Élections législatives néerlandaises de 2010

Élections législatives néerlandaises de 2010
Pays-Bas
Coat of arms of the Netherlands - 02.svg
Cet article fait partie de la série sur la
politique des Pays-Bas,
sous-série sur la politique.


v · 9 juin 2010, à une date légèrement anticipée. Elles avaient pour but d'élire les 150 députés de la Seconde chambre des États Généraux (Tweede Kamer).

Le scrutin a été marqué par la victoire historique du Parti populaire libéral et démocrate (VVD) de Mark Rutte, la forte poussée du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders et la lourde défaite de l'Appel démocrate-chrétien (CDA) du Ministre-président Jan Peter Balkenende.

Sommaire

Contexte

Le scrutin, qui aurait dû se dérouler en novembre 2006, a été anticipé après la chute du quatrième gouvernement de Jan Peter Balkenende, formé d'une coalition entre l'Appel démocrate-chrétien (CDA), du Parti du travail (PVdA) et de l'Union chrétienne (CU). La rupture de la coalition a été provoquée le 20 février par le refus du PvdA de poursuivre la mission militaire en Afghanistan, maintien souhaité par le CDA alors que le calendrier initial prévoyait un retrait en 2010.

Il s'agit là des troisièmes élections anticipées aux Pays-Bas depuis l'arrivée au pouvoir de Jan Peter Balkenende, en 2002, qui n'a de ce fait jamais achevé un mandat.

Principaux partis et candidats

  • Les principales formations en lice pour ce scrutin sont :
Parti Tête de liste Résultat en 2006
Appel démocrate-chrétien
Christen-Democratisch Appèl
Balkenende Dutch politician kabinet Balkenende IV.jpg Jan Peter Balkenende
Ministre-président sortant
26,5% 41
Parti du travail
Partij van de Arbeid
Job Cohen crop.jpg Job Cohen 21,2% 33
Parti socialiste
Socialistische Partij
Emile Roemer 2009.jpg Emile Roemer 16,6% 25
Parti populaire libéral et démocrate
Volkspartij voor Vrijheid en Democratie
Mark Rutte-6.jpg Mark Rutte 14,7% 22
Parti pour la liberté
Partij voor de Vrijheid
Wilders.jpg Geert Wilders 5,9% 9
Gauche verte
GroenLinks
Femke Halsema-roel.jpg Femke Halsema 4,6% 7
Union chrétienne
ChristenUnie
Vicepremier-en-minister-André-Rouvoet.jpg André Rouvoet
Ministre de la Famille sortant
4,0% 6
Démocrates 66
Democraten 66
Alexander Pechtold.jpg Alexander Pechtold 2,0% 3

Campagne

Dominée par la crise de la dette grecque, la campagne a été centrée sur les questions économiques et budgétaires. Dans ce domaine, le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) de Mark Rutte proposait de réduire les dépenses de l'État de trente milliards d'euros, par la réduction des coûts de l'administration publique et de la participation financière à l'Union européenne (UE), tout en baissant les impôts ou en maintenant certaines déductions fiscales, comme celle des intérêts sur les prêts immobiliers[1], que le PvdA et les D66 souhaitaient limiter[1], alors que l'Appel démocrate-chrétien (CDA) de Jan Peter Balkenende proposait également de la maintenir. Ce parti se disait également favorable à la libéralisation du secteur de la santé publique[1]. Bas dans les sondages, le parti n'a pas bénéficié cette fois-ci du traditionnel « bonus du Ministre-président », la popularité de Balkenende ayant beaucoup chuté[2], au profit notamment des libéraux et des travaillistes. Qui plus est, le chef du gouvernement sortant a dû subir les critiques de l'Union chrétienne (CU), son partenaire dans la coalition sortante[2].

De leur côté, les travaillistes de Job Cohen, déjà tête de liste en 2003 et désigné en remplacement de Wouter Bos, souhaitaient taxer à 60% les familles dont le revenu serait d'au moins cent cinquante mille euros par mois, augmenter progressivement l'âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans, à l'instar des Démocrates 66, et réduire les dépenses publiques de dix milliards d'euros[1]. Surnommé par Geert Wilders, tête du liste du Parti pour la liberté (PVV), le « grand donneur d'accolades multiculturelles » en raison de sa politique de conciliation avec la population musulmane lorsqu'il était maire d'Amsterdam, Cohen a exclu toute coalition avec cette formation populiste[1]. Le programme du PVV faisait d'avantage de place à l'immigration qu'à l'économie, et prévoyait notamment de faire cesser toute immigration venant des pays musulmans ou encore d'interdire la construction de nouvelles mosquées, tout en défendant notamment les droits des homosexuels ou l'égalité entre les hommes et les femmes[1]. Après avoir eu le vent en poupe dans les sondages, le parti de Wilders, peu à l'aise sur les sujets économiques, a été progressivement relégué à la quatrième place[2].

Fait surprenant, même le Parti socialiste (SP) proposait des mesures visant à réduire les dépenses publiques, notamment en baissant le budget de la défense et en augmentant fortement la fiscalité[1], tout en dénonçant le libéralisme économique du CDA, du PvdA et du VVD. La Gauche verte (GL), qui proposait seize milliards d'euros de réduction des dépenses publiques, s'était aligné sur le VVD concernant la réduction à un an de la durée de l'allocation chômage, qu'elle préconisait toutefois d'augmenter[1].

Résultats

Principal parti dans chaque municipalité.
Parti Suffrages +/- Sièges +/-
Parti populaire libéral et démocrate (VVD) 1 902 891 20,4 +5,7 31 +9
Parti du travail (PvdA) 1 823 542 19,6 -1,6 30 -3
Parti pour la liberté (PVV) 1 438 706 15,5 +9,6 24 +15
Appel démocrate-chrétien (CDA) 1 273 839 13,7 -12,8 21 -20
Parti socialiste (SP) 918 150 9,9 -6,7 15 -10
Démocrates 66 (D66) 641 529 6,9 +4,9 10 +7
Gauche verte (GL) 617 352 6,6 +2 10 +3
Union chrétienne (CU) 303 529 3,3 -0,7 5 -1
Parti politique réformé (SGP) 163 034 1,8 +0,2 2 n/a
Parti pour les animaux (PvdD) 120 490 1,3 -0,5 2 n/a
Autres 102 585 1,1 n/a 0 n/a

Commentaires et conséquences

Analyse des résultats

Avec 20,4% des voix et 31 sièges sur 150, le VVD de Mark Rutte se classe en tête du scrutin, une première depuis sa création en 1948. Ce résultat est principalement dû aux propositions fortes en matière de réduction des dépenses publiques, et les libéraux ont donc profité à plein du recentrage de la campagne sur l'économie[3]. Son avance sur le PvdA est cependant bien moins nette que les sondages ne le prévoyaient, et une coalition gouvernementale réunissant ces deux partis, la Gauche verte et les D66 ne semble pas à exclure[4].

Le score du PVV est également surprenant dans la mesure où il se hisse à la troisième place, que les sondages attribuaient au CDA de Jan Peter Balkenende, qui subit pour sa part une lourde défaite et décroche son plus mauvais score depuis sa première élection, en 1977. Face à ce résultat, le Ministre-président a immédiatement démissionné de la direction de son parti et renoncé à son siège de député[4]. De son côté, Geert Wilders, qui triple quasiment sa représentation parlementaire, a parlé d'un résultat « grandiose » qui valide ses positions en matière de sécurité publique ou d'immigration[4]. Son parti a fait savoir le lendemain du scrutin qu'il n'était plus défavorable à une réforme du système d'allocations pour les personnes exclues du marché du travail[5], une proposition dans le droit fil des propositions du VVD et interprétée comme un signe de volonté de participation au prochain gouvernement.

Formation du cabinet

Le 12 juin, la reine Beatrix des Pays-Bas a chargé le sénateur Uri Rosenthal (VVD) d'une mission d'informateur, en vue d'explorer la possibilité de formation d'une coalition entre les libéraux et le PVV. Il constate son échec cinq jours plus tard, notamment à cause du refus de l'Appel démocrate-chrétien (CDA) de se joindre à une telle alliance. Job Cohen a fait savoir peu après que le PvdA ne souhaitait pas participer à une coalition VVD-PvdA-CDA, le deuxième choix de Mark Rutte[6].

Rosenthal poursuit toutefois sa mission et explore, à partir du 21 juin, la possibilité de former une « coalition violette élargie[7] », qui réunirait le VVD, le PvdA, les D66 et la GL. Le 25 juin, Rosenthal remet son rapport à la reine[8] et recommande la nomination d'un ou deux nouveaux informateurs pour préparer une coalition du centre qui réunirait le VVD, le PvdA et un ou plusieurs autres partis (CDA, GL ou D66).

La reine invite le soir même les chefs des groupes parlementaires en question et nomme Tjeenk Willink (PvdA) comme nouvel informateur, malgré les recommandations de Rosenthal et les souhaits de la plupart des chefs de parti qui souhaitaient la nomination de deux informateurs. Ce choix a été critiqué par Geert Wilders[9], écarté du processus, mais aussi par Wim Kok qui juge que la possibilité d'une coalition de droite a été abandonnée trop rapidement et rend le CDA responsable de cet échec[10]. Le 5 juillet, Willink rend son rapport à la reine qui nomme deux nouveaux informateurs (Uri Rosenthal du VVD et Jacques Wallage du PvdA) pour préparer la formation d'un gouvernement issu d'une coalition violette élargie.

Les négociations durent plusieurs semaines sans pourtant résoudre les désaccords, notamment en matière de politique fiscale et d'immigration. Rosenthal et Wallage annoncent finalement le 21 juillet que leur mission a échoué et que la coalition violette élargie semble impossible. Devant l'incapacité du VVD et du PvdA à former une coalition, la reine nomme Ruud Lubbers (CDA) informateur. Le nouvel informateur annonce vouloir « parler avec tous les chefs de groupe parlementaire », sans exclure aucun parti[11], incluant ainsi de nouveau le PVV dans les négociations. À la suite de son rapport, la reine charge Ivo Opstelten de mener à partir du 4 août des négociations en vue de la formation d'un gouvernement minoritaire VVD-CDA avec le soutien du PVV. Après près de deux mois de négociations, les partis concernés arrivent finalement à un accord et le 7 octobre, Mark Rutte est désigné formateur du nouveau gouvernement[12].

Notes et références



Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Élections législatives néerlandaises de 2010 de Wikipédia en français (auteurs)

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Élections municipales néerlandaises de 2010 — Les élections municipales néerlandaises de 2010 ont lieu dans la plupart des communes des Pays Bas le mercredi 3 mars 2010. Toutes les communes n élisent pas leur conseil communal en mars 2010, en raison de remaniements communaux. Les… …   Wikipédia en Français

  • Élections législatives néerlandaises de 2006 — Les élections législatives (Tweede Kamerverkiezingen) aux Pays Bas ont eu lieu le 22 novembre 2006. Ce scrutin a permis aux électeurs des Pays Bas de désigner leurs députés à la deuxième chambre par un scrutin à la proportionnelle. Ces élections… …   Wikipédia en Français

  • Élections législatives néerlandaises de 2003 — Pays Bas Cet article fait partie de la série sur la politique des Pays Bas, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

  • Élections provinciales néerlandaises de 2011 — Campagne du Parti du travail à Leeuwarden …   Wikipédia en Français

  • Élections provinciales néerlandaises de 2007 — Les élections provinciales (Provinciale Statenverkiezingen) aux Pays Bas ont eu lieu le 7 mars 2007. Ce scrutin a permis aux électeurs des Pays Bas de désigner les représentants des états provinciaux dans chacune des provinces des Pays Bas. Ces… …   Wikipédia en Français

  • Élections aux Pays-Bas — Pays Bas Cet article fait partie de la série sur la politique des Pays Bas, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

  • Élections européennes de 2009 aux Pays-Bas — Les élections européennes néerlandaises de 2009 sont la composante des élections européennes aux Pays Bas. Elles ont lieu le jeudi 4 juin 2009. Des élections similaires ont lieu dans les 26 autres États membres de l Union européenne entre le 4 et …   Wikipédia en Français

  • Liste d'élections en 2006 — Années : 2003 2004 2005  2006  2007 2008 2009 Décennies : 1970 1980 1990  2000  2010 2020 2030 Siècles : XXe siècle  XXIe siècle …   Wikipédia en Français

  • Jan Peter Balkenende — Portrait de Jan Peter Balkenende Mandats 15e …   Wikipédia en Français

  • Mark Rutte — Mark Rutte, en 2010. Mandats 16e ministre président des Pays Bas (50e chef du gouvernement) …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”