Charlotte de belgique

Charlotte de belgique

Charlotte de Belgique

Charlotte de Belgique en 1864, par Franz Xaver Winterhalter

Marie, Charlotte, Amélie, Augustine, Victoire, Clémentine, Léopoldine, princesse de Belgique, duchesse de Saxe, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha, épouse de Ferdinand-Maximilien d'Autriche, Vice-Roi de Lombardie-Vénétie puis empereur du Mexique, naquit à Laeken, le 7 juin 1840.

Elle était la fille du roi Léopold Ier de Belgique et de Louise-Marie d'Orléans, fille du roi des Français Louis-Philippe Ier. Elle a déjà deux frères aînés Léopold, duc de Brabant et Philippe, comte de Flandre (sur les trois qu'a eu le couple royal, l'aîné est mort au berceau). Son père, qui aurait souhaité un quatrième fils, ne dissimula pas sa déception.

Elle était également la cousine germaine de la reine Victoria Ière du Royaume-Uni et du prince Consort Albert.

Sommaire

Biographie

Une princesse orpheline

À la mort de sa mère, Charlotte avait dix ans ; la petite fille turbulente et expansive devint une adolescente pensive, repliée sur elle-même. Son instruction religieuse fut confiée au père Victor-Auguste Deschamps, frère du ministre des Affaires étrangères et, plus tard, cardinal-évêque de Malines.

Une princesse courtisée

En 1856, lorsque Charlotte entra dans sa seizième année, deux prétendants sollicitèrent sa main : le prince Georges de Saxe et le roi Pierre V de Portugal. Ce dernier était le candidat de la reine Victoria. Mais, au mois de mai, la princesse rencontra à Bruxelles l'archiduc Ferdinand-Maximilien d'Autriche, frère cadet de l'empereur François-Joseph. Elle fut charmée.

Archiduchesse d'Autriche

Le mariage fut célébré le 27 juillet 1857, au palais royal de Bruxelles. La nuit de noces fut assez médiocre. On ne sait réellement ce qui s'est passé. D'aucuns ont parlé de malformation d'un des époux ou prétendu que Maximilien, à l'instar de son frère Louis-Victor , était homosexuel. Le fait est que le couple n'aura pas d'enfant.

Entre-temps, l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier, avait nommé son frère Vice-Roi du Royaume lombardo-vénitien.

Vice-reine de Lombardie-Vénétie

L'archiduchesse Charlotte et son époux, l'archiduc Maximilien

Le 6 septembre 1857, les archiducs arrivèrent à Milan. Il entendaient gouverner suivant des principes libéraux et ils réussirent tellement à se faire aimer[réf. nécessaire] qu'on envisagea la fondation d'un État lombardo-vénitien indépendant sous leur souveraineté[Qui ?]. Mais la fermentation nationaliste était trop forte dans la péninsule et la soldatesque autrichienne du général Gyulay se rendait chaque jour plus haïssable. Voyant s'envenimer la situation, Maximilien demanda la concentration des pouvoirs civils et militaires[réf. nécessaire]. Le 10 avril 1859, l'empereur répondit à ce vœu, mais en dépouillant son frère des pouvoirs civils au profit du comte Gyulay ! C'était la disgrâce. Le parti militariste de Vienne n'avait jamais pardonné à l'archiduc ses tendances libérales.

La disgrâce

Maximilien et Charlotte se retirèrent dans la villa de Miramar, construite à l'une des extrémités de la baie de Trieste. Il De secrets dissentiments semblaient déjà séparer les jeunes époux[réf. nécessaire]. L'inactivité les humiliait l'un et l'autre. Le 3 octobre 1863 survint à Miramar une délégation d'émigrés mexicains, qui offrit officiellement à l'archiduc la couronne de son pays.

La revanche

En réalité, les négociations à ce sujet étaient en cours depuis plus de deux ans ; Napoléon III rêvait de créer un empire latin et catholique qui eût limité l'influence des États-Unis d'Amérique alors en proie à la guerre civile ; il se disait prêt à soutenir militairement Maximilien, si celui-ci acceptait de partir pour le pays des pronunciamientos. L'empereur des Français croyait à la véracité d'une rumeur qui prétendait que l'archiduc était le fils secret du feu duc de Reichstadt et l'archiduchesse Sophie, et donc le petit-fils adultérin de Napoléon Ier.

Mais l'archiduc hésitait. De Londres, la reine Victoria suppliait sa cousine de ne pas s'engager dans ce guêpier. La souveraine britannique soupçonnait de sordides calculs, notamment ceux du banquier suisse Jecker qui avait convaincu Napoléon III de l'aider à recouvrer un prêt à deux mille pour cent : une créance de 15 millions de dollars pour un prêt de 650 000 !

Le 10 avril 1864, dans le grand salon de Miramar, les délégués mexicains informèrent l'archiduc des résultats d'un référendum, sans insister sur les baïonnettes françaises qui avaient protégé ou intimidé les électeurs. Maximilien leur déclara alors qu'il "acceptait la couronne des mains de la nation mexicaine" et jura "d'assurer par tous les moyens le bien-être, la prospérité, l'indépendance et l'intégrité de cette nation".

Impératrice

L'aventure mexicaine commençait. "Ce sera, aurait dit Charlotte, une occupation pour Maximilien". Les jeunes descendants de Charles Quint firent leur entrée solennelle à Mexico, le 12 juin 1864, au cri "Viva el Emperador". Il ne leur fallut guère de temps pour mesurer l'insécurité et l'anarchie qui régnaient dans leur empire : l'intervention française soutenue par des contingents belges et espagnols, succédant à une longue guerre civile, avait tout désorganisé. Il apparut également très vite que c'était une minorité qui avait fait appel à l'étranger. Maximilien et Charlotte commencèrent cependant leur règne avec une généreuse confiance. L'empereur fit l'essai d'une conciliation des partis, tandis que l'impératrice se rendait populaire en pénétrant courageusement dans Veracruz où deux mille Français étaient morts de la fièvre jaune et du "vomito negro".

Le revers

Mais le drame du royaume lombardo-vénitien se renouvela au Mexique : pendant que Maximilien et Charlotte tentaient d'apaiser les esprits, le maréchal français Bazaine et le colonel Dupin gâchaient toutes les chances par leur stupide brutalité. Dès lors, les rapports entre la France et le Mexique devinrent de plus en plus détestables ; les républicains du Zapotèque Benito Juarez en profitèrent pour multiplier les coups de main et enrôler de nombreux éléments venus des États-Unis. Abandonnant la partie avec autant de coupable inconscience qu'il l'avait amorcée, Napoléon III décida de rappeler l'armée Bazaine en France. Maximilien n'avait plus autour de lui que quelques Belges et Autrichiens !

Le chemin de croix d'une souveraine

Le 9 juillet 1866, l'impératrice quitta Mexico à destination de l'Europe. Elle alla plaider la cause du Mexique à Paris et à Rome. Hélas ! Napoléon III ne voulait plus entendre parler du Mexique et le pape Pie IX n'avait aucune raison de compromettre l'Église dans cette affaire.

Au cours de son entrevue avec le Pape, elle fut prise de sa première crise de paranoïa : elle était persuadée que Napoléon III voulait la tuer; elle fut donc la première femme à loger au Vatican[réf. nécessaire]. Le 7 octobre 1866, le comte de Flandre accourut à Rome, et, deux jours plus tard, emmenait sa sœur à Miramar. En proie à des idées fixes, la malheureuse soupçonnait tout le monde de vouloir l'empoisonner. En fait, Charlotte était littéralement séquestrée au Gasthaus de Miramar que surveillaient des agents de la sûreté autrichienne. Ce fut quasi de force que la reine Marie-Henriette enleva sa belle-sœur et la ramena en Belgique. Quand celle-ci arriva à Miramar, elle vit Charlotte dans un état dramatique : elle était terrifiée, maltraitée par ses domestiques et se cachait derrière les rideaux de peur[réf. nécessaire].

Le drame de Charlotte n'est pas l'éxécution de son mari le 19 juin 1867 comme on l'a longtemps cru.

En effet, Il en bonne Saxe-Cobourg qui a les pieds sur terre et pas mal d'ambition[non neutre], son drame, c'est la chute de l'empire mexicain. En 1869, alors qu'elle est à Laeken, les médecins ont bon espoir de la guérir. En 1870, ils déclarent qu'il n'y a plus aucun espoir ! Pendant longtemps, nous ne possédions pas d'informations sur ce qui s'est passé en 1869.

Le jugement de l'Histoire

En 1999, un chercheur est tombé sur un paquet de lettres de la main de Charlotte. Comme sa mère, elle écrivait énormément : une à vingt lettres par jour, allant chacune parfois jusqu'à vingt pages ! On peut donc suivre une crise de paranoïa d'heure en heure. Elle décrit comment les médecins soignaient à l'époque. Avec les moyens actuels, on aurait pu la soigner.[réf. nécessaire]

Toutes ces lettres étaient destinées à une seule personne, non pas Maximilien mais Charles Louazelle, un officier français qu'elle avait très peu connu au Mexique. Ses lettres sont très rationnelles, à part sur certains points. Par exemple, un homme peut être une femme et inversement. Elle signera donc après un moment Charles Louazelle. Selon ces lettres, Charlotte est morte à la chute de l'empire.

L'impératrice fut transférée en 1870 au château de Tervueren, puis au château de Bouchout après l'incendie de Tervueren que Charlotte applaudit.

Elle mourut à 87 ans, le 19 janvier 1927, au château de Bouchout (acte de décès) que le roi Léopold II avait acquis pour l'infortunée princesse après 60 ans de réclusion.

A cette époque, tous ses contemporains étaient morts, les empires européens s'étaient effondrés, les monarchies séculaires avaient été remplacées par de jeunes républiques.

Évocations dans la littérature française

  • Gassier, Alfred: Juárez ou la guerre du Mexique. Drame en 5 actes. París 1880.

Analysé par : Spiller, Roland, “'Rouge gagne'. Perspectivas femeninas e interculturales en: Juarez ou la guerre du Mexique (1880/1886) de Alfred Gassier.” dans Igler, Susanne; Spiller, Roland (eds.): Más nuevas del imperio. Estudios interdisciplinarios acerca de Carlota de México. Francfort del Meno 2001. (=Erlanger Lateinamerika-Studien. 45). p. 227-244.

  • Liliane Wouters, Charlotte ou la nuit mexicaine, Bruxelles, Éditions Les Eperonniers, 1989.

Analysé par: Igler, Susanne: “Una visión belga del imperio mexicano: Charlotte ou la nuit mexicaine. Pièce en douze séquences de Liliane Wouters.” dans Galeana, Patricia (coord.): Encuentro de liberalismos. México 2004. p. 537-553.

Bibliographie

  • Princesse Marthe Bibesco : Charlotte et Maximilien, 1962.
  • André Castelot : Maximiliano y Carlota. La Tragedia de la Ambición, Mexico 1985.
  • Corti, Conte Egon Caesar : Maximilian und Charlotte von Mexiko. Nach dem bisher unveröffentlichten Geheimarchive des Kaisers Maximilian und sonstigen unbekannten Quellen. 2 Vols. Zurich, Leipzig, Viennne, 1924.
  • Corti, Conte Egon Caesar : Maximilian von Mexiko. Die Tragödie eines Kaisers, Francfort, 1953.
  • Desternes, Suzanne; Chandet, Henriette: Maximilien et Charlotte, 1964.
  • Gómez Tepexicuapan, Amparo: “Carlota en México.” En: Igler, Susanne; Spiller, Roland (eds.): Más nuevas del imperio. Estudios interdisciplinarios acerca de Carlota de México. Francfort, 2001. (=Erlanger Lateinamerika-Studien. 45). p. 27-40.
  • Michel de Grèce, L'Impératrice des adieux, Presses de la Cité, 2000 (ISBN 2266093622).
  • Harding, Bertita : Phantom Crown. The story of Maximilian and Carlota of Mexico. 3a edición, Mexico 1967 [1935].
  • Haslip, Joan : The Crown of Mexico: Maximilian and his Empress Carlota. 2nd edition, New York, 1972.
  • Hyde, Montgomery H. : Mexican Empire. The history of Maximilian and Carlota of Mexico, Londres 1946.
  • Igler, Susanne : Carlota de México, Mexico 2002. (=Grandes Protagonistas de la Historia Mexicana) [segunda edición: 2006].
  • Igler, Susanne : De la intrusa infame a la loca del castillo: Carlota de México en la literatura de su 'patria adoptiva'. Frankfurt: Peter Lang 2007 (Studien und Dokumente zur Geschichte der Romanischen Literaturen, 58).
  • Kerckvoorde, Mia: Charlotte. La passion et la fatalité, 1981.
  • Maria y Campos, Armando: Carlota de Bélgica. La infortunada Emperatriz de México, Mexico, 1944.
  • Praviel, Armand : La vie tragique de l'impératrice Charlotte, La Nouvelle revue critique, 1930.
  • Ratz, Konrad (ed.) : Vor Sehnsucht nach dir vergehend. Der private Briefwechsel zwischen Maximilian von Mexiko und seiner Frau Charlotte, Vienne, Munich 2000.
  • Dominique Paoli, L'impératrice Charlotte : « Le soleil noir de la mélancolie », Perrin, 2008 (ISBN 978-2262021313)

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