De Corenbloem

De Corenbloem

De Corenbloem (le bleuet) est une chambre de rhétorique bruxelloise.

Sommaire

Bref historique[1]

Un secrétaire municipal déclarait le 14 juillet 1562, qu'il avait vu le règlement daté du 4 octobre 1484 du Corenbloem et que celui-ci indiquait que, par l’intermédiaire du magistrat, cette chambre de rhétorique avait déjà adopté une réglementation en août 1477. Toutefois, la mort du greffier de la ville avait empêché sa registration. Le 13 octobre 1479, la ville de Bruxelles avait accordé au chef, au prince, au facteur, ainsi qu’aux doyens, parents, membres ordinaires et hommes vertueux de cette société de rhétoriciens[2] l’emploi d’une pièce dans la Maison des Bouchers. Il s’agit de la première mention de cette chambre de rhétorique dans des documents d’archives.

Anonyme, Démolition de l’église Saint-Géry de Bruxelles en 1799, Musée de la ville de Bruxelles. Les membres de la Corenbloem appartenaient longtemps à la Confrérie de Saint-Sébastien au sein de cette église.

C’est à partir de 1561-1562 qu’apparaît dans les sources la devise Ieucht sticht vreucht ; la jeunesse créée l’allégresse.

Le saint patron de cette chambre est, au plus tard dès 1561, Saint Sébastien.

La société[3] est mentionnée dans les comptes de la ville de 1485-1486. Elle dispose alors d’un local pour jouer des pièces[4].

De Corenbloeme van Bruessele était présente à Malines en 1493. En 1561, elle prit part au jeu de la haie qui suivit au concours du Landjuweel à Anvers. Le 26 juillet 1562 et le 19 mai 1565, elle organise elle-même un concours. Elle participa au concours de « refrains »[5] en 1574, annoncé par les maîtres de l’église Saint-Jacques à Anvers. De Corenbloem participa encore à la compétition de Malines en 1620.

Jusqu’à environ 1540, les membres de cette chambre appartenaient également à la Confrérie de Saint-Sébastien au sein de l’église Saint-Géry à Bruxelles. Jusque-là, il fallait être membre de la guilde Saint-Sébastien avant de pouvoir devenir membre de la chambre. La chambre joignit toujours la guilde aux concours des milices bourgeoises dans le but de participer aux compétitions d’« esbattements ». La chambre a également entretenu des liens d’amitiés avec la chambre De Distelbloem (la fleur de chardon) à Termonde.

L’influence de la réforme protestante

L’engagement religieux des chambres de rhétorique sera marqué de plus en plus par des traits réformateurs.

Pour ce qui est des activités de la chambre De Corenbloem, la preuve en est qu’en automne 1559 elle devient l’objet d’une enquête judiciaire. Le 29 septembre 1559, le jour de Saint Michel[6], Het Mariacransken joue devant le Magistrat de Bruxelles un « tafelspel »[7] intitulé « Spel van twee sotten »[8], dans lequel on se moquait de la sainte hostie, selon plusieurs prêtres. L’enquête mène vers Franchoys van Ballaer, le « facteur » de la Corenbloem et en tant que poète urbain également celui du Mariacranske. Il renvoie les enquêteurs aux acteurs ; un cordonnier et un tapissier. Le cordonnier déclare avoir échangé quelques « refrains » avec un inconnu dans une auberge à Bruxelles pour le texte de la pièce. Il affirme encore avoir transmis ce texte au « facteur » Van Ballaer avant de le faire copier par un enfant de chœur de l’église Sainte-Gudule. Il y ajoute qu’un autre rhétoricien bruxellois, le vieux Pauwels Thielmans, avait joué la même pièce il y a plusieurs années et que celui-ci la connaissait encore par cœur. Lorsque les enquêteurs interrogent Thielmans, alors âgé de 62 ans, celui-ci confirme avoir joué la pièce il y a 40 ans. À la consternation des enquêteurs, il était encore capable de réciter le rôle entier du fou semblant[9]du début jusqu’à la fin[10]. Thielmans prétendait que le défunt prêtre de la paroisse de Sainte-Gudule avait assisté plusieurs fois à la représentation de la pièce et qu’il pouvait en rire, ce qui fut apparemment déterminant pour les enquêteurs qui procédaient au classement sans suite de l’affaire, comme ils le firent d’ailleurs dans le cas des plaintes pareilles portées contre Den Boeck[11].

Le 4 septembre 1581 a lieu un concours de refrains de tendance particulièrement calviniste organisé par la chambre à une époque où les gueux avaient pris le pouvoir à Bruxelles.

Quelques membres de la Corenbloem

Références

  1. Anne-Laure Van Bruaene, Het Repertorium van rederijkerskamers in de Zuidelijke Nederlanden en Luik 1400-1650, le répertoire numérique des Chambres de rhétorique des Pays-Bas méridionaux
  2. « hoofftman, prince, facteur, dekens, ouders, gemeyn gesellen ende goede mannen van de rethoryken lande van de Corenbloem »
  3. « geselscap van der Corenbloemen »
  4. speelhuys
  5. Un genre qui s’apparente à la ballade française.
  6. « Sinte Machiels dach » ; cité d’après Remco Sleiderink in Rederijkerskamer 't Mariacranske: 500 jaar aan het woord, Roularta Books, 2007, p. 27
  7. Une pièce jouée lors d’un dîner
  8. « Jeu des deux sots » ; notamment un fou par naissance et une personne prétendant l’être.
  9. « gemaicten sot » ; cité d’après Remco Sleiderink in Rederijkerskamer 't Mariacranske: 500 jaar aan het woord, Roularta Books, 2007, p. 27
  10. « van voere tot achtere »; cité d’après Remco Sleiderink in Rederijkerskamer 't Mariacranske: 500 jaar aan het woord, Roularta Books, 2007, p. 27
  11. Le détail sur les jeux scandaleux (schandaleuse spelen) de 1559 in : Anne-Laure van Bruaene, Om beters wille: rederijkerskamers en de stedelijke cultuur in de Zuidelijke Nederlanden 1400-1650, Amsterdam University Press, 2008, pp. 115-119

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