Henry Fayat

Henry Fayat

Hendrik Fayat (en français Henri), né à Molenbeek-Saint-Jean le 28 juin 1908 et mort à Jette le 21 septembre 1997, est un homme politique socialiste belge.

Sommaire

Biographie

1908-1935 : Jeunesse, adolescence, études et stage

Son grand-père paternel était un Wallon originaire de Namur et sa grand-mère était originaire d’Eppegem – d’une famille de laitiers - alors que son père naquit à Bruxelles, ville où Hendrik grandit également[1]. Il passa sa jeunesse dans la rue, à Bruxelles, ou bien chez ses grands-parents maternels à Alveringem, durant les vacances. Il y apprit la vie paysanne en participant aux activités de la récolte et au soin des animaux de la ferme. C’est aussi à Alveringem qu’il voyait le vicaire et homme de lettres Cyriel Verschaeve à la messe, ou lors de ses visites à domicile et même un jour chez lui, au presbytère[2].

Fayat grandit dans un milieu musical, son père étant devenu, en tant qu’autodidacte, directeur de plusieurs sociétés musicales populaires, et s’est même mis à composer. Grâce aux bons offices du compositeur Jan Preckher, son père sut devenir directeur de la fanfare socialiste « De Broederliefde » (l’amour fraternel) de Vilvorde, poste qu’il occupa pendant 51 ans[3].

Il s’intéressait à la politique dès ses 17 ans, lorsqu’il devint secrétaire de la « Jeune garde socialiste » de Molenbeek-Saint-Jean. À cette époque, son engagement le mena aussi à la Maison du Peuple de sa commune natale, pour s’y occuper de la bibliothèque[4].

Fayat étudia le droit à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), où il prit part à la vie estudiantine. Flamingant, il rejoignit l’association « Geen Taal, Geen Vrijheid » (slogan indiquant qu’il n’y a point de liberté sans droits linguistiques). Avec ses camarades Jef Rens et Maurits Naessens, il fonda en 1931 une association estudiantine flamande socialiste, le « Vlaamsch Verbond van Socialistische Studenten »[5].

1935-1946 : Avocat néerlandophone, politiquement actif & exil en temps de guerre

Après avoir travaillé plusieurs années comme chercheur scientifique, il s’inscrivit en 1935 au barreau de Bruxelles. Il obtiendra également un siège au sein du conseil d’administration de l’association d’avocats flamands au barreau de Bruxelles, la « Vlaams Pleitgenootschap »[5]. En 1935, Fayat prêta serment au barreau de Bruxelles en néerlandais, ce qui était loin d’être coutume. Ensuite, il fit son rapport de stage en néerlandais, autre primeur dans ce temps-là. Il devra pourtant se justifier auprès du bâtonnier de l’ordre des avocats, Thomas Braun. Mais celui-ci, ayant compris que le temps des actions disciplinaires à l'encontre des Flamands était révolu, considéra qu'il valait mieux ne pas faire un martyr de l’avocat récalcitrant[6].

Comme l'un des dirigeants du parti ouvrier belge, il continua, sur le plan politique, à soutenir avant tout les revendications flamandes. Au premier congrès socialiste flamand, le « Vlaamsch Socialistisch Congres », de 1937, il présenta son rapport sur la question des langues à Bruxelles[5]. Il y défendit déjà une agglomération bruxelloise bien définie et une frontière linguistique entre la Flandre et la Wallonie qui serait aussi une frontière administrative[6]. À partir de 1938, il écrivait régulièrement sur les revendications flamandes pour le magazine Vooruit.

Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il suivit le gouvernement en exil en France, où il fut chargé d'aider les Belges en France non occupée. Puis, il se rendit en Grande-Bretagne, où il fut enrôlé dans l'armée belge en tant que volontaire[5]. En Belgique, il risquait encore de se faire assassiner par des membres de la bande de Verbeelen[7]. En 1942, il fut nommé conseiller juridique au ministère des Affaires étrangères, pour devenir en juillet 1943 le chef de cabinet du ministre de l'Intérieur, le catholique August de Schryver[5], avec qui il semblait très bien s’entendre[8].

1946-1973 : Membre du parlement et ministre

Après la libération, lors des premières élections parlementaires en 1946, Fayat fut élu membre de la Chambre des Représentants de Belgique. Il y représentait Bruxelles[5]. Son discours inaugural portait sur l’attentat contre la tour de l'Yser. Cette tour fut autant un monument pacifiste qu’un mémorial de la souffrance des soldats Flamands dans la Première guerre mondiale, en particulier celle causée par les injustices infligées par des officiers francophones de l’armée belge. La tour fut dynamitée par des inconnus, vraisemblablement avec la complicité de l’ordre établi belge. Avec le support du socialiste éminent Camille Huysmans, Fayat interpella le gouvernement, et cela en tant que socialiste. Il affirma en même temps que la tour faisait partie de l'histoire de la Flandre, de son paysage et de son caractère[9].

Au cours de la période qui suivit son élection, il s’intéressait avant tout à la politique étrangère et internationale. Il ne perdit pour autant pas de vue les intérêts flamands. Ainsi, il fut l’un des instigateurs de la fondation du « Fonds August Vermeylen ». Il sera président de sa branche bruxelloise durant plus que 25 ans[5]. Aussi, en 1946, il devint membre de la « Commission permanente de contrôle linguistique » (en néerlandais : « Vaste Commissie voor Taaltoezicht »). Dans les années 50 et en collaboration avec le professeur néerlandais Peter Geyl, il organisa plusieurs congrès socialistes flamandes-néerlandaises.

Sa carrière académique fut couronnée, en 1948, par sa nomination comme chargé de cours de droit colonial à l'Université libre de Bruxelles et, en 1961, par celle de professeur de faculté[5]. Il déclina l’offre de l’Université libre de Bruxelles de donner des cours en français, comme il voulut vouer tout son temps à l’enseignement néerlandophone[10].

En 1949 il participa en tant que membre à la première séance de l’Assemblée parlementaire consultative du Conseil de l’Europe[11].

De 1957 à 1958 et pour la première fois, Fayat devint ministre, notamment du commerce extérieur. Lors des réunions internationales, il se fit remarquer par sa préférence pour l’emploi de la langue anglaise, qu’il maîtrisait bien, plutôt que du français, comme le firent à cette époque les diplomates belges. Il est peu étonnant qui ceci en conduisit quelques-uns dans les milieux francophones à beaucoup d'agitation. Comme anglophile, Fayat écoutait tous les jours la BBC. Dans le gouvernement Lefèvre (1961-1965), il était ministre adjoint d’Affaires étrangères[5]. Il réalisait la création au sein de la diplomatie belge - jusque-là un bastion de la francophonie unilingue et souvent de la noblesse[12] – d’un équilibre linguistique. Il rendit obligatoire l’organisation d’examens de langue et s’attela au recrutement d'un contingent de diplomates néerlandophones qui, par la suite, furent appelés les « Fayat-boys ». Cette rectification linguistique par une représentation plus équitable de néerlandophones au sein du département des Affaires étrangères, rendit furieux le socialiste éminent francophone Paul-Henri Spaak ; et ceci en dépit du fait que ce dernier était membre du parti, voir même ami de Fayat.

En 1965-66, Fayat fut ministre-secrétaire du Commerce extérieur. Aux élections de 1968, il ne reçut aucune place éligible sur la liste socialiste bilingue à Bruxelles. Son flamingantisme finit par exacerber de nombreux socialistes bruxellois. Les socialistes flamands ne se présentèrent pas moins aux élections avec leur propre liste de ‘‘lions rouges’’ (De Rode Leeuwen) ; Fayat fut élu. Il reprit le portefeuille du Commerce extérieur au Gouvernement Eyskens IV. L’année suivante, la direction du parti dut reconnaître ces lions rouges comme étant la fédération flamande du BSP (« Belgische Socialistische Partij/Parti socialiste belge ») de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Fayat ne fut cependant plus réélu le 7 novembre 1971. Il perdit donc son siège à la Chambre des Représentants. Temporairement, comme d’ailleurs Antoon Stervelynck, il remplit une fonction extraparlementaire au sein du gouvernement[13], notamment celle de secrétaire d’État pour le Commerce extérieur en 1972-1973 et pour la Politique portuaire en 1973[5].

1973-1997 : Après la politique

Après avoir quitté la politique active, il put se concentrer de nouveau sur l’action pour l'intégration au et la coopération avec le Royaume des Pays-Bas, et ceci en tant que président du « Algemeen Nederlands Verbond », (« Union générale néerlandaise »). Il occupera ce poste de 1978 à 1986[14]. Hendrik Fayat fut nommé membre honoraire de l'OSB (« Oudstrijdersbond », une association d’anciens combattants)[5].

L’engagement pour la néerlandophonie : raisons et causes

Fayat prétendit être devenu flamingant parce qu’il était socialiste, les Flamands ayant été lésés parce qu’ils étaient les plus faibles, alors que le bourgeois choisissait pour l’argent et le pouvoir, encore davantage représentés par la francophonie à cette époque[15].

Dans son interview avec Joos Florquin en 1976 (et publiée 3 ans plus tard), il constata la nécessité d’un statut d'autonomie pour les résidents flamands de et dans la région bruxelloise, puisque ceux-ci ne peuvent se maintenir de façon identitaire, en tant que néerlandophones, que lorsque le lien avec l’ensemble de la communauté flamande néerlandophone de Belgique ne soit coupé[16].

Notes et références

  1. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  278
  2. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  279
  3. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  282
  4. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  287
  5. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Biographie brève anonyme sur le site Internet de l’Université libre (néerlandophone) de Bruxelles
  6. a et b Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  288
  7. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  291
  8. Godfried Kwanten, August-Edmond de Schryver, 1898-1991: politieke biografie van een gentleman-staatsman, Louvain, University Press, 2001, p.  241 “Tussen beide klikte het uitstekend”
  9. Joos Florquin,Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  285-286
  10. Joos Florquin,Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  303
  11. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  296
  12. Manu Ruys, Een levensverhaal, Lannoo Uitgeverij, 1999, p.  165
  13. Gaston Eyskens, Jozef Smits [1], De memoires, Lannoo Uitgeverij, 1994, p.  884
  14. Hugo de Schepper, Tussen cultuur en politiek: het Algemeen-Nederlands Verbond 1895-1995, Uitgeverij Verloren, 1995, p.  193
  15. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  284, « Ik ben flamingant geworden omdat ik socialist was »
  16. Joos Florquin, Ten huize van... 15., Davidsfonds, Louvain, 1979, p.  306-307, « Er moet voor de Brusselse Vlamingen een statuut van autonomie in de Brusselse agglomeratie uitgebouwd worden, in enge verbinding met de hele Nederlandse cultuurgemeenschap, waarvan de Brusselse Vlamingen als een onafscheidbaar deel zijn te beschouwen. Het moet voor iedereen zeer duidelijk worden dat de Brusselse Vlamingen de uiteindelijke instandhouding van de Nederlandse aanwezigheid in Brussel slechts kunnen verzekeren als deel van de Nederlandse gemeenschap in België, meer dan als ingezetenen van het Brusselse gewest. »

Bibliographie

Liens externes


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