- Gustaaf Schamelhout
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Gustaaf Schamelhout Anthropologue
Flamingant
PneumologueXXe siècle Gustaaf SchamelhoutNaissance 25 mars 1869 Décès 21 janvier 1944 (à 74 ans) Nationalité Belgique Principaux intérêts Pneumologie
Anthropologie
Ethnologie
Grande Néerlande
Mouvement flamandmodifier Gustaaf Schamelhout, né à Bruxelles, le 25 mars 1869, décédé à Anvers, le 21 janvier 1944, est un pneumologue qui a contribué aux recherches sur la lutte antituberculeuse[1], un ethnologue et anthropologue autodidacte[2] et un militant flamant.
Sommaire
Biographie
1869-1918
Enfance – Études
Schamelhout est issu d'une famille bruxelloise de quatre enfants. Ses parents, qui tenaient un magasin de meubles et d'antiquités dans la rue du Trône, bien qu'étant orangistes, furent francophones[3]. Gustaaf fut élevé en français et se mariera avec une francophone[3], Lily Koettlitz, sœur de Clara qui était en ménage avec Jacques Mesnil, historien d'art et anarchiste[4]. C'est un professeur flamingant du collège qui réussit à convertir ses parents à la cause flamande.
À l'âge de 15 ans, Gustaaf Schamelhout commence à s'intéresser à l'ethnologie et la connaissance des pays.
Malgré son éducation francophone, et bien que n'ayant appris le néerlandais qu'à partir de ses années d'études en humanités[1], il s'investit entièrement, en 1889, dans le Mouvement flamand, tout en se plongeant dans les romans historiques de Hendrik Conscience, et en s'engageant, à l'Université libre de Bruxelles, dans l'association étudiante libérale flamande Geen taal, geen vrijheid (Pas de langue, pas de liberté)[1]. Il s'affilia à plusieurs sociétés artistiques et littéraires, dont De Distel (Le Chardon) et Van Nu en Straks (D'aujourd'hui et de demain), desquelles il prit en charge le secrétariat[5] ainsi que la gestion financière, et il érigea[1], avec entre autres Lodewijk de Raet et Emmanuel Hiel, De Vlaamsche Wacht (La Garde flamande), une alliance de sympathisants de la lutte d'émancipation flamande, dépassant les divisions religieuses. Comme Herman Teirlinck et Toussaint van Boelaere, il s'engagea dans le mouvement littéraire qui s'était constitué autour du magazine, faisant autorité, Van Nu en Straks[3], pour lequel il fit presque tout sauf écrire des articles : c'est-à-dire la gestion, l'expédition et le paiement des dettes.
Étudiant en 1890, il dut conclure dans le périodique Flandria : « Le cœur bas allemand ne se laisse pas tuer, alors que la France est affaiblie d'esprit et de corps [...]. Il n'existe aucun remède pour la maladie dont souffre la France, parce que le sang est corrompu par la débauche et l'instinct animal qui y ont libre cours. À l'instar de la Rome antique, elle doit et elle saura périr[6]. »
En 1893, il s'installe à Anvers, où il est étudiant résident à l'hôpital Stuivenberg. Étudiant à l'ULB en 1894, il obtint pourtant son doctorat en médecine de la commission centrale des examens[1]. Après avoir complété ses études, en Allemagne et en Angleterre, s'étant spécialisé dans le domaine de la tuberculose, il s'établit définitivement à Anvers pour y exercer la profession de pneumologue.
Schamelhout pneumologue
Déjà après quelques années, sa pratique devint florissante. C'est surtout en tant que médecin et chercheur scientifique, qu'il acquit une notoriété à travers ses recherches sur la lutte contre la tuberculose. Mais ses ouvrages historiques sur des personnalités du monde de la médecine n'ont pas passé inaperçus[1]. Il s'intéressa aux dernières techniques. Ses occupations professionnelles ne l'empêchèrent pas de voyager beaucoup et de s'engager pour le dispensaire Van den Nest, entre autres dans la qualité de membre du conseil d'administration.
À partir de 1908, la fréquence de ses publications sur la médecine décrut, et, après 1918, il se consacra presque exclusivement à des études anthropologiques et ethnologiques[1].
Anthropologie et nationalisme
Bien que Schamelhout se tînt toujours à l'arrière-plan, sa renommée fut grande auprès de la génération sensible à la cause flamande de son temps[1], et il a souvent été sollicité comme conférencier, pour des initiatives scientifiques. La lutte de tant de nations européennes opprimées, telles que les Irlandais mais également les Flamands, pour la sauvegarde de leur langue et de leur indépendance nationale le fascinait particulièrement et l'a profondément ému[1], et pour l'étudier, il s'appuya sur une documentation étendue qu'il mit méticuleusement à jour.
Il fut fasciné par les recherches des anthropologues dans lesquelles, sur la base de, entre autres, des crâniométries, et l'étude de la forme et de la couleur des cheveux ou de la taille, l'humanité est divisée en races, par Schamelhout aussi appelées racines humaines (mensenstammen), qui ont des caractéristiques congénitales particulières. Son but est nullement d'inciter, fort de ces constatations, à des guerres raciales ; avant tout vise-t-il à faire barrage à l'impérialisme et l'oppression des nationalités[3].
Dans le but de conclure à l'unité ethnique de la population néerlandaise tout entière, il étudia la différenciation ethnique et anthropologique entre Flamands et Wallons.
À cette époque, le judaïsme anversois ne semble pas l'avoir laissé indifférent non plus, car, avant la Première Guerre mondiale, il acheta un portrait peint par Victor Hageman, Esther, représentant une fille juive[3].
La Grande Guerre
Pendant la Grande Guerre, il se prit de sympathie pour le pacifisme de Romain Rolland, et il avait ouvertement sympathisé avec le communisme bien avant[7]. Le 12 octobre 1918, quelques semaines avant l'armistice, sous le nom de plume Lodewijk Van Herent, il publie l'article De volksstammen van Europa en de strijd der nationaliteiten (Les tribus de l'Europe et la lutte des nationalités)[3] dans De Stroom. Si, en 1918, après la Grande Guerre, il ne dut pas comparaître devant un tribunal, il fut tout de même exclu de toutes les institutions officielles pour avoir signé le manifeste pour la néerlandisation de l'université de Gand.
1918-1940
L'Université populaire
En 1928, Schamelhout comptait parmi les fondateurs de l'Université populaire (Volksuniversiteit Herman Van den Reeck) de tendance flamingante ; lorsqu'il succède au catholique Arthur Claus, en 1932, à la présidence du Conseil consultatif, la direction de cet institut tombe entièrement dans les mains des laïques[8].
Schamelhout ethnologue
L'exclusion d'après-guerre ne semble pas l'avoir trop dérangé : imperturbablement exerçant sa pratique, Schamelhout se préoccupait encore plus qu'avant de la lutte des nationalités européennes, et, au courant des années 1920, il devint un ethnologue de renommée internationale.
Il formule sa position ainsi : « Mon intérêt pour la géographie et l'ethnologie a toujours été très fort, pas moins que pour l'histoire. Ainsi, je suis devenu le défenseur de toutes les nationalités au sein de leurs frontières ethniques : en Pologne, près des reliques des insurgés polonais, à Dublin près de ceux des fusillés de l'Insurrection de Pâques, je n'étais pas moins touché que lors de ma visite au Prinsenhof de Delft ».
Pour aiguiser ses connaissances, il parcourt presque tous les pays de l'Europe avec sa femme, et, hostile à tout luxe, souvent à pied. Il fit remarquer que : « Plus tard, on vit tout de même de ses souvenirs et le plus d'impressions qu'on accumule, le plus que la vie devient riche. »[9].
Les recherches de Schamelhout menèrent en 1938 à sa nomination comme membre de la Koninklijke Vlaamse Academie voor Geneeskunde (Académie royale flamande de médecine), ainsi qu'à des contributions publiées dans différents périodiques, et, en particulier, à la publication de l'ouvrage De volkeren van Europa en de strijd der nationaliteiten (Les peuples de l'Europe et la lutte des nationalités), qui fut publié en trois volumes à Amsterdam, de 1925 à 1930. Dans celui-ci figurent des passages entiers littéralement repris de son article susmentionné, publié dans de De Stroom en 1918[3]. Dans un discours de circonstance, en guise de remerciement, Schamelhout déclara : « L'humanisme des grands Néerlandais du XVIe siècle, Érasme et sa tolérance, l'idéal de l'unité nationale de Guillaume d'Orange, ont été les lignes directrices de ma vie. Mon souhait le plus sincère est la collaboration de tous les Flamands conscients, de la droite à la gauche, dans la lutte qui devra encore être menée longtemps. »
En tant qu'ethnologue, Schamelhout ne procédait pas par subdivision entre races supérieures et inférieures, mail il crut tout de même que les Aborigènes d'Australie et les Bochimans se trouvaient sur le degré le plus bas de l'échelle de la civilisation. Il a parlé brièvement de variétés ou « races culturelles et naturelles », sans aborder plus profondément les différences entre les deux. Il n'y voyait pas de données statistiques irrémédiables. Il a toutefois averti que le type racial ne fut qu'un concept théorique, que l'on rapproche plutôt que de l'accomplir[10], et que peu de peuples étaient pur de toute souillure étrangère[11]. Bien qu'il attribuât une valeur scientifique aux craniométries, il soulignait que le poids du cerveau n'était pas toujours à mettre en rapport avec une compétence spirituelle supérieure. S'inscrivant dans le courant de la réticence générale des publicistes flamands des années 1920 envers le concept biologique de race, en envisageant la langue de façon psychologique, Schamelhout défendit, en 1926, que la langue était un reflet de la nature nationale. Dans son œuvre postérieure, Schamelhout reste fidèle à la thèse selon laquelle la langue constitue une barrière plus forte que la race[12]. En outre, il vit les « Juifs », comme les Flamands et les Wallons, en tant que nation, raison pour laquelle il écrivit ce mot avec majuscule[13]. Il mêla ses sensibilités d'hygiéniste et de nationaliste, lorsqu'il fit la distinction entre une infériorité résultant de circonstances sociales variables, et une supériorité due à une appartenance raciale, elle, invariable : une logique offrant des perspectives propices à un discours séparatiste, car, une fois surmonté l'affaiblissement lié à l'oppression, la force héréditaire de la race fait miroiter un bel avenir[14]. En fait, Schamelhout utilise différents concepts de dégénérescence, se référant parfois à une régression, imputée à une hyperculture (comme aurait été le cas en Wallonie), puis de nouveau à une « arriération », associée à une vulnérabilité économique et hygiénique (qui serait caractéristique des Flamands)[15].
Voulant se distancier de l'usage allemand du concept de race, il avança, en 1936, le fait que la signification du terme « aryen » soit dénaturée pour des raisons politiques, dans le sens de « non-juif », en ajoutant que l'idée de la pureté des races ne fut pas seulement irréaliste, mais également peu recommandable, considérant que des dons supérieurs semblent souvent revenir à une combinaison de facteurs héréditaires[16].
Par ailleurs, n'ayant jamais été un rat de bibliothèque, il continuait à suivre le mouvement flamand de près. Dans les années 1930, Schamelhout défendit indubitablement un point de vue Grand-Néerlandais.
Affiliation aux institutions scientifiques et aux cercles culturels
Que Schamelhout a contribué, sans aucun doute, au développement de la science en Flandre est illustré par son affiliation aux instituts académiques et scientifiques : il a été membre fondateur de l'Association pour la Science, membre actif du Vlaamsch Fonds voor Wetenschap (Fonds flamand pour la science), de la Vlaamsche Wetenschappelijke Stichting (Fondation scientifique flamande) et l'un des quinze premiers membres qui, en 1938, constituaient le noyau fondateur de l’Koninklijke Vlaamsche Academie voor Geneeskunde (Académie royale flamande de médecine)[1].
Il a également vécu intensément les milieux artistiques et les cénacles réformateurs sociales et culturels, tels que De Kapel à Anvers[1].
1940-1944
De nature humaniste et nationaliste, ayant en aversion toute dictature, et poursuivant ses travaux de recherche jusqu'à la fin de sa vie, il s'était tenu à l'écart de la collaboration durant la Seconde Guerre mondiale. Son intention d'étudier les différences anthropologiques entre Flamands et Wallons et de confirmer l'unité ethnique de la population néerlandaise, mena à la publication, en 1944, d'un ouvrage intitulé De antropologie van het Nederlandse volk (L'anthropologie du peuple néerlandais).
Schamelhout, resté médecin au fil des ans, s'engagea à visiter ses patients à pied. Tombé malade au début de 1944, il continua ses visites à domicile, mais mourut après avoir contracté une pneumonie lors d'une visite en soirée un jour de très mauvais temps.
Sa bibliothèque de quelque 2.000 livres et sa correspondance ont été données à la Bibliothèque de la ville d'Anvers et au Musée littéraire. Jusqu'à nos jours, l'Académie royale de médecine (Koninklijke Academie voor Geneeskunde) distribue le prix Dr. G. Schamelhout pour un mémoire en langue néerlandaise sur l'anthropologie[1].
Sources
- (fr)Raf de Bont, La race inéluctable. Gustaaf Schamelhout (1869-1944) et la trinité de culture, biologie et politique, in : Jacqueline Christophe, Denis-Michel Boëll, Régis Meyran (éd.), Du folklore à l'ethnologie, Editions de la Maison des sciences de l'homme, 2009, pp. 349-360
- (nl)Raf de Bont, Un peuple qui s'en va. Ongerustheid over de kwaliteit en de kwantiteit van het Franse volk, in: Raf de Bont, Tom Verschaffel, Het verderf van Parijs, Leuven University Press; 2004
- (nl)N.N., Gustaaf Schamelhout (1869-1944), sur le site Web de l'Université libre néerlandophone de Bruxelles
- (nl)Lieven Saerens, Vreemdelingen in een wereldstad: een geschiedenis van Antwerpen en zijn joodse bevolking (1880-1944), Lannoo Uitgeverij, 2000
- (nl)Ludo Simons, Geschiedenis van de uitgeverij in Vlaanderen. Volume 1, Lannoo Uitgeverij, 1984
- (nl)Jo Tollebeek, Degeneratie, moderniteit en culturele verandering, in : Jo Tollebeek, Geert Vanpaemele, Kaat Wils (réd.), Degeneratie in België 1860-1940: een geschiedenis van ideeën en praktijken, Leuven University Press, 2003
- (nl)R. Vervliet, II. Van Nu en Straks. 1893-1901, in : J. Weisgerber & M. Rutten (réd.), Van Arm Vlaanderen tot De voorstad groeit. De opbloei van de Vlaamse literatuur van Teirlinck-Stijns tot L.P. Boon (1888-1946), Standaard Uitgeverij, Anvers, 1988
Références
- N.N. VUB AC
- De Bont, Du Folklore à l’ethnologie 349
- Saerens 92
- Vervliet 88 Note dans :
- Simons 166
- De Bont, Het verderf van Parijs 144 « Dat Nederdutsk Hart is nich dode te krigen [ndlr : phrase en bas allemand], terwijl Frankrijk naar geest en lichaam verzwakt [...]. Geen genezen is er aan de kwaal waar Frankrijk aan lijdt, want het bloed is er bedorven door ontucht en dierlijke driften die er lossen teugel vieren. Als het oude Roma zal en moet het vergaan. » ; phrases citées par :
- De Bont, Du Folklore à l’ethnologie 350
- Saerens 158-159
- Saerens 92 « Later teert men toch op zijn herinneringen en hoe meer indrukken men vergaart, hoe rijker wordt het leven. » ; phrase citée d’après :
- Saerens 92 « […] dat in werkelijkheid meer benaderd dan voltrokken wordt […] » ; phrase citée d'après :
- Saerens 92 « […] weinig volkeren van 'vreemde smetten' vrij zijn […] » ; phrase citée d'après :
- De Bont, Du Folklore à l’ethnologie 352
- Saerens 93
- De Bont, Du Folklore à l’ethnologie 354
- Tollebeek 315
- De Bont, Du Folklore à l’ethnologie 355
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