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Benoît Duteurtre
Pour les articles homonymes, voir Duteurtre.Benoît Duteurtre Naissance 20 mars 1960
Sainte-AdresseNationalité Française Profession(s) Écrivain, critique littéraire, animateur radio Benoît Duteurtre est un romancier, essayiste et critique musical français, né le 20 mars 1960 à Sainte-Adresse. Il est également producteur et animateur d'une émission de radio musicale. Il partage son temps entre Paris, New York et la Normandie.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Benoît Duteurtre est né en 1960 à Sainte-Adresse, dans l'agglomération du Havre, en Normandie où il passe ses premières années. Il est le fils de Jean-Claude Duteurtre et de Marie-Claire Georges et arrière-petit-fils du président René Coty[1] par sa mère. Il entre à Saint-Joseph, établissement privé d'enseignement catholique du Havre. Duteurtre commence à écrire très jeune. À l'âge de quinze ans, il présente ses premiers textes à Armand Salacrou, auteur dramatique établi au Havre, qui l'encourage à poursuivre ses efforts. Le Havre, ville fortement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale et reconstruite selon les principes du classicisme structurel, réapparaîtra souvent tout au long de son œuvre.
Formation musicale
À seize ans , Benoît Duteurtre est passionné de musique. Très attiré par la musique contemporaine, il considère alors Pierre Boulez comme un guide[2]. En 1977, Duteurtre commence des études de musicologie à l'université de Rouen. La même année, il rencontre Karlheinz Stockhausen et l'année suivante, Iannis Xenakis. En 1979, Duteurtre étudie un mois avec György Ligeti. Il obtient sa licence de musicologie.
Les premières publications
Parallèlement, Duteurtre continue d'écrire. En 1982, il fait parvenir à Samuel Beckett un texte intitulé Nuit ; Beckett demandera au jeune homme de le publier dans la Revue des Editions de Minuit. Dans le même temps, Duteurtre est monté à Paris et joue du piano pour le festival musical du Printemps de Bourges, au théâtre des Amandiers, situé à Nanterre. Il joue également pour Paris Latino, un tube de l'été. Il est également vendeur au BHV, sondeur, et joue du piano pour des cours de danse.
Le premier roman de Duteurtre, Sommeil perdu, est publié en 1985 ; il est alors journaliste pour plusieurs journaux parisiens. Dans cette œuvre est présenté un jeune homme dépressif qui quitte bientôt sa ville natale pour vivre à Paris. En 1987 est publié Les Vaches (revu et renommé À propos des Vaches en 2000), roman qui raconte la vie d'un garçon partagé entre son année scolaire au Havre et ses vacances à la montagne. Le magazine L'Infini dirigé par Philippe Sollers publie certaines de ses nouvelles. Il écrit également un moment pour la revue Playboy édition française mais aussi pour La Vie catholique, Les Lettres françaises, Révolution et Détective.
Duteurtre découvre New York en 1990 et tombe sous le charme. Il expliquera avoir tiré de cette expérience une meilleure compréhension du comportement de la France envers les États-Unis[3]. Il y rencontre Bruce Benderson, un écrivain américain, avec qui il se lie d'amitié.
Son roman L’Amoureux malgré lui est publié en 1989 suivi par Tout doit disparaître en 1992. Dans cette œuvre Duteurtre raconte à travers son personnage - un jeune homme qui a raté sa vocation de musicien et se lance dans le journalisme - les expériences personnelles de son activité journalistique et de critique musical. Il envoie ce roman à Guy Debord qui lui répond amicalement en ces termes: "Il vous a suffi de voir le même siècle et sa sorte d'art, vous l'avez ressenti justement."[4]. Tout doit disparaître révèle également les questions que se pose l'auteur sur la musique contemporaine, en particulier sur l'évolution de la musique classique française de la fin du XXe siècle et les raisons pour lesquelles cette musique ne peut s'attirer un large public. Ces idées seront présentées plus tard dans son essai Requiem pour une avant-garde.
Requiem pour une avant-garde
Requiem pour une avant-garde, un essai publié en 1995, analyse et critique la musique contemporaine et son institutionnalisation en France. Le livre provoque une vive réaction dans la presse. Le quotidien Le Monde compare Duteurtre à Robert Faurisson, un révisionniste. Duteurtre attaque le journal et remporte le procès. Le Monde est contraint de publier son droit de réponse. Le Point, Le Monde de la Musique, Diapason mais aussi l’International Herald Tribune publient des articles qui soutiennent le travail de l'auteur.
Bien que la critique de l'œuvre et de l'influence de Pierre Boulez soit une part importante de cet essai, Duteurtre s'intéresse aussi au problème posé par l'actuelle nostalgie de la Belle Époque et ses conséquences sur la France d'aujourd'hui. Cette idée réapparaîtra souvent dans ses romans à venir.
Travaux littéraires
En 1996 est publié le roman Gaieté parisienne qui traite de la communauté gay parisienne. Le héros, un homme bientôt trentenaire, s'inquiète de la monotonie de sa vie. Drôle de temps, une suite de nouvelles publiée en 1997 reçoit le prix de la nouvelle de l'Académie française[5]. Milan Kundera écrit la préface et publie une critique amicale dans Le Nouvel Observateur[6]. Philippe Muray rédige également un article[7] qui, tout en remarquant la perspicacité des personnages et situations de Duteurtre, souligne le rôle de l'Écrivain dans le monde.
Les malentendus est publié en 1999 et met en scène un jeune immigré arabe, une femme chef d'entreprise, un jeune homme étudiant de Sciences-Politiques et un handicapé homosexuel, dont les parcours se croisent et s'influencent. En 2001 son roman Le Voyage en France reçoit le Prix Médicis. Dans cette œuvre un jeune Américain passionné par le Paris de la fin du XIXe siècle découvre la France d'aujourd'hui. Il va être amené à croiser un homme, journaliste, la quarantaine, vivant à Paris, qui alterne dans sa vie périodes de dépression et d'euphorie.
Service Clientèle, publiée en 2003 est une série de courts chapitres qui aborde les difficultés que chacun peut rencontrer face aux assistances commerciale et technique des entreprises qui vendent des téléphones mobiles, des tickets d'avion ou des connexions Internet. Cette œuvre est amicalement commentée par François Taillandier dans le quotidien L'Humanité [8]. La Rebelle, roman publié en 2004, raconte la vie d'une présentatrice de télévision de gauche et carriériste, et les évènements qui vont l'amener à rencontrer un jeune Égyptien informaticien et homosexuel, un escroc et le PDG d'une grande entreprise française.
L'année suivante est publié le roman La Petite Fille et la cigarette qui voit la descente aux enfers d'un fonctionnaire et les conséquences qu'entraîne la dernière demande d'un condamné à mort.
Fichier:Duteurtre Houellebecq.jpgChemin de fer, publié en 2006, présente le journal intime d'une femme d'une cinquantaine d'années qui partage sa vie entre sa brillante carrière à Paris et son amour pour une petite masure dans un village de montagne où elle essaie de vivre coupée du monde moderne. Cette dernière œuvre est aussi une réflexion sur l'évolution de notre société et la marche en avant forcée d'un progrès qui semble entraîner de nombreuses régressions.
Duteurtre participe également à la revue littéraire L'Atelier du Roman, aux côtés d'auteurs comme Milan Kundera ou Michel Houellebecq. Il publie en mars 2007 un article à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Philippe Muray intitulé Muray est une fête.
Paru en août 2007, La cité heureuse met en scène Town Park, une ville fictive reconvertie en parc d'attraction culturelle et gérée par une entreprise, la Compagnie. Parmi les habitants transformés en animateurs, un scénariste pour séries télévisées va essayer de s'adapter au nouvel air du temps. Également en 2007 parait Ma belle époque, recueil d'articles parus dans la presse qui forme selon l'auteur "une sorte d'autoportrait".
Les pieds dans l'eau, paru fin août 2008, décrit la relation de l'auteur avec la plage d'Étretat, une station balnéaire située en Haute-Normandie qu'il a longtemps fréquentée. Fortement autobiographique, cette œuvre présente également le milieu social et la famille du héros, tous deux marqués par la figure omniprésente du fameux aïeul, le président René Coty, son arrière-grand-père.
Ballets roses, sorti en 2009 chez Grasset dans la collection "Ceci n'est pas un faits divers", s'intéresse aux parties fines de l’ancien résistant et président de l’Assemblée, André Le Troquer, avec de jeunes adolescentes.
Évolution dans le monde musical
En 1991, Benoît Duteurtre devient conseiller musical pour la Biennale de Lyon de la musique française. Il rencontre à cette occasion le chef d'orchestre Manuel Rosenthal, élève de Maurice Ravel et travaille avec lui[9]. Il rencontre également la même année le compositeur Olivier Messiaen qu'il considère être le dernier en date des compositeurs français à appartenir, de façon incontestable, au panthéon des grands génies de l'histoire musicale[10]. Duteurtre devient directeur de la collection Solfèges aux éditions du Seuil en 1993[9]. En 1995 Marcel Landowski et lui créent l'association Musique nouvelle en liberté afin de promouvoir de nouveaux compositeurs.
La comédie musicale de Jérôme Savary Vive l'Opéra-Comique, dont le texte a été écrit par Duteurtre, est présentée à Paris au Théâtre national de l'Opéra-Comique en mars 2004.
Entre 2007 et 2008 Duteurtre donne un cycle de conférence à la fondation Singer-Polignac sur différents sujets musicaux et compositeurs. Duteurtre adapte également le livret de Véronique, une opérette d'André Messager mise en scène par la comédienne Fanny Ardant qui fut donnée au Théâtre du Châtelet en janvier 2008.
Radio et télévision
Benoît Duteurtre est l'auteur d'une série d'émissions Les folies de l'opérette diffusées sur France 3 et France 5 en 2005. De 1996 à 1999 il anime l'émission de radio Les beaux dimanches sur France Musique[11]. Depuis 1999 il est producteur et animateur d'une émission radio Étonnez-moi Benoît diffusée chaque semaine sur France Musique. Il anime également le premier mercredi de chaque mois l'émission C'était hier, qu'il consacre à l'opérette et à l'opéra-comique à partir d'enregistrements du service "Radio Lyrique" de 1945 à 1975[12].
Aujourd'hui
Traduit dans une quinzaine de langues[13], Benoît Duteurtre est journaliste pour l'hebdomadaire Marianne, écrit aussi pour Le Figaro littéraire, Le Monde de la musique et fait partie du comité de lecture des éditions Denoël.
Ancré dans son époque
Champ d'action
Benoît Duteurtre est un romancier intéressé par les aspect concrets de notre temps qu'il restitue à travers des situations précises dans ses romans[14]. Il puise chez ses contemporains des traits de caractères et des comportements caractéristiques de notre époque. Adepte comme il le définit lui-même de la "littérature de basse-cour"[14], ses personnages, des personnes ordinaires aux prises avec la société qui les entoure, s'évertuent à s'adapter à cette dernière tout en révélant leurs limites et le grotesque de leur caractère[14]. Appartenant souvent à une classe moyenne avide d'ascension sociale, ces anti-héros cherchent leur place dans un monde en transformation qu'ils croient contrôler et même parfois dominer au début de leurs aventures.
Influences et parallèles
Admirateur de Michel Houellebecq qu'il considère comme l'auteur français le plus important du moment[3],[14], Duteurtre privilégie le roman de type balzacien[14], caractérisé par la richesse de ses personnages et de ses situations. Il s'oppose au nouveau roman centré sur l'auteur et son "je" qu'il considère stérile. Duteurtre participe ainsi à un retour à la mise en scène de personnages et de leurs interactions avec la société qui les entoure[15]. Opposé à ce foisonnement, il voit le nouveau roman, qu'il qualifie de nouvel académisme creux[16], uniquement focalisé sur le style et l'écriture, aux dépens de la narration.
Annexes
Bibliographie
- Romans
- 1985 : Sommeil perdu
- 1987 : Les Vaches
- 1989 : L'Amoureux malgré lui
- 1992 : Tout doit disparaître
- 1996 : Gaieté parisienne
- 1997 : Drôle de temps
- 1999 : Les Malentendus
- 2000 : À propos des vaches
- 2001 : Le Voyage en France (Prix Médicis)
- 2003 : Service Clientèle
- 2004 : La Rebelle
- 2005 : La Petite Fille et la Cigarette
- 2006 : Chemins de fer
- 2007 : La Cité heureuse
- 2008 : Les pieds dans l'eau
- 2009 : Ballets roses
- Essais et chroniques
- 1995 : Requiem pour une avant-garde
- 1997 : L'Opérette en France
- 2002 : Le Grand Embouteillage
- 2007 : Ma belle époque
- 2008 : Les Pieds dans l'eau
- Publications et nouvelles
- Revues Minuit
- L'Infini
- L'Atelier du roman
- Nouvelle revue française
- Le Débat
- Revue des deux mondes
- NRV
- Commentaire
- Ouvrages collectifs avec la participation de Benoît Duteurtre
- 1991 : 150 ans de musique française
- 2002 : Un siècle d'Opéra
- 2003 : Paris, capitale de la musique, 1850-1950
- 2003 : André Messager
- 2007 : Balade en Seine-Maritime
Notes et références
- ↑ Journal Libération du 28/12/2001, portrait de Duteurtre par Jean-Dominique Merchet.
- ↑ Mon itinéraire Boulez sur http://www.marianne2.fr, 2005, Marianne. Consulté le 07/06/2008
- ↑ a et b (en)Katherine Knorr, « Novelist, gadfly and rebel without a niche » sur http://www.iht.com, 2003, International Herald Tribune
- ↑ Vie et Mort de Guy Debord, par Christophe Bourseiller, Plon 1999
- ↑ Index des lauréats des différents prix de l'Académie française
- ↑ L’École du regard, par Milan Kundera publié par Le Nouvel Observateur, 30/01/1997
- ↑ Commentaire, n°73, printemps 1996
- ↑ Vers l'homme futur, par François Taillandier publié dans L’Humanité, 10/16/2003
- ↑ a et b Jean-Claude Fournier, « Benoît Duteurtre: Rencontre avec l'opérette », dans Opérette, 15/10/1998
- ↑ Introduction au concert Rêverie et apocalypse écrite par Benoît Duteurtre pour la fondation Singer-Polignac sur http://www.singer-polignac.org, 2008, Fondation Singer-Polignac. Consulté le 03/06/2008
- ↑ Biographie de Benoît Duteurtre sur le site de France Musique sur http://www.radiofrance.fr/francemusique/, 2008, France Musique. Consulté le 02/06/2008
- ↑ Descriptif de l'émission C'était hier sur le site de France Musique sur http://www.radiofrance.fr/francemusique/, 2008, France Musique. Consulté le 02/06/2008
- ↑ Biographie de Duteurtre sur le site du Bureau international de l'édition française
- ↑ a , b , c , d et e Cyril De Graeve, « Interview de Duteurtre sur Chronicart.com à l'occasion de la sortie de la Cité heureuse » sur chronicart.com, 2007. Consulté le 16/05/2008
- ↑ Benoît Duteurtre, « Les ravages du style », dans L'Atelier du roman, 30/06/2002
- ↑ Benoît Duteurtre, « Le style et l'écriture », dans L'Atelier du roman, Hiver 1996
Liens externes
- Site officiel sur Benoît Duteurtre
- Entretien avec Benoît Duteurtre pour ecrits-vains.com
- Présentation vidéo par l'auteur de son roman "La cité heureuse"
- Critique du Voyage en France par ecrits-vains.com
- Interview de Benoît Duteurtre par Chronicart.com au sujet de la réédition de Requiem pour une avant-garde
- Critique du Voyage en France par Gallimard
- Critique de La Petite fille à la cigarette par Le Point
- Entretien avec Benoît Duteurtre pour zescoop.com
- Articles de Benoît Duteurtre publiés par l'hebdomadaire Marianne accessibles via le moteur de recherche du site
- Interview de Benoît Duteurtre par Chronicart.com au sujet de L'Atelier du Roman
- Interview de Duteurtre par le journal Le Devoir, édition du samedi 21 et du dimanche 22 avril 2007, par Anne Michaud
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