Camp de Rivesaltes

Camp de Rivesaltes

42° 48′ 03″ N 2° 52′ 13″ E / 42.8008, 2.87035 Le Camp Joffre, dit « Camp de Rivesaltes », a été fondé en 1938. De 1939 à 2007, ce camp militaire a accueilli diverses structures de regroupement de civils ou de militaires vaincus.

Camp de Rivesaltes en 2007

L'îlot F du Camp de Rivesaltes, avec l'ensemble de ses baraquements, fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 18 juillet 2000[1].

Sommaire

Histoire du camp

Article principal : Camp de concentration français.

Création du camp (1938-1940)

Stèle commémorative pour les rescapées de la retirada

Les républicains espagnols

En 1938, à quelques kilomètres de Perpignan, aux quatre cinquièmes sur la commune de Rivesaltes et au cinquième sur celle de Salses, est construit le camp militaire « Camp Joffre ».

Suite à la Retirada, il est envisagé de placer au Camp Joffre plus de 15 000 réfugiés catalans. Cela reste à l’état de projet, même si de plus faibles flux ont lieu (1939).

Le 10 décembre 1940, la Défense met à disposition 600 hectares au sud du camp militaire, afin de regrouper les individus expulsés d’Allemagne. La partie militaire du camp fonctionne ensuite parallèlement aux camps civils.

Le Centre d’hébergement (1941-1942)

Les prisonniers espagnols et les juifs étrangers

Alors même qu’arrivent les premiers internés le 14 janvier 1941, le statut du camp et des hommes qui y sont adressés n’est pas encore fixé. Il est décidé qu’il s’agit d’un « centre d’hébergement » pour familles. D’abord envisagé pour un maximum de 17 000 « hébergés », il aligne 150 grandes baraques d’habitation soit une contenance de 10 000 individus. La particularité du lieu est de rassembler des familles mais sans les regrouper : il est des baraques pour les hommes, d’autres pour les femmes et les enfants. Au 31 mai 1941, le camp compte 6 475 internés de 16 nationalités principales ; plus de la moitié est espagnole, les juifs étrangers représentent plus du tiers.

Le Camp spécial (1942) - le "Drancy de la zone libre"

Stèle commémorative des Fils et filles de déportés juifs de France pour les victimes du camp de Rivesaltes

Le 26 août 1942 à cinq heures du matin commencent les opérations de ramassage des Juifs étrangers de la zone sud et leur regroupement au Centre national de Rassemblement des Israélites de Rivesaltes. Ce dernier est installé aux îlots J (femmes et enfants), F (hommes ; antérieurement dédié aux travailleurs) et K (réception, criblage et triage). Il est prévu pour un effectif de 10 000 internés composé de familles et une durée de 15 jours. Y sont d’abord regroupés les 1 176 juifs déjà au centre.

Les convois pour Drancy partent le 11 août (400 personnes), le 23 août (175 personnes), le 1er septembre (173 personnes), le 4 septembre (621 personnes), le 14 septembre (594 personnes), le 21 septembre (72 personnes), le 28 septembre (70 personnes), le 5 octobre (101 personnes) et le 20 octobre (107 personnes).

Serge Klarsfeld note que du 4 septembre au 22 octobre, le camp de Rivesaltes a joué le rôle de « Drancy de la zone libre ». Il a été le camp de rassemblement de tous les Juifs arrêtés dans la zone libre et le camp de transit vers Drancy, pour beaucoup de ces Juifs (environ 1 700)[2].

En novembre 1942, dans le cadre de l’invasion de la zone libre, les troupes allemandes s’installent au camp Joffre. En conséquence, le centre d’hébergement est liquidé au 25 novembre. À cette date, il comptait 277 membres du personnel.

Durant deux années, le camp de Rivesaltes a interné environ 21 000 individus, dont environ 5 714 au camp spécial, 2 313 ont rejoint Drancy, 2 251 ont été exclues par la commission de criblage. Sur le site sont décédés 215 internés, dont 51 enfants d'un an et moins.

Le centre de séjour surveillé (1944-1946)

L’armée allemande quitte Rivesaltes le 19 août 1944.

Tandis que la partie militaire du camp de Rivesaltes reprend sa vocation initiale, est instauré le Centre de séjour surveillé de Rivesaltes (12 septembre 1944). Concentrant sur l’îlot Q les personnes internées dans le cadre de l’épuration, ce nouveau camp dispose d’une capacité maximum de 1 080 internés.

Le centre continue de recevoir des ressortissants d’autres pays européens : les espagnols, internés pour passage clandestin de la frontière, assurent ainsi les travaux nécessaires à la sécurisation du centre ; en janvier et mars 1945 viennent plusieurs centaines de réfugiés soviétiques ; etc.

La dissolution du centre intervient le 10 décembre 1945, et sa liquidation est achevée aux premiers jours d’octobre 1946.

Le dépôt de prisonniers de guerre (1944-1948)

Les prisonniers allemands

Se développe, sous l’autorité militaire, le Dépôt no 162 des prisonniers de guerre. Regroupant des militaires allemands et italiens, ce camp compte moins de 10 000 prisonniers en octobre 1944, entre 6 000 et 7 000 hommes en mai 1945, et est fermé le premier mai 1948. Les prisonniers ont amplement travaillé à la reconstruction des Pyrénées-Orientales. Mais, entre mai 1945 et 1946, 412 prisonniers de guerre allemands décèdent.

Le centre pénitentiaire (1962)

La Guerre d'Algérie

Dans le cadre du raidissement de l’État provoqué par la guerre d’Algérie, celui-ci envisage en 1957 de créer ici un « camp d’internement ». Le préfet fait d’autant plus tout pour l’en dissuader que les lieux contiennent, outre le centre de formation majoritairement peuplé de Nord-Africains, un Centre de Formation Professionnelle Militaire destiné aux Nord-Africains et un centre de passage des jeunes soldats mobilisés pour la guerre.

Le projet ne va pas jusqu’au bout mais s’installe, en parfaite discrétion, un centre pénitentiaire destiné aux condamnés partisans de l’indépendance de l’Algérie. 527 prisonniers intègrent le centre entre le 9 mars et le 18 avril 1962.[réf. nécessaire]

Le camp de transit et de reclassement (1962-1977)

Les Harkis

Courant juin, est rapatrié au Camp Joffre le 1er régiment de tirailleurs algériens. Il a emporté avec lui plusieurs centaines de civils, femmes et enfants. En octobre 1962, environ 8 000 Harkis séjournent au camp de transit et de reclassement de Rivesaltes (dont ceux en provenance du camp du Larzac et de Bourg-Lastic). En tout, selon les calculs d'Abderahmen Moumen, à peu près 20 000 personnes vont passer et s’entasser ici entre 1962 et 1964. Le séjour varie selon les familles : entre quelques jours pour certaines, voire en années pour d'autres. Les familles considérées comme « irrécupérables » - termes administratifs employés à l'époque - sont envoyés à la fin de l'année 1964 au camp/cité d'accueil de Saint-Maurice-l'Ardoise dans le Gard (jusqu'en 1975). Un « village civil » accueille encore plusieurs centaines de familles - ayant un emploi mais pas de logements - au camp de Rivesaltes durant les années 1960. En 1963 a aussi été créé un hameau forestier à Rivesaltes pour environ 25 familles d'anciens supplétifs (soit une centaine de personnes). La décennie suivante voit l'essentiel de cette population s'installer à la cité du Réart, construite sur la commune de Rivesaltes pour mettre fin à la situation de ces familles. Les dernières à quitter le site du camp le font en février 1977.

Les Coloniaux

D’autres supplétifs coloniaux sont venus, accompagnés de civils : de 1964 à 1966 parviennent au camp environ 600 Guinéens, anciens militaires français, rapatriés et leurs familles, est présent un petit camp de familles d’anciens militaires rapatriées d'Indochine française.

Le centre de rétention administrative (1986-2007)

Créé en 1986, le centre de rétention administrative a d’abord eu pour objet de regrouper les ressortissants espagnols en situation irrégulière sur le territoire français. Ayant dépassé les mille entrées annuelles depuis 1994, il est, sur le territoire français, l’un de plus importants centres de rétention des immigrés clandestins. Déménagement du centre en 2007.

Le musée mémorial

  • En 1997, pétition du collectif « Pour la mémoire vivante du camp de Rivesaltes » signée par Simone Veil, Claude Simon, Edgar Morin et de nombreux citoyens suite à l'émotion provoquée par la révélation par le journaliste Joël Mettay du jet à la déchèterie d'une partie des archives du camp.

Notes et références

Informations extraites de : Anne Boitel: Le camp de Rivesaltes 1941-1942: du centre d'hébergement au "Drancy de la zone libre", ed Mare Nostrum, Perpignan, mars 2001 et Nicolas Lebourg, « / Le Camp de Rivesaltes : 70 ans de répression et d’indifférence 1938-2008 », et [http://www.univ-perp.fr/crhism/moumen Abderahmen Moumen « Le Camp de Rivesaltes et la guerre d’Algérie», Journées du Patrimoine, Camp de Rivesaltes, 15 et 16 septembre 2007.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Anne Boitel, Le Camp de Rivesaltes 1941-1942, Presses Universitaires de Perpignan, Mare Nostrum, Perpignan, 2001.
  • Joël Mettay, L’Archipel du mépris, Trabucaire, Perpignan, 2001.
  • Abderahmen Moumen, Entre histoire et mémoire. Les rapatriés d'Algérie. Dictionnaire bibliographique, Gandini, Nice, 2003.
  • Denis Peschanski, La France des camps, Gallimard, Paris, 2002
  • Friedel Bohny-Reiter, Journal de Rivesaltes 1941-1942, traduit de l'allemand par Michèle Fleury-Seegmüller, Éditions Zoé, Carouge-Genève, 1993. ISBN 2-88182-189-8
  • Violette et Juanito Marcos, Les Camps de Rivesaltes, Loubatières, 2009.

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Camp de Rivesaltes de Wikipédia en français (auteurs)

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