Commanderie de la villedieu

Commanderie de la villedieu

Commanderie de la Villedieu

48°45′53.28″N 01°57′51.23″E / 48.7648, 1.9642306

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Commanderie de la Villedieu
Elancourt Commanderie entrée.JPG
Commanderie
Pays France
Région Île-de-France
Lieu Élancourt
Fondée en date inconnue
Protection Inscription en 1926

La commanderie des Templiers de la Villedieu se situe sur le territoire communal d'Élancourt, dans le département des Yvelines, à seize kilomètres à l'ouest de Versailles.

Le riche plateau agricole de Trappes, les défrichements opérés dans cette région par les moines de l'abbaye de Saint-Denis furent certainement déterminants pour élever ici la chapelle de la Ville Dieu puis une commanderie. Ceci marque depuis Paris, le premier jalon sur la route de Chartres pour les pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle.

Sommaire

Historique

La Commanderie a été fondée vers 1180 par les moines-soldats de l’Ordre du Temple. Lors de la dissolution de l'Ordre en 1312, tous les biens de la Villedieu-Maurepas furent placées sous l'obédience de la commanderie hospitalière de Louviers-Vaumion. Les terres, la chapelle Saint-Thomas et le grand vivier qui constituait la commanderie avaient été données en 1181 par Godefroy d'Ambleville aux frères de Jérusalem. L'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem deviendra l’Ordre de Malte.

La coutume en vigueur sur le territoire de la commanderie était celle de Trappes, antérieure à l'an mille, qui fut règlementée en aout 1226 par Pierre d'Auteuil, abbé de Saint-Denis. Il n'est pas douteux que certains articles de ce remaniement soient en rapport avec des démêlés entre l'Abbaye et les Templiers, dont les possessions se trouvaient enclavées dans les terres Saint-Dionisiennes[1].

Par la bulle Omne datum optimum que Saint Bernard leur avait fait accorder, les Templiers jouissaient de privilèges en rapport avec les services qu'ils rendaient ou avaient rendus en Orient. Exemptés d'impôts, de dimes, dépendants uniquement du Pape, exerçants leur propre justice, ils constituaient une entité qui était loin de plaire aux religieux de Saint-Denis et à beaucoup d'autres[1].

La commanderie, sinon la chapelle, eut beaucoup à souffrir comme tous les environs des bandes de pillards, routiers et écorcheurs, ainsi que de l'occupation anglaise durant la Guerre de Cent ans. le domaine se trouvait dans un tel état de pauvreté à la fin des hostilités que, ne pouvant plus subvenir à ses propres besoins, il fut directement rattaché à l'hôpital Saint-Jean de Latran de Paris, dépendant du Grand Prieuré de France, en 1474.

Durant les guerres de religion, le domaine fut rançonné par les troupes huguenottes en 1567 et 1568.

C'est vraisemblablement vers cette époque qu'il n'y eut plus, et ce jusqu'à la Révolution française, qu'un receveur des terres (en quelque sorte un fermier) à sa tête et que la chapelle, si elle continuait d'être soigneusement entretenue, n'était plus desservie que de temps en temps par un moine de l'Ordre ou par le curé d'Élancourt, tous les jeudis, ainsi que l'atteste un acte de 1750.

Il ne reste aujourd’hui des bâtiments originaux que la chapelle en pierre de meulière qui a été inscrite en 1926 à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Les autres bâtiments ont été construits ultérieurement, au cours des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. En 1792, la Révolution française confisque les biens français de l'Ordre de Malte et vend l'ensemble, en tant que bien national. La commanderie devient une ferme et, en 1900, sera une des plus importantes de la région avec une douzaine d'ouvriers agricoles à demeure.

À partir de la fin des années 1930, à la suite d'une expropriation, le site va rester à l'abandon jusqu'en 1970, date de la création de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. L'établissement public d’aménagement (EPA) en devient propriétaire. D'importants travaux de restauration sont alors effectués de 1971 à 1978. Après avoir abrité un office d’information de l’EPA et un centre culturel à vocation polyvalente, à savoir des expositions, des séminaires, des ateliers et des logements d’artistes ainsi qu'un restaurant. Les locaux sont aujourd'hui en cours de réaménagement.

Les lieux sont aujourd'hui la propriété de la Communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Commandeurs Hospitaliers

La Villedieu fut dirigée par les commandeurs hospitaliers suivants :

Nom du commandeur Dates
Guillaume Lesbahy 1469
Charles des ursins 1506
Guillaume Quignon 1522
François de Lorraine 1549
Pierre de la Fontaine 1550
Guillaume de la Fontaine d'Ognon 1567
Henri d'Angoulême 1569
Philibert l'Huillier 1577
Bertrand Pelloquin 1597
Georges de Regnier 1603
Alexandre de Bourbon 1620
Guillaume de Meaux 1630
Amador de la Porte 1639


Ensuite, les seize commandeurs directs de Louviers-Vaumion prirent la relève et se succédèrent jusqu'aux lois des 2 et 4 novembre 1789, relatives aux biens des communautés religieuses.

Nom du commandeur Dates
Hugues Rabutin de Bussy 1645-1647
Jacques de Souvray ou de Souvre 1647-1670
Henry de la Salle 1670-1677
Pierre de Culant, seigneur de la La Brosse 1677-1683
François Noué de Villiers 1684-1691
Jacques de Noailles 1691-1696
Alexandre César d'O 1696-1707
Francois le Maire de Parisis Fontaine 1708-1716
Adrien Claude Le Tellier 1717-1721
Joseph de Laval Montmorency de Montigny 1722-1734
Alexandre Thomas du Bois Givry 1734-1741
Joseph de Lancry Pronleroy 1741-1751
Jean Bois Roger de Rupierre 1751-1770
Louis François de Paule Le Febvre d'Ormesson 1771-1782
Jacques de Rogres de Champigneulles 1783-1789


A cette liste, il faut ajouter entre 1691 et 1693 : Louis Feydeau de Vaugien (frère du tenancier d'un fief de Trappes) qui ne semble avoir exercé qu'un intérim.

La chapelle

La chapelle de la Villedieu, qui est le dernier témoin médiéval de la région, est un gracieux édifice aux proportions élégantes de 28 mètres sur 8. Sa hauteur intérieure primitive était de 11,80 mètres à la croisée des ogives.

les façades sont percées de 14 fenêtres ogivales de 6 mètres sur 1,40 mètre, séparées par des contreforts montant jusqu'au toit d'ardoise. il est rare qu'une chapelle templière soit éclairée avec une telle profusion. Ces fenêtres furent bouchées par les fermiers qui ouvrirent, selon leur fantaisie, des portes et bâtirent des appentis un peu partout.

Sous l'unique ouverture de la façade, on trouve un porche surmonté d'une archivolte sculptée en pointe de diamant, signature indubitable du XIIe siècle, cette arcade repose sur deux consoles peu saillantes.

À sa droite et au pignon, une tourelle octogonale, dont l'accès se retrouve à l'intérieur de la chapelle, est coiffée d'un toit conique. Son escalier à vis, éclairé par des meurtrières, conduit au sommet se terminant en lanterneau. On rencontre rarement ce genre de tourelle dans les commanderies; elles sont généralement de surface circulaire. Signalons que la construction octogonale est considérée chez les templiers comme une architecture marquant un endroit initiatique privilégié. De fait, cette tourelle étant d'un diamètre plutôt réduit, on comprends mal pourquoi son concepteur a pris la peine de lui donner cette apparence; dans nombre de chapelle comportant une telle tourelle, cette dernière est incorporée à "l'intérieur" et n'est visible qu'à partir du toit à la manière d'une cheminée. Nous savons que des frères du Temple avaient été intronisés à La Villedieu, cérémonie qui n'avait pas lieu dans toutes les commanderies, ceci expliquant peut-être cela.

Sur la façade sud de la travée la plus proche du chœur, s'ouvrait autrefois une porte secondaire qui, si l'on considère les plans habituels des commanderies, devait donner accès au logis du commandeur.

À l'intérieur, l'abside est à cinq pans. Les six arcs de voute, soigneusement moulurées, reposent sur de graciles colonnettes dont les astragales supportent des chapiteaux ornés de feuilles ou de crochets.

Vers la droite du chevet, sous une arcade ogivale, s'ouvre dans l'épaisseur du mur, une piscine d'église à deux cuvettes: ronde et carrée.

Trois travées d'égales dimensions succèdent au chœur. Leurs arcs sont portées par des culs-de-lampe en encorbellement décorés de feuillages différents à chaque élément-feuilles d'eau, de chêne, de trèfle.

Les clés de voute sont toutes sculptées et il semble qu'elles comportaient des motifs issants qui ont disparus.

Le sol a été plusieurs fois remanié; abaissé lorsque la chapelle fut transformée en grange, on y découvrit huit pierres tombales qui furent sans doute récupérées comme matériau de construction. Le sol fut relevé à son niveau initial lors de travaux de restauration; on y découvrit des fragments du dallage originel. Des restes de vitraux furent également découverts. D'une grande simplicité, ainsi qu'il convenait au cadre de la chapelle, des médaillons en provenance de Saint-Denis [2], ont été incorporées à l'ensemble du chœur.

Cette chapelle ne sera dédiée qu'à saint Jean-Baptiste qu'après son transfert aux hospitaliers.

Borne templière

Lors des travaux de restauration dans les années 70, une pierre gravée sur les deux faces d'une croix templière inscrite dans un cercle, a été retrouvée. Tout comme à Westerdale ou à Arveyres, ces croix servaient très certainement de bornes territoriales.

On peut voir cette borne aujourd'hui qui a été insérée dans la façade d'un bâtiment face à la chapelle avec les deux faces visibles.

Possessions

Parmi d'autres dons, la commanderie reçu de Gui II, seigneur de Chevreuse, à sa mort en 1182, les droits sur la terre de La Brosse (près de Lévis-Saint-Nom), donation qui fut confirmée par Simon de Chevreuse, fils du précédent et frère de Milon IV, son ainé, qui ne régna que de 1182 à 1190. De plus, celui-ci leur laissa, en toute propriété, avant son départ pour la troisième croisade, le village de Boullay-les-Troux, le bois des Layes à Auffargis et le haras installé sur le domaine.
La Villedieu était une commanderie rectangulaire, telle qu'elle subsiste, malheureusement amputée d'un de ses cotés. Entourée de murs, elle était défendue par un ru. Ce fossé et les pièces d'eau qui existent encore, en partie du moins, avaient une surface de 4 hectares et demi. Ils constituaient non seulement des éléments de protection mais contribuaient largement à l'alimentation de la communauté dont la règle recommandait une faible consommation de viande.

Le domaine de la commanderie ne semble pas avoir considérablement évolué au cours des siècles. On sait qu'en 1757, il comprenait:

  • 300 arpents de terres (102 ha,57)
  • 110 arpents de bois (37 ha, 61)
  • une ferme située à l'entrée du village d'Élancourt,

le tout pour un revenu total de 2.000 livres.

Ces même données se retrouvent dans l'acte de vente numéro 829 du 28 Fructidor an III au registre des Biens nationaux de Montfort-l'Amaury:
« Une ferme appelée la Villedieu, située commune d'Élancourt, route de Chartres, avec tous ses bâtiments en dépendant et cours et jardins, clos de murs. Plus 300 arpents environ de terres en une seule pièce et 13 arpents de rigolles; servant de pâturages laditte ferme bâtie sur laditte pièce de 300 arpents.
Appartenant au ci-devant ordre de Malthe.
Adjudicataire : Mignon, marchand de biens aux Mesnuls pour Jean François Le Roux demeurant a Neauphle le Château.
Montant: 3.004,000 livres »

Galerie

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Liens internes

Liste des commanderies templières en Île-de-France

Liens externes

  • [1] agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines

Notes

  1. a  et b V. R. Belot, Commanderie des Templiers de la Villedieu, 1975, p8.
  2. Originaires de la commanderie du Val-de-la-Haye, en Seine-Maritime, ils sont à notre connaissance les derniers vitraux de l'époque templière
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