Société archéologique de Montpellier.
Un dépôt lapidaire, abrité dans l'ancien réfectoire, présente des chapiteaux, des colonnes ondées, des statues. On y trouve le tombeau en marbre du fondateur de l'abbaye. Il s'agit d'un tombeau antique de l'école d'Arles, qui a été réutilisé. Autre sarcophage, celui des sœurs de Guilhem, Albane et Bertane.
Il subsistait 2 fresques partielles dont peut être une annonciation avec une vierge à genou. Une restauration a eu lieu en 20007.
Autel de Guilhem
Cette pièce a échappé aux destructions. Il pourrait s'agir d'un autel en marbres blanc et noir, incrustés de verre, que Guilhem aurait ramené d'Aix-la-Chapelle.
Le panneau de gauche représente le Christ en majesté dans une mandorle, entouré des symboles des évangélistes.
Le panneau de droite représente le Christ en croix, entouré de la Vierge et de Saint-Jean. À droite et à gauche de la croix, le soleil et la lune. Au bas de la croix, des morts sortent de leur tombeau.
Sacramentaire de Gellone
Article détaillé : Sacramentaire de Gellone.Il s'agit d'un livre de l'époque de Charlemagne (fin du VIIIe siècle) servant aux moines pour la célébration des cérémonies. Ce manuscrit est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. L'iconographie pré-romane est très riche et justifie l'importance de ce document.
Concerts et Festival
L'été, l'Abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert accueille des concerts, en particulier ceux des Rencontres musicales de Saint-Guilhem-le-Désert depuis 1998.
Bibliographie
- Cartulaire de Gellone - Alaus, Cassan, Meynial, - (1897, Martel)
- Cartulaire de Gellone - Tables des Noms de Personnes et des Noms de Lieux - Camps, Hamlin, Richard (1994, Clerc)
Notes et références
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00103690 » sur www.culture.gouv.fr.
- Xavier Barral i Altet, photos de Daniel Kuentz, Saint-Guilhem le-Désert, Editions Jean-Paul Gisserot, 2010, 32 p.
Voir aussi
Articles connexes
Catégories :- Abbaye de l'Hérault
- Abbaye bénédictine française
- Abbaye monument historique (France)
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