- Bathilde d'Orléans
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Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon Naissance 9 juillet 1750
Saint-CloudDécès 10 janvier 1822 (à 71 ans)
ParisBathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon, est une princesse française, née le 5 juillet 1750 à Saint-Cloud et décédée le 10 janvier 1822, à Paris.
Sœur de Philippe Égalité, elle épouse le dernier prince de Condé, qui l'abandonne peu après leur mariage. Elle est la mère du duc d'Enghien, fusillé par ordre de Napoléon, et la tante de Louis-Philippe, roi des Français. Elle habite, avant la Révolution française, le palais de l'Élysée.
Sommaire
Enfance
Fille du duc d'Orléans et de Louise Henriette de Bourbon, Bathilde descend de Louis XIII par son grand-père et de Louis XIV par sa grand-mère. Louis-Philippe endossa la paternité malgré le doute sérieux qui pesait sur cette naissance du fait de la liberté de meurs des deux époux[1].
Orpheline de mère à l'âge de neuf ans, elle n'a que son père qui, accaparé par une maîtresse jalouse, la fait élever chez les religieuses.
Le mariage malheureux
Proposée vainement par le duc de Choiseul pour épouser le duc de Parme, petit-fils de Louis XV, en 1770, à l'âge de vingt ans, on lui fait épouser, le jeune duc de Bourbon, futur prince de Condé, son cousin, âgé de quatorze ans qui, dans un moment d'exaltation romantique, l'enlève du couvent où elle poursuit son éducation. Il se lasse d'elle au bout de six mois. Leurs rapprochements épisodiques permettent tout juste à Bathilde de donner naissance à un fils (le futur duc d'Enghien) et à une fille.
Le scandale de l'adultère de son mari éclate au grand jour en 1781 et retombe entièrement sur elle. En tant qu'épouse séparée, elle n'est guère reçue à la Cour et doit réorganiser sa vie dans la solitude dorée du château de Chantilly. Elle donne discrètement le jour à une fille (Adelaïde-Victoire), née d'une liaison avec le chevalier Alexandre-Amable de Roquefeuil, jeune Lieutenant de Vaisseau, un des héros du combat de la Surveillante contre le HMS Québec, qui mourra peu de temps après, à l'âge de 28 ans, noyé en rade de Dunkerque (22 août 1785), et fait passer cette enfant pour celle de son secrétaire, afin de la garder auprès d'elle. Cette fille illégitime est l'ancêtre de l'aviateur Georges Guynemer.
La mystique de l'Élysée
Article détaillé : Palais de l'Élysée.En 1787, Bathilde d'Orléans achète à Louis XVI le palais de l'Élysée, où elle fait construire des hameaux, comme la reine Marie-Antoinette au Trianon.
Elle s'éloigne du christianisme pour s'adonner aux sciences occultes, au mysticisme des chiromanciennes, astrologues, interprètes de songes et magnétiseurs dans son palais, tel Mesmer. Elle peint et idolâtre son fils. Son salon est connu dans toute l'Europe pour sa liberté de pensée et les esprits brillants qu'on y rencontre.
« Citoyenne vérité »
À la Révolution, Bathilde d'Orléans se découvre animée d'une foi en la République, comme son frère, Philippe Égalité. Elle se fâche avec son mari et avec son fils, qui choisissent l'émigration. Quand les choses se gâtent pour ces aristocrates avec lesquels elle ne sent plus rien de commun, elle prend le nom de « citoyenne Vérité ». Menacée, elle offre ses biens à la République avant de se les voir confisquer.
La malédiction familiale continue de la poursuivre. En avril 1793, son neveu Louis-Philippe, duc de Chartres, âgé de vingt ans, vaincu en Allemagne et risquant la guillotine, déserte et passe dans le camp autrichien. Par mesure de rétorsion, la Convention décrète l'emprisonnement à Marseille de tous les membres de la famille royale restés en France. Mal récompensée de sa fidélité à la République, elle survit un an et demi dans une cellule sinistre. En novembre de la même année, son frère est guillotiné.
Miraculeusement réchappée de la Terreur, Bathilde d'Orléans est libérée après Thermidor et retourne s'installer au palais de l'Élysée. Elle se voit forcée d'en louer la majeure partie, qui devient un bal public à vingt sous l'entrée.
L'exil en Espagne
En 1797, le Directoire décide d'exiler les derniers Bourbons. On la fait monter dans un vieux carrosse où l'on entasse ses derniers biens, et on l'envoie en Espagne avec sa fille adultérine. À quarante-sept ans, durant le mois que dure ce voyage, elle noue une intrigue amoureuse avec un gendarme de vingt-sept ans chargé de la surveiller. Ils entretiendront une correspondance jusqu'à son retour en France.
Reléguée près de Barcelone, Bathilde d'Orléans fonde, malgré ses petits moyens, une pharmacie et un dispensaire à l'usage des nécessiteux, dont sa maison devient le rendez-vous, et qu'elle soigne elle-même. Elle devient alors tout à fait républicaine, ce qui ne met pas fin pour autant à son exil.
En 1804, elle apprend que Napoléon Ier, qu'elle admirait, vient de faire enlever et de fusiller son fils dans les fossés du château de Vincennes. Pendant dix ans, l'empereur refuse que sa mère remette les pieds en France. Bathilde reçoit sa revanche en 1814, quand le peuple, voyant en elle la mère du « fusillé de Vincennes », l'acclame tout au long du trajet qui la ramène à Paris.
Le retour à Paris
Louis XVIII lui permet de s'installer à l'hôtel de Matignon, bien qu'elle ait d'abord voulu se réinstaller au palais de l'Élysée. Sa famille, dans l'ordre moral qui caractérise la Restauration, voudrait la voir reprendre avec son mari une vie commune interrompue depuis quarante ans ; ce qu'elle refuse. Elle retrouve en revanche sa relation avec le gendarme de 1797, mais c'est pour le voir mourir de maladie trois ans plus tard.
En 1822, alors qu'elle prend part à une procession en marche vers le Panthéon, Bathilde d'Orléans perd connaissance et pousse son dernier soupir sur le canapé d'un professeur de droit de la Sorbonne.
Louis-Philippe fait brûler le manuscrit de ses mémoires, ainsi que le dossier du jeune gendarme aux archives de la Guerre, pour tenter de donner un air de respectabilité bourgeoise à celle dont la vie fut un combat entre ses aspirations et le poids de sa naissance.
Notes et références
- Evelyne Lever, Philippe Égalité, Fayard 1996, p. 39
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