- Censure de l'Internet
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La censure de l'Internet désigne les limitations de l'information disponible par l'intermédiaire de ce réseau, pratiquée en général au niveau des États, et à l'encontre des droits de l'Homme.
En effet, bien que la Déclaration universelle des droits de l'Homme fasse de l'accès à l'information un droit indéniable (article 19[1]), certains États semblent, comme pour d'autres média, vouloir réguler Internet. Dans certains cas, certaines associations, comme Reporters sans frontières, accusent ces États de censure. Entre 1999 et 2004, cette association s'est même fait l'écho d'une augmentation spectaculaire du filtrage.
Sommaire
Techniques
Les technologies employées peuvent être le blocage IP par routeur, et la redirection DNS. Des gouvernements peuvent bloquer les contenus du Web qui leur déplaisent, tout en bénéficiant néanmoins de ce qu'ils considèrent comme les avantages de l'Internet.
D'après RSF, des pays comme l'Ouzbékistan créent des miroirs modifiés. Ainsi, pour l'internaute, l'accès aux sites des dissidents politiques ne semble pas être bloqué. Les autorités ouzbèkes copieraient les sites controversés, puis les modifieraient afin de saper ou d'affaiblir les prises de positions interdites. Les internautes ouzbeks accédant à ces sites consultent alors des copies falsifiées. Ce type de manipulation sera peut-être décelé par un expert, mais il est extrêmement difficile à détecter par l'internaute lambda[réf. souhaitée][Note 1].
Les « ennemis d’Internet » de RSF
Reporters sans frontières (RSF) publie une liste dite d'« ennemis d'Internet », « pour dénoncer ces pays qui contrôlent ce qui devrait être un espace de liberté »[2].
2011
Liste au 12 mars 2011[3]
Pays déclarés ennemis d'internet
Pays sous surveillance
Australie
Bahreïn
Biélorussie
Corée du Sud
Égypte
Émirats arabes unis
Érythrée
France La Hadopi propose l'intégration de logiciels espions directement dans les box ADSL des fournisseurs d'accès à Internet français [4],[5],[6]. L'article 4 de la loi LOPPSI 2 prévoit la censure de sites internet sans aucune décision de justice sur simple formalité administrative à la demande du ministère de l'intérieur.
Libye
Malaisie
Russie
Sri Lanka
Thaïlande
Tunisie
Turquie
Venezuela
2009
12 pays déclarés « ennemis d'internet » :[7],[8]
Arabie saoudite
Birmanie
Chine
Corée du Nord
Cuba
Égypte
Iran
Ouzbékistan
Syrie
Tunisie
Turkménistan
Viêt Nam
Pays « sous surveillance » :
- Australie
- Bahreïn
- Belarus
- Corée du Sud
- Émirats arabes unis
- Érythrée
- Malaisie
- Sri Lanka
- Thaïlande
- Zimbabwe
Inquiétudes :
Égypte : Trois blogueurs arrêtés par les autorités [9]
France : Des logiciels-espions qui menacent les libertés[10]? Filtrage d'internet par une autorité administrative sans passage par un juge [11],[12],[13],[14] Enregistrement des données personnelles des internautes [15]
2008
15 pays déclarés « ennemis d'internet » :[16]
Arabie saoudite
Biélorussie
Birmanie
Chine
Corée du Nord
Cuba
Égypte
Iran
Ouzbékistan
Pakistan
Qatar
Rwanda
Syrie
Tunisie
Turkménistan
Viêt Nam
Pays « sous surveillance » :
Bahreïn
Émirats arabes unis
Érythrée
France
Gambie
Jordanie
Libye
Malaisie
Sri Lanka
Tadjikistan
Thaïlande
Yémen
2006
13 pays déclarés « ennemis d'internet »[2]:
Arabie saoudite
Biélorussie
Birmanie
Chine
Corée du Nord
Cuba
Égypte
Iran
Ouzbékistan
Syrie
Tunisie
Turkménistan
Viêt Nam
2005
15 pays déclarés « ennemis d'internet »[17] :
Arabie saoudite
Biélorussie
Birmanie
Chine
Corée du Nord
Cuba
Égypte
Maldives
Népal
Iran
Ouzbékistan
Syrie
Tunisie
Turkménistan
Viêt Nam
Les pays à surveiller :
Allemagne
Autriche
Bahreïn
Belgique
Chypre
Corée du Sud
Danemark
Égypte
Espagne
Estonie
États-Unis
Finlande
France
Grèce
Hongrie
Irlande
Italie
Kazakhstan
Lettonie
Lituanie
Luxembourg
Malaisie
Malte
Pays-Bas
Pologne
Portugal
République tchèque
Royaume-Uni
Slovaquie
Slovénie
Suède
Singapour
Thaïlande
Zimbabwe
L'exemple cubain
Les Cubains sont peu équipés en matériel informatique (3,3 ordinateurs pour 100 habitants, c'est-à-dire l'un des taux les plus faibles du monde[18]) et il n'existe qu'un seul opérateur dans le pays, la société ETEC SA[18]. L'ouverture d'une ligne internet est soumise à l'autorisation des autorités de l'île. L'utilisation d'Internet ne doit pas « compromettre la sécurité d'État », ni aller contre « les lois et principes moraux du pays » ; ces motifs sont suffisamment flous pour couper arbitrairement un accès à Internet[18]. Les cybercafés sont surveillés et trop coûteux pour la population. Les clients sont dans l'obligation de décliner leur identité[18]. La recherche de mots-clés jugés « subversifs » par le régime entraîne la fermeture du programme[18]. Les dissidents tels que Guillermo Fariñas (qui a reçu le Prix Cyberliberté de RSF en 2006) luttent pour la liberté d'expression et d'information sur Internet.
Aux États-Unis
En novembre 2010, l'agence Immigration and Customs Enforcement (ICE) a saisi des noms de domaines dont les activités étaient contraires aux lois américaines[19]. Ces sites internet ne sont donc plus accessibles pour personne, peu importe le lieu de résidence. Ces sites « interdits » sont principalement des sites proposant des produits de contrefaçon.
La censure dans les moteurs de recherche
Les moteurs de recherche retirent souvent de leurs résultats des sites dont le contenu est jugé indésirable : pédophilie, racisme, œuvres protégées par le droit d'auteur… le filtrage différant d'un pays à l'autre. Ainsi, les sites allemand et français de Google, contrairement au site américain, excluent un certain nombre de pages diffusant des idées d'extrême droite[20]. Plusieurs moteurs allemands ont signé en février 2005 un « code de bonne conduite » proposé par l'association FSM (Freiwillige Selbstkontrolle Multimedia-Diensteanbieter), s'engageant ainsi à respecter une « liste noire » établie à partir de signalements faits par les internautes[21].
Parade technique (partielle)
Le logiciel Psiphon permet à un internaute résidant dans un pays censurant Internet d'accéder à Internet sous certaines conditions.
Le projet Peekabooty, lancé en 2002, semble une alternative pour les internautes des pays pratiquant la censure. Le logiciel est en fait un navigateur qui permettrait de surfer anonymement via un ingénieux système d'encapsulage-décapsulage. La création du logiciel a été annoncée par le groupe de hackers Cult of the Dead Cow et fonctionnerait sur un système distribué de type Gnutella (aussi connu par des logiciels de Peer-to-peer, fonctionnant sur le principe de redistribution de l'information par tous les ordinateurs hébergeant Peekabooty). Le tout sera couplé avec des dispositifs de chiffrement. Le projet est abandonné depuis 2006.
Notes et références
- Article 19 : Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
- La liste des 13 ennemis d’Internet - Reporters sans frontières, 7 novembre 2006 (voir archive)
- Journée mondiale contre la cyber-censure - 12 mars 2011
- Hadopi : la sécurisation pourrait pénétrer la box
- Filtrage dans les box ADSL et atteinte à la vie privée au programme de l'Hadopi
- Moyens de sécurisation : la Hadopi lance une nouvelle consultation
- Rapport Les ennemis d'internet - Reporters sans frontières, 12 mars 2009 [PDF]
- Ennemis d’Internet 2009 - Reporters sans frontières (voir archive)
- Trois blogueurs arrêtés par les autorités, Article actualisé en Libération de trois blogueurs égyptiens
- Des logiciels-espions qui menacent les libertés ?
- Le filtrage administratif des sites pédophiles autorisé - Le Point
- Loppsi 2 : les "sages" valident le blocage des sites pédo-pornographiques - LeMonde.fr
- Loppsi 2 : le filtrage sans juge non censuré
- LOPPSIÂ : Le Conseil Constitutionnel valide la censure du Net - La Quadrature du Net
- La LCEN a enfin son décret sur les données à; conserver par les hébergeurs
- Les ennemis d'internet 2008 selon RSF : Article RSF vers le premier dans l'ordre alphabétique avec le lien vers les autres.
- Article RSF des ennemis d'internet 2005
- La censure sur Internet : États contre cyberdissident - Sylvie Kauffmann, avec Martine Jacot et Brice Pedroletti, Le Monde, 29 août 2007
- (en) List Of Government (ICE) Seized Domain Name - Liste non officielle, 27 novembre 2010
- Jonathan Zittrain et Benjamin Edelman, « Localized Google search result exclusions », Centre Berkman pour Internet et la Société, Faculté de droit de Harvard. Mis en ligne le 26 octobre 2002, consulté le 1er juin 2009
- Serge Courrier, « Les sites illégaux disparaissent des moteurs de recherche allemands », 01net.com. Mis en ligne le 9 mars 2005, consulté le 1er juin 2009]
Notes
- information non contenue dans l'article 2011 de RSF concernant l'Ouzbékitan
Annexes
Articles connexes
- Filtrage d'internet
- Censure d'Internet en Chine
- Censure d'internet au Maroc
- Blocage de Wikipédia
- Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste, exemple de filtrage : le site de l'AAARGH
- Ouvrage sur Wikibooks : Contourner le grand pare-feu de la Chine
- Picidae, un serveur permettant d'accéder à l'Internet censuré.
- Prix Cyberliberté
- Logiciel de filtrage
Liens externes
- (fr) Reporters sans frontières
- (fr) Un guide expliquant comment échapper à la surveillance et contourner la censure sur internet
- (fr) Chine: coup de baguette sur le contenu de l’internet - Forum des droits sur l’internet, 5 décembre 2002
- (en) Localized Google search result exclusions - Exclusion de résultats de recherche par les Google locaux, 26 octobre 2002
- (en) How to Bypass Internet Censorship - un guide FLOSS, 10 March 2011, 240 pp.
- (en) "Index on Censorship", site web de l'organisation basée à Londres et dont le but est la promotion de la liberté d'expression
- (en) Internet censorship wiki, des informations sur les méthodes et les outils de contournement des filtres sur Internet
- (fr) International Freedom of Expression Exchange (IFEX)
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