Citadelle de Sisteron

Citadelle de Sisteron
Citadelle de Sisteron
Image illustrative de l'article Citadelle de Sisteron
Citadelle de Sisteron, Vue de l'ouest
Type citadelle
Début construction XIVe siècle
Fin construction XVIe siècle
Protection  Classé MH (1925)[1]
Coordonnées 44° 11′ 56″ N 5° 56′ 35″ E / 44.198889, 5.94305644° 11′ 56″ Nord
       5° 56′ 35″ Est
/ 44.198889, 5.943056
  
Pays Drapeau de France France
Région Provence
Département Alpes-de-Haute-Provence
Commune française Sisteron

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Citadelle de Sisteron
Citadelle de Sisteron - Une guérite en pierre
Citadelle de Sisteron - Le donjon
Citadelle de Sisteron - Fortification sud
Citadelle de Sisteron - La guérite du diable
Citadelle de Sisteron - La guérite du diable vue du pont
Citadelle de Sisteron - L'escalier souterrain
Citadelle de Sisteron - Chapelle ND du Château
Citadelle de Sisteron - Le magasin à poudre de Vauban
Citadelle de Sisteron - Intérieur du magasin à poudre

A 500 m d'altitude, la citadelle de Sisteron surplombe la ville de Sisteron — située dans un passage entre le Dauphiné et la Provence — et la Durance. Construite sur un éperon rocheux, c'est la première chose que l'on voit en arrivant dans la ville. La citadelle, avec ses fortifications, était un verrou stratégique sur la route menant des Alpes vers la Méditerranée. Classée monument historique, c'est la pièce maîtresse de la ville. Jehan Erard, ingénieur militaire d'Henri IV, puis Vauban l'ont marquée de leur empreinte.

La citadelle (rempart supérieur, tour de l'horloge, chapelle et guérite en pierre dite guérite du Diable) fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 11 février 1925[2].

Sommaire

Histoire

Antiquité

Le rocher dominant la cluse de la Durance a de tout temps été fortifié. Il ne reste rien de l'oppidum des Voconces, détruit lors de l'invasion romaine d'Auguste (27 av. J.-C.), ni du castrum romain qui lui succéda. De l'époque romaine, il ne subsiste de « Segustero » (nom latin de Sisteron), que les vestiges d'un mausolée et d'une cité le long de la « Via Sinistra », qui reliait les voies Aurélienne et Domitienne.

Moyen Âge

Rien ne reste non plus du châtel, fait de tours et de palissades, du haut Moyen Âge. Après la période troublée qui suivit la mort de Charlemagne, Sisteron passa de main en main, de vicomtes locaux aux comtes de Forcalquier, puis aux comtes de Provence pour enfin être rattachée à la couronne de France sous le règne de Louis XI. Ce n'est qu'à partir du XIe siècle que l'on trouve dans les archives une première mention du « château » de Sisteron. La citadelle de Sisteron monte la garde et verrouille le passage entre le Dauphiné et la Provence depuis 1209, assistée par les curieuses strates verticales du Rocher de la Baume qui lui fait face, sur l'autre rive de la rivière.

La citadelle, telle que nous pouvons la voir aujourd'hui, est constituée d'un ensemble d'ouvrages d'époques très diverses résultant de modernisations et de reprises successives. Le rempart supérieur, ou chemin de ronde, ponctué d'un puissant donjon remonte au XIIe siècle.

Renaissance

Sa situation de « forto villo de grand passagi per passar les monts » (début du XVIe siècle) lui vaut d'être un enjeu âprement disputé pendant les guerres de Religion. Après les destructions subies au cours de celles-ci, Jehan Erard, ingénieur militaire de Henri IV adapte, de 1590 à 1597, deux enceintes successives au nord, et trois au midi, en un étagement d'ouvrages bastionnés auquel venait se souder le rempart enserrant la ville depuis le XIVe siècle. Au cours de ces travaux, Erard innove en imaginant un système de fortifications en « dents de scie » que devait, plus tard, reprendre et perfectionner Vauban. La face sud comporte trois enceintes fermées de portes bien défendues. Celle nord, deux seulement.

Période moderne

Ces ouvrages attribués à Jehan Erard sont plus sûrement l’œuvre d'un ingénieur venu d'Italie où l'art de fortifier était plus avancé que chez nous. Un siècle plus tard, en 1692, Vauban, après l'invasion de la haute vallée de la Durance par le duc de Savoie Victor-Amédée II, conçoit pour Sisteron un vaste plan de défenses intéressant la ville et la forteresse. A son arrivée, il découvre une forteresse en élévation, entourée de cimes d'où on peut la réduire à merci. Il projette tout de suite une série d'ouvrages. Pour la forteresse elle-même, il recommande de réhausser les courtines, de renforcer les portes d'accès et ordonne la construction d'un magasin à poudre à l'abri des tirs plongeants. De l'ambitieux projet, seuls le magasin à poudre et le puits de cette dernière seront réalisés.

De 1842 à 1860, le comté de Nice et la Savoie n'étant pas encore en France, d'ultimes travaux furent entrepris pour adapter la citadelle aux nécessités de l'époque et de la défense des frontières. Les ingénieurs qui en furent chargés suivirent les recommandations faites deux siècles plus tôt par Vauban : on releva les courtines ; on ouvrit deux portes charretières dans la face sud. Au nord, la deuxième enceinte fut remaniée, une citerne fut aménagée, et enfin on creusa le formidable escalier souterrain reliant la citadelle à la porte nord de la ville, elle aussi reconstruite.

Période contemporaine

La chapelle « Notre-Dame du château » remonte au XIVe siècle. Elle a été construite sur une terrasse soutenue par de puissantes arcades. Son vaisseau gothique, inondé de lumière est un chef-d’œuvre de proportions où le maître d’œuvre a joué, avec un rare bonheur, de la dichromie d'un grès doré et d'un calcaire gris. Aux trois quarts détruite en 1944, la chapelle restaurée, parée de vitraux du maître verrier Claude Courageux sert de cadre aujourd'hui à des expositions de prestige.

Ainsi Notre-Dame du château, au faîte de l'austère citadelle, en ce lieu conçu pour les guerres, continue de régner comme un signe de miséricorde et de paix. Depuis 1956, la citadelle est l'objet d'une restauration exemplaire, conduite avec le produit des entrées, par l'Association « Arts, Théâtre, Monuments » avec la confiance et le soutien de la municipalité.

Dans l'enceinte de la forteresse, un musée a été aménagé. Une salle, installée dans une casemate, est consacrée au retour de l'île d'Elbe. Soixante documents d'époque évoquent l'épopée de l'empereur.

La citadelle ne sera démilitarisée qu'en 1920.

Quelques dates

  • 1516 : François Ier s'arrête à Sisteron de retour de Marignan ; Le chevalier Bayard y tient garnison.
  • 1524 et 1537 : François Ier s'arrête à nouveau à Sisteron
  • 1639 : le prince polonais Jean Casimir Vasa (Jan II Kazimierz Waza), également appelé Casimir V, qui deviendra roi de Pologne en 1648, accusé de complot contre la France - il aurait comploté avec l'Espagne -, est enfermé, sur ordre de Richelieu, dans le donjon de la citadelle du 13 février au 16 août. Le cachot où fut détenu le prince a été reconstitué, avec son mobilier et un mannequin représentant le prisonnier.
  • 1815 : le 5 mars, lors de la marche de Napoléon Ier vers Grenoble, l'empereur arrive à Sisteron, dont le maire est royaliste, précédé du général Cambronne, venu s'assurer que le passage était sûr. La garnison de la citadelle ne peut arrêter la petite troupe… faute de poudre à canons !. L'empereur y déjeune avant de poursuivre sa marche triomphale vers Paris. C'est le début de la période des « Cent-Jours ».
  • 1940-1942 : la citadelle est transformée en camp d'internement par décret du 18 novembre 1939, puis un centre de séjour surveillé : jusqu'en mai 1940, on y trouve des détenus dits « gens sans aveux » (de droit commun) ; puis arrivée des détenus politiques (ainsi le 11 mars 1941 : « 255 repris de justice, 63 indésirables étrangers et 51 issus des compagnies spéciales »).
  • 1942-1944 : la citadelle a servi de prison aux Allemands, qui y enferment des prisonniers politiques pendant l'occupation. Ceux-ci seront délivrés le 21 juillet 1944 par les maquisards du groupe F.T.P du maquis de Bayons dirigé par Yvan Beck. Cette évasion rend furieux le commandement allemand, qui prendra une cinquantaine d'habitants en otages et attaquera le 26 juillet le maquis à Bayons.
  • 1944 : le 15 août, les B26 « Marauder » français et des « forteresses volantes » américaines du 42th Bomber Wing tentent de couper le pont ferroviaire et le pont routier qui enjambent la Durance. La météo n'est pas très favorable. Les accès sont atteints, mais les ponts ne sont pas détruits. Le wing de l'USAAF, forcé à une manœuvre d'évitement après son premier passage se libère des bombes non larguées et plusieurs tombent sur la ville. On déplorera plus de 300 victimes parmi la population civile. Le 17 août, une formation de B-26 français revient sur les lieux et réussit cette fois à détruire les objectifs avec succès. Le résultat de ces bombardements alliés : une grande partie de la ville fut détruite, et la citadelle gravement endommagée.
  • 1944-1945 : On y trouve ensuite des prisonniers pour marché noir et, à la fin de la guerre, des prisonniers pour collaboration.

Notes et références

Liens externes

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Annexes

Articles connexes


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