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Berthe de Courrière
Caroline Louise Victoire Courrière, dite Berthe de Courrière, est une demi-mondaine née à Lille en juin 1852 et morte à Paris le 14 juin 1916.
Partie à vingt ans à la conquête de Paris, elle devient la maîtresse du général Georges Boulanger et de plusieurs ministres.
Le sculpteur Auguste Clésinger, gendre de George Sand, remarque ses formes opulentes – elle était en fait de proportions gigantesques, ce qui lui valut des surnoms comme « la grande dame » ou « Berthe aux grands pieds » – et en fait son modèle pour le buste de Marianne qui se trouve au Sénat ainsi que pour la statue colossale de la République de l'Exposition universelle de 1878.
À sa mort, en 1883, Berthe, instituée sa légataire universelle, se retrouve pourvue d'une belle fortune.
En 1886, elle rencontre Remy de Gourmont, qui fait ses débuts en littérature et lui commande une étude sur Clésinger.
Elle devient sa maîtresse et son égérie, et Gourmont habitera chez elle, d'abord rue de Varenne, puis n° 71 rue des Saints-Pères, jusqu'à sa mort en 1915.
Elle mourra quelques mois après lui et repose à ses côtés dans le caveau de Clésinger au cimetière du Père-Lachaise.
Les lettres passionnées que Gourmont lui adresse durant l'année 1887 seront réunies en volume sous le titre Lettres à Sixtine (1921), et elle sera l'héroïne de Sixtine, roman de la vie cérébrale (1890) puis du Fantôme (1893).
En 1889, Gourmont présente Berthe de Courrière à Joris-Karl Huysmans qui en fera le modèle du personnage de Mme Hyacinthe Chantelouve dans son roman Là-Bas (1891).
Berthe s'intéressait en effet à l'occultisme et se trouva mêlée à une affaire de messe noire qui faillit mal tourner et lui valut un séjour d'un mois dans un hôpital psychiatrique.
Le 8 septembre 1890, la police l'avait retrouvée à Bruges, presque nue, à proximité de la maison du chanoine Louis Van Haecke, recteur de la chapelle du Saint-Sang et exorciste bien connu. Elle était en outre en relation avec l'ex-abbé Joseph-Antoine Boullan, interdit comme hérétique.
Berthe était, semble-t-il, passablement déséquilibrée. Elle dut être internée une seconde fois à Bruxelles en 1906, et elle écrivit contre Charcot un opuscule violent, Néron prince de la science, caractéristique de la haine que les patients vouent parfois à leur psychiatre.
Elle avait une passion morbide pour les ecclésiastiques, qu'elle s'efforçait de séduire par tous les moyens.
Rachilde affirme l'avoir vue tirer de son cabas en tapisserie des hosties consacrées pour les jeter à des chiens errants. Son intérieur, d'après Henry de Groux, « est bien la chose la plus hétéroclite que j'eusse jamais pu imaginer dans le goût de ce monde mi-païen, mi-catholique, ou soi-disant tel. Ce ne sont que chasubles, nappes d'autel, objets du culte adaptés aux plus imprévues destinations, ostensoirs, corporaux, dalmatiques, candélabres aux cierges multicolores, mystérieusement allumés dans des coins d'ombre, près d'un lutrin superbe portant sur ses ailes des œuvres de Félicien Rops ou du marquis de Sade. Les effluves de benjoin, d'ambre, d'essence de rose alternent à dose suffocante avec ceux de l'encens ».
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