- Château d'Acquigny
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Château d'Acquigny
Le château d'Acquigny, de la grille du parc.Période ou style Renaissance Type château Début construction 1557 Propriétaire initial Anne de Laval Destination initiale habitation Destination actuelle habitation privée Protection Classé MH (1946) Coordonnées [1] Pays France Anciennes provinces de France Normandie Région Haute-Normandie Département Eure Commune française Acquigny Géolocalisation sur la carte : France
modifier Le château d'Acquigny est un château situé dans le département de l'Eure en Haute-Normandie.
La façade du château fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 17 septembre 1946[2]. La totalité du château étant inscrite depuis 1926.
Sommaire
Entre Eure et Iton
Acquigny s’est développé au confluent de deux rivières : l’Eure, jadis navigable jusqu’à Chartres, et l’Iton, détourné de son cours naturel par un bras forcé construit au XIIe siècle par les moines de Conches-en-Ouche pour alimenter des moulins. Ce bras alimentait aussi les douves du château et protégeait le prieuré Saint-Mauxe et le village médiéval situé derrière le château actuel.
Le site bénéficie d’un paysage qui a profondément changé depuis la fin du XIXe siècle. Les vergers de cerisiers et d’alisiers, les vignes et les pâturages à moutons des hautes collines qui bordent l’Eure et protègent le parc des vents du nord et de l’est ont cédé la place aux buissons et aux arbres qui imprègnent le paysage d’un grand romantisme.
Le château
Depuis le haut Moyen Âge, le site fut fortifié pour contrôler la navigation sur l’Eure. Le château est l'enjeu des guerres franco-normandes puis franco-anglaises pendant la guerre de Cent Ans.
Article détaillé : Liste des seigneurs d'Acquigny.Guerre de Cent Ans
Dès 1356, après l'emprisonnement de Charles II de Navarre, le duc de Lancastre, envoyé par le roi d'Angleterre au secours de Philippe de Navarre, frère de Charles, vint le joindre à Évreux où se trouvèrent douze cents lances, seize mille archers et deux mille hommes armés de brigandines, si se départirent, raconte Jean Froissart[3], ces gens d'armes d'Évreux en grand-ordonnance et bon arroi, bannières et pennons déployées, et chevauchèrent devers Vernon. Si passèrent à Acquegni et puis à Passy, et commencèrent à piller à rober et à ardoir tout le pays devant eux et à faire le plus grand exil et la plus forte guerre du monde.
Le château d'Acquigny fut pris à cette occasion par le parti Navarrais ou était déjà en sa possession. Toujours est-il qu'après la bataille de Cocherel, le 16 mai 1364, il servit de refuge à une partie des vaincus et fut une des places fortes d'où les Navarrais inquiétèrent le roi de France. Charles V chargea son frère le duc de Bourgogne de réunir à Chartres une armée qui s'y sépara en trois corps. Le premier, sous la conduite de Bertrand du Guesclin, marcha vers Cherbourg. Le second, sous la conduite de Jean Bureau de la Rivière, favori du roi, vint mettre le siège devant Acquigny, tandis que le gros de l'armée attaquait Marcerauville. Jean de la Rivière avait en son corps, nous dit Froissart, deux mille combattants[4] : « Dedans le châtel d'Aquesny avoit Anglois et Normands et Navarrois, qui là étoient retraits puis la bataille de Coucherel ; et se tinrent et défendirent le chatel moult bien ; et ne les pouvoit-on pas avoir a son aise, car ils étoient bien pourvus d artillerie et de vivres, pourquoi ils se tinrent plus longuement. Toutefois finablement ils furent si menés et si appressés qu'ils se rendirent, sauves leur vie et leurs biens et se partirent et se retrairent dedans Chierebourc. Si prit messire Jean de la Rivière la saisine du dit château d'Aquegny et le rafraîchit de nouvelles gens ; et puis se délogea et tout son ost et se trairent par devant la ville et la cité d'Évreux. »
Ce récit montre assez quelles étaient, au XIVe siècle, la force et l'importance du château d'Acquigny. Il était situé au même endroit que le château actuel. Ses fortes murailles étaient entourées de larges fossés dans lesquels coulait la rivière d'Eure, au rapport d'un autre historien du même siège[5].
Le château d'Acquigny fut sans doute rendu à Charles II de Navarre par le traité du 6 mars 1365, dont l'article 6 porte : que le roi de France rendra tous les châteaux pris sur le roi de Navarre ou son frère, excepté ceux de Mantes et de Meulan[6]. Mais il dut être rasé en 1378, puisque Charles V fit alors détruire en Normandie les fortifications de tous les châteaux qui tenaient pour le roi de Navarre, excepté Cherbourg dont les Français ne purent s'emparer[7]. Aussi dans les lettres de rémission accordées l'année suivante aux partisans du roi de Navarre, on en trouve une pour Jehan Ricart, l'un des compagnons d'Arnoton de Milan, capitaine d'Acquigny[8].
Article détaillé : Guerre de Cent Ans en Normandie.Lorsque les Anglais furent contraints de quitter la Normandie en 1450, Anne de Laval reprit possession de sa baronnie d'Acquigny. Elle en fit hommage au roi en 1451, et en rendit aveu par lettres datées de Vitré le 4 juin 1455[9]. Les deux baronnies d'Acquigny et de Crevecœur[10] étaient dès lors réunies en une seule, dont le chef-lieu était Acquigny. L'aveu mentionne les deux châteaux comme ruinés depuis longtemps par la guerre et déclare perdus la plupart des titres de propriété.
Château actuel
Le château actuel fut construit à partir de 1557 par Anne de Laval, veuve de Louis de Silly, cousine du roi et première dame d’honneur de Catherine de Médicis. Elle voulut que l’architecte, Philibert Delorme ou Jacques Androuet du Cerceau, s’inspire de l'amour éternel qu'elle portait à son mari et construise sa demeure en utilisant leurs quatre initiales entrelacées. C’est l’origine d’un plan complexe et d’une construction originale d’une rare élégance, centrée sur une tourelle d’angle à loggias superposées reposant sur une trompe en forme de coquille Saint-Jacques. Cette façade d’honneur est revêtue de nombreux éléments décoratifs qui célèbrent cet amour exceptionnel et la gloire de sa famille.
L'aveu de 1584 déclare que le château est maintenant rebasty et de nouveau construit. Piederaut, dans sa Métamorphose des Nymphes, strophe XI, a écrit :
- Dans le grand pourpris de ce val,
- La comtesse Anne de Laval
- Bastit son chasteau de plaisance.
Vers 1745, Pierre Robert le Roux d’Esneval, connu sous le nom de « Président d’Acquigny », fit agrandir le château, acheté en 1656 par son trisaïeul Claude le Roux de Cambremont, d’ailes basses à balustres. Le même architecte Charles Thibault reconstruisit la chapelle Saint-Mauxe ainsi que les écuries et remises. Il édifia aussi une orangerie, l’église et « le petit château » attenant destiné à être un ermitage.
Le petit château
Le président d’Acquigny, homme de grande piété, après avoir reconstruit l’église, désira terminer sa vie en ermite, vivant selon la règle de la stricte observance de la Grande Trappe. De l’extrémité de ce pavillon, il pouvait assister aux offices célébrés dans l’église.
L’architecture de cette construction est sobre, mais harmonieuse. Le jeu des couleurs – ardoise bleue, brique rose, pierre blanche – et la symétrie jouent un rôle essentiel dans la beauté et l’équilibre qui se dégagent de ce monument classé.
Promenade au fil de l’eau et de l’histoire
Du vaste parc du XVIIIe siècle au dessin régulier, il subsiste, autour du potager, le tracé général des plans d’eau perpendiculaires, mais les alignements d’arbres et les parterres symétriques ont disparu. Toutefois, de magnifiques tilleuls ou de puissants marronniers qui se sont affranchis de leur forme géométrique embellissent le bois. Deux éléments majeurs, le potager et l’orangerie, ont retrouvé une partie de leur splendeur passée. Au début du XIXe siècle, le réseau de canaux rectilignes a été complété par une rivière au parcours sinueux traversée par un pont romantique et un chemin de roches inspiré d’un thème cher à Jean-Jacques Rousseau dans Les Rêveries du promeneur solitaire. Cette rivière comprend aussi des bassins où se reflètent les grands arbres et le château, de part et d’autre des cascatelles ou de la grande cascade.
Au cours de cette promenade apparaît la silhouette de la chapelle Saint-Mauxe, une tour du XIVe siècle protégeant désormais le Christ de l’ancien cloître du prieuré ou une chaumière du XVIIIe siècle avec ses iris et ses sédums sur le faîtage.
Le potager du XVIIIe siècle
Situé à l’extrémité du parc actuel, le potager présente la particularité d’être simultanément entouré de hauts murs de briques roses cuites sur le domaine et de canaux. Ces murs coiffés d’une charpente supportant un toit d’ardoises sont palissés de beaux poiriers imposants avec leurs 15 ou 20 branches. Sa restauration a commencé par les murs, les toitures, les canaux et des plantations. Elle se poursuit par le retour des fleurs.
L’orangerie
Conçue pour le président d’Acquigny vers 1746 par Charles Thibault, l’orangerie abrite depuis sa restauration une collection d’agrumes, des palmiers et des plantes méditerranéennes. Elle sert aussi de salle d’exposition, de concert et de réception. Ses briques roses, le gris bleu des lavandes, les sculptures bleues des cyprès de l'Arizona taillés à l’italienne forment un décor de choix pour les agrumes en pot disposés aux beaux jours en allée devant l’orangerie.
Des végétaux méditerranéens ou de régions chaudes sont plantés le long de la façade : jasmin officinal, grenadier, passiflore, fremontodendron aux fleurs jaunes, jasminoïdes au feuillage persistant, vignes…
Le parc paysager
Dessiné vers 1820, le parc paysager a été conçu pour mettre en valeur le château et le site. L’alternance des pelouses, des bosquets d’arbustes à fleurs, de rhododendrons et des plans d’eau constitue un paysage harmonieux. Elle permet de retrouver la perspective historique de la vallée d’Eure destinée à l’origine à surveiller la rivière et de deviner la vallée de l’Iton. Les plantations d’arbres ont été particulièrement heureuses. Dans ce site, chaleur et eau se conjuguent pour permettre un développement inhabituel des différentes espèces : les platanes de différents cultivars atteignent ici 46 mètres de hauteur, les sophoras du Japon plantés à la même époque que celui du Jardin des Plantes de la ville de Paris sont particulièrement remarquables ainsi que les hêtres pourpres, les pins laricio, les séquoias, les cyprès chauves, les tilleuls des bois, les marronniers…
La diversité des essences est renouvelée lors des plantations : cèdres du Liban, de l'Atlas ou de l'Himalaya, tulipiers de Virginie, féviers d'Amérique, pins parasol, mûriers, micocouliers, arbousiers ou arbres aux fraises…
Source partielle
- Annuaire administratif, statistique et historique du département de l'Eure. 1862.
- Site du Parc et des Jardins du château d'Acquigny
Notes et références
- Géoportail et Google Maps Coordonnées vérifiées sur
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00099290 » sur www.culture.gouv.fr.
- Chroniques, t. 1, édit. Buchon, p. 329.
- Denis-François Secousse, t. 1, p. 57. Ibid., p. 486. Voir aussi
- Et tous ensemble alèrent par devant ung fort d'Angloiz et de Navarois mettre le siège. Et seoit cellul fort sur la rivierre d'Eure, si que la dicte rivière avironnoit tout entour icellui fort, et estoit nommé Aquigny. Chronique des quatre premiers Valois, p. 151.
- Secousse, Hist. de Charles-le-Mauvais, p. 85. — Lebrasseur, Hist. du comté d'Évreux, p. 105 des preuves.
- Secousse, p. 199. — Lebrasseur, p. 259.
- Ces lettres du 29 juin 1379 sont publiées par Secousse, Preuves, t. 2, p. 457. « Charles , etc., comme Jehan Ricard se fust pieça mis ou service de Arnoton de Milan lors capitaine de Acquigny et enst chevauchié avecquei lui en tenant le parti du Roi de Navarre notre ennemi etc. »
- Archives départementales de Seine-Maritime, B. 201 Pour l'hommage, voir :
- Eure, près de La Croix-Saint-Leufroy Cette baronnie de Crevecœur, qui resta longtemps unie à celle d'Acquigny, avait son chefmois situé sur la rivière d'
Voir aussi
Articles connexes
Catégories :- Château de l'Eure
- Château monument historique (France)
- Patrimoine du XVIe siècle
- Monument historique de l'Eure
- Monument historique classé en 1946
- Monument historique inscrit en 1926
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