- Calendrier aztèque
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Le calendrier aztèque était intimement lié à la mythologie aztèque. Il en existait trois :
- le tonalpohualli, calendrier divinatoire sacré de 260 jours, regroupés en 20 groupes (treizaines) de 13 jours auxquels correspondait un symbole (par exemple : le lapin, tochtli) ;
- le xiuhpohualli, calendrier solaire de 365 ou 365,25 jours (trois ans de 365 jours suivis d'une hypothétique année de 366 jours), faisant office de calendrier civil. Divisé en 18 mois de 20 jours appelés « vingtaines », ce calendrier comportait également, pour s'approcher au maximum de l'année tropique, un « mois » de cinq jours épagomènes néfastes appelé nemontoni ou nemontemi, auxquels s'ajoutait peut-être un sixième jour tous les quatre ans[1] ;
- un calendrier vénusien de 584 jours, qui venait en concordance avec les 2 autres tous les 104 ans solaires.
Sommaire
Influence maya
Les calendriers aztèques sacré et solaire proviennent en fait des calendriers mayas. Ainsi, la construction et le fonctionnement du calendrier Tonalpohualli correspondent au calendrier sacré maya (Tzolkin), où seuls les glyphes et les dieux protecteurs changent. Il en va de même pour le calendrier Xiuhpohualli, analogue du calendrier Haab solaire maya.
Origine et correspondance des temps
Tout calendrier possède une origine des temps (fondation légendaire de Rome, naissance du Christ, hégire, etc.). Pour le calendrier aztèque, cette origine n'est pas encore connue avec précision.
Pour la correspondance avec le calendrier julien, on a donc dû procéder autrement. La référence correspond à la chute de Tenochtitlan (capitale de l'empire aztèque, sur le site Mexico) : le 13 août 1521 du calendrier julien et le jour 1-coatl d'une année 3-calli du calendrier aztèque.
Le calendrier julien fut corrigé par le pape Grégoire 13 en 1582 (suppression de 10 jours en octobre et suppression des années bissextiles des siècles non divisibles par 400). Pour calculer les dates aztèques, il faut donc tenir compte du calendrier julien et non grégorien.
L'origine du calendrier sacré maya correspond au 12 août 3114 ACN (grégorien), probable date de la naissance mythologique du monde. Le cycle actuel se terminera le 20 décembre 2012 PCN.
Calendrier sacré - Tonalpohualli
Article détaillé : Tonalpohualli.Il faut se figurer le calendrier sacré comme un système de deux roues dentées s'entrainant l'une l'autre. La première portait des nombres de 1 à 13, et la seconde vingt glyphes, soit 260 combinaisons possibles. L'année rituelle comptait donc 260 jours. Chaque glyphe se traduisait par un mot rattachant le jour à un dieu et possédait de ce fait un aspect divinatoire.
Les jours
Le jour était ainsi défini par l'association de ces deux éléments: le nombre et le glyphe. Les jours -pluie et -vent avaient la particularité d'utiliser les glyphes des dieux correspondants : Tlaloc et Ehecatl. L'ordre sur chacune des "roues" était fixe; la séquence des nombres était bien entendu celle de 1 à 13, celle des glyphes était la suivante :
Cipactli
(Crocodile)Ehecatl
(Vent)Calli
(Maison)Cuetzpallin
(Lézard)Coatl
(Serpent)Miquiztli
(Mort)Mazatl
(Cerf)Tochtli
(Lapin)Atl
(Eau)Itzcuintli
(Chien)Tonacatecuhtli Quetzalcoatl Tepeyollotl Huehuecoyotl Chalchihuitlicue Tecciztecatl Tlaloc Mayahuel Xiuhtecuhtli Mictlantecuhtli Ozomahtli
(Singe)Malinalli
(Herbe morte)Acatl
(Roseau)Ocelotl
(Jaguar)Cuauhtli
(Aigle)Cozcacuauhtli
(Vautour)Ollin
(Tremblement)Tecpatl
(Silex)Quiahuitl
(Pluie)Xochitl
(Fleur)Xochipili Patecatl Tezcatlipoca Tlazolteotl Xipe Totec Itzpapalotl Xolotl Chalchihuihtotolin Tonatiuh Xochiquetzal
Les deux roues tournaient simultanément, aussi quand on avançait d'un nombre, il fallait également avancer d'un glyphe. A 1-crocodile, succédait ainsi 2-vent, 3-maison, etc. Quand on arrivait à 13-roseau, la roue des nombres achevait un tour et revenait à sa position initiale, sans que celle des glyphes n'ait achevé le sien; on passait donc à 1-Jaguar. Ces tours de la roue des nombres définissaient des cycles de treize jours, les treizaines, sortes de semaines mésoaméricaines rituelles. Après 20 treizaines, on retombait sur la combinaison de base et une année rituelle s'était écoulée.Les treizaines
Chaque treizaine était définie par la date de son premier jour. Comme le nombre était toujours «un» («ce» en nahuatl), il était escamoté la plupart du temps. De même que les jours, toutes les treizaines étaient consacrées à un dieu.
Treizaine Dieu 1 Crocodile – 13 Roseau Ometeotl 1 Jaguar – 13 Mort Quetzalcoatl 1 Cerf – 13 Pluie Tepeyollotl 1 Fleur – 13 Herbe Huehuecoyotl 1 Roseau – 13 Serpent Chalchiuhtlicue 1 Mort – 13 Silex Tonatiuh 1 Pluis – 13 Singe Tlaloc 1 Herbe – 13 Lézard Mayahuel 1 Serpent – 13 Tremblement Xiuhtecuhtli 1 Silex – 13 Chien Mictlantecuhtli Treizaine Dieu 1 Singe – 13 Maison Patecatl 1 Lézard – 13 Vautour Itztlacoliuhqui 1 Tremblement – 13 Eau Tlazolteotl 1 Chien – 13 Vent Xipe Totec 1 Maison – 13 Aigle Itzpapalotl 1 Vautour – 13 Lapin Xolotl 1 Eau – 13 Crocodile Chalchiuhtotolin 1 Vent – 13 Jaguar Chantico 1 Aigle – 13 Cerf Xochiquetzal 1 Lapin – 13 Fleur Xiuhtecuhtli Le calendrier solaire - Xiuhpohualli
Pour la datation ordinaire, celle dont on se servait tous les jours, on utilisait un calendrier solaire de 365 jours. L'année commençait le 2 février et était divisée en 18 mois de 20 jours, ce qui le reliait à la roue des glyphes du calendrier sacré. À la fin du dernier mois, on ajoutait cinq ou six jours les (nemontemi)[2]. Ils permettaient de se caler sur l'année solaire, sans décalage, mais étaient considérés comme particulièrement néfastes. On évitait y donc toute activité susceptible d'irriter les dieux.
L'année portait le nom du dernier jour du dernier mois (le dernier jour ordinaire avant les nemontemi). Seuls 4 glyphes pouvaient tomber à ce moment : Acatl (roseau), tecpatl (silex), calli (maison) et tochtli (lapin). L'année 1-roseau était donc suivie de 2-silex, etc. Toutes les combinaisons étaient épuisées en 52 ans (4x13), ce qui constituait un "siècle" aztèque, dont la première année était toujours une année 1-roseau, sous la protection de Quetzalcoatl, le dieu créateur. Hernan Cortès arriva au Mexique précisément une année 1-roseau, ce qui fut sans doute à l'origine de son assimilation à ce dieu.
Les mois
Habituellement (voir les deux premières ressources bibliographiques), la date prise en compte pour le début de l'année solaire correspond au 2 février (calendrier julien). Ainsi, Atlcahualco s'étend du 2 au 21 février, Tlacaxipehualitzi du 22 février au 13 mars, etc. Cette correspondance est évidemment indicative, puisque tant le calendrier julien (années bissextiles) que aztèque (cf ci-après) contiennent des ajustements.
- Atlacahualo : «Arrêt de l'eau» - Consacré à Tlaloc, le Dieu de la Pluie
- Tlacaxipehualitzi : «Ecorchement des hommes» - Consacré à Xipe Totec.
- Tozoztontli : «Petite Veille» - Consacré à Coatlicue.
- Huey Tozoztli : «Grande Veille» - Consacré à Chicomecoatl.
- Toxcatl : «Sécheresse» - Consacré à Huitzilopochtli et Tezcatlipoca.
- Etzalcuauliztli : « - Consommation d'etzalli (espèce de bouillie)» - Consacré à Tlaloc.
- Tecuilhuitontli : «Petite fête des dignitaires» - Consacré à Huixtociuatl.
- Huey Tecuilhuitl : «Grande fête des dignitaires» - Consacré à Xilonen.
- Tlaxochimaco : «Offrande de fleurs» - Consacré à Huitzlilopochtli.
- Xocotl Huetzi : «Chute des fruits» - Consacré à Xiuhtecuhtli, dieu du feu.
- Ochpaniztli : «Balayage des chemins» - Consacrée aux déesses terrestres.
- Teotleco : «Retour des dieux» - Consacré à de multiples dieux.
- Tepeilhuitl : «Fête des montagnes» - Consacré aux cimes et à Tlaloc.
- Quecholli : «Nom d'un oiseau»; - Consacré à Mixcoatl, Dieu de la Chasse.
- Panquetzaliztli : «Elévation des étendards» - Consacré à Huitzlilopochtli.
- Atemoztli : «La descente de l'eau» - Consacré aux Tlaloque et à Tlaloc.
- Tititl : «rétrécissement» - Consacré à Illamatecuhtli.
- Izcalli : «Croissance» - Consacré à Xiuhtecuhtli, dieu du feu.
- Nemontemi : cinq jours néfastes de jeûne et recueillement du calendrier (ils ne constituent donc pas un mois).
Les porteurs d'années
Comme on l'a vu, les porteurs d'années sont au nombre de 4.
- Roseau : associées à l'Est, les années Roseau sont chaudes fécondes et fertiles ; symbole d'abondance.
- Silex : associées au Nord, les années Silex sont froides, austères et arides ; symbole des enfers.
- Maison : associées à l'Ouest, les années Maison sont brumeuses, humides et calmes ; symbole du féminin.
- Lapin : associées au Sud, les années Lapin sont changeantes, imprévisibles et lunaires ; symbole de la Lune.
Ajustement
Les Aztèques savaient qu'un calendrier de 365 jours était trop court pour une année tropique (365.2422 jours). Ainsi, en 249 ACN, le calendrier fut modifié comme suit pour chacune des 4 années:
- Dans le signe Lapin, les nemontemi de l'année Lapin auront six jours sauf l'année 13.
- Dans le signe Roseau, les nemontemi de l'année Roseau auront six jours sauf l'année 13.
- Dans le signe Silex, les nemontemi de l'année Silex auront six jours sauf l'année 13.
- Dans le signe Maison, les nemontemi de l'année Maison auront six jours.
- Le sixième jour de l'année 13 du signe Maison n'est ajouté que s'il ne coïncide pas avec une période de 104 ans (appelée "vieillesse"). Ce sixième jour n'était donc ajouté qu'une fois sur deux à la fin des cycles de 52 ans.
- Si la "vieillesse" coïncide avec un cycle de 260 ans, on ne tient pas compte de la coïncidence vieillesse-cycle 52 ans et on ajoute le sixième jour à la fin de l'année 13 qui termine le cycle de 52 ans. Cette condition n'est appliquée qu'une fois tous les 520 ans (5 X 104 = 2 X 260).
Ainsi modifié, le calendrier aztèque compte 365.2423 jours. À titre de comparaison, une année grégorienne (année julienne modifiée en 1582) vaut 365.2425 jours et un année terrestre est 365.2422 jours. Le calendrier aztèque est donc plus précis que le notre !
La Fête du Feu nouveau
De la combinaison d'une année -sacrée- de 260 jours et d'une autre -civile- de 365 jours, il resulte une concordance toutes les 52 années solaires. On parle alors de Xiuhmolpilli (ligature des années) : le siècle aztèque se termine. La nuit de ce passage d'un siècle à l'autre est une nuit de prière et d'angoisse, où l'on célèbre la Fête du Feu nouveau.
À la minute prévue, les prêtres immolent une victime et essayent de faire jaillir une flamme sur la poitrine ouverte de la victime. S'ils y arrivent, le soleil réapparaitra ; dans le cas contraire, ce serait la fin du monde.
Pourquoi une telle prophétie ? A cause des 5 Soleils. En effet, selon les Aztèques, le monde a déjà connu 4 soleils ; chacun d'eux s'est terminé par un cataclysme. Quant au cinquième soleil, le dernier, il doit se terminer au terme d'un cycle de 52 ans.
- Le 4-jaguar : les hommes furent dévorés par les jaguars (symbole de Tezcatlipoca)
- Le 4-vent : une tempête magique transforma les hommes en singes (symbole de Quetzalcoatl, rival du précédent)
- Le 4-pluie : Tlaloc, dieu de la pluie et de la foudre, submergea l'univers d'une pluie de feu
- Le 4-eau : sous le signe de Chalchiuhtlicue, le monde s'acheva par un déluge de 52 ans
- Le 4-tremblement de terre : le monde doit s'effondrer dans des séismes, puis l'humanité anéantie par les Tzitzimime, monstres habitant à l'occident des marches de l'Univers.
Le rôle des aztèques est de repousser l'échéance, en offrant au Soleil l'eau précieuse (le sang). Ce qu'ils faisaient à la Fête du Feu nouveau, tous les 52 ans, via un sacrifice humain.
Le calendrier vénusien
Comme nous l'avons déjà vu pour l'ajustement de l'année solaire, les Aztèques utilisaient également une mesure de temps appelée vieillesse (104 années solaires). Elle découle du calendrier vénusien de 584 jours[2].
Vénus est en effet une des incarnations de Quetzalcoatl ; son cycle était donc parfaitement connu par le clergé. Or 5 années vénusiennes équivalent à 8 années solaires. Ainsi, le chiffre et le signe de l'année solaire sont identiques à ceux de l'année vénusienne au terme d'un cycle de 104 années solaires. Ce cycle se nomme Ueuetiliztli, la vieillesse.
Notes et références
- Tena 1987, p. 85
- Mireille Simoni 2002, p. 646
Bibliographie
Publications spécialisées sur le système calendaire aztèque
- (es) Rafael Tena, El calendario mexica y la cronografía, INAH, coll. « scientifique », 1987, 128 p. (ISBN 9789680302932).
- Michel Graulich, Mythes et rituels du Mexique ancien préhispanique, Académie Royale, coll. « Classe de Lettre », 1987
Publications générales sur les Aztèques
- Bernardino de Sahagún, Historia General de las Cosas de la Nueva España.
- Jacques Soustelle, Les Aztèques, Collection Que sais-je n°1391.
- René Dalemans, Le Mexique précolombien, col. Arts et Civilisations, Ed. Artis-Historia.
- Mireille Simoni, Encyclopædia Universalis, vol. 3, Paris, Encyclopædia Universalis, 2002 (ISBN 2852295504), « Aztèques »
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Le calendrier solaire aztèque, C. Rouleau.
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