- Camelots du Roi
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Les Camelots du Roi (Fédération nationale des Camelots du roi), est une organisation royaliste, créée le 16 novembre 1908 par Maurice Pujo et rattachée au mouvement monarchiste français l'Action française qui avait pour chef de file Charles Maurras. Elle a connu son pic d'activité dans l'entre-deux-guerres.
Sommaire
Histoire
Article détaillé : L'Action française.La branche militante de l'Action française
À l'origine, les Camelots sont chargés de vendre à la criée le journal L'Action française, fondé par Henri Vaugeois et Maurice Pujo.
Ces jeunes adoptent la maxime désormais célèbre « La violence au service de la raison ». Ils ont pour arme favorite la canne à bout ferré ainsi que le nerf de bœuf au poing. Ils prônent un antisémitisme « d'État » que théorise Charles Maurras. Ils s'en prennent à des professeurs juifs par le verbe d'une part et par la violence physique d'autre part[1]. De plus, les Camelots s'affrontent régulièrement avec les organisations de jeunesse de gauche, ou avec d'autres organisations d'extrême droite.
Lors de leur création, les Camelots sont dirigés par Maxime Real del Sarte, président de la Fédération nationale des Camelots du roi. Présentant un idéal de jeunesse frondeuse et rebelle, ils recrutent bien au-delà des cercles monarchistes. Leur violence leur attire cependant la désapprobation des milieux royalistes conservateurs, et même de la part du duc d'Orléans, alors prétendant au trône de France. Ils prennent une part active à la manifestation antiparlementaire du 6 février 1934.
Leur dissolution est proclamée après l'incident qui eu lieu avec Léon Blum et des manifestants non d'AF, lors des obsèques de Jacques Bainville le 13 février 1936. Ainsi, la Ligue d'Action française, la Fédération nationale des étudiants d'Action française et la Fédération nationale des Camelots du Roi sont dissoutes par décret le jour même de cette agression[2] par le gouvernement intérimaire du radical Albert Sarraut, en application de la loi votée le 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées. Ce sont les premiers groupements à avoir été dissouts[2].
Personnalités ayant milité au sein de l'organisation
- Georges Bernanos, polémiste et écrivain
- Henri Lagrange, membre du Cercle Proudhon,
- Théodore de Fallois,
- Armand du Tertre,
- Marius Plateau, secrétaire général de l'Action française,
- Pierre de Bérard,
- Henry des Lyons,
- Jean de Barrau, membre du comité directeur et secrétaire particulier du duc d'Orléans,
- Lucien Lacour, demeuré célèbre pour avoir giflé Aristide Briand.
- Alexandre Sanguinetti,
- Pierre de Bénouville,
- Jacques de Bernonville,
- Claude Roy, écrivain,
- Henry Charbonneau, journaliste et membre de la Milice française.
- Jean Filliol, membre célèbre de La Cagoule.
- Joseph Darnand, directeur de la Milice
- Georges Calzant, l'un des fondateurs des Camelots et futur directeur de la revue Aspects de la France.
- Pierre Juhel, l'un des membres fondateurs du mouvement Restauration nationale (RN).
- Guy Steinbach, l'un des dirigeants actuels de Restauration nationale (RN).
- Pierre Messmer, fut résistant, ministre des Armées sous de Gaulle et Premier ministre sous Pompidou.
- Jacques de Mahieu, professeur expatrié en Argentine.
Coups d'éclat
- Le chahut contre les cours d'Amédée Thalamas en 1908, accusé d'avoir « insulté Jeanne d'Arc ».
- La paire de gifles donnée par Lucien Lacour, jeune Camelot, au président du Conseil Aristide Briand, lors de l'inauguration d'une statue de Jules Ferry, le 20 novembre 1910.
- L'émeute contre Après moi, pièce d'Henri Bernstein en 1911, dramaturge juif, accusé par l'Action française d'avoir déserté pendant son service militaire : « la note dominante de cette campagne avait été l'antisémitisme »[3].
- Les manifestations contre le transfert au Panthéon des cendres d'Émile Zola en 1908.
- « Cortège national de Jeanne d'Arc », malgré l'interdiction faite par le Cartel des gauches en avril 1925 : 118 policiers et 150 militants blessés, 220 Camelots arrêtés.
- L'évasion de Léon Daudet de la Prison de la Santé en 1927, à la suite d'une manipulation des lignes téléphoniques.
- Le canular de la Poldèvie.
Les Camelots du roi aujourd'hui
Les Camelots du Roi existent toujours aujourd'hui. Ils se sont opposés aux « mouvements gauchistes » de Mai 68. On les retrouve aussi très présents lors des commémorations bicentenaires des années 1980-1990, où ils occupent la cathédrale Notre-Dame de Paris, le Panthéon ou encore le théâtre de l'Europe, et perturbent une interprétation de la Carmagnole d'Hélène Delavault. Ils fleuriront la statue de Jeanne d'Arc contre l'interdiction du préfet et malgré les barrages de CRS en 1991.
Moins nombreux qu'autrefois, ils conservent néanmoins une visibilité, notamment par le biais du Groupe d'Action Royaliste, qui rappelle souvent le rôle joué par les Camelots du roi dans l'histoire, et qui actuellement s'organise en réseau militant tout en cherchant à moderniser le royalisme en ce début du XXIe siècle.
Divers
Dans la nouvelle « L'enfance d'un chef » (tirée du recueil Le Mur, 1938), Jean-Paul Sartre décrit l'enfance et la jeunesse d'un jeune Camelot déchiré entre l'engagement nationaliste (Charles Maurras) et surréaliste (André Breton).
Bibliographie
- Lucien Victor Meunier, Camelots du roi et camelots du pape, Bordeaux, Bureaux de la France du Sud Ouest, « Des Idées et des faits », 1909
- E. Gauvrit, secrétaire des Camelots du roi, La République et la Famille paysanne, Nantes, 1927.
- Maurice Pujo, Les Camelots du roi, Paris, Ernest Flammarion, 1933 ; rééd. avec une préface de Pierre Pujo, Les Éditions du Manant, 1989
- Brigitte et Gilles Delluc, Jean Filliol, du Périgord à la Cagoule, de la Milice à Oradour, Pilote 24 édition, 2005
- Xavier Cheneseau, Camelots du roi : les troupes de choc royalistes (1908-1936), Boulogne Billancourt, Défi, 1997 ; rééd., Paris, Éditions de l'Homme libre, 2000 (ISBN 2912104114).
- Xavier Cheneseau, Les Camelots du roi : Ils voulaient abattre la République (1908-1936), Paris, Les Éditions AGNUS, 2010 (ISBN 9782918291015).
Presse des Camelots du roi
- Le Clairon du Rhône et du Sud Est. Organe mensuel royaliste publié par les Camelots du roi (Lyon, décembre 1909 - ?)
- Le Grelot, puis Le Grelot Le de Tarn et Garonne. Organe [puis organe hebdomadaire] des Camelots du Roi (Montauban, 10 septembre 1911 - 9 juin 1912, nos 1-39).
- Chez Le Diable Bitru. Revue des Camelots du Roi. Supplément à L'Étudiant français de novembre 1933 dirigé par Max Regnier et Jabon.
Documents sonores
- Chanson des Camelots du roi, par André Bekaert de l'Opéra Comique, avec Orchestre de France et Chœurs sous la direction de Victor Alix. Suivi de : Au jardin de France, par Maxime Brienne, Éric Royne de la Gaîté Lyrique, avec chœurs, orgue et orchestre dirigés par Victor Alix, 1 disque : 78 t, aig. 25 cm, [sans date, ni éditeur].
- Grande fantaisie sur des airs et refrains royalistes, Orchestre de France, La France bouge, Vive le Roi quand même !, Chanson de Monsieur Henri, Chanson des Camelots du Roi, Debout, les gas !, La bataille de Fontenoy, La chasse aux Loups, La Royale, 1 disque : 78 t, aig. 25 cm, [sans date, ni éditeur].
Voir aussi
Notes et références
- Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985, p. 73.
- Assemblée Nationale
- Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985, p. 103.
Liens internes
- 6 février 1934
- Action française
- L'Action française
- Affaire Thalamas
- Léon Daudet
- Maxime Réal del Sarte
- Charles Maurras
- Jeanne d'Arc : naissance d'un mythe
- Marius Plateau
- Maurassisme
- François Mitterrand et l'extrême droite#La manifestation contre les « métèques »
Liens externes
http://www.actionroyaliste.com/
(en)Discours de Maxime Réal Del Sarte sur la création des Camelots du Roi
- (en)Article sur les Camelots du roi dans le Time magazine, samedi 24 mars 1923
- (en) Mémoire en ligne : Manipulating History. The Camelots du Roi’s Campaign to Quash Dreyfusard Monuments, 2005 [1]
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- Organisation dissoute selon la loi du 10 janvier 1936
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