Invasion de l'Islande

Invasion de l'Islande
Les cibles stratégiques initiales de l'Islande prévues par les Britanniques lors de l'invasion en 1940.

L’invasion de l'Islande, du nom de code opération Fork, est une opération militaire britannique menée par la Royal Navy et les Royal Marines le 10 mai 1940 lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle visait à assurer une présence britannique dans l'Arctique et de garder un contrôle sur les convois alliés dans l'Atlantique nord dans le cadre de la bataille de l'Atlantique.

Sommaire

Contexte historique

Elle fait suite au refus du gouvernement du Royaume d'Islande de Hermann Jónasson (alors dépendant du Danemark sous occupation allemande jusqu'à la déclaration d'indépendance de l'Islande en 1944), d'être un co-belligérant des Alliés et de permettre aux Britanniques de s'installer sur l'île et de garder ainsi un avant-poste dans l'Arctique. Il devenait évident pour les Alliés que l'Islande serait une cible privilégiée du Troisième Reich après ses succès contre le Danemark et la Norvège lors de l'opération Weserübung, alors que le même jour les Allemands lançaient leur grande offensive contre les Pays-Bas, la Belgique et la France dans ce qui deviendra la bataille de France.

Les Britanniques s'étaient déjà installés sur les îles Féroé en avril 1940 (voir Occupation britannique des îles Féroé) qu'ils considéraient comme « stratégiquement important » afin de mettre en échec tout projet d'expansionnisme allemand dans l'Arctique.

Déroulement de l'invasion

Le croiseur lourd HMS Berwick, fer de lance de l'opération.

L'invasion débute le 10 mai, les troupes britanniques débarquent à Reykjavík, capitale de l'Islande neutre. Ces dernières ne rencontrent aucune résistance, l'Islande ne disposant d'aucune force militaire. Elles désactivent rapidement les réseaux de communication islandais sur des endroits stratégiques et procèdent à l'arrestation des citoyens allemands. Les Britanniques réquisitionnent les moyens de transport locaux et se déploient à Hvalfjörður, Kaldaðarnes, Sandskeiði et Akranes pour sécuriser les aires d'atterrissage afin de contrer une possible offensive allemande sur l'île. Dans la soirée du 10 mai, le gouvernement islandais émet une protestation, affirmant que sa neutralité « avait été violée de façon flagrante » et qu'il s'agissait d'une « atteinte à son indépendance. » Elle demande par ailleurs des indemnisations aux Britanniques, qui promettent en retour la « non-ingérence dans les affaires internes islandaises » et le retrait de toutes les forces à la fin de la guerre.

Des officiers du la 1ere brigade provisoire de Marine en 1941.

La force d'invasion se composait de 746 Marines, mal équipés et seulement partiellement formés[1]. Bien que l'opération fut une réussite qui se déroula sans aucune perte humaine, celle-ci s'avère insuffisante pour défendre une île de 103 000 km². Le 17 mai, 4 000 soldats réguliers de l'Armée de terre britannique prennent la relève, assurés par une force ultérieure de 25 000 soldats dont deux brigades da la 49th (West Riding) Infantry Division.

Des unités des forces armées des États-Unis comprenant un total de 28 000 hommes avec en tête la 1st Provisional Marine Brigade prendront également position sur l'île à partir de juin 1941 après la signature d'un traité de défense entre les deux parties, bien que les États-Unis étaient alors encore à cette date officiellement neutres, et relèvent les forces britanniques laissant le commandement le 22 septembre 1941. L'Islande fournit alors une coopération de facto avec les puissances alliées.

Conséquences et bilan

Bien que l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW) prévoyait d'envahir l'Islande, le plan fut abandonné en raison de problèmes logistiques (opération Ikrus). Une seule escarmouche se produira sur le territoire islandais durant le conflit mondial, lorsqu'un Focke-Wulf Fw 200 de la Luftwaffe stationné en Norvège attaquera et coulera le pétrolier britannique SS El Grillo dans le fjord de Seyðisfjörður le 17 février 1944, ne provoquant toutefois aucune perte[2].

L'Islande demeure officiellement neutre, bien qu'elle collabore avec le Royaume-Uni et les États-Unis durant la guerre, notamment en terme de ressources énergétiques. Les forces d'occupation qui ont compté jusqu'à environ 40 000 militaires américains pour 126 000 Islandais se retireront de l'île après la capitulation allemande en 1945.

Une base aérienne américaine restera en activité sur l'aéroport de Keflavík de 1951 jusqu'en 2006 dans le cadre de l'OTAN, le pays n'ayant pas de forces armées[3].

Notes et références

  1. (en) Donald F. Bittner, The Lion and the White Falcon: Britain and Iceland in the World War II Era, p 41
  2. http://www.lhg.is/frettirogutgafa/frettir/nr/869
  3. Anne-Françoise Hivert, « L'Islande sans GI et sans défense » sur Libération, 2 septembre 2006. Consulté le 13 novembre 2011

Annexes

Bibliographie

  • (en) Donald F Bittner, The Lion and the White Falcon: Britain and Iceland in the World War II Era. Archon Books, Hamden, 1983. (ISBN 0-208-01956-1).
  • (en) Alexander George Montagu Cadogan,The diaries of Sir Alexander Cadogan, O.M., 1938-1945, Dilks, London: Cassell, 1971. (ISBN 0-304-93737-1).
  • (en) Karlsson Gunnar, Iceland's 1100 Years: History of a Marginal Society. Hurst, London, 2000. (ISBN 1-85065-420-4).
  • (en) James Miller, The North Atlantic Front: Orkney, Shetland, Faroe and Iceland at War. Birlinn, Edinburghn 2003. (ISBN 1-84341-011-7).
  • (is) Magnúss Gunnar, Virkið í norðri: Hernám Íslands: I. bindi. Ísafoldarprentsmiðja, Reykjavík, 1947.
  • (is) Þór Whitehead, Bretarnir koma: Ísland í síðari heimsstyrjöld. Vaka-Helgafell, Reykjavík, 1999. (ISBN 9979-2-1435-X).
  • (is) Þór Whitehead, Milli vonar og ótta: Ísland í síðari heimsstyrjöld. Vaka-Helgafell, Reykjavík, 1995. (ISBN 9979-2-0317-X).

Liens externes


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