- Orangisme (Belgique)
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L'orangisme est un courant politique de la Belgique du XIXe siècle qui soutenait la dynastie des Orange-Nassau, en particulier Guillaume Ier et le prince d'Orange. La plupart des orangistes soutenaient la maison de Nassau, mais étaient néanmoins attachés à la Belgique et voulaient son indépendance ou au moins son autonomie[1].
Les orangistes étaient principalement présents dans les villes de Gand, d'Anvers et de Liège. À Gand, l'industrie cotonnière dépendait des marchés hollandais et indonésien et les manufacturiers et la grande bourgeoisie était orangiste, tandis que la petite bourgeoisie était « patriote » et que le peuple était passif. À Anvers, les orangistes étaient nettement minoritaires. Ils se rencontraient principalement dans les sphères du grand commerce. À Liège, il existait un petit noyau orangiste, mené par John Cockerill. L'orangisme était également présent à Saint-Nicolas, Lokeren, Ostende, Ypres et Malines. Ailleurs, il était quasi inexistant. Une partie de la haute noblesse (Ligne, Ursel, Oultremont, Trazegnies, Lalaing) était également orangiste d'opinion, mais elle n'entreprit aucune action concrète pour défendre ce point de vue[2]. Les dirigeants de la Société générale de Belgique furent fréquemment accusés par les députés d'avoir des sympathies orangistes, mais ce n'était pas le cas, à part pour Claude Gréban de Saint-Germain[3].
Le mouvement se heurta à la volonté des classes populaires : en mars 1831, les demeures d'orangistes furent pillées, notamment à Gand, Bruxelles et Anvers[4]. L'Église catholique romaine était également opposée au retour des Nassau[5].
Avant le bombardement d'Anvers du 27 octobre 1830, une grande partie des leaders de la révolution belge belges étaient favorables à l'accession au trône de Belgique du prince d'Orange[6]. Les événements d'Anvers détournèrent la plupart des Belges de cette solution[7]. Le Congrès national vota le 24 novembre 1830 un décret qui excluait les membres de la maison d'Orange de l'exercice de tout pouvoir en Belgique. Un parti orangiste se maintint néanmoins. La plupart des orangistes soutenaient alors la candidature du prince d'Orange au trône de Belgique, en dépit du décret[8]. Les difficultés de la Belgique de se trouver un souverain et l'anarchie du début de 1831 favorisèrent le parti orangiste : des leaders comme André Jolly et Emmanuel Van der Linden d'Hooghvorst le rejoignirent[4].
Après l'accession au trône de Léopold Ier, les orangistes espéraient un rétablissement du royaume des Pays-Bas dans lequel la Belgique recevrait une certaine autonomie[8]. Un courant minoritaire soutenait néanmoins le retour pur et simple au royaume des Pays-Bas[9].
Les arguments des orangistes étaient principalement d'ordre économique : le rétablissement des droits de la maison d'Orange ouvrirait à la Belgique les marchés des province du Nord et de ses colonies ; il libérerait la navigation sur l'Escaut et la Meuse. Par ailleurs, les orangistes étaient principalement des libéraux, hostiles aux catholiques et à l'unionisme[10]. Pierre-Théodore Verhaegen était ainsi orangiste.
En 1831 et 1832, les orangistes distribuèrent de l'argent pour tenter de convaincre les masses, sans succès[11].
Le mouvement orangiste déclina progressivement à partir de 1832-1833. En 1840, il ne subsistait qu'à Gand[12].
Aujourd'hui, on appelle encore parfois orangistes des personnalités regrettant la séparation de la Flandre et des Pays-Bas, tels que Herman Balthazar, l'écrivain Geert van Istendael ou encore Louis Tobback ; bien que, chez ce dernier, l'orangisme ne soit qu'intellectuel et nostalgique[13],[14].
Notes
- Jean Stengers, Histoire du sentiment national en Belgique des origines à 1918, tome 1, Les Racines de la Belgique, éditions Racine, Bruxelles, 2000 (ISBN 2-87386-218-1), p. 216.
- Jean Stengers, op. cit., p. 222-223.
- Jean Stengers, op. cit., p. 223, note 123.
- Jean Stengers, op. cit., p. 217.
- Jean Stengers, op. cit., p. 226.
- Jean Stengers, op. cit., p. 198.
- Jean Stengers, op. cit., p. 201.
- Jean Stengers, op. cit., p. 216.
- Jean Stengers, op. cit., p. 221.
- Jean Stengers, op. cit., p. 218.
- Jean Stengers, op. cit., p. 224.
- Jean Stengers, op. cit., p. 224-225.
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